"Je pouvais seulement prier, pour que les secours arrivent vite": un guerrier serbe a passé sept jours sans nourriture, sans eau, avec une jambe arrachée, on le croyait mort.
Beaucoup suivaient le destin de ce volontaire serbe dans l'armée russe, sous le nom de guerre de "Brzi", il s'appelle Dario Ristitch, originaire de la République Serbe.
C'est le commandant qui a signalé sa mort, Brzi avait sauté sous ses yeux sur une mine antipersonnel, et ensuite, des drones l'avaient achevé, dans une telle situation, un combattant n'a pratiquement aucune chance de survivre. On n'avait pas pu récupérer le corps tout de suite.
Mais plus tard, ce sont des combattants du détachement voisin qui ont trouvé Dario vivant.
Ensuite, vient le récit du premier intéressé:
"Quand j'ai reçu cette blessure à la jambe, ce n'est personne d'autre que Dieu qui m'a jeté dans cette mine où je me suis caché. J'entendais des explosions, l'ennemi essayait de me trouver. Dans le noir absolu, je parvins à me faire une injection d'analgésique, à enlever mon gilet pare-balles et à bander la jambe, je respirais même le plus doucement possible, pour que l'ennemi ne m'entendît pas, je serrai seulement dans ma main ma broianitsa (bracelet de prière serbe). Je perdais probablement conscience de temps à autre, tout à coup, je vois de la lumière autour de moi, et Dieu qui me tend la main, et me regarde dans les yeux, nous nous trouvons dans cette lumière, seulement Lui et moi.
Quand je revins à moi, les secours n'étaient toujours pas là, je pouvais seulement prier, pour qu'ils viennent vite, je devais survivre, car on m'attendait à la maison. J'avais perdu la notion du temps, je ne savais pas depuis combien de temps je me trouvais dans cette mine, sans secours médical, sans nourriture et sans eau. Je dus moi-même trancher des muscles qui pendaient et me gênaient pour désinfecter la blessure. Je voyais défiler devant mes yeux des tableaux de ma vie, les visages des gens qui m'étaient chers. Mon Dieu, combien de plans j'avais pour cette vie, que de choses je voulais encore faire! Mais même dans cette situation sans issue, je n'avais pas de rancoeur, je demandais seulement à Dieu de protéger les miens. Je sombrais encore et encore dans l'inconscience, et revenais à moi en pensant: "Je suis encore vivant!" Mais la douleur devenait de plus en plus forte, et je m'affaiblissais, tout ce qu'il me restait, c'était serrer ma broïanitsa et prier.
Je revins à moi, parce que quelqu'un me touchait, et de l'eau coulait sur mon visage, mais je ne savais pas si c'était les nôtres ou l'ennemi. Mais grâce à Dieu, c'était les nôtres, ils me dirent quelque chose, mais je ne les entendis pas, tellement j'étais content de les voir. Et là je compris que c'était la voie que je devais prendre, que m'avaient été données les épreuves qu'il me fallait supporter.
J'avais passé sept jours, la jambe arrachée, sans eau ni nourriture. Le trajet jusqu'à l'hôpital en prit encore dix.
Et je suis très reconnaissant à tous ceux qui se faisaient du souci pour moi et m'envoyaient des messages de soutien. Merci aussi à ceux qui se réjouissaient de ma mort et que je dois décevoir: Brzi est vivant!
Chers frères et soeurs, que le Seigneur vous garde, nous nous verrons bientôt!"
«Я мог только молиться, чтобы скорее пришла помощь»: без еды, воды, с оторванной ногой сербский доброволец провел семь дней, его считали погибшим
Многие следили за судьбой сербского добровольца в рядах русской армии с позывным «Брзи», его имя – Дарио Ристич, уроженец Республики Сербской.
О его гибели сообщил командир, на его глазах Брзи подорвался на противопехотной мине, а потом отработали дроны, в такой ситуации у бойца практически нет шансов выжить. Тело сразу забрать не смогли…
Но позже Дарио живым случайно обнаружили бойцы соседнего подразделения.
Далее его рассказ от первого лица:
«Когда я получил ранение ноги, не иначе Бог толкнул меня в ту шахту, где я и прятался. Я слышал взрывы, противник пытался меня достать. В абсолютной темноте я смог сделать себе укол обезболивающего, снять броник и перетянуть ногу, я даже дышал как можно тише, чтобы враг меня не обнаружил, только сжимал в руке брояницу. Наверное, я периодически терял сознание, вдруг я увидел свет вокруг себя, и Бог протягивает мне руку и смотрит мне в глаза, мы находимся в этом свете, только я и Он.
Когда я опять пришел в себя, помощи по-прежнему не было, я мог только молиться, чтобы скорее пришла помощь, я должен выжить, ведь меня ждут дома. Я потерял счет времени, не знал, сколько я нахожусь в этой шахте без медицинской помощи, еды и воды. Мне самому пришлось отрезать мышцы, которые висели и мешали обработать рану. Перед моими глазами мелькали картины из моей жизни, лица дорогих мне людей. Боже, как много у меня планов на жизнь, сколько всего я еще хочу сделать! Но даже в такой безвыходной ситуации я не злился, я только просил Бога беречь моих близких. Я опять и опять проваливался в забытье и приходил в себя с мыслью «Я все еще жив!». Но боль становилась все сильнее, а я слабел, все, что мне оставалось, это сжимать брояницу и молиться.
Опять пришел в себя от того, что кто-то трогает меня, а на лицо льется вода, но я не знал, свои меня нашли или враг… Но слава Богу это оказались наши, они мне что-то говорили, но я их не слышал, настолько я был счастлив их видеть. И тогда я понял, что это тот путь, по которому я должен был пройти, что мне были даны те испытания, которые я должен был вынести.
Без еды, воды, с оторванной ногой я провел семь дней. Еще десять занял путь в госпиталь.
И я очень благодарен всем тем, кто переживал за меня, кто писал слова поддержки. Спасибо и тем, кто радовался моей смерти, но вынужден вас разочаровать – Брзи жив!
Дорогие братья и сестры, пусть вас хранит Господь и скоро увидимся».
Dimanche, j'ai vu mes amis Volodia et Mariana, les journalistes de Dobrilovo. Mariana a beaucoup aimé Yarilo et Parthène, qu'elle a lus d'un seul trait, mais s'étonne de mon engouement pour le tsar, qu'elle ne partage pas du tout, même tel qu'il apparaît dans mes romans. Je lui ai répondu que je ne me l'expliquais pas non plus, que tout s'était passé pour moi au niveau du subconscient, ou peut-être de l'âme collective, et il en est bien ainsi. Leur village est très beau, mais je crains qu'il ne le reste pas. J'ai fait un dessin, avant d'arriver chez eux.
Mon amie moniale, qui est très malade, m’a fait ses adieux chez elle. Quand j’ai
appris qu’elle en était à ce point-là, cela m’a plutôt déprimée, et angoissée. En
plus, nous nous entendions bien, et je la perds sans avoir eu le temps de
développer des relations plus suivies avec elle. Mais elle finit sa vie de telle
façon, que je le ressens comme quelque chose de providentiel, comme si
Dieu lui donnait l’occasion de me conforter avant de s’en aller. D’ailleurs, à
ce propos, un moine de la Laure lui a apporté un bouquet de roses blanches. «Elles
ne dureront pas jusqu’à mes funérailles, a-t-elle observé.
- Mère, je vous
les ai apportées pour vous féliciter de partir de cette manière magnifique ».
Elle m’a dit :
« Nous n’avons pas eu le temps de nous voir beaucoup, et pourtant nous sommes
vite devenues très proches...
- Oui, mère, prie
pour moi quand tu seras là bas, j’en ai bien besoin.
- Je suis très
heureuse de mourir comme cela, lucide, et de mourir en Russie. J’ai tout
préparé, ma tombe, mon cercueil, mon habit, l’office funèbre à la Laure. Je
profite de mes derniers moments avec mes enfants, tout se passe dans le calme,
et j’en remercie Dieu ».
Je lui ai
expliqué que ma tante venait de mourir dans une grande solitude. « Qu’en
sais-tu ? M’a-t-elle répondu. Elle est morte avec le Christ. Quand quelqu'un meurt seul, c'est le Christ qui vient l'accompagner.
- Elle n’allait
plus à l’église depuis des lustres...
- Et alors ?
Tu crois que le Christ coche des cases chaque fois que nous y mettons les pieds ?
Il est important pour toi de savoir que nous ne mourons pas seuls, nous mourons
avec Lui, cramponne-toi au Christ, ne le lâche pas. Il est avec moi, à chaque moment, et j’attends de me jeter, comme le
fils prodigue,dans les bras de mon Père du Ciel. »
Ensuite, elle m’a
envoyée à la cuisine, avec ses enfants. Et j’ai discuté avec eux, de leur mère. Je leur ai confié que j’étais loin de son accomplissement, et
que, malade moi-même, ou confrontée à la maladie et à la mort de mes proches, j’avais
l’impression d’être fourrée de force dans un sac sans issue. Et que le
témoignage de leur mère m’apportait une immense consolation et me soulevait au
dessus de ce genre de pensées. «Il ne faut pas perdre de vue, m’a dit son fils, moine à la Laure, que nous ne sommes pas tous pareils, et que nous ne sommes pas tous
appelés à réaliser les mêmes choses, qu’il y a de nobles récipients, et d’autres
plus utilitaires, mais que tous ont leur fonction. Il ne faut pas regarder la
croix des autres, mais porter la sienne, et si elle est moins lourde, c’est que
nous n’avons pas les forces pour faire mieux. Faisons ce que nous avons à faire
et ce que nous pouvons faire, nous en faisons peut-être plus que nous ne le
pensons.
- Oui, bien sûr,
mais il y a des paliers difficiles à franchir !
- Nous en sommes
tous là. »
Je me suis alors
rendu compte que Dieu lui-même avait soufflé à mon amie de me
contacter, pour me faire connaître cette pieuse et délicieuse femme et ses
enfants, pour notre bien à tous, pour notre réconfort. Un réconfort dont je fais profiter aussi les autres, à notre époque qu'elle a qualifié de "catastrophique". Cette entrevue intense et belle m'a beaucoup aidée, elle m'a soulevée un instant de la terre, à laquelle je reste cramponnée.
Ma tante Renée est morte. Il ne reste plus qu'une seule fille Pleynet encore en vie, ma tante Mano qui doit en être très affectée...
Je vois en pensée ce cimetière
d’Annonay , la tombe de Papi qui va avaler, parmi les gens que j’ai connus
autrefois, une personne de plus. Pourtant, je me souviens bien du moment où, avec maman et ma cousine Anne, nous avions pris un fou-rire quand Papi, ayant voulu nous exhiber fièrement le caveau en construction, s'était, devant notre air morne, exclamé avec inquiétude: "Mais comment? Il ne vous plaît pas?" Qu'il nous plaise ou ne nous plaise pas, il s'est déjà rempli de nos êtres les plus chers. J’ai beaucoup de mal à écrire mes souvenirs d’enfance, car revivre tout
cela me déchire, et je me rends compte que mon écriture en prend une certaine
distance, elle reste dans le factuel ou encore l’humour. Quand Mano ne sera
plus, je ne sais avec qui je parlerai encore de tout ce passé. Il faudra le refermer avec mon livre et le ranger dans la mémoire
éternelle...
J’ai commencé à soigner
Blackos, qui souffre depuis des temps d’une colique chronique, mais soigner ce
chat n’est pas une mince affaire. Il se débat terriblement, et il est malin, il
a très bien compris pourquoi la voisine venait, hier soir nous n’avons jamais
pu l’attraper, je ne l’ai coincé que ce matin, et il faudrait recommencer ce
soir. Cependant, je ne voudrais pas me reprocher de n’avoir pas pris de
mesures, et puis j’en ai assez de ramasser ses cliches. J’en ai encore pour la
semaine à me battre contre Blackos. Ce crétin me regarde avec des yeux de
merlan mort d’amour, mais il est prêt à me bouffer quand il s’agit de lui faire
une injection. Quand je pense que la première ordonnance qu’on m’a faite
recommandait trois fois par jour de lui donner à boire du smecta une
demie-heure avant le repas, et encore un médicament pendant le repas, et aussi après... certains vétérinaires n’ont pas le sens des réalités...
Hier, la lumière est revenue
et une certaine douceur dans le vent frais qui me rappelait l’hiver en France.
Je suis allée au restaurant familial de Boris Akimov. Là où il vit, c’est
encore très joli, d’abord la nature, les bouleaux dorés qui frémissent et
miroitent, et puis les maisons paysannes intactes, celle où il reçoit, dans
le style vieille datcha, avec une belle atmosphère. J’étais invitée pour animer
la soirée, et c’était chaleureux et intéressant, les gens étaient bienveillants
et curieux, et ce qui est le principal, contents ! Je songeais que
j’habiterais bien dans ce village, mais il est devenu très cher. Pourtant,
quelle merveille que ce silence et cette beauté, cet espace non encore pollué
par la vision de quelque palais arménien ou de quelque isba plastifiée, défigurée
par une tumeur extravagante !
Quelqu’un m’a proposé, pour
une famille orthodoxe, la superbe maison d’un prêtre, dans un village de la
région d’Ivanovo, pour 4000 euros... Il faudrait des gens capables de respecter
le style de cette demeure et d’y conserver un esprit de paix et de piété. Pour
moi, l’entreprise serait trop lourde. Village de Pitsovo, quatre églises, un monastère fermé. Equipé du gaz naturel et d'après ce qu'on m'a dit, facilement accessible.
Un monsieur a mis en musique
mon poème « l’embarcadère » et m’a envoyé le résultat, la partition,
et un enregistrement au piano. Je ne lis pas les notes, mais j’essaierai de l’apprendre
à l’oreille, j’en suis extrêmement touchée.
J’ai vu dernièrement une « déclaration »
d’un indien hopis aux slaves, sur la caractère sacré de la Terre-mère et la
nécessité de mettre fin à la guerre, pour éviter la destruction de la vie sur
la planète. J’ai beaucoup d’admiration et de sympahie pour les indiens, mais
pourquoi s’adresser aux slaves qui, en fait, sont l’objet de la même
diabolisation qu’eux-mêmes, par les mêmes visages pâles à la langue fourchue,
et dans l’optique d’un même génocide? Pour ce qui est de la Terre-mère, oui,
bien sûr. Une Russe écrit qu’il n’y a pas de Terre-mère, mais la Création de
Dieu, or, je le confesse, je combine très bien les deux notions. D’ailleurs,
les slaves avaient, du temps qu’ils étaient paysans et non employés sous
perfusion électronique, parqués dans des trucs en béton, la même conception
de la Terre-mère sacrée, ce qui ne les empêchait pas d’être chrétiens
orthodoxes, on peut appeler cela le christianisme cosmique du moyen-âge. Dans
cette émission sur les vieux-croyants lipovanes qui m’avait ramenée au XIV°
siècle russe, j’avais entendu un vieux déclarer : « Nous avons trois
mères, la Mère de Dieu au ciel, la mère qui nous a donné le jour et la
terre-mère qui nous nourrit et nous recueille quand nous mourons. » Je me
sens très proche de cela. La Terre m’apparaît comme un organisme sacré dont
nous sommes censés être le cerveau et l’âme, le problème est que nous devenons
complètement fous et complètement idiots, et qu’il y a eu visiblement un bug dans le programme. A quel
moment le bug ? Sans doute est-ce cela, la chute. En tous cas, je ne peux
pas me représenter Dieu assis dans son bureau et concoctant sa Création, en
restant d’elle complètement abstrait. Pour moi, tout est lié, tout est sacré,
tout est irrigué du même Souffle créateur, du même Esprit. Les indiens appelent
cela le grand Esprit. Et nous le Saint-Esprit.
Je communique cette vidéo très intéressante d'Erwan Castel. qui analyse bien les manipulations de l'opinion à laquelle se livre l'OTAN depuis des lustres, et établit un parallèle entre les provocations en Ukraine contre la Russie, et les provocations d'Israël contre l'Iran, ayant amené l'un et l'autre pays à réagir malgré lui. Et c'est bien le cas. Même si techniquement la Russie gagne définitvement la guerre, elle ne voulait pas la faire, on l'a acculée à y entrer, tout en poussant des cris hypocrites, et on a provoqué à nouveau un massacre de slaves par des slaves, au moyen de toutes sortes de manoeuvres perfides. Plus ou moins comme au moment de la révolution... En revanche, comme il a raison de le faire remarquer, l'affaire du Donbass provoque un réveil de la conscience russe et lui fait comprendre que ses rêves occidentaux sont une pure et dangereuse illusion. C'est d'ailleurs ce qui me donne l'espoir et la foi en une victoire dont nous dépendons tous. Erwan Castel cite Karine Bechet Golovko: "Ce n'est pas la Russie qui récupère le Donbass, c'est le Donbass qui avale la Russie." Ce qui répond à ma propre intuition que la Russie est un énorme Donbass potentiel, à l'exception des grandes villes , avec leurs maires globalistes.
Slobodan Despot assimile la notion d'occident à celle de modernité, et partant de là, l'occident est partout où se trouve un fonctionnaire en costume-cravate, ce qui n'est pas faux. Les Russes, pendant toute la période soviétique, ne rejetaient pas l'occident, ils se donnaient pour but de le surpasser, c'était la Russie "arriérée" qu'ils rejetaient ou qu'on leur a fait rejeter, en martyrisant, ou ridiculisant, les éléments résistants, Beaucoup de hauts fonctionnaires russes, nés dans le sérail des apparatchiks, restent sur cette lancée. Or ce qu'on appelle l'occident, ou la modernité, nous mène inévitablement tous à notre perte, c'est plus qu'évident à tout esprit affranchi des faux-semblants.
Elle est en quelque sorte un peu complémentaire de celle d'Erwan Castel qui évoque "l'empire russe" comme un ensemble de peuples différents ethniquement, culturellement et spirituellement, mais unis par une communauté de destin historique, et aussi par un certain type de valeurs. Mais cette réalité russe est difficilement transposable en France. Reste qu'il est des immigrés qui nous aiment tels que nous sommes et n'ont pas envie de nous voir disparaître, il y en a. Et c'est bien qu'ils s'expriment, car nous n'en avons pas le droit.
J’avais
encore mal à la tête ce matin, mais le pire, c’est qu’il y a trois jours, mon
genou s’est brusquement détérioré, et je ne pouvais pratiquement plus marcher.
Cela s’est un peu amélioré, et j’ai eu la chance d’avoir un rendez-vous avec
mon docteur Ivanova. Pour le genou, elle pense que c’est le ménisque et les
ligaments ou les tendons, enfin bref, d’après elle, il faudra sûrement opérer,
et d’ici là faire une échographie, un scanner et voir un rhumatologue.
J’ai pris ce matin l’anti inflammatoire du
docteur Ivanova, par dessus l’oméprazol et l’antibiotique, et cela m’a
tellement cassée que j’ai cru m’évanouir. Je ne sais pas d’où viennent les maux
de tête persistants, mais la patte folle en plus, je suis malade des médicaments qu’on
m’administre et j’ai l’impression que je n’en sortirai jamais. Toutes ces
saloperies me coupent l’appétit, je mincis certes à vue d’oeil, mais je suis
complètement affaiblie.
Hier, j’ai vu arriver
l’équipe du musée Ivan le Terrible d’Alexandrov, venue prendre livraison du
portrait du tsar que j’avais encadré pour lui en faire cadeau. Les deux dames
étaient ravies, enchantées, elles ont pris des photos et m’ont offert le « thé
du Tsar », c’est-à-dire de l’épilobe, Ivan-tchaï en russe, ça tombe bien,
je n’en avais plus; et puis une grande serviette de bain à l’effigie du tsar,
ornée de lettres slavonnes, car, puisque j’étais amoureuse de ce personnage,
elles avaient décidé qu’il devait toujours être avec moi ! Cela m’a fait
beaucoup rire. Et puis d’ailleurs, à part celui de maman que j’avais emporté
avec moi, je n’avais pas de drap de bain de cette taille confortable !
Elles ont beaucoup aimé Yarilo
et Parthène, du coup, à titre publicitaire, je leur ai offert Epitaphe. Elles ont aussi beaucoup aimé ma maison: "On se croirait en France! Il y a encore beaucoup de Français qui vont venir nous faire la France à Pereslavl?"
Puis je
me suis rendue à la réunion de Katia et de sa copine aromatopathe. Il n’y avait
pas beaucoup de monde, au fil du temps, une petite dizaine de femmes.
L’aromatopathie, j’ai trouvé cela intéressant, ces essences sentent bon, il est
possible qu’elles agissent. Katia présentait son travail de « coach
orthodoxe ». Les petites dames présentes étaient très gentilles. Mais le plus
important pour moi, c’est qu’on m’a signalé la présence à Pereslavl d’un
excellent chirurgien rhumatologue, il exerce à Serguiev Possad mais vient
donner des consultations ici. L'horizon s'éclaircit...
Je suis la
proie d’une sinusite géante, qui explique peut-être mes maux de tête de la
semaine, encore qu’ils puissent être nerveux, ou bien un virus qui court... Il
pleut sans arrêt, fini l’automne d’or, sa douceur et sa lumière que vrillaient
les tronçonneuses, déshonoraient les radios et assourdissaient les engins de
construction tonitruants et puants. Une correspondante m’écrit que c’est la
même chose dans sa ville de Stavropol, qui lui est bruquement devenue
totalement étrangère, parce que tout ce qui était pittoresque, local, spontané,
charmant et russe a été effacé par ses propres habitants, mutants post-soviétiques
qui n’ont plus grand chose de russe, à part l’idiome, et encore, il perd
complètement la musique qui m’enchantait dans les films soviétiques que je
regardais autrefois.
Je suis
allée faire encadrer deux dessins, et mon encadreur, qui est communiste, et ne
fait pas dans la nostalgie, a cette fois abondé dans mon sens. Il est venu s’installer
à Pereslavl, parce qu’il adorait Korovine et qu’ici, on trouvait les plus beaux
paysages de Russie, or tout ceci se transformait à vue d’oeil en parc d’attraction
pour moscovites et il ne pouvait même plus s’asseoir dans sa petite cour sans
voir circuler frénétiquement, derrière la grille, voitures et motos à grand
fracas. Bien sûr, à trente kilomètres d’ici, on trouve des isbas ravissantes,
parfois aménagées, dans des villages intacts pour des prix dérisoires, mais
comment vivre isolés, à notre âge ? Trente kilomètres de mauvaise route,
ici, en hiver, cela peut signifier trois mois coupé du monde. «J’ai besoin de
beauté comme d’eau vive, lui ai-je dit, de beauté et de silence.
- Moi aussi,
la beauté m’est indispensable, et on nous la fait complètement disparaître. Je
ne reconnais plus le pays. L’Union Soviétique, c’était encore la Russie, et
maintenant, on ne sait plus ce que c’est. Quelque chose de juif, peut-être,
quelque chose de nulle part...»
Pourtant,
parallèlement à ces symptômes morbides de l’autodestruction et de la
dégradation humaine générales, les soldats du front ont des yeux et des visages
bouleversants qui évoquent les photos d’autrefois. Ils sont dans la ferveur, le
sacrifice et le courage. Les icônes pleurent à leur rencontre de la myrrhe
parfumée, ils sont l’objet d’incroyables miracles. J’ai vu un entretien avec le
metteur en scène du film « la Croix russe » qui m’apparaît comme une
sorte de transfiguration de la Russie post-soviétique, et le seul fait qu’on ai
tourné cela relève pour moi du miracle. Il pense que le processus de guérison,
de purification est en route, que sur le front se forgent les futures élites qui
rénoveront la Russie, que la Russie est appelée à prendre sur elle le monde et
ses péchés dans une démarche de sacrifice expiatoire christique, même mon
encadreur communiste m’a brusquement déclaré : «Nous, les Russes, nous
sommes faits pour souffrir. C’est notre destin ».
Comment dire
aux autres que, nonobstant les drapeaux sur les façades, chaque quartier
défiguré par leur pignouferie à l’égard de leur propre culture et de leurs
propres ancêtres prive de sens la guerre que livre leur pays, non « pour
Poutine », non pour « conquérir l’Europe », non pour toutes les
sortes de raisons idéologiques, géopolitiques et économiques que dissèquent d’éminents
spécialistes, mais pour l’humain contre l’inhumain ? Car l’inhumain, c’est
là leur projet, comme le hurlait Macron à des foules d’abrutis hypnotisés, cet
horrible monde que l’on nous fait, c’est leur projet, que gêne la Russie, et
pourtant, Dieu sait qu’elle est profondément infiltrée par les métastases de
cette inhumanité, elle aussi, malheureusement. Les « valeurs
traditionnelles » ne se défendent pas seulement au front contre l’OTAN,
mais dans chaque quartier de l’arrière, et dans chaque salle de concert, et à
la télévision, et à la radio. Comment défendre au front ce que l’on
fait disparaître partout de la vie civile au profit de l’avilissement général
promu par l’Empire du mensonge ? Sauver la beauté, c'est sauver le monde, si c'est la beauté qui doit le sauver.
Il semble que parallèlement au Donbass, les gens aient commencé à comprendre en Géorgie. Ce peuple non slave mais orthodoxe, intelligent, raffiné, a brusquement saisi toute l'épouvante de la situation et où on voulait le mener. Il fait un sain (j'avais écrit "saint") rejet de toute l'imposture, Dieu le garde! C'est sans doute quand même un excellent signe. J'en suis d'autant plus contente que les Russes, qui n'ont d'ailleurs jamais détesté les Ukrainiens qu'on a dressés contre eux comme des pit-bulls, aiment les Géorgiens, leurs chants, leur culture, leurs traditions, leur cuisine, leurs vins. Et sans les Russes, les Géorgiens qui n'auraient pas été égorgés seraient tous devenus musulmans depuis belle lurette.
En France, et jusqu'au Canada, les églises s'allument comme des cierges et brûlent en série. Pur hasard, naturellement. Un peu comme les arbres dans les marécages de tourbe. Notre Dame embrase toutes les autres.
Sans doute à la suite de la fin de Georgette, et de deux autres nouvelles qui m'affectent, je suis plus ou moins malade depuis trois jours, de terribles maux de tête, je me suis
encore levée avec cette saloperie ce matin. L’impression qu'une bestiole circule dans ma
boîte crânienne, et qu’elle va craquer aux sutures, et puis que tout d’un
coup, on m’enfonce une aiguille à un endroit, puis à un autre... Il y a bien longtemps que je n'avais rien éprouvé de pareil. C’est passé
avec un nurofen, mais j’étais bizarre toute la journée, comme si j’étais un peu
droguée. Il faisait encore un temps magnifique, je n’avais qu’un désir, profiter
de ces derniers jours de soleil sur ma terrasse. Mais autour de moi, c’était la
cacophonie habituelle. Le barbare d’en face qui sabote à coups de marteau la
malheureuse isba, prise dans une excroissance rigide et contrefaite. Les camions et les engins qui viennent brinqueballer là où,
au vu des travaux pharaoniques depuis trois ans, un esthète raffiné va sans nul
doute m'édifier un palais des mille et une nuit à trois étages avec des
chapiteaux corinthiens dorés. La tronçonneuse de l'hyperactif, et puis sa radio. Enfin la moto de l’ado d’en face,
et le cycle recommence. J’ai décidé d’épargner mes nerfs et d’aller chercher
ailleurs un peu de paix et de beauté. J’ai essayé le « val », les
fortifications, d’où l’on a encore une belle vue sur ce qu’il reste de la
ville, mais l’accès était bloqué dans tout le quartier : travaux. J’ai
donc poursuivi jusqu’à l’église des Quarante Martyrs et l’embouchure de la
rivière. Et j’ai pu observer les ravages en quelques mois, l’accélération
vertigineuse des progrès de cette lèpre qui a défiguré une des plus jolies
petites villes de Russie, un des joyaux, soi-disant, de l’Anneau d’Or. Les
maisons traditionnelles harmonieuses ont presque toutes disparues, ou bien
elles sont devenues difformes. L’emplacement de la moindre ruine vaut ici
des sommes folles et l’on y dresse des cacas prétentieux qui justifient la
dépense aux yeux des acquéreurs. Il est parfois difficile, pour une personne
normalement instruite, éduquée, d’en croire ses yeux, tellement ces maisons
sont laides, chaotiques, dépourvues de poésie, de proportions, de cohérence, de charme, et l’état
second dû à ma migraine donnait à tout cela un relief inhabituel, j’en
éprouvais une sorte de terreur métaphysique, l'impression d'être entrée dans un délire de science-fiction. A côté de l’église avait longtemps
subsisté une petite isba dans une petite cour, avec un arbre, on était en train
de la détruire, et au dessus apparaissait le pignon de la maison voisine, qui
était rose poupée Barbie avec un toit vert émeraude. Plus d’arbre, évidemment.
Je me suis
engagée sur le quai qui borde l’église, pour oublier tout ça, et devant, c’était
le lac, ses couleurs, sa lumière, ses oiseaux, ses berges dorées. Je me
fais alors aborder par une dame qui m’avait vue à la télé et voulait une photo
avec moi. Cela m’a fait un drôle d’effet. Puis, alors que je commençais à
dessiner, un troupeau de touristes passe dans un sens. Un peu plus tard, un
troupeau de touristes passe dans le sens inverse. Puis les troupeaux commencent
à se croiser. Et je ne voyais pratiquement plus le lac. Mais je me demandais
avec curiosité s’ils allaient se mettre à galoper comme des gnous.
De retour
chez moi, j’ai reçu Katia, qui passait par là, et je lui ai offert un jus de
grenade sur la terrasse. Elle s’est extasiée sur mes asters qui croulaient dans
la lumière dorée, plein de papillons et d’abeilles, enlaçant le buisson de plus
en plus pâle des hortensias exsangues dans leur écume mauve, et sur l’énorme
touffe d’orpin, qui brûlait d’un ardent feu vert entre ses braises roses. «Que tout est beau, chez vous, mais que de bruit ! »
Et en effet, le joyeux bricoleur était aussi actif que les abeilles mais
beaucoup plus tonitruant, et la moto du petit ado pétaradait dès que le marteau
se calmait. « Il faut nous habituer, me dit Katia, il n’y a plus
aucun endroit où avoir la paix, sauf l’hiver. »
Mieux vaut ne pas mettre le son...
Elle fait du
bateau, ce qui n’est plus de mon âge, parce que sur le lac, c’est calme, et les
horribles constructions disparaissent derrière les arbres. Au vu des berges
saccagées de la rivière Troubej, m’avait traversé l’esprit la célèbre phrase de
Dostoievski : « La beauté sauvera le monde ». C’est sans doute
pour cela qu’il faut l'en faire radicalement disparaître. En tous cas, si c’est
la beauté qui doit sauver le monde, ce ne sera pas la Russie qui va s’en
charger. Car on lui a fait complètement oublier toute notion de ce que mot
recouvre, dans l’ensemble, les gens ne savent plus ce que c’est. Et parfois
même les prêtres, les artistes-peintres ou les folkloristes se laissent aller au mauvais goût ambiant,
et c’est ce qui me bouleverse le plus. Rien ne m’a fait douter du destin russe
dans les diverses analyses que je lis ça et là. Mais l’ivresse que met la
population à se jeter sur le kitsch et à tout métamorphoser en horreur
incongrue et arrogante reflète quand même une inédaquation profonde à l’harmonie,
et l’harmonie a ses lois cosmiques et divines, ce n’est pas seulement une vue
subjective des choses. Une isba s’inscrit dans le nombre d’or même si son
bâtisseur n’en avait jamais entendu parler, car il était harmonieux et
produisait de l’harmonie, comme le rossignol son chant. Le mutant actuel
contrefait produit du contrefait et du tintamarre, il devient le supplice
permanent de tout être vivant normal par son éléphantesque indiscrétion. Il ne
s’agit pas seulement de moi, ou des esthètes qui me ressemblent, je ne pense
pas d’ailleurs être une esthète au sens qu’on donne à ce terme. Mais de tout ce qui
vit, et subit ces ondes sonores destructives, et des âmes des enfants qui grandissent de
travers dans cet environnement, ne pouvant plus rêver, ne pouvant plus créer,
et pas prier non plus, et se jettent sur les mobylettes et les tablettes. N'ayant plus aucune notion d'un autre monde, ils s'adaptent à celui-ci comme les rats à leur décharge.
photo Katia
Evidemment,
n’étaient les gens que je connais ici et auxquels je me suis attachée, Katia,
Ania, le café, je regretterais terriblement d’avoir choisi ce malheureux
endroit. D’ailleurs, je serais plus jeune de dix ans... Car je le crains vraiment, on va nous transformer
Pereslavl en Lunapark pour moscovites en goguette.
C’est sans
doute ma croix. Il va me falloir surmonter, essayer d’aimer tous les barbares et
les pignoufs qui me consternent, ou du moins ne pas les traiter de tous les
noms d’oiseaux du fond de ma cuisine, et essayer de trouver les sources de la
beauté ailleurs, au fond de moi, là où en principe, on peut rencontrer Dieu.
Katia a été adoptée par un chat, un jeune chat sentimental et intelligent qui s'infiltre chez elle et l'adore. "C'est Dieu qui vous l'envoie pour vous consoler dans vos épreuves", lui ai-je dit. Et je le pense, moi, j'avais Georgette. J'en ai d'autres, bien sûr. Ils font ce qu'ils peuvent.
Aujourd’hui, c’est la première fois, depuis que j’ai su que Georgette ne guérirait pas, que je me rapproche de mon état normal.
Le pire, c’est quand je vais me coucher, et que je ne la vois pas sur mon lit.
Ou bien quand j’aperçois la boîte où elle se réfugiait, lorsque je traverse le
salon. Et puis celle qui est au dessus de mon bureau, où elle se couchait souvent. J’ai
accroché dans ce coin un dessin que j’avais fait d’elle, c’est évidemment
pitoyable ; mais j’ai l’impression que les derniers endroits où peut se
réfugier sa petite âme, c’est dans ce dessin, ou celui qui est dans ma chambre.
Je l’effleure de la main, matin et soir...
Dans ces
moments de peine et d’angoisse, je perds de vue que le monde a d’infinis
arrières plans, que ce qui a été ne peut pas ne plus être, et les moments de
grâce et de révélation que j’ai eus dans ma vie. J’ai l’impression d’une
comédie absurde et atroce, où les gens sensibles et aimants sont constemment
écorchés vifs et chassés, d’année en année, vers un cul-de-sac sans issue où tout
s’abolit.
Pourtant, j’ai
d’autres animaux qui, eux, sont vivants et je ne dois pas, tant qu’ils sont
vivants, ne penser qu’à leur mort plus ou moins prochaine. Pour l’instant, ils
sont alertes, joyeux, ils vivent, et c’est ce que je dois faire, vivre, sans
buter sur la perspective des tombes, les leurs et la mienne.
J’ai appelé ma tante Mano, j’ai vu que je ne l’avais pas fait depuis presque un mois, parce que le
temps file à une vitesse effrayante. Elle a beaucoup aimé ce que je lui ai
envoyé de mes souvenirs, soit mon enfance jusqu’au bac, à peu près. Maintenant,
je vais parler de mes années d’études, et je crois que j’arrêterai tout à la
mort de mamie. Ensuite, mon journal prend le relais.
Elle a l’impression
que nous avons eu la même enfance, ou du moins, que nous appartenons à la même
époque, bien que nous ayons dix-huit ans de différence, et c’est exact, car
tout a basculé dans les années soixante, même petite, je l’ai sentie, cette vulgarité trépidante qui s'emparait du monde. Et puis j’ai
profité des livres de mes tantes et même de ma grand-mère. Je suis plus près du
début du XX° siècle et même de la fin du XIX° que de ce qui a suivi. Elle
m’a dit : «Nous avons connu des événements familiaux tragiques, et
pourtant, nous avions tous, à l’époque, le sentiment que nous étions ici pour
connaître le bonheur, et que notre société nous en donnait l’opportunité, le
climat ambiant était optimiste.
- Oui, Mano,
et je pense que ce fut notre erreur de le croire... »
En réalité,
je ne le croyais pas tellement. J’ai toujours eu le sentiment que notre
prospérité et notre douceur de vivre étaient fallacieuses et fragiles.
Une jeune
fille de bonne famille a été agressée, violée et tuée par un migrant dans le
bois de Boulogne, près de sa fac de Dauphine. Les parents inquiets n’arrivant
pas à réveiller la police, sont allés la rechercher avec des amis, et l’ont
trouvée à moitié enterrée. J’ai lu avec répulsion le commentaire d’une
gauchiste : la famille étant « catho tradi », c’est-à-dire de l’espèce
qui nous gouverne en ce moment (ah bon ? Où sont les cathos tradis dans ce
gouvernement de franc-maçons, de juifs, d'homosexuels et d’éléments exotiques débiles destinés
à faire bien dans le tableau ?), elle n’éprouve pas pour elle la moindre
compassion, à la limite, c’était normal, pour ce damné de la terre, de violer
et d’égorger cette sale petite bourge blanche. D’autres gauchistes arrachent
les affiches concernant les obsèques de la jeune fille, ou l’indignation
suscitée par ce crime. D’où sortent ces dégénérés ?
J’ai lu le
récit par Chateaubriand d’une carmagnole parisienne, pendant la révolution, le défilé bruyant d'une populace débraillée portant deux têtes sur des piques,
celles de types qu’il connaissait bien, et la description est hallucinante. Son
propre père avait été exhumé de son tombeau par le même genre d’individus
répugnants. On les voit sortir, à ces occasions, des fentes où, quand les
sociétés sont normales, ils se terrent, et venir grouiller sur celles qui se
portent mal, comme des mouches sur un mourant. Ces petits gauchistes, sortis du même cloaque, qui trouvent normal, pour un migrant bronzé, de violer et d'égorger une étudiante.