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mardi 10 octobre 2017

Dieu aime les audacieux

"Dieu aime les audacieux" J'aime bien cette phrase !
Quand j'étais dans le compartiment du train au retour de Briansk le hasard des réservations a fait que j'étais séparé de Natalia. Elle était avec une femme à côté, et moi avec un homme, un homme qui s'est avéré être un business man, très marrant, dans le compartiment voisin. A un moment on s'est parlé je ne sais plus pourquoi, puis on a discuté, parlé des femmes bien sûr, beaucoup ri aussi, et il me demande ce que je fais ici. Je lui raconte et il me dit dans son anglais approximatif : 
"Moi j'appelle plusieurs fois mes interlocuteurs pour planifier et confirmer les choses. et toi tu es venu en Russie, pour la première fois, avec ce voyage dans 5 villes sans aucun contact avant ton séjour ?!?! Et là il se lève en se marrant et me serre la main incrédule et hilare.
Il est de Rostov. Je lui parle de "Miss Briansk", la jeune blonde de la Sberbank, et il me dit : Ah !! Tu n'as pas encore vu les femmes de Rostov !! Il faut que tu ailles là-bas !! On s'est vraiment bien marré dans ce train.
Vive la Russie Laurence ! 
La Russie semble s'ouvrir devant Nicolas, c'est sans doute son destin, un destin au devant duquel il a la hardiesse de se porter, et je l'en félicite, c'est pourquoi je lui ai adressé cette phrase, qu'avait dite à mon propos une amie très pieuse: "Dieu aime les audacieux."
Nicolas recommence sa vie à 48 ans, comme je l'ai fait à 42, en venant pour la première fois à Moscou, puis à 65, quand je me suis arrachée à Cavillargues. La Russie s'ouvre à ceux qui l'aiment, elle s'ouvre étonnamment vite et étonnamment grand. Reste à découvrir tout ce qu'elle recèle de fantaisie, de lyrisme, de chaleur humaine, mais aussi de surprises plus ou moins désagréables et d'expériences parfois éprouvantes.
Néanmoins, si on ne rebondit pas sur la Russie, comme une balle étanche et dure, à la façon de Custine, par exemple, on s'y enfonce comme dans une mer, ou plutôt une forêt, un immense océan de terre. Et s'il nous arrive de râler, on ne peut plus guérir de notre envoûtement au charme slave, comme je le disais à une mère d'élève: "La Russie, c'est comme la drogue, ce n'est pas bon pour la santé, mais quand on y a goûté, on ne peut plus s'en passer..."
Donc Nicolas est cuit. Bonne installation!
Rosie a brusquement changé, elle est devenue beaucoup plus calme, sans doute la stérilisation, mais elle reste une tsigane à moitié barge qui vit sa vie et ne m'obéit absolument pas. J'ai rencontré la patronne de sa soeur Yeva, qui est exactement pareille.
Sur le site Avito, le bon coin russe, j'ai vu un objet ravissant, un "miroir de fileuse", ne me demandez pas à quoi ça servait, je suppose que le vendeur va me l'expliquer. Il m'a aussitôt proposé toutes sortes d'objets émouvants, icônes portatives de métal émaillé, amulettes (dont certaines antérieures au XII° siècle), bagues, croix de baptême... Ces reliques me parlent des époques que j'aime, et des gens qui y vivaient, si différents de nous, et pourtant pas si éloignés dans le temps. Différents en cela qu'ils avaient un tout autre système de valeurs et qu'ils grandissaient dans un tout autre environnement: terrible et merveilleux, comme les contes. Epique. Fervent.
Certaines personnes, même si elles n'ont pas reçu l'héritage qui était le leur, ont une âme infiniment profonde et ancienne, dont les ramifications rejoignent toutes les autres et communient avec elles à l'Arbre unique de la vie.

Miroir de fileuse


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