Une proche me dit au téléphone: "Question gouvernement, nous sommes dans la saloperie grandiose, la révolution française, les bolcheviques, tout ça, c'était juste le brouillon. Si j'étais croyante, je dirais que nous sommes en plein satanisme, que c'est l'apocalypse... Tu comprends, avant, on avait encore affaire à des hommes, si pourris fussent-ils, et maintenant, on ne sait même plus ce que c'est ni comment les appeler."
Le même jour, je reçois un message d'une jeune femme d'origine russe qui veut faire sa répatriation, comme on dit ici. Il se termine de cette manière: "La situation est vraiment catastrophique ici dans tous les domaines. Je ne peux presque plus m’exprimer sur la réalité, même dans mon entourage pour éviter les problèmes. Les mots ont perdu tout leur sens et il y a une inversion en tout. C’est terrible. C’est l’enfer dans l’indifférence générale."
Et puis je trouve un message en anglais. De vieux américains qui veulent émigrer en Russie. Ma correspondante m'écrit en anglais, mais elle lit le français, et mon blog.
Ma parente me fait un tour d'horizon de notre entourage. Et à l'image d'un pays malade, en proie à des maléfices particulièrement retors, se superpose celle de destins tragiques, de névroses diverses. J’ai une impression de naufrage, naufrage de mon pays, et naufrage de gens qui m'étaient proches, à l’exception des plus simples, des plus traditionnels et des plus anciens d’entre eux. On dirait un roman français contemporain, justement, un roman désespéré, où les gens ne croient en rien, et sombrent, incapables de faire face aux désillusions, à la vieillesse. Où trouveront-ils la force de s'opposer à ce qui se passe? "L'enfer dans l'indifférence générale". Je ne voudrais pas avoir la prétention de me croire sauvée, mais je pense que malgré tout, lorsqu’on marche derrière Dieu et dans l’Eglise, on est protégé de bien des choses, on est à l'abri, on n'est pas tout seul, on est orienté, et l'on reçoit une force, qui n'est pas la nôtre, mais à laquelle nous sommes entraînés à ouvrir le coeur.
L'aboutissement des destins dont je décris le départ dans mes mémoires jette une toute autre
lueur sur cette époque dont on se souvient avec tant de nostalgie, et moi
aussi, dans un sens, parce qu’elle était encore relativement normale, les gens
étaient gais et optimistes, ils chassaient de leur esprit tout ce qui pouvait
remettre en question la toute puissance du Progrès. La Science, la Médecine et
la Technique allaient tout résoudre. « On n’était plus au moyen
âge ».
Et voici que
dans notre crépuscule, cette parente me dessine au téléphone les contours du Moloch
vorace vers lequel on nous faisait tous courir. Et je n'ai d'autre solution à proposer, à l'échelle globale ou individuelle, que de commencer à prier.
Curieusement, l'article de Slobodan dans l'Antipresse est tout à fait dans ce thème. Il fait l'éloge d'un roman qui lui est consacré et je ne déflorerai pas le sujet, mais il touche justement à ce qu'évoquait ma parente, la complète inhumanité des clones à l'oeuvre.
Il y a, on l’a vu plus haut, une différence ontologique entre le Macron® et toute la lignée des dirigeants — rois, empereurs, régents, présidents — qui l’ont précédé. Même le lamentable Hollande, jet de diarrhée dans un collant en latex(1), était encore un résidu de l’ancienne société. Il avait des décennies de militantisme, de grenouillage et de réseautage derrière lui. En un mot: une biographie politique. Macron®, en revanche, est un produit: il a une notice. Le produit en question n’est pourtant pas inerte: il est toxique. Pour le comprendre, il faut d’abord savoir, comme le savait Hannah Arendt, que le Mal commence déjà là où le Bien bégaie. Son œil est «une vitre au travers de laquelle aucune âme ne brille», son regard est d’une hiératique fixité. Il ne voit pas les gens. Ce n’est pas un homme du plaisir commun, note Boucher, et s’il jouit, ce ne peut être «que dans une des formes les plus alambiquées, les plus perverties de la jouissance. Dans une des formes les plus abouties du mal» (p. 68). Il a donné un aperçu de ses plaisirs en se complaisant dans la transgression gratuite de tout ce qu’il y avait à transgresser au royaume de France. Comme le dit l’un de ses cireurs de bottes les plus empressés, «il incarne tout ce dont les Français ont peur». L’envoûtement est tel que ce journaliste de succion ne remarque même pas la perversité de son compliment.
https://antipresse.net/aparchive/426426/Antipresse-426.pdf
Ce même Slobodan avait dit un jour que les dirigeants russes n'étaient pas des anges, mais qu'au moins, par rapport à leurs collègues occidentaux, ils n'étaient pas dingues. Je dirais en complément de la déclaration de ma parente, qu'ils restent dans la catégorie humaine, alors qu'à la tête de "l'Occident collectif", on ne sait plus comment appeler ce qui s'y trouve, y grenouille et médite notre perte et notre spoliation.
Un avion russe transportant de nombreux prisonniers ukrainiens a été abattu par les Ukrainiens eux-mêmes, enfin les forces ukro-atlantistes, et le délégué russe à l'ONU prend soin d'en parler en français devant ses collègues, pour éviter les traductions et les interprétations félonnes. Il sait qu'il n'y a plus aucune règle, aucune conscience en face de lui. Que le mépris est total, chez ces gens, et de la population ukrainienne, de ses soldats, de plus en plus souvent contraints et forcés, et de leur propre population, dont ils ne sont absolument pas solidaires, qu'ils considèrent comme du bétail et qu'ils sacrifieront sans problème pour puiser dans d'inépuisables réserves de serfs exotiques.
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