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lundi 6 mars 2017

L'amour et le pardon.

Depuis déjà quelques temps je remettais à plus tard la traduction d'une homélie du métropolite Antoine de Souroj, dont l'élévation spirituelle et la profondeur convenaient parfaitement au début du Carême, car elle nous fait entrevoir ce que c'est que le repentir, pourquoi nous devrions tous l'éprouver, pourquoi l'éprouvent plus que nous les personnes, à l'image du métropolite Antoine, les plus saintes et les plus spirituellement accomplies.
J'ai de façon sporadique des altercations avec des révisionnistes staliniens qui voudraient me convertir à leurs vues avec un zèle de commissaire du peuple, assimilant l'anticommunisme à de la russophobie, et l'un d'eux m'a défini la période soviétique comme "l'apothéose de l'histoire russe", en dépit de ses innombrables martyrs et dommages culturels, par élimination des éléments les plus cultivés et les plus capables dans toutes les couches de la population, et par destruction pure et simple et à grande échelle du patrimoine, églises, palais, icônes, traditions. Je me refuse à faire fi de tout cela et à piétiner les tombes de tous les innocents qui ont fait les frais d'un Moloch idéologique implacable. Ces staliniens qui me reprochent de ne pas comprendre la Russie parce que je ne partage pas leur enthousiasme pour leur idole, ignorent complètement la notion de sobornost, pourtant déterminante pour saisir les profondeurs de l'âme russe et sa spiritualité, mais de quelle spiritualité pourrait-il être question chez des idéologues bétonnés?
L'homélie du métropolite Antoine relève de cette notion de sobornost, cette communion et cette solidarité entre tous les êtres humains dans la chute et la rédemption, et si Staline et sa politique sont absolument injustifiables, pose la question du pardon qu'il faudrait cependant, en tant que chrétiens, pouvoir lui accorder, et des limites de notre amour ordinaire. Le pardon n'est pas du tout une notion bien considérée en Occident, où l'on ne cesse d'instruire des procès à sens unique et de pousser des clameurs vengeresses, mais le pardon répare, et je reste encore impressionnée par celui que Iouri Iourtchenko avait accordé au bourreau ukrainien qui l'avait torturé pendant dix jours, et qui, fait prisonnier, le lui avait demandé depuis sa civière.
Pardonner n'est pas justifier, réussir à aimer un monstre d'un amour christique n'est pas la même chose que d'en faire un héros. Ceci précisé, il faudrait en effet, réussir ce tour de force, car notre salut ne se fait pas dans l'isolement et la division, mais dans le rassemblement et la communion.
Devant l'ampleur de la tâche et notre incapacité à correspondre à cet impossible, à cet énorme amour divin, on conçoit que nul d'entre nous ne puisse s'abstenir de se repentir.
Je mets toujours un cierge à saint Silouane en lui demandant de m'aider, sinon à aimer mes ennemis, du moins à ne pas les haïr.




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