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vendredi 21 octobre 2016

Une femme d'un intellect supérieur






2 petits degrés mais toujours des pêcheurs
sur le bord de la rivière Troubej
Toujours le couvercle gris. Emmanuelle m’envoie la photo d’un lever de soleil sur le Ventoux, depuis sa fenêtre de Saint-Pons-la-Calm. Je suis allée hier faire les courses dans mon petit magasin de fruits et légumes, par les rues défoncées et boueuses, où se succèdent les masures, les isbas et les « cottages » plastifiés, mon chien est déjà célèbre dans le quartier. J’ai été suivie par une humble petite chienne affamée qui doit avoir dans les six mois, et je suis allée acheter de la viande, au cas où je la verrais passer. Je suis pratiquement végétarienne, mais quand je vois ces chiens affamés et les croquettes industrielles que je file à ma ménagerie, je me demande si cela est bien cohérent. Tous ces animaux prolifèrent, personne ne s’occupe de les recueillir ou de les opérer pour arrêter de perpétuer la misère. Beaucoup de gens trouvent inhumain de stériliser les animaux, mais de les laisser crever de faim, de les abandonner ou de les distribuer à n’importe qui ne pose pas de problème de conscience. Les chiens sont souvent à l’attache. Cela les rend complètement dingues, ce qui est bien compréhensible.
En arrivant ici, j’ai eu une crise de désespoir à la pensée des longues semaines de travaux qui m’attendaient. Elles ont été précédées des longues semaines de pré déménagement et de déménagement. C’est une bonne chose que la maison me plaise, cela me donne un peu plus d’enthousiasme pour supporter cela.
Il me faut aussi m’occuper des questions de permis de séjour, tout un processus. Gilles l’a fait à Iaroslavl, où il y a moins de demandes et où il était le premier Français à faire la démarche de mémoire de fonctionnaire local. Kostia met en branle son réseau. Le réseau est une chose importante, ici.
Quand j’ai régularisé ma situation à la Sberbank, la Caisse d’Epargne russe, une administratrice est venue contempler mon passeport français, parce qu’elle n’en avait encore jamais vu de sa vie.
J’aimerais pouvoir recommencer à écrire, dessiner, faire des balades. Il me faudrait un vélo car les marches à pied me déclenchent des crises d’arthrose. L’hiver, le vélo ne sera plus envisageable, encore m’a-t-on dit qu’il existe des pneus neiges pour le vélo, mais je craindrais un peu la chute, bien qu’elle puisse être amortie par les congères !
Au café français, une jeune femme m’a posé des questions sur la France et m’a dit que lorsqu’elle était allée en Allemagne, elle avait cru se trouver en Turquie, et que sans être particulièrement raciste, on aimerait bien trouver des Allemands quand on va en Allemagne.

A mon retour, la fille qui travaille ici, en ce moment, avec son frère, m’accueille en me lançant en français : «Comment ça va ? » Le livreur qui a apporté les planches hier lui a confié à mon propos, avec admiration : « Oh, c’est une femme qui semble avoir un intellect tout à fait supérieur, elle a vraiment très bien su m’expliquer comment trouver sa rue ! » Dévoré de curiosité, il lui a posé des tas de questions sur mon compte, auxquelles elle a répondu qu’elle me connaissait très peu, qu’elle était juste venue travailler !
Comme j'évoquais le climat, elle me dit: "Oh mais il ne fait pas froid, chez nous, c'est fini, souvent même, on attend la neige en décembre et on voit arriver la pluie... L'année dernière, quelle température avons-nous eue? Moins vingt-quatre à tout casser...
- Moins vingt-quatre? Eh bien... Ce n'est déjà pas si mal!
- Pensez-vous! Chez nous, ce qui est normal, c'est moins trente-quatre! Moins vingt-quatre, c'est déjà l'Afrique..."

Ici, l'hiver, on mange des kakis, venus du Caucase ou du sud de la Russie.
C'est plein de vitamines, et délicieux, comme si on mangeait de la confiture.
Chez nous, plein de jardins ont des plaqueminiers, mais personne ne mange les
kakis.


J'ai acheté cette casserole émaillée au design soviétique, que je trouve si jolie
que je vais la garder en déco.



12 commentaires:

  1. Bonjour ou plutôt bonsoir c'est sure que çe déménagement est un grand boulversement mais çomme je vous le disais hier tant que l'on est en harmonie avec soi c'est le plus important votre maison me plaît et vos écrits me passionne. Belle et douçe soiree. Amities marie

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  2. Bonjour Laurence,
    Vraiment passionnant de vous lire à chaque publication, je souhaite à mon tour vous raconter notre quotidien ici chez nous à St Laurent, par contre ce n'est que pour vous faire échos et je ne souhaite pas publier mes textes à la vue de tous car ils n'en valent pas la peine.

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    1. quel Saint Laurent? Pas Saint Laurent la Vernède?

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    2. Non nous sommes à St Laurent Nouan (anciennement St Laurent des Eaux ) dans le Loir et Cher àn quelques Km de Chambord et à mi-chemin entre Blois et Orléans.

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  3. Bonsoir Laurence..c'est surement 21 h chez toi non?Tes recits sont passionnants...A mon avis le plus dur est fait..Et la petite marmite est tellement jolie !

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  4. Super,vos descriptions. Merci beaucoup.

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  5. Chère Laurence, je te suivais sur facebook et je viens de m'apercevoir que tu avais un blog... ça y est tu es dans mes favoris :)

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    1. Merci Dominique. Je viens d'ouvrir ce blog, pour tenir mes amis au courant de ce qui m'arrive ici.

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  6. Madame, je vous lis depuis quelque temp, lien FB, votre aventure est intéressante. Je ne connais pas la Russie, votre bout de campagne et sa vie quotidienne semble être un bon refuge.
    Je suis pour mon travail dans les caraïbes avec 30 degrés, vous lire est un bol d'air frais.

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    1. Certainement! Dans quelques temps, l'air sera encore plus frais, et lorsque je travaillais ici, je rêvais souvent de vacances aux Caraïbes!

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