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vendredi 14 juillet 2017

Ivan Vassiliévitch est mort

Le garçon qui a fauché le terrain m'a pris trois fois plus cher que le prix local, je l'ai su au café français. Il veut s'acheter un main coon, il lui manque 10 000 roubles. Je ne comprends rien de ce qu'il me raconte, il marmonne, il pourrait aussi bien parler chinois. Il veut devenir sauveteur militaire, je trouve cela plutôt chouette. Tout à coup, pendant que le lui servais un coup à boire, il me demande mon âge, je lui dis: "65 ans". Bon, j'ai l'âge que j'ai et puis je suis comme maman, je donne plus facilement mon âge que mon poids. Mais la question n'est pas délicate. Il rigole et me dit: "J'en ai 18." Eh oui, tu es jeune, mon petit gars, et alors?
J'espère qu'il ne me prenait pas pour une cougar...
Je n'arrive pas à me préparer à partir. J'irais volontiers 15 jours 3 semaines en France, mais partir pour plus d'un mois m'angoisse au plus haut point. avec toujours les mêmes galères, le visa fait dans la précipitation au prix fort, le billet pareil.
Ce qui me console, c'est Ivan le Redoutable et toute la bande, ceux qui m'ont attirée ici, en fin de compte, et les 500 pages que je leur ai consacrées. Voilà, mon tsar est mort, en jouant aux échecs avec Boris Godounov, comme dans la réalité, et mon deuxième livre est fini. Reste à le corriger, ça prend un certain temps, je reste encore un peu avec eux tous, mais que dis-je? Je resterai avec eux de toute manière. C'est scellé depuis mes quinze ans. Je leur appartiens mystérieusement.
J'appartiens davantage à la sainte Russie que les fonctionnaires qui font traîner mes papiers. Et que la plupart des libéraux qui ne la connaissent pas, qui en ont honte et la braderaient comme en Ukraine pour des slips en dentelles.

J’ai regardé de tous côtés
Voici que sonnait, que sonnait la glorieuse, la grande cloche,
Voici que sonnait la glorieuse grande cloche

Et comme elle résonnait, de sa voix en tous lieux,
Elle racontait comment notre idole était morte,

Notre tsar Ivan, Ivan Vassiliévitch, notre tsar.


Eeeeeh… Notre tsar, notre tsar Ivan Vassiliévitch,
Ivan Vassiliévitch, notre tsar, et voici qu’on lui fit un cercueil de cyprès,

Un cercueil de cyprès pour Ivan Vassiliévitch, notre tsar.

Moi, ce chant, je le connais! 
Ramène-moi en Russie, Ivan Vassiliévitch, notre tsar!


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