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dimanche 17 décembre 2017

СHRONIQUES DES MIRACLES

Ma chère petite amie Alexandrine, Sacha Viguilianskaïa a mené toute une enquête dans la région de Pereslavl pour un film qu'on lui a commandé, et cette enquête s'inscrivant merveilleusement dans le thème de mes chroniques, j'ai décidé de la traduire. Il s'agit de la Croix miraculeuse de Godenovo, dont j'ai déjà parlé. 
Sacha est venue habiter chez moi pour parcourir la région, malheureusement, j'étais à ce moment-là en France. 
Au vu de ce témoignage, je me dis qu'aller à Godenovo confier à la Croix mes problèmes de genou serait peut-être une bonne idée... 



De l’histoire du monastère de la Croix vivifiante du Seigneur, de la Crucifixion miraculeuse et de son destin. J’ai décidé de partager des témoignages divins, puisque on m’a confié de travailler sur un film et que je suis plongée dedans, que les gens apprennent, nous serons plusieurs  à nous émerveiller.
I. Le père Vladimir (de 1980 à 2000, recteur de l’église saint Jean Chrysostome au village de Godenovo. A présent recteur de l’église Dimitri de Salonique au village de Pavlovskoïe district de Rostov.
J’ai officié à Godenovo 20 ans, et beaucoup de choses me lient à la Croix Vivifiante. Même à l’époque soviétique, les gens venaient sans arrêt confier leurs malheurs à la crucifixion miraculeuse : l’un avait un fils drogué, l’autre quelque chose d’autre. Ils venaient, s’installaient dans la maison du gardien, commandaient des offices d’intercession. Et ensuite, ils nous racontaient comment tout s’était arrangé miraculeusement. Et voilà qu’on a amené quand j’y étais un nouveau-né avec une hernie. Nous avons célébré l’office d’intercession, ils ont pris de l’eau bénite et je leur ai donné une prosphore, de l’huile de la veilleuse de la Croix, et quand ils sont allés le faire opérer, les médecins se sont étonnés : il n’y avait plus de hernie. Rien. Comme si on l’avait rêvée.
A un autre petit garçon de quatre ans, les médecins avaient posé un diagnostic terrible : méningite. On l’avait emmené inconscient à l’hôpital, et la mère et le père venaient avec leur dernier espoir. Nous avons également célébré l’office d’intercession, ils ont pris de l’eau bénite, je leur ai donné une prosphore, et je leur ai conseillé de lui bander la tête avec une gaze imprégnée d’eau bénite et de lui en donner à boire. Le petit garçon a bu de cette eau, ouvert les yeux et dit : « Maman, je veux manger ». Alors elle lui a donné la prosphore. Et les médecins ont regardé et dit : « Eh bien nous nous sommes trompés, notre diagnostic n’était pas bon ».
Il y eut encore un autre cas. On avait amené un invalide, un afghan (vétéran  de la guerre d’Afghanistan), il s’appelait Sergui. Il ne pouvait marcher et se déplaçait en fauteuil roulant. Ses proches l’avaient traîné chez les médecins, ils avaient essayé de le guérie, mais rien n’y faisait. Et un jour, il leur dit : « Je connais un endroit où je recevrai la guérison, il nous faut aller là bas ». Il avait entendu parler de la Croix Vivifiante. « Comment irons-nous, c’est si loin ? » lui dirent ses proches pleins de doute. Mais Sergui répond : « Saint Nicolas nous emmènera ». Alors ils se sont préparés : trois amis, sa mère et lui sur son fauteuil. A ce moment-là, il n’y avait pas de route, ils sont allés en voiture jusqu’à Prioziornoïe, et ensuite on l’a porté, là bas, ce sont des marais impénétrables, c’était déjà l’automne, la pluie battante. Ils sont arrivés comme ils ont pu. Nous avons célébré l’office d’intercession, je l’ai oint avec de l’huile sainte, et devant nos yeux, il s’est levé de son fauteuil.

Au départ, je voulais men aller. Parce que c’était très difficile, insupportable. Tous deux avec ma « petite mère », les enfants étaient encore petits, pour tout dire, les bras nous en tombaient. Il fallait envoyer les enfants à l’école, et il n’y en avait pas, là bas. Mais le Seigneur nous a affermis, notre situation s’est améliorée, nous avons tout fait nous-mêmes. De plus, rien que d’entrer dans l’église, c’était déjà la joie, tu t’approchais de la Croix, et c’était tout : nous étions heureux en quelque sorte, tout était normal. Et un jour, c’était à mon avis la saint Nicolas d’hiver, nous célébrions les vigiles, je suis sorti pour la lithie et j’ai levé les yeux vers la Croix, je regarde : des yeux bleus, des yeux humains ordinaires. Et si…graves. Eh bien, la peur m’a saisi, j’ai baissé les yeux, ensuite je les ai levés une deuxième fois, et le regard était déjà comme empreint d’un sourire. Je n’avais raconté cela à personne, seulement à la maison, aux enfants… Depuis les forces nous sont venues et gloire à Dieu. Si on ne m’avait pas muté ailleurs, j’officierais encore là bas…

Le père Vladimir


Alexandrina Viguilianskaïa



traduction Laurence Guillon



samedi 16 décembre 2017

L'âme du peuple


la maison traditionnelle que répare la famille Leïkine
La chanson c’est l’âme du peuple. Notre famille n’a pas toujours les forces de prolonger l’active restauration de notre maison bien-aimée. Et pour nous remonter le moral, nous chantons cette chanson. https://www.facebook.com/100001941877985/videos/1682362061838507/
Quand moi, le père de famille, je m’attriste devant l’ampleur de la tâche, mes fils viennent me voir et me disent : Papa, je vais grandir, je gagnerai beaucoup d’argent et je restaurerai notre maison.
Et cette page, nous l’avons aussi créée pour partager avec vous nos joies et nos découvertes, et recevoir votre soutien dans notre entreprise.
Mais aujourd’hui notre famille demande le principal, ce pourquoi nous nous sommes attelés à cette affaire « désespérée ». Pour nous, être russe, ce n’est pas « LA CRIMEE EST A  NOUS » et « Nous pouvons recommencer ». Bien que nous soyons fiers de nos grands-parents, les arrières-grands parents de nos garçons, et heureux pour les gens de Crimée qui dès la désintégration de l’URSS, souhaitaient entrer dans la composition de la Russie. Mais pour nous, être russe, c’est l’être et non le paraître, aimer son pays, son histoire, être participants à ses racines et à ses traditions, pousser en elles.
C’est pourquoi cela me fait grincer les dents quand, du haut d’une tribune, on nous parle d’exploits éclatants alors que des centaines de milliers de nos combattants (et aussi des Allemands) gisent sans funérailles dans les forêts, les champs, les marais. Quand on parle de la conservation de notre héritage culturel, et que sous mes yeux périssent des dizaines, des centaines de chefs d’œuvre de notre architecture. Quand on parle des CIMENTS SPIRITUELS et qu’on anéantit le « Centre National du Folklore Russe ». En de tels moments, on a parfois simplement envie de (…………)
Je me console en me disant que ce ne sont pas eux mais nous, qui sommes russes. Parce que pour nous, ce ne sont pas des paroles vides, c’est l’air que nous respirons.
Chers amis. Pardonnez-moi ce long texte. Pardonnez-moi ce pathos. Nous continuons notre flash mob pour soutenir le Centre de folklore (pétition au ministère de la culture)
Nous vous demandons de nous soutenir en diffusant tout cela et en vous inscrivant sur notre page. La famille Leïkine

Mikhaïl Leïkine

Песня- душа народа. У нашей семьи не всегда есть силы на то, чтобы активно продолжать реставрацию нашего любимого дома. И чтобы поднять дух мы поем эту песню. Когда я, глава семьи, грущу, видя глобальность задачи, мои сыновья подходят ко мне и говорят:- Папа, я вырасту, заработаю много денег, и восстановлю наш дом.
И эту страничку мы также создали для того, чтобы делиться с вами, радостями и открытиями, и получать вашу поддержку в нашем начинании.
Но сегодня наша семья просит за главное, за то, ради чего мы ввязались в это "безнадежное" дело.
Для нас быть русскими, это не "КРЫМ НАШ", и "Можем повторить" . Хотя мы гордимся нашими дедами, мальчишкиными прадедами, и рады за крымчан, которые еще с распада Союза хотели быть в Составе России. Но для нас быть русским- это быть, а не казаться, любить свою страну, ее историю, быть сопричастным к ее корням и ее традициям, врастать в них.
 
Поэтому меня, коробит до скрипа в зубах, когда с высоких трибун говорят про доблестные подвиги, а сотни тысяч, наших , (да и немецких), бойцов лежат не похороненными по лесам , полям, болотам, Когда говорят про сохранение культурного наследия, и на моих глазах гибнут десятками, сотнями памятники нашей архитектуры, Когда говорят про ДУХОВНЫЕ СКРЕПЫ и уничтожают " Государственный центр русского фольклора". В такие моменты хочется порой просто, (...........).
 
Утешаю себя тем, что это не они, это мы- русские. Потому что для нас это не пустые слова, а то чем мы дышим.
Дорогие друзья. Простите за длинный текст. Простите за Пафос
. Мы продолжаем флешмоб в поддержку "Государственного центра русского фольклора."
https://www.change.org/p/%D0%BC%D0%B8%D0%BD%D0%…/…/39166806…
Казачья песня:" Полно вам снежочки...."
Исполнители и участники: Илья Слоква, Тихон Макар и Герман, подпеваю за кадром, я папа Миша.


vendredi 15 décembre 2017

Nuit polaire

J’ai tout le temps mal au genou, cela me réveille la nuit et contribue à mon épuisement. Le temps est abominable, moins deux plus deux, gel, dégel, patinoire, pataugeoire. Plus, comme dit le père Valentin "la nuit polaire": nous sommes dans les parages du cercle du même nom. Les hivers doux et nuageux sont particulièrement ténébreux!
A court d'argent, je revends mon studio, que d'ailleurs, je n'arriverais pas à gérer à distance. L'acheteur, c'est la nouvelle mode, exige un certificat médical pour être sûr que je ne suis ni gâteuse, ni folle, ni droguée, ni alcoolique, je trouve cela délirant, car chez nous, soit quelqu’un est officiellement sous tutelle, soit, quelque soit sa vie, sa signature est incontestable. Cela va m’obliger à encore une démarche épuisante. Il va me falloir aussi courir à Moscou remettre tous mes papiers à Sacha, l’agent immobilier, puis à revenir signer, il voulait me faire venir aujourd’hui,  mais s’ils tiennent à leur certificat, c’est râpé jusqu’à lundi.
Dans tout cela, et malgré ma faiblesse et ma flemme, ou ma fatigue, la foi me soutient étonnamment. Je dois en avoir plus que je ne le pensais, car cela me soutient vraiment, avec la perspective de ce que je veux mettre en place pour faire connaître et développer le folklore et les traditions russes. Je pense être là pour dire aux Russes de s'aimer tels qu'ils sont, au lieu de continuer à prendre l'Occident comme référence. Et puis mon livre, le tsar Ivan. Parfois, il me semble que son âme me suit et me porte, elle me tourmente, aussi, mais mon amie Sophie a raison, cette âme a de l’amour pour moi, à sa manière. J’en ressens la sollicitude réelle  et aussi l’exigence vampirique et séductrice à mon égard. De sorte qu’à mon avis, il était assez proche de ce que je décris, et que plus ou moins son ascendant sur Fédia devait correspondre à ce que je montre, même si Fédia était probablement plus sauvage et plus coupable que dans mon livre. Cette communication étrange entre ces âmes et moi me défend tout à la fois de croire en un tsar Ivan saint et irréprochable et en celui de la légende noire instaurée par des racontars ou des exagérations. Je ressens une personne à la fois violente et blessée, dominatrice et fragile, dont le génie politique réel, ou le génie tout court, car le tsar était doué pour bien des choses, était habité par des forces contradictoires: c'était un champ de bataille entre les anges et les démons, ce que nous sommes tous, mais disons que dans son cas, la bataille était plus grandiose, et les enjeux plus sérieux. Les conséquences plus tragiques.
Les libéraux ont organisé la projection d’un film ukrainien à la gloire des bataillons néonazis ukrainiens qui commettent des atrocités au Donbass, et cela à Moscou, l’équivalent serait-il concevable à Kiev ? Parallèlement, le ministère de la Culture a brutalement fermé le Centre de Folklore et confisqué ses archives inestimables, de sorte que je me pose vraiment des questions sur les pouvoirs réels de Poutine ou sur son engagement en faveur des traditions russes et de l’indépendance de son pays. Le funeste centre Eltsine, en revanche, fonctionne très bien, à Ekaterinbourg, et travaille à la division de la Russie, à sa mise en cause permanente, à la calomnie de son histoire, à la destruction de sa mentalité et de son génie propre. Comment ce centre est-il toléré par Poutine ? C’est un foyer d’infection, installé par les Américains. Comment cela a-t-il été possible ? Une correspondante russe installée en France me dit qu’une de ses connaissances russes vomit la Russie, choisit le catholicisme, proclame que rien de bon ne peut sortir de son pays, qu’il faut le mettre sous tutelle internationale, bref, le discours libéral empoisonné du Centre Eltsine. La tradition des occidentalistes qui ont amené autrefois la révolution, et voudraient à présent achever le travail. Des Russes incapables d’apprécier leur propre civilisation, prêts à trahir. Je les ai toujours eu en horreur. Que j'ai choisi la Russie ne me fait pas cracher sur la France, ni décréter que jamais rien de bon n'en est sorti. Mais ces "Russes" là ne connaissent pas leur propre pays, leur propre tradition, ni leur propre foi.
En face, nous sommes divisés entre nostalgiques de Staline et du communisme et nostalgiques de la sainte Russie. Personnellement, j’étais prête à dépasser ce clivage, mais l’agressivité de ces néo communistes qui nient effrontément les répressions et les crimes ou profèrent qu’il n’y en a pas eu assez et qu’il faudrait recommencer m'est insupportable, et je ne peux pas en passer par où ils veulent, c’est-à-dire justifier tout cela.  Installer une sorte de socialisme orthodoxe, pourquoi pas ? Mais justifier les crimes, les massacres, et les destructions inouïes du patrimoine matériel et immatériel, non.
Soljenitsyne avait envisagé des solutions russes assez proches de ce socialisme orthodoxe (et des communautés médiévales) dans « Comment réaménager notre Russie », mais les néocommunistes sont beaucoup trop soucieux de le calomnier, afin de justifier leurs chers massacreurs, pour lire vraiment ce qu’il a écrit.
Je crains que les éléments corrupteurs à l’œuvre ne finissent par pourrir la Russie de l’intérieur. Alors la nuit complète tombera sur le monde. Ce sera la fin.
Et peut-être qu'il doit en être ainsi, avant le second Avènement, mais que notre petit troupeau soit au moins le plus important possible. J'ai lu un post décrivant les atrocités commises envers les croyants au moment de la révolution. Je n'ai pas eu le courage de le traduire et du reste, ce sont surtout les Russes qui ont besoin de le lire. Mais une chose m'a frappée plus particulièrement: des paysans étant venus en foule défendre leur icône de la Mère de Dieu confisquée, on les a mitraillés sans pitié, et ceux qui n'étaient pas encore tombés continuaient à avancer, hommes, femmes et enfants, en invoquant la Mère de Dieu, jusqu'à ce qu'il n'en restât plus un seul en vie. 

.В Шацком уезде крестьяне собрались к зданию ЧК выручать конфискованную Вышенскую икону Божией Матери. Красноармейцы открыли огонь по толпе. Очевидец рассказывал: " Я солдат, был во многих боях с германцами, но такого я не видел. Пулемет косит по рядам, а они идут, ничего не видят, по трупам, по раненым лезут напролом, глаза страшные, матери — детей вперед, кричат: " Матушка Заступница, спаси и помилуй, все за Тебя ляжем!" Страха уже в них не было никакого"."
(Прот Владислав Цыпин, ИСТОРИЯ РУССКИЙ ЦЕРКВИ, 1917-1997)

C'était cela, cette moisson de martyrs que faisait le Seigneur dans la montée des ténèbres, c'était cela, la sainte Russie. C'est avec elle que je veux être au jour du jugement. Pas avec ceux qui l'ont martyrisée, ni avec ceux qui la vendent aux Américains. Ceux-là appartiennent au diable, non seulement par leurs péchés, mais surtout par le culte qu'ils lui vouent: adorateurs déterminés de Belzébuth et de Moloch. Les péchés, nous en sommes tous pourris, qu'y faire, sinon confier à Dieu notre pauvre personne dolente afin qu'il la guérisse... Mais se prosterner devant de noires idoles et sacrifier des vies sur leurs autels, cela est grave, cela exige un repentir profond, pas des fanfaronnades ni de nouveaux appels au meurtre ou à la trahison.




jeudi 14 décembre 2017

climatodépendance

Depuis quelques jours, je suis extrêmement fatiguée. Il faut dire que la température hésite entre moins deux et plus deux, et qu'il n'y a rien de pire. L'hiver de l'année dernière, à la température stable au dessous de zéro, était une vraie bénédiction et d'ailleurs, je pétais le feu. Là, j'ai la tension dans les chaussettes, il faut aller la récupérer et la remonter à coup de café et de thé sucré, et en plus, je traîne la patte...

La jambe me fait mal,
Boute selle, boute selle,
La jambe me fait mal
Boute selle à mon cheval...

Ce matin, je voulais prendre un taxi pour aller à la pâtisserie, car ce qui avait fondu hier avait gelé pendant la nuit, mais naturellement, toute la ville ayant constaté la même chose, il n'y avait pas de taxis de libres,et je suis allée à pied à l'arrêt de bus, à quatre ou cinq cents mètres d'ici, les faire sur la patinoire, ce n'est pas rien. On étudie chaque pas qu'on fait, en se demandant si on n'ajoutera pas bientôt la fracture du col du fémur à l'arthrose du genou, est-ce bien à moi qu'il arrive de me faire de telles réflexions? Eh oui. Je suis dans la peau d'une vieille peau.
Mon imbécile de chienne s'est plutôt calmée, mais elle a une nouvelle manie, aboyer comme une dingue au milieu de la nuit. La chose se prolongeant, je suis sortie pour essayer de la faire rentrer. Elle circulait en me faisant des pieds de nez et des bras d'honneur et j'ai laissé tomber: la poursuivre en chemise de nuit et bottes de feutre sur la patinoire n'est plus de ma compétence ni de mon âge. J'en venais presque à souhaiter qu'un voisin lui file un coup de fusil, tant l'amusement se prolongeait. D'un autre chien, on eût pu attendre qu'il se lassât. Mais Rosie est inlassable, et un autre crétin canin dans le lointain lui renvoyait la balle avec une extraordinaire obstination.
De sorte que je n'ai encore pas pu dormir normalement.
Mais ce qui illumine mes jours, c'est la perspective du concert avec Paramonov, et les petits garçons dont j'ai publié la vidéo, l'accordéoniste et ses frères danseurs. Ce sera un grand moment!

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« LE PLUS HUMAIN DES HOMMES »


«…Il faut couper la tête à au moins une centaine de Romanov (8 décembre 1911) ; « dans les autres pays il n’existe pas de demi fou comme Nicolas » (14 mai 1917) ; « le simple d’esprit Nicolas Romanov » (22 mai 1917) ; « l’idiot Romanov » (12 mars, 13 et 29 avril 1918) ; « le monstre idiot Romanov » (22 mai 1918) etc, etc.
 «…Il faut déclencher une terreur massive sans pitié contre les koulaks, les popes et les gardes blancs ; enfermer les éléments douteux dans des camps de concentration en dehors de la ville ».
 «… Il faut bander toutes nos forces, constituer un triumvirat de dictateurs (vous, Markine et autres), déclencher tout de suite une terreur massive, fusiller et emporter des centaines de prostituées, de soldats ivrognes, d’anciens officiers etc.
Il faut donner un exemple. 1) Pendre (obligatoirement pendre, pour que le peuple le voit) 100 koulaks, riches, buveurs de sang connus. 2) Publier leurs noms. 3) Leur enlever tout le blé 4) Désigner des otages, selon mon télégramme d’hier. Faire en sorte qu’à des centaines de verstes alentour, le peuple voit, tremble, sache et crie : ils étranglent et étrangleront les koulaks buveurs de sang. Télégraphiez la réception et lexécution ».  
«…je conseille de nommer ses chefs, et de fusiller les comploteurs et les hésitants, sans rien demainder à personne ni permettre d’hésitation idiote. ». « D’après moi, il ne faut pas plaindre la ville et remettre à plus tard, car une extermination impitoyable est indispensable ».
« Il faut à tout prix et de toutes vos forces nous aider le plus vite possible à achever les cosaques. »
« Pour ce qui est des étrangers, je conseille de ne pas se presser de les exiler. N’est-il pas mieux de les mettre en camps de concentration… »
« Sous l’aspect de « verts » (nous leur mettrons après cela sur le dos) nous ferons 10 ou 20 verstes et pendront les koulaks, les popes, les propriétaires terriens. Une prime de 100 000 roubles pour chaque pendu ».
« … Faire la paix avec « Nicolas » est stupide, il faut rameuter toute la tchéka pour fusiller ceux qui ne sont pas venus au travail à cause de « Nicolas ».
« Tout bon dieu est de la nécrophilie… Toute idée religieuse, toute idée à propos de tout bon Dieu, toute coquetterie au sujet du bon dieu est une abomination inexprimable… la plus dangereuse des abominations, la « contagion » la plus vile ».
« Je vois avec horreur, je le jure, avec horreur, que l’on parle de bombes depuis plus de six mois et qu’on n’en a pas fait une seule !... Que tous s’arment immédiatement eux-mêmes comme ils peuvent, qui d’un revolver, qui d’un couteau, qui d’un chiffon et de kérosène pour mettre le feu… Que les uns assassinent un gros lard, les autres fassent sauter un poste de police, que d’autres encore braquent une banque pour confisquer des fonds… que chaque détachement apprenne lui-même au moins à tabasser des policiers, les dizaines de victimes seront rachetées au centuple, par les combattants expérimentés qu’elles vont  donner… Même sans armes, les détachements peuvent jouer un grand rôle… en se rassemblant en haut des immeubles, aux étages supérieurs, et en jetant des pierres aux troupes, en les aspergeant d’eau bouillante… (achats de toutes sortes d’armes et d’obus, recherche d’appartements bien situés pour les combats de rue : pratiques pour combattre depuis les hauteurs, pour stocker des bombes ou des pierres etc. ou de l’acide, pour en arroser les policiers… assassinat d’espions, de policiers, de gendarmes, explosion de postes de police, libération des prisonniers, confiscation des moyens financiers du gouvernement… on mène de telles opérations déjà partout… Les détachements de l’armée révolutionnaire doivent tout de suite apprendre qui, où et comment constituer des centuries noires, et ensuite à ne pas se limiter aux sermons (c’est utile, mais cela ne suffit pas), mais à entrer dans la force armée, tabassant les tchernosotentsi, les tuant, faisant exploser leurs quartiers généraux etc. etc. ».
Devinez de qui sont ces citations ?

Ce florilège est suivi du témoignage personnel du père Gamaris :
« Mon père, membre du RSLDP depuis 1937, faucon de Staline a laissé ses mémoires. Je craignais d’y lire quelque chose dans le genre de ce qu’Elena écrit : des titres du journal la Pravda. Je suis allée sur la Volga, j’ai ouvert son cahier… et me suis mis à pleurer : mon père avait écrit la vérité. Comment on voulait recevoir la terre, comment on avait spolié les paysans et les avait acculés à l’esclavage du kolkhose, la famine organisée de 1933, quand il s’échappa de la ville repue de Leningrad avec un sac de nourriture à travers les détachements de gardes pour se rendre dans le village de Grebeni, de la région de Kiev, et sauver ses parents et ses frères qui mouraient de faim. C’est à lui que je fais le plus confiance. Les slogans et les mensonges sur Lénine, on les apprenait à l’institut, et j’ai passé avec mention très bien l’examen de « communisme scientifique » auprès du professeur Korostach. Je crois ma grand-mère maternelle, Irina Nilovna, paysanne d’Orlov, qui se rappela toute sa vie son existence sous le tsar comme d’un paradis, comment le propriétaire terrien la payait en tchervontsi d’or pour son travail, quelle abondance dans les boutiques, et elle se souvenait comme d’un enfer son esclavage du kolkhose, le labeur non pour des tchervontsi ni pour de l’argent mais pour une croix marquant sa journée sur le cahier d’un comptable non russe. « Lénine, c’est l’antéchrist qui aurait pu devenir l’antéchrist principal, mais le sang des martyrs a éteint cette flamme infernale, qu’il a allumé à son « Etincelle » (Iskra : publication de Lénine en exil) me dit un jour, dans les années 70, une grande figure de l’Eglise.


Le père Gamaris, d'origine ukrainienne, est un soutien actif de la cause du Donbass et un patriote russe. J'ai trouvé sur son fil de nouvelles, et traduit, beaucoup de témoignages concernant l'Ukraine et les exactions du gouvernement de Kiev.
Les témoignages que je publie ne proviennent ni de dissidents, ni de Soljenitsyne, ni de la propagande occidentale, mais de Russes qui s'expriment sur Facebook, de journaux russes, ou souvent d'amis que je connais personnellement, qui ne sont pas des libéraux et dont je ne mets pas une seconde la parole en doute. 

tableau de Boris Koustodiev






mardi 12 décembre 2017

Les vessies et les lanternes


Il m'est tombé sous les yeux un article significatif, présenté comme suit: 
« A l’extérieur, une maison insignifiante, à l’intérieur, un palais royal ».
Or je vois personnellement à l’extérieur une isba traditionnelle charmante et joliment décorée, mais qui aurait besoin d’être rafraîchie, à l’intérieur un festival de mauvais goût boursouflé et prétentieux, et parmi les commentateurs, je suis la seule dans mon cas. Il ne fait pas s’étonner que le richard d’une de mes chroniques précédentes se soit indigné en recevant un cadeau simple et de bon goût, poétique et enfantin. 
Dans une isba de ce type, on s’attendrait à trouver, au vu du titre, des merveilles comme la célèbre « maison aux lions » : 




Ou bien encore dans le style de la maison du paysan enrichi Poliachov, évoqué dans une de mes chroniques (https://chroniquesdepereslavl.blogspot.ru/2016/11/un-paysan-obscur-et-miserable.html#comment-form)
Poliachov avait du goût, lui, évidemment, car il avait derrière lui toute une culture paysanne intacte, et cela le retenait de verser dans le débordement kitsch. Il n’avait pas du tout une mentalité de parvenu, bien qu’il fût, comme la plupart des riches Russes, fastueux et généreux.  Mais la paysannerie, à force d’être moquée et coupée de ses sources, en vient à se mépriser elle-même, et à rêver comme le papy de cette petite maison, d’un fatras clinquant qui représente à ses yeux « l’intérieur royal » revu et corrigé par les séries télévisées de seconde zone.
Savoir discerner le beau du laid, c’est comme savoir discerner le vrai du faux, et le bien du mal, c’est complètement interdépendant. Nos ancêtres suçaient ces aptitudes avec le lait de leur mère, ils étaient éduqués en ce sens par leur culture millénaire. Eradiquer cette culture en substituant systématiquement le toc, la contrefaçon à l’authentique, les vessies aux lanternes et le clinquant à l’or véritable est le souci constant du diable qui tient nos élites à la tête.
Dans cette perspective, la survie du folklore est vraiment une question de survie de l’âme même du peuple, au sens le plus spirituel du terme. Celui qui est éduqué dedans, ou qui en ressent l’appel et y revient, n’est plus dans le monde des vessies, il est dans celui des lanternes qui éclairent pour de bon, on ne la lui fait plus, il est relié. C’est pourquoi certains ecclésiastiques commencent à le considérer comme une thérapie. C’est une thérapie. C’est une cure de désintoxication. C’est une porte qui s’ouvre sur l’éternelle enfance du monde dont nous devrions être les participants éblouis.
Instinctivement du côté des ténèbres, qu’ils choisissent systématiquement, les fonctionnaires et les puissants d’aujourd’hui vont naturellement essayer de l’exclure de l’espace public, pour y substituer, comme à l’époque soviétique, des contrefaçons, avec beaucoup plus de mauvais goût, et consacrer l’argent public au financement de provocations d’avant-garde visant à pervertir et désespérer ceux qui les regardent et les écoutent. C’est-à-dire à infiltrer ici ce que l’Occident a de pire.
Soutenir le folklore là où il est encore vivant, c’est ma résistance.

Voici des enfants élevés dans le folklore :

 

A mon avis, ils auront moins de problèmes que les enfants rivés à leurs tablettes.

Elle avait épousé un ingénieur soviétique...


Au camp, les zeks lui avaient sculpté, avec un couteau de cuisine, sur les châlits un clavier de piano. Et la nuit, elle jouait de cet instrument muet Bach, Beethoven, Chopin. Les femmes du baraquement assurèrent plus tard qu’elles entendaient cette musique silencieuse, en suivant simplement les mouvements de ses doigts déformés par le travail d’abattage des arbres en forêt et de son visage.
Fille d’un Français et d’une Espagnole, professeur à l’université parisienne de la Sorbonne, Vera Lotard avait étudié à Paris chez Alfred Cortot, puis à l’académie de musique de Vienne. A 12 ans, elel avait fait ses débuts avec un orchestre sous la direction  du grand Arturo Toscanini.
Pianiste déjà connue, qui donnait des concerts en soliste dans de nombreux pays du monde, elle avait épousé l’ingénieur soviétique Vladimir Chevtchenko et arriva avec lui en URSS en 1938. Vladimir Chevtchenko ne tarda pas être arrêté. Vera se précipita au NKVD et commença à crier, mélangeant le russe et le français, que son mari était un homme remarquable et honnête, un patriote, et que si ils ne comprenaient pas cela, ils étaient des imbéciles, des idiots, des fascistes et si c’est comme ça, arrêtez-moi aussi…  Ce qu’ils ont fait. Et Vera Lotard-Chevtchenko allait défricher  la forêt pendant  treize ans au camp. Elle apprendra la mort de son mari au camp, et de leurs deux enfants au blocus de Léningrad.
Elle fut libérée à Nijni Taguil. Et tard le soir, courut directement depuis la gare, dans sa veste ouatinée du camp en lambeaux, à l’école de musique, frappa fébrilement à la porte, suppliant qu’on lui donnât « la permission d’aller au piano »… pour… pour « donner un concert »…
On le lui permit. Près de la porte fermée, sans oser entrer, les pédagogues sanglotaient.  On comprenait bien d’où elle était accourue, dans sa veste ouatinée déchirée. Elle joua presque toute la nuit. Et s’endormit derrière son instrument.  Par la suite, elle racontait, en riant : « Et je me suis réveillée déjà professeur dans cette école ». Vera Lotard Chevtchenko passa les seize dernières années de sa vie à Akademgorodok, près de Novossibirsk.
Elle ne se contenta pas de se reconstruire après le camp en tant que musicienne, mais elle commença à mener activement des tournées. Les billets du premier rang, à ses concerts, n’étaient pas à vendre. Ces places étaient réservées à ceux qui avaient partagé avec elles les terribles années des camps.  Si quelqu’un venait, c’est qu’il était en vie.
Les doigts de Vera Avgoustovna restèrent jusqu’à la fin de sa vie rouges, tordus, noueux, courbés, déformés par l’arthrite. Et encore repoussés de travers, après qu’au cours des interrogatoires,  les eut brisés (sans se presser, en savourant chaque coup de crosse de revolver) l’enquêteur en chef, le capitaine Altoukhov.
Vera Lotard-Chevtchenko est morte en 1982 à Akademgorodok près de Novossibirsk.

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Témoignage trouvé sur mon fil de nouvelles de Facebook.



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