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jeudi 26 janvier 2017

Le bureau des passeports

Calendrier 2017: une année avec le président de
Russie!
Ce matin, je me suis levée avec un "refroidissement": la tête comme un seau, le sinus en feu. Au dehors, beau soleil, neige scintillante, - 23°. Et il me fallait d'urgence aller enregistrer mon visa puis faire diverses démarches locales en vue d'acheter un studio à Moscou pour avoir un pied-à-terre, un revenu occasionnel et ne pas dépenser ce qu'il me reste.
L'enregistrement devait être fait avec la mère de Kostia, au nom de laquelle l'invitation avait été faite. Nous étions allés la veille au "bureau des passeports" qui nous avait donné une enquête à remplir, et c'est tout. Aujourd'hui, la jeune fille de l'accueil nous déballe à toute vitesse en marmonnant que nous devons fournir aussi la photocopie de toutes les pages du passeport, de la carte d'immigration, du titre de propriété de l’appartement de la maman de Kostia. Nous voilà partis pour le faire, puis revenus. Et là, on nous dit de remplir une enquête en deux exemplaires sans la moindre rature, un côté pour Nina Grigorievna, la maman, un côté pour moi. L'employée va vérifier notre brouillon, et nous demande de le refaire, selon ses instructions, à chaque fois, nous faisons une bourde au dernier moment, ou bien le stylo dérape un peu, et la lettre est mal formée, ou bien, trouvant un détail peu visible, nous l'avons repassé, et ça ne fait pas l'affaire. Enfin nous y arrivons, et l'on nous envoie au guichet numéro 3. Là nous tombons sur un véritable sergent major: "Qui invite? qui? Nina Grigorievna? Alors je n'ai pas besoin de vous!"
Je m'éloigne un peu et au bout de quelques minutes, je me fais héler: "Où êtes-vous passée, l'invitée, votre passeport!" J'arrive avec le passeport, la traduction officielle, la carte d'immigration, les photocopies, et nous nous faisons morigéner parce que nous n'avons pas classé ni agrafé les photocopies. Puis elle découvre une petite faute d'orthographe dans le patronyme de Nina Grigorievna. Et aussi qu'elle a mis son téléphone fixe et il faut le portable, nous devons aller refaire notre copie: "Et sans l'indicatif, le portable, surtout!"
D'après son fils, Nina Grigorievna s'était étonnée de mon sentiment de panique devant l'administration, mais la voilà qui démissionne complètement, et c'est moi qui prend le rôle de copiste. "Oh comme vous écrivez facilement", me dit-elle, normal pour une institutrice et un écrivain, mais c'est diablement difficile de ne faire aucune rature, ni aucun dépassement dans la forme des lettres. Il faut une sacrée concentration, surtout avec une sinusite géante. Nous accumulons les feuilles ratées. Nina Grigorievna, compatissante, s'attelle à la tâche, mais elle semble plus perdue que moi, je reprends le stylo. Arrive Kostia, qui nous prend un peu pour deux vieilles incapables, mais me dit que lui-même, pour enregistrer son appartement, a fait des heures de copies successives qui me rappellent les cent lignes de mon enfance. Enfin tout est prêt, et nous remettons le résultat péniblement obtenu à la jeune fille de l'accueil qui disparaît avec car quelque chose ne lui plaît pas. Elle revient en nous déclarant que nous devons faire figurer l'indicatif devant le numéro de portable! Kostia le rajoute: "Ca ne va pas passer, lui dis-je, il ne faut pas raturer, c'est rédhibitoire..." Il me répond qu'il a fait cela discrètement. Nous avons perdu notre place dans la queue et nous attendons encore bien vingt minutes. Enfin nous arrivons au guichet numéro 7 où nous attend un ange de douceur qui nous règle la question sans problèmes.
Pour me consoler, Kostia m'offre un calendrier: "Toute l'année avec le Président de Russie!" Chaque mois nous présente une photo de Poutine dans diverses situations. C'est pour remplacer le portrait qu'il m'avait promis.
Je lui dis, dans la voiture: "C'est curieux, cette nuit, j'ai entendu deux fois un grand bruit, comme si quelqu'un avait sauté sur le toit. J'ai pensé à la chute d'un bloc de glace, mais je ne vois pas de traces. Ou alors peut-être un animal, un chat?"
Kostia prend un air pensif: "Vous n'avez pas pensé à faire bénir votre maison?
- Si, naturellement, j'attends seulement qu'elle soit plus aménagée, vous ne pensez quand même pas à des manifestations paranormales?"
Mais si, manifestement, il y pense!

Kostia dans sa voiture

Kostia et le père Andreï qui aidait l'électricien chez moi

4 commentaires:

  1. Impressionnant !L'administration n'a donc pas changé depuis l'"ère " précedente ?

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  2. L administration française paraît être presqu un paradis ¨....

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  3. Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.

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