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lundi 9 novembre 2020

Vernissage


Je devais aller à l'atelier d'iconographie du monastère Nikitski vernir deux icônes avec l'aide de la jeune Tatiana, mais comme elle me savait malade, elle ne m'attendait pas. Je pensais que si, et me suis lancée, après les derniers préparatifs de l'expo. J'ai trouvé porte close et j'ai dû aller taper au carreau. Elle m'a ouvert. Elle était seule avec une jeune femme de Moscou qui va faire des fresques pour le monastère et des stages de dorure. Je suis tombée d'accord avec Tania que je viendrais après mon expo commencer avec elle une grande icône d'apprentissage que j'offrirai ensuite à une église en restauration.
Sa jeune collègue s'appelle Katia, et elle m'a beaucoup plu; elle est vivante et drôle, sans le côté 
 grenouille de bénitier. Et puis nous avons quelque chose en commun, notre tendresse pour Ivan le Terrible: "Je l'ai toujours plaint, me dit-elle; je pense qu'il était un peu malade, que par moments, il perdait le contrôle." Mais nous étions d'accord pour penser qu'un homme capable de construire de telles églises et de composer une telle musique ne pouvait être privé d'âme, au contraire des mafieux transhumanistes qui dirigent le monde et ne produisent que laideur, destruction et vulgarité. C'était un grand pécheur, mais pas un cas désespéré.

Le médicament de Skountsev est à base d'hydrochloroquine et me fait beaucoup de bien. Il est sans danger, en vente libre et coûte un euro. Je ne pense pas être covidée, car je n'ai pas perdu le goût, ni l'odorat, ni l'appétit. J'ai appelé Liéna, sa petite a infecté toute la famille, y compris le père Valentin, il s'agit d'une simple bronchite. Mais justement, ce médicament est prévu au départ pour les bronchites et aussi pour l'asthme. Merci docteur Skountsev. Les vieux-croyants ont souvent un côté un peu rebouteux, madame Skountsev a ses techniques et sa pharmacopée... J'étais néanmoins gênée pour chanter et fatiguée; mais le vernissage a été très chaleureux, certains m'ont remerciée d'avoir donné une telle fête. Mon encadreur Vladimir, qui aime bien ce que je fais, m'avait apporté un bouquet de roses rouges. J'ai été rejointe ensuite par Slobodan Despot, accompagné de sa belle amie russe, Ioulia. Je l'avais vu une fois lors d'une conférence à Lyon, je crois que je n'étais même pas encore en Russie. Il est venu y faire des repérages et, je crois, y resterait bien. Nous avons fini la soirée à la pizzeria. Ioulia ne semblait pas très bien comprendre comment on pouvait quitter l'Europe pour la Russie, ce que j'ai fait, et qu'il voudrait faire. Elle ne voit pas ce qui se passe en ce moment en Europe. Il est vrai qu'elle est en Suisse, où cela ne va pas aussi mal qu'ailleurs, mais Slobodan le voit. Il a développé l'idée que la réalité avait perdu toute importance, ce qui compte maintenant, c'est la légende médiatique que l'on crée autour d'un personnage ou d'une situation, sa correspondance avec des schémas idéologiques en béton armé. De sorte que nous vivons avec nos contemporains dans des sortes de mondes parallèles qui ne se comprennent pas. Enfin dans une certaine mesure, nous, nous les comprenons, puisque nous en réalisons l'existence... mais les habitants de ces planètes qui ne sont déjà plus de la nôtre, la Terre, n'ont plus les mêmes codes, ils ne saisissent pas ce que nous leur disons, ils n'ont pas les récepteurs pour. J'avais déjà cette impression avec la gauche de ma jeunesse.J'en profite pour conseiller l'abonnement à Antipresse, site d'information et de réinformation créé par Slobodan. Il est payant, car il considère que cela évite d'avoir recours à de riches sponsors qui dictent l'orientation des articles et l'analyse des faits. L'avantage est qu'on peut y lire de très bons articles qui font réfléchir au lieu d'une bouillie de mensonges incantatoires. 

Le lendemain, Slobodan et Ioulia sont venus chez moi, il faisait un temps pluvieux et froid qui n'encourageait pas aux périples touristiques. Je leur ai servi du thé avec des crêpes et nous avons bien rigolé, entre deux considérations sur l'état du monde où nous nous trouvons.

L'éditorial de Slobodan Despot: 


Nous chantons un vers spirituel avec Katia. Je n'avais pas de voix et pas beaucoup d'énergie, à cause de la bronchite:https://www.facebook.com/100002399412419/videos/3456057601150853/
et là j'essaie de chanter les marins de Groix:






jeudi 5 novembre 2020

Mausolées

Il faisait gris et sinistre ce matin, mais le soleil a fait une apparition dans l'après-midi, j'ai tout à coup vu de beaux nuages voguer dans l'azur, la lumière embraser les buissons de la maison de Violetta. Et tout cela, dans quelques temps, me sera masqué par un mur de plastique énorme. Je peux essayer de le cacher derrière des sapins, mais je ne verrai plus ces beaux nuages ni les levers de lune. Sur la photo, on distingue les pilotis sur lesquels reposera la chose...


Elle sera posée dans l'environnement absolument n'importe comment. Sans tenir compte de l'espace autour, ou plutôt du manque d'espace. Toutes les maisons d'autrefois en tenaient compte, que ce fussent les fermes de la vallée du Rhône ou les isbas russes, et l'emplacement des arbres autour était bien choisi. Le crétin moderne pose sa maison comme un chien pose sa pêche. Et je dois dire que j'en ai assez de cette monstrueuse bêtise, de cette contagion de la bêtise et de la laideur, la seconde étant le reflet de la première.

Les défenseurs du lac, ici, ont posté des tableaux qui représentent Pereslavl, dans les années 60. Tel que j'ai pu encore le découvrir dans les années 90. Il a suffi de 20 ans pour transformer un conte de fées en amas de bâtisses contrefaites, sans doute faut-il voir dans ces constructions banales et bancales l'expression des mutilations opérées par la modernité sur l'âme de ces populations.





Ces endroits sont aujourd'hui méconnaissables. Ils étaient vivants, organiques, poétiques, ils ressemblent maintenant à un grand cimetière, et pas un cimetière d'autrefois mais à un cimetière d'aujourd'hui, avec des tombes prétentieuses et des fleurs en plastique. Les agglomérations de la Russie moderne évoquent en fait un dépôt de nos ordures contemporaines: anarchiques, et inassimilables par l'environnement. Un ami du père Valentin m'avait dit à propos des lotissements de cottages qu'ils ressemblaient à une accumulation de mausolées. La mort de l'âme engendre la mort de l'art.

J'ai regardé les maisons à vendre sur Pereslavl, à part les isbas souvent fort délabrées, elles sont toutes affreuses. Quel que soit le prix, je ne voudrais d'aucune d'elles même si on me les offrait, ou alors pour les revendre. Elles sont d'une laideur fantasmagorique. La beauté de la Russie était fantastique, féérique, la laideur de l'espace post-soviétique est cauchemardesque. Je n'avais jamais vu ça, ni en France, ni même en Amérique. Et quand je travaillais à Moscou, je m'en rendais moins compte, car Moscou a été terriblement saccagée, mais la province restait plus intacte. Depuis, les gens construisant à chaque fois des horreurs, ou saccageant les maisons existantes, on dirait que le pays est en proie à une sorte de lèpre qui dévore ce qu'il restait encore de sa beauté passée. 

 J'offre a la réflexion du lecteur, avant qu'elles ne soient censurées, deux vidéos très importantes pour rendre la vue aux aveugles. Elles partagent une observation commune que j'ai également faite: nos gouvernements ne nous veulent pas du bien. il faut se mettre dans la tête qu'ils ne sont pas incompétents, ils sont nuisibles. 





 

mardi 3 novembre 2020

Accrochage


Le voisin déambule sous mes fenêtres. Il délimite sa maison. Elle sera énorme. Il me dit qu'il ne peut la construire ailleurs à cause de son bain de vapeur qui ne doit pas être à côté. Mais il en sera à côté, pas en face, mais à côté. Et c'est dangereux, ça peut foutre le feu. D'autre part, proche comme elle sera et haute comme elle sera, elle provoquera obligatoirement le glissement de toute son argile sur mon terrain. Lequel terrain est déjà spongieux, alors qu'il ne pleut pas depuis plusieurs jours. Dès qu'il a vu que je le regardais, il est parti d'un air furtif. Finalement, je me faisais encore des illusions sur la bêtise. Elle est colossale et sans fond. Car à la rigueur, je pourrais essayer de masquer son horrible truc avec des conifères et vivre à l'ombre, mais je crains que toute l'eau ne reflue chez moi et même dans la cave de la maison.

Il me propose de faire un canal le long de la clôture, mais il y aura tout juste deux mètres entre celle-ci et son monstre, enfin j'espère quand même qu'il le fera, sinon, il me faudra acheter des bottes d'égouttier. Il ne comprend absolument pas le problème. Que je préfère mon marécage vivant à une coulée de glaise qui écrasera tout ce que j'ai planté, ou qui poussait tout seul, jusqu'au ras des fondations. Pour lui un jardin, c'est un désert vert avec trois thuyas, quatre massifs bordés de plastique un nain de jardin et une allée de pavés autobloquants. C'est tellement inutile de discuter que les bras m'en tombent. J'ai affaire à un extraterrestre, à un rhinocéros. Il ressemble à son bulldozer.
D'un autre côté vendre et acheter en ce moment n'est pas facile, si ça se trouve nous serons tous spoliés du peu que nous avons dans trois mois. J'ai vu hier une femme qui a acheté un lopin dans un lotissement, bâti une maison, et maintenant, elle doit tout détruire, parce que ce sont des terres agricoles vendues à des particuliers par un faisan.
C'était dans l'atelier d'iconographie où se retrouvent de pieuses femmes pour apprendre cet art. Elles sont toutes extrêmement gentilles, mais j'ai l'impression que je n'ai pas vraiment le style, bien que je sois orthodoxe, et que je fasse des icônes, pas assez souvent, et ce sont toujours des commandes de Français. Une brave dame a lancé un appel au peuple pour faire conduire une grand-mère à Elizarievo, le village où mon héros Fédia trouve une sage-femme un peu sorcière, dans mon livre. L'église a été construite par le père Basmanov. C'était un chef de guerre fort brutal, un opritchnik, mais quand même, il ne devait pas être aussi nul et immonde que le mafieux contemporain, ou son complice le fonctionnaire véreux, car l'église qu'il a laissée à la posterité est fort belle, et simple, elle ne cherche pas à en mettre plein la vue. Or je suis de plus en plus persuadée que si nous produisons tant de laideur, c'est que nous sommes intrinsèquement et profondément laids, mutilés de l'âme, rétrécis du coeur, quand au cerveau, je n'en parle même pas. Notre civilisation est celle du Mordor et tous ceux qui y adhèrent sont plus ou moins des orques ou des nazguls. A choisir entre Alexeï Basmanov et Sobianine, Macron, Gref, Attali ou le docteur Laurent Alexandre, je prends le premier. La grand-mère voyageait avec des tas de sacs, et son chat dans un panier. Elle avait envie d'entendre quelque chose d'agréable sur Alexeï Basmanov, la gloire locale. Je lui ai dit que ce n'était pas un ange, mais qu'il avait fait une belle église et que de l'avoir restaurée permettait de prier à nouveau pour son âme, qui en avait sûrement bien besoin.
Je suis allée accrocher mes tableaux à la galerie de la cathédrale, en réalité, c'est mon coéquipier qui s'en est chargé, et heureusement, car il m'aurait fallu faire de l'acrobatie sur un escabeau à une hauteur stratosphérique. Nous faisons une expo dans une salle privée. A côté, il y a une grande salle où sont exposés en permanence toutes sortes de tableaux, bons et mauvais. Je trouve que les miens sont  honorables, si je compare, bien que je n'ai pas fait d'école ni de carrière retentissante, et surtout ils ne ressemblent à aucun autre. Peut-être comme mes livres d'ailleurs.
Ce qui m'ennuie, c'est que je suis censée chanter, mais je crois bien que la petite-fille du père Valentin m'a une fois de plus filé ses miasmes, et par les temps qui courent, les affections ORL ne sont pas bien vues. D'ailleurs l'abominable Gref a décrété qu'il faudrait garder le masque toute sa vie, c'est tellement plus hygiénique, je me demande parfois si je ne fais pas un cauchemar interminable, un cauchemar sans réveil, où une bande internationale de cinglés richissimes et pervers est en train de briser et d'endoctriner l'humanité entière avec des procédés de secte.


le tableau en haut à droite, c'est justement le terrain du voisin
avant le massacre, une vue qui va disparaître derrière son cube
en plastique.






lundi 2 novembre 2020

Le début de la fin



Ainsi que je l'ai déjà assez souvent expliqué, c'est le père Placide, qui m'avait convaincue de repartir en Russie. Comme je protestais que j'étais déjà vieille, fatiguée et que je venais d'acheter une maison, il m'avait répondu: "Vous pouvez revendre votre maison, et vous n'êtes pas encore trop âgée, mais dans cinq ans, vous le serez. Partez maintenant. Vous pouvez le faire, car vous êtes seule, vous parlez le russe et vous êtes consciente de la situation. Si j'avais été de dix ans plus jeune, je serais moi-même allé fonder un monastère en Crimée pour la future émigration française. Partez, nous sommes fichus. Je me sens en France comme un prêtre orthodoxe en Turquie."

Après le professeur laïque et les fidèles catholiques, un prêtre orthodoxe vient d'être assassiné à Lyon. Des hordes règlent leurs comptes sur notre territoire et y persécutent ceux, Grecs ou Arméniens, qui avaient cru y trouver un asile, après leurs génocides respectifs du début du XX° siècle. Mais quelle que soit mon opinion sur l'islam, je suis bien persuadée que les marionnettistes qui utilisent ces bombes de violence bourrées de testostérone et dépourvues de neurones ne sont pas forcément musulmans.

Maxime a publié la lettre de l'archevêque catholique Carla Maria Vigano, commentée par de nombreux blogueurs; l'archevêque est complotiste. Et pas seulement lui, le bras droit d'Obama confirme ses dires.

https://orthodoxe-ordinaire.blogspot.com/2020/10/une-nouvelle-lettre-de-larcheveque.html

  https://odysee.com/@Radio-Quebec:a/Le-général-Flynn-confirme-le-coup-d'Étta-mondial-contre-les-peuples:7

Maxime se désole que des hiérarques orthodoxes n'aient pas écrit cette lettre à la place de monseigneur Carla Maria Vigano, et en effet, je suis moi-même extrêmement consternée de voir le métropolite Hilarion prôner le masque et le vaccin, et j'ai l'impression que le patriarche Cyrille est terrifié. Quand au patriarche de Constantinople, je n'attends rien de lui depuis un bon moment. Il y a des moments où sans vouloir critiquer, on se sent un peu seul, lorsqu'on a des oreilles pour entendre et des yeux pour voir...

Mais voilà que monseigneur Neophytos de Morfou met à son tour les pieds dans le plat, en vrai hiérarque orthodoxe; Maxime vient également de le publier. Nous avons quand même quelques flambeaux dans les ténèbres, bien que l'un d'eux vienne de s'éteindre en la personne du métropolite Amphiloque du Monténégro..

 https://orthodoxe-ordinaire.blogspot.com/2020/11/les-plans-du-nouvel-ordre-mondial-et-le.html 

Et pour finir,voici l'ennemi identifié. Des adorateurs de Mammon sans aucune conscience à qui la richesse et la technologie donnent des pouvoirs exorbitants, et qui sont devenus complètement cinglés:

https://guyboulianne.com/2020/08/24/le-forum-economique-mondial-avoue-son-projet-criminel-de-ruiner-la-population-mondiale-par-lintermediaire-de-la-grande-reinitialisation/?fbclid=IwAR0XdWfRwj8FPZgSFJ4XuspuWRrJC7uzlOC5VCZIYm_oCpYOoG-gcMjU8Z8






 




dimanche 1 novembre 2020

Maison magique

Suite du feuilleton, le voisin a déversé tellement de terre que son lopin doit être maintenant de 80 cm plus haut que le mien. Quand ces lopins ne faisaient qu'un seul terrain, les gens avaient pratiqué des canaux, qui de chez moi, se prolongeaient chez eux. Maintenant que tout est écrasé par ces tonnes de terre, l'eau commence à sourdre chez moi, et à la place du potager, je vais avoir un sol détrempé. Le voisin éperdu me propose son aide et monts et merveilles, mais cela me fait une belle jambe. Mon amie Lisa, venue me voir avec une copine, la céramiste Natacha, a essayé de lui suggérer des modifications dans ses plans. Car bien entendu, son monstre de deux étages, il va le couvrir de siding, le plastifier du haut en bas.
Lisa adore ma maison, et elle trouve que ce serait très dommage de la laisser, nonobstant le futur monstre du voisin. Un peu plus tard, à la réunion concernant le lac, j'ai rencontré toutes sortes de gens sympas, dont une architecte qui a proposé de venir s'entretenir avec le voisin pour lui proposer des systèmes d'évacuation des eaux, étant entendu qu'on ne peut inonder le terrain d'à côté pour construire sa baraque. "C'est que, me dit le voisin, à qui j'avais déjà fait la remarque, comment puis-je construire dans un marécage si je ne mets pas de terre?" Bonne question. Les conséquences, il n'y a pas du tout pensé, c'est un pur produit de la civilisation contemporaine. Ma maison, par exemple, construite dans les années 30, repose sur un socle de remblais et une fondation de briques, ces remblais ne recouvrent pas tout le terrain, à l'époque, on réfléchissait encore...
Je dois oublier le potager, si je reste, il faudra me protéger des monstres, et apparemment, ils poussent partout où il y a un minimum d'infrastructures. Je suis donc allée voir sur internet, pour m'installer des arbres de taille déjà respectable. On peut en acheter qui ont déjà quatre ou cinq mètres, j'aurais bien mis un sapin pour me cacher son cube de lego géant en toutes saisons, un sapin poussera-t-il dans le marécage? Il y en a deux à dix mètres de chez moi, ca devrait pousser. Sinon, il y a l'option du peuplier, mais l'hiver, il laissera apparaître l'horrible chose. J'ai le choix entre vivre à l'ombre, ou contempler un mur de plastique.
Le voisin propose de donner un coup de pelleteuse pour ouvrir la mare que je projetais de creuser pour concentrer les eaux, je vais déjà essayer ça. 
A la réunion, je n'ai vraiment pas compris tous les détails, car Génia, combattant numéro 1 de la cause du lac, est un adepte du masque, entre la mauvaise acoustique de la salle et le bâillon censé le défendre contre les miasmes, je ne saisissais pas grand chose. J'ai compris deux points qui ne m'ont pas trop rassurée. D'une, nous avons affaire à de vrais bandits qui n'ont aucune conscience, de deux, tout le monde se fout des ukases de Poutine. Un peu plus tard, un poutiniste présent m'a dit que les gens se le figuraient comme un dictateur, alors qu'il avait le plus grand mal à agir tant on lui mettait de bâtons dans les roues, ce qui confirme l'impression que j'ai moi-même depuis un moment.
Pour ma part, ma mésaventure avec les projets du voisin me laisse facilement entrevoir les conséquences écologiques de constructions pratiquées n'importe comment autour du lac par une bande de mafieux qui se fichent encore plus largement des conséquences sur le milieu et sur les gens qui l'habitent...
Les personnes présentes pensaient néanmoins que cela vaut la peine de résister et envisagent différentes actions.
En réalité, il n'est pas étonnant que notre monde devienne si moche, dans la mesure où il est gouverné essentiellement par des bandits de grands chemins, des fonctionnaires véreux, et des imbéciles bornés, complètement mutilés du bulbe. Ils le font à leur image: bancal, disgracieux, agressif, vulgaire, horrible.
Après la liturgie, je suis allée porter mes oeuvres à la galerie, il y a finalement pas mal de place, je pourrai en accrocher plus que prévu, mais c'est vraiment pour l'amour de l'art, car ici, on ne vend pas grand chose.

Voici les photos publiées par Lisa, sous le titre: la maison magique de Laurence Guillon

Chocha





Elle m'avait apporté un lion en céramique confectionné pour moi dans l'esprit populaire.




samedi 31 octobre 2020

Bulldozer


Le voisin est en réalité extrêmement affligé que ses projets ne fassent pas mon affaire. Il est venu me dire que ce serait très beau (oui, j'imagine!), qu'il ferait une évacuation pour les eaux (car il a déversé des tonnes de terre sur le marécage, écrasant tout ce qui y vivait et faisant monter de presque un mètre le niveau de son lopin par rapport au mien), m'assurer que ce serait mieux que d'avoir la vue sur un marais (mais ça m'allait très bien, le marais, mieux qu'un gazon, des petits massifs idiots et des thuyas et autres plantations exotiques prétentieuses  rangés comme à la parade). Il m'a même proposé de déverser aussi chez moi de la terre à ses frais, mais j'ai planté des trucs en tenant compte du terrain et n'ai pas envie de tout aplatir. Enfin c'est un très gentil bonhomme, mais que lui dire? Il ne voit sans doute ni le ciel, ni les plantes, ni les étoiles, et ne conçoit pas très bien qu'on ait besoin de les contempler. Et puis il a ses projets et ses investissements. si seulement au moins il n'avait pas fait d'étage, mais l'étage, il n'y a rien de plus chic. Il y a quelques temps, Sveta Soutiaguina me disait que la voyant dessiner une jolie petite isba, le propriétaire d'une grosse cliche informe et prétentieuse lui avait reproché de ne pas s'intéresser à son palais...
La maison du voisin sera en bois mais fera deux étages, et elle sera à 3 mètres de la clôture, qui est à maximum 5 mètres de ma propre maison, de sorte que je n'aurai plus de soleil, et que je ne verrai plus le ciel et ne pourrai même plus envisager de potager; car cet endroit sera tout le temps à l'ombre et le reste  est au nord.
J'avais à tout hasard planté un noisetier déjà un peu grand, je vais ajouter un argousier. Le mieux, ce serait des conifères, mais c'est très humide, et je me demande s'ils prendraient. Et puis je suis vieille, et les arbres mettent longtemps à pousser. 
Mon plombier me vantait hier les mérites d'un village perdu, à 15 km d'ici, où vivent en permanence trois personnes, dont un fermier originaire de Moscou et sa femme médecin. Il y a une église, restaurée par le monastère Nikitski. Je ne sais pas si j'aurai le courage d'opérer encore un déménagement, mais ça me tente, car la ville devient de plus en plus moche, dans mon quartier, je suis cernée par les monstres, et les derniers espaces autour du lac sont menacés par la construction sauvage de merdouilles plastifiées. Je rêvais de vieillir dans un endroit où rien ne viendrait me blesser ni les yeux ni les oreilles  ni l'âme. De pouvoir jouir de ce dont j'ai été finalement, comme la plupart d'entre nous, privée la plupart du temps, la splendeur de la nature, de la lumière, des spectacles cosmiques, des constructions harmonieuses de nos ancêtres qui respiraient d'un seul souffle avec le monde. C'est ce que je trouvais à ma datcha quand je fuyais Moscou, mais le village où j'étais à été saccagé depuis. Celui dont me parle le plombier est peu accessible. Un fermier et un médecin, c'est bien. Les moines de Nikitski une fois par mois, c'est bien aussi. Mais je ne sais pas si j'aurai encore le courage et la force de bouger. En même temps, parfois, Dieu donne des signaux et ces derniers temps, ils se répètent: le lac, la maison énorme à quelques mètres de la mienne...
Quelle bêtise ai-je faite d'avoir voulu être  raisonnable et tenir compte de mon âge. C'est toujours un tort, il ne faut pas écouter sa raison mais son âme et son instinct.
Une de mes jeunes amies m'a fait la morale: il y a des gens beaucoup plus malheureux que moi, et gnagnagna; le genre de discours qui m'a toujours exaspérée. Oui, en effet, je pourrais être aveugle, paralysée, gâteuse, enfermée dans un EPHAD avec le docteur Laurent Alexandre pour veiller sur ma santé. Cependant, qu'elle aille se faire voir chez les Grecs, je suis assez grande pour relativiser moi-même, néanmoins, je ne délire pas de joie devant la perspective.

vendredi 30 octobre 2020

La cata



Invitée à participer à une émission de radio Radonej, la radio orthodoxe, pour informer les gens des projets qui détruiront tout ce qu'il reste de beauté à Pereslavl, ainsi que l'écologie du lac, et de tout ce qui l'environne, j'ai dû aller à Moscou. Cela m'a donné l'occasion de passer une bonne soirée avec mon père Valentin, son gendre et sa fille Liéna; mais ce qui m'inquiète, c'est que l'aînée de Liéna toussait beaucoup, et c'est généralement par les enfants de la famille Asmus que je chope grippes et infections ORL.
Pour rejoindre le studio, j'ai pris le métro, et me suis trouvée confrontée au conditionnement covid. Naturellement, on vous informe tout de suite qu'il est interdit de pénétrer sans la masque maudit ni les gants, les gens portent le masque sous le nez, mais ils le portent, les amendes pleuvent, et quand je parle de conditionnement, c'est le mot qui convient: en face de moi, j'avais un écran qui diffusait sans arrêt des "infos" covid. covid, covid, covid, covid en lettres de toutes les couleurs, avec des signes lumineux, et on diffuse aussi en boucle des messages audio qui répètent covid, covid, covid, il n'y a plus que cela au monde, à Moscou, le covid. 
Le père Valentin avait lu, corrigé et annoté la traduction russe de Yarilo. Ce qui me rassure, c'est qu'à part des fautes, des mots mal choisis, trop contemporains car décalqués du français, dans l'ensemble, il trouve que ce que nous faisons avec Natacha reflète bien le livre original, et ce qui me rassure encore plus, c'est que le livre lui plaît, il n'y trouve rien à redire, il lui semble très intéressant. Bien sûr qu'au départ, la relation entre le jeune Fédia Basmanov et le tsar peut sembler scandaleuse, mais lui qui n'est pas spécialement tolérant sur ces sujets m'a parlé des amitiés de la Grèce antique, et discerne très bien où conduit cette histoire, elle lui paraît même à certains égards édifiante. Il m'a dit qu'il attendait la suite de pied ferme. Il pense même que cela ne déplaira pas aux partisans d'Ivan le Terrible, car on sent que j'ai de la sympathie pour lui, et je n'en donne pas une image caricaturale épouvantable.
Nous avons aussi parlé de Raspoutine, car le père Constantin écrit un livre pour le réhabiliter. Personnellement, je sais déjà depuis un moment que Raspoutine ne donnait pas de mauvais conseils au tsar. Mais la grande-duchesse Elizabeth ne pouvait pas le voir. "Et alors? me dit le père Valentin. Elle pouvait se tromper. Les félicitations qu'elle a adressées à ses assassins sont inqualifiables. En ce qui me concerne, pourquoi croirais-je davantage à son sujet ce qu'ont raconté de vrais salauds et des meurtriers plutôt que la famille impériale, pour qui j'ai infiniment d'amour et de respect, et qui aimait cet homme?" 
Avant de partir, j'avais eu une mauvaise nouvelle, mon voisin côté sud, le fils de Violetta, va me priver de vue et de soleil en construisant une baraque sous mes fenêtres afin de la louer. J'avais pensé acheter le terrain il y a trois ans, mais c'est lui qui l'avait fait, à cause de son bain de vapeur, qui dépasse la limite, et qui compte beaucoup dans sa vie. En rentrant, j'ai trouvé la barrière de bois de ce terrain écroulée, un bull-dozer au travail, j'aurai bientôt sous les yeux la clôture métallique de rigueur. Pressentant quelque chose de ce genre, j'ai planté un noisetier, devant la fenêtre où je travaille. De là, je contemplais les nuages, la lune naissante, tout cela me sera enlevé. Constatant mon peu d'enthousiasme; le voisin m'a dit: "Vous avez l'air attristé?
- Eh bien, Oleg, je ne suis pas ravie, je comprends votre point de vue, mais je n'ai pas envie d'avoir la vue sur une maison.
- Mais je la ferai jolie...
- Si vous pouvez, faites-la simple et pas trop haute…"
Je crains que la notion de jolie maison ne soit pas la même pour Oleg et pour moi. En réalité, je regrette de plus en plus de ne pas avoir eu le cran d'aller dans un village, ou plus loin. Car ici, cela va devenir de plus en plus moche, et toutes ces constructions sauvages dans des zones marécageuses autour d'un lac imprévisible qui peut finir par se fâcher risquent de provoquer un jour une inondation. En face, derrière les deux isbas, dernier joli point de vue que j'avais, on va construire quatre bâtisses; et comme les étages paraissent ici du dernier chic, elles vont certainement dépasser et gâcher complètement le paysage.
Le monde que nous ont fait les deux derniers siècles me paraît de plus en plus affreux et étouffant. Les gens dénaturés, intérieurement terriblement appauvris, mutilés, et de plus en plus fous, une folie qui n'a rien de romantique, une folie sinistre et laide; les nouvelles de France me bouleversent et me glacent le sang. Je ne suis pas étonnée, car tout cela, je le sentais arriver depuis les années 70; ce qui ne cesse de m'étonner, en revanche, c'est que nous ayons été si peu nombreux à le réaliser, tant c'était évident, mais c'est cela, justement, l'effet du conditionnement et de la folie collective. J'observe même que certains malheureux ne peuvent se débarrasser de ce conditionnement qui nous a perdus, ils s'y cramponnent de toutes leurs forces, au fond il y a deux oeuvres auxquelles je pense sans arrêt, en plus du Meilleur des Mondes et du Seigneur des Anneaux, c'est le rhinocéros de Ionesco et Tartuffe de Molière. 
L'humanité, en basculant dans le matérialisme et la profanation, est lentement devenue stupide et folle, d'une stupidité amnésique et baveuse. Les peintres de Pereslavl, et même de Moscou, protestent contre le saccage envisagé du lac par un festival de magnifiques tableaux, je crains que ce ne soit un dernier hommage, non seulement au lac, mais à la véritable Russie, et plus généralement, à l'humanité. De mon côté, j'ai dessiné les isbas pittoresques de mon quartier avant l'invasion des monstres. 
Ce matin j'ai vu cette déclaration de l'immonde Soros, rapportée par un site russe: "il est temps d'en finir avec la famille et la vie privée". Nous arrivons aux derniers cercles de l'enfer  moderniste. Est-ce un hasard ou un signe que l'abominable vingtième siècle ait commencé par le meurtre crapuleux d'une famille idéale, celle du tsar Nicolas? Je viens de regarder la vidéo pleine de bon sens et de colère d'un jeune médecin. Nos enfants, dans l'univers des concombres masqués, n'arrivent plus à apprendre à parler, à communiquer, déjà que la crèche du matin au soir, et les relations inexistantes avec des parents  abrutis par le boulot et le conditionnement général ne leur permettaient pas un développement normal, pensez à ce qui va se passer, maintenant, et même plus de grands-parents pour compenser, n'est-ce pas la réalisation du projet Soros?