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mardi 23 mars 2021

Ascension


Derrière le saccage programmé du lac, il y a une puissante mafia et nous aurons du mal à le sauver de ses griffes. Je me désole de ne plus avoir assez d'énergie pour filer dans le nord, loin des vautours. Une dame m'a fait part de l'avis d'un monsieur important sur le président Poutine qui ne "peut pas grand chose sur ce qui se passe en province".

Parallèlement, l'Europe se transforme en maison de fous, avec des populations tyrannisées et manipulées par des psychopathes mafieux. On a l'impression que la terre entière est en proie aux orques de Saroumane. Leur haine de la vie et de la beauté est insatiable. A Paris, les services municipaux ont scié une magnifique glycine centenaire qui décorait la devanture d'un restaurant de Monmartre. Partout, outre les populations muselées, affolées, hypnotisées, la création souffre des exactions de toutes sortes de malfaisants déchaînés, qui s'exercent sur les animaux sauvages ou domestiques, et sur les arbres ou les plantes. J'ai vu qu'une espèce d'oiseau en voie de disparition ne pouvait plus chanter, car il n'y a plus de transmission du chant depuis les représentants mâles experimentés vers les jeunes, c'est-à-dire que leur chant, comme notre folklore, ne reste vivant que s'il est transmis. Et nous avons beau pulluler, nous perdons tous nos chants, ce qui est certainement le signe inquiétant et sinistre que rien de bon ne nous attend. 

J'ai fait part de mon découragement à un écrivain et poète russe très profond, et voici ce qu'il m'a répondu: 

On a "détruit et méprisé" la Russie pendant mille ans. Et alors? Il est impossible de détruire ce qui existe dans notre direction énergétique. Poutine (Dieu lui accorde la force et la santé!) fait son possible, dans le cadre de ses compétences terrestres, et cela, grâce à Dieu, contribue dans une certaine mesure à notre renaissance spirituelle. Mais il peut aussi arriver que les églises dorées restent vides ("l'abomination de la désolation"). Cependant le contenu spirituel et sémantique des églises dépend de nous-mêmes, puisque nous-mêmes, dans la catholicité, nous sommes l'Eglise (et "les portes de l'enfer ne prévaudront pas contre elle"). Il me semble que nos éternelles tentatives pour trouver des traces tangibles du Royaume de Dieu sur terre, c'est une séduction originale et une tentation. Nous avons un proverbe: tout est bien là où nous ne sommes pas. Je veux dire, trouverez-vous la sainte Russie au monastère de Férapontovo ou bien restera-t-elle là où vous l'avez laissée? Je parle d'après ma propre expérience: j'ai dans ma vie suffisemment de mouvements au plan horizontal qui nous prennent l'énergie spirituelle dont nous avons besoin pour une ascension verticale. Croyez-moi, le Seigneur fera tout pour le mieux. Et il ne faut pas attendre la fin du monde, il faut en freiner la venue par notre foi et nos prières communes. Quoiqu'il en soit, je considère votre présence ici comme un effet de la Providence, pour vous et ceux qui vous entourent. Nous sousestimons souvent (parfois pour notre bien) notre rôle dans le dessein de Dieu. Les manifestations extérieures de décomposition et de "l'abomination de la désolation" ont toujours existé (c'est-à-dire qu'a toujours existé un glissement du monde vers sa fin). Que Dieu vous garde des tentations insupportables! Je vous souhaite la santé et la joie dans le Christ! Gloire à Dieu pour tout!

Cette réponse m'a énormément encouragée, je veux dire que d'après mon amie Liouba, quelquefois nous rencontrons des anges qui peuvent nous parler par l'entremise de gens ordinaires, souvent inconscients de leur rôle, mais qui viennent nous dire ce qu'il faut au moment où nous en avons besoin. 

Car si j'avais quelques doutes, c'est quand même dans le sens de ce que je ressens moi-même que va cette réponse. Il est temps d'effectuer un mouvement vertical, ascensionnel, sans se disperser à droite et à gauche. 

La Russie est ravagée par les orques, comme partout ailleurs, même peut-être plus, mais elle garde une énergie spirituelle et encore une certaine proximité avec ses sources et avec un monde relativement normal. Les gens comme cet écrivain, de grand talent, ne sont pas si rares, j'en ai pas mal autour de moi, à commencer par Skountsev et compagnie. Simplement, ils existent et fonctionnent au milieu des décombres, sans y prêter une grande attention, parce que cela fait cent ans qu'on démolit tout chez eux, et qu'ils sauvent comme ils peuvent. L'important est de sauver le patrimoine immatériel et les savoir-faire, c'est ce qui peut permettre une renaissance éventuelle. 

J'ai eu un autre dialogue avec un Russe qui me semble-t-il est à l'étranger, au sein de cette petite portion de l'Eglise hors-frontières qui ne reconnaît pas la réunion de celle-ci au patriarcat de Moscou, et qui reporte sur toute la Russie et son Eglise, sa haine du communisme. Moyennant quoi, les gens comme lui se déssèchent, pleins de rancoeur, dans des paroisses confidentielles perdues en occident. 

Mais j'ai plusieurs signes qu'ils ont tort. D'abord mon évêque, et son éparchie de Pereslavl-Ouglitch, son clergé et ses fidèles, tout cela est vivant, chaleureux et plein de foi. Chacun a bien ses défauts, mais le tout constitue bien une partie de l'Eglise, cette Eglise existe, sans elle, ce pays n'aurait plus aucun intérêt, ce serait une coquille vide et une terre d'invasion, le terrain de chasse des oligarques mafieux et rien de plus. Les décombres de la Russie sont pleins de Russes, des Russes pas si loin de ceux que décrivait Dostoievski.

Et puis l'extraordinaire élan spirituel de l'Eglise ukrainienne persécutée, sous l'omophore du métropolite Onuphre. C'est pour moi très bon signe, en dépit de l'état honteux et horrible de tout ce qui n'est pas l'Eglise, dans ce pays. 

J'ai vu une vidéo de la procession organisée pour le Triomphe de l'orthodoxie, que nous fêtions dimanche, avec le métropolite Luc de Donetsk, ce rocher de l'Orthodoxie. Tant que cela existe , le diable n'a pas gagné la partie dans la sainte Russie qui subsiste, transversale à tout le reste, sous les quolibets et les insultes de ceux qui la renient. Et en effet, maintenant, peu importe où je me trouve, pourvu que j'en sois proche et que j'opère ce mouvement à la fois ascensionnel et introspectif...

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samedi 20 mars 2021

Carême

 

Ce matin, soleil magnifique, mais retour du gel, routes glissantes, jamais les routes n’ont été plus mauvaises à Pereslavl qu’en ce moment. Les années précédentes, on passait de temps en temps le chasse-neige. Cette année, rien. L’administration, si pressée de bétonner les rives du lac, se fout éperdument de l’état des rues, des trottoirs, pas son problème. Son problème est de saccager la ville et de la livrer aux promoteurs.

Sonia, la « fille spirituelle » de ma pensionnaire, voulait me présenter une « artiste » rencontrée sur le trajet en Blablacar. J’y ai consenti. C’est une bonne femme très gentille, qui ne savait que faire pour m’honorer, et m’a prise dans ses bras pour m’exprimer son affection, mais sa maison et ses créations représentent le summum du kitsch, et je me suis vue gratifier de l‘une d’elles. Cette femme est une Russe de Khirguizie. Ses grands-parents, victimes des répressions staliniennes, avaient été déportés là bas. Elle-même, en dépit de cela,  était une komsomole fervente, qui pleura le jour où Eltsine détruisit l‘URSS. Insultée dans sa jeunesse par un officier khirguize, elle trouva tout à fait normal de le dénoncer « par principe », car tous les peuples de l’URSS étant frères, il était inconcevable de l’injurier sur la base de sa nationalité. L’officier y a laissé ses épaulettes.

Au moment de la chute de l’URSS, les Russes ont été l’objet de toutes sortes de brimades. Elle est alors partie. Eblouie par Paris, elle m’a quand même avoué qu’elle avait trouvé la ville complètement africanisée et sale. Dans un bus, elle a vu des Français terrorisés par un grand black ivre et dans la rue, elle s’est fait jeter des canettes vides à la figure par de joyeux représentants de notre diversité. « A Moscou, de pareils comportements seraient impensables, et d’ailleurs nos immigrés ne se conduisent pas comme les vôtres ». Ce que je ne conteste pas du tout.

Au retour, j’ai vu le monastère Nikitski, blanc, étincelant, avec ses croix qui brillaient comme des étoiles, monter comme une nef fantastique sur une vague de neige. Des constructions poussent comme des champignons n’importe où sur les berges du lac. On se dépêche d’occuper le terrain, car on sent le soutien du gouverneur et de toute la mafia qui est derrière.

  J'ai dit à Sonia que j’essayais de mettre à profit le carême pour surmonter la colère et le chagrin que m’inspire le saccage de la ville et du lac. Outre qu’à mon avis, elle ne voit pas où est le problème, elle m’a répondu que le carême était plutôt pour elle un moment d’amour, et moi, bien sûr, l’ourse des cavernes mauvais caractère, j’en manque beaucoup, je le sens ! Je ne dis pas que je n’en manque pas, d’ailleurs, mais je me méfie de ceux qui le brandissent comme un étendard.

Le carême me met dans un état étrange, enfin disons le mot, plus ou moins dans un état de grâce. Je ne sais pas comment cela se fait. Il y a des moments où le travail qui se fait dans la pâte de notre être commence brusquement à devenir plus apparent. Cet état n’est hélas pas constant, mais j’ai une curieuse sensation de sortie du monde, le monde compris comme tout ce qui ne fait pas partie de ma vie intérieure et la compromet, qui lui est antinomique. Ce dont l'irruption annule cette communication subtile avec ce qui vient de l'autre monde. Ma pensionnaire a une notion de l'« amour » qui me fait penser aux catholiques protestantisés de l’après Vatican II, les "frères" et les "soeurs", la communauté, le phalanstère chrétien. Saint Séraphin de Sarov ne parlait pas d’amour mais d’acquisition du Saint Esprit, car c’est la condition d’une aptitude à l’amour véritable. Je me rends parfaitement compte que j’en suis loin, mais de grâce, que l’on ne me propose pas de la fausse monnaie en chocolat. Je mène donc ma lutte carémique pas à pas, pour surmonter, comme je l’ai dit à cette jeune femme, et j’insiste. Pour laisser l’Esprit entrer en moi et faire le travail qui n’est pas à ma portée.

Je n’étais pas sûre de trouver le courage d’aller aux vigiles, je l’ai eu. Je me suis dirigée direct sur monseigneur Théoctyste, qui confessait. Je lui crache le morceau, sans fioritures, de mes dernières peccadilles. Et puis je le regarde, parce que c’était court, mais je n’avais plus rien à ajouter. «Tout va bien, me dit-il, avec un sourire attendri et ironique, tout est normal ».

Bon. Mais en fait plus tard, je me suis rendu compte que j’avais oublié des moutons sous le tapis. Ce sera pour la prochaine fois.

Je suis tombée sur deux de ses homélies, sur la page de l’éparchie, et j’ai été sidérée de voir à quel point elles collaient avec mes réflexions et révélations actuelles.

Les interprètes des paroles de Moïse et d'Isaïe croient que les prophètes se sont tournés vers le ciel et la terre pour la raison que les gens n'étaient pas prêts à entendre ces paroles, mais il était néanmoins nécessaire de les prononcer, car c'était exactement le commandement de Dieu.

Le moine André de Crète utilise cette adresse dans un contexte complètement différent, il ne proclame pas ce qui a été reçu de Dieu, il prononce ses propres paroles, mais en même temps il ne s'adresse pas aux gens, il s'adresse au ciel et à la terre. Cet appel peut être compris de deux manières différentes. Le premier est assez évident: par le ciel et la terre, on peut comprendre le Créateur, car c'est à lui que s’adresse la repentance. La deuxième manière de comprendre les paroles de Saint-André n'est pas si évidente: elle découle de la pensée que chaque personne est connectée non seulement avec toutes les autres personnes, mais aussi avec le monde entier, à la fois visible et invisible. Si vous percevez l’homme de cette manière, il s'avère que le péché n'est pas l’affaire privée d'un individu, c'est quelque chose qui affecte tout le monde et tout, par conséquent, la repentance non plus n'est pas l’affaire privée de chacun de nous, c'est quelque chose qui concerne tout le monde. C'est pourquoi l'auteur du grand canon de repentance appelle le ciel et la terre à témoigner de la sienne.

https://www.facebook.com/PereslavlEparhia/posts/1783636948479931?__cft__[0]=AZUSIHV1JVHkfY5lqAWirGJXpR57VT39gDhXC1OTCl8kks0ERAzwMqS8nWZ1dTfjx8vLRRmf1t0xHDakZFnTDrLFcNIdMU21lNJyTxDYeVqE4YiDp3LnSyljt-3MiIagQfg_zbjBfb-d6G-EF0lODkpK&__tn__=%2CO%2CP-R

Malgré toutes mes indignations, qui me rendent irritables, j’ai la conscience aigue de ce qui est exprimé ici, ce que chez Dostoievski on appelle la responsabilité collective, assortie d’un salut non moins collectif, c’est la conscience de ce fait qui pousse Mitia Karamazov à assumer le crime qu’il n’a pas commis mais auquel tous ses frères et lui-même ont plus ou moins consciemment participé. C’est dans cette perspective que je me donne pour but de mon carême de surmonter mon indignation, ma colère, mon chagrin, car l’humanité est une, et sans le vouloir, je participe à ses oeuvres de mort, de destruction et de honte. Or c’est à son salut qu’il faudrait participer. 

Ensuite, j’ai lu son sermon du dimanche du pardon, car sur place, comme il a une voix plutôt sourde, je n’en comprends pas les trois quarts.

En plus des déclarations critiques concernant le rite du pardon, chaque année avant le début du carême, de nombreuses personnes commencent à partager leurs propres découvertes étonnantes, ils rapportent que pendant de nombreuses années, le carême était inébranlable et obligatoire pour eux, mais récemment, ils ont réalisé qu'il est possible de ne pas suivre le paradigme imposé de l'Église et de ne pas jeûner du tout. Ils disent que les carêmes sont devenus leur affaire personnelle et que le ciel ne leur est pas tombé sur la tête. Je suis très heureux pour ces gens, car cela signifie qu'ils ont cessé d'être porteurs de la conscience païenne et se sont rapprochés du christianisme. En disant cela, je ne suis pas du tout ironique. Laissez-moi vous expliquer ce que je veux dire.

Dans son catéchisme sur la Sainte Pâque, saint Jean Chrysostome rappelle la parabole du Christ sur les ouvriers qui ont reçu le même salaire, saint Jean interprète cela en relation avec la pratique du jeûne et dit qu'il y a des gens différents, il y a ceux qui ont jeuné tout le carême, il y a ceux qui ont jeûné une partie, et il y a ceux qui s’en sont complèetment passés, mais cependant: «Vous qui avez jeûné et vous qui ne l’avez pas fait, réjouissez-vous aujourd'hui. Le repas est copieux, - mangez à satiété; le veau est gras - ne laissez personne avoir faim; que tous jouissent de la fête de la foi; que tous profitent de la richesse de la bonté. " Dieu appelle tout le monde à la fête de la Pâque, quelle que soit l'attitude de chaque personne envers le jeûne. Pour les chrétiens, c'est une pensée tout à fait évidente, on comprend parfaitement que le jeûne n'est pas un sacrifice à une divinité exigeante, c'est un exploit miniature que l’on prend volontairement sur soi de faire et qui est nécessaire non pas à Dieu, mais à nous-mêmes. Il est nécessaire afin d'essayer d'éliminer tout superflu et de libérer ses pensées  et son temps pour accomplir les commandements du Christ. Nous savons que le Christ n'a pas donné à ses disciples le commandement du jeûne, il n'a jamais rien dit sur la discipline du jeûne, il n'a pas dit: "Par ceci tout le monde saura que vous êtes mes disciples si vous jeûnez strictement sept semaines avant Pâques", il a dit plutôt «À ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous vous aimez les uns les autres» (Jean 13:35). Mais comment apprendre cet amour? L'expérience de l'Église dit que le moyen le plus sûr et le plus fiable est la maîtrise de soi volontaire. C'est tout à fait compréhensible et naturel, si nous nous souvenons que l'amour dont le Sauveur a parlé n'a rien à voir avec l'amour dans notre compréhension quotidienne, avec l'amour comme sentiment. L'amour commandé par le Christ est une activité, c'est un abandon de soi en faveur du prochain. C'est quand  nous dépensons du temps et de l'énergie non pas pour nous-mêmes, mais pour les autres. Quand nous ne faisons pas ce que nous voulons, mais ce dont un autre a besoin. Lorsque nous changeons nos plans pour ceux qui ont besoin de nous. L'amour du Christ est impossible sans abstinence. Le Seigneur ne nous a pas commandé de jeûner, mais il a commandé l'enseignement incessant de l'amour. Il est également important qu'Il ait montré comment atteindre  cet objectif et ce qu'est l'amour - Il a lui-même commencé son ministère auprès des gens par un jeûne de quarante jours dans le désert, il s'est limité lui-même dans ses besoins humains les plus fondamentaux afin de manifester un amour parfait. .

Par notre jeûne, ou plutôt par nos tentatives de jeûner, nous imitons notre Sauveur pour nous rapprocher d'au moins un demi-pas de l'accomplissement de ses commandements. Tel est le sens, tel est le but. Tous les autres objectifs du carême sont erronés à un degré ou à un autre. J'espère que vous et moi comprenons bien cela. Autrement, si quelqu'un pense que le jeûne est une condition préalable au digne accueil de la Pâque ou que c'est une sorte d'hommage à Dieu, alors je conseille à ces personnes de s'abstenir de jeûner, grâce à cela vous pourrez comprendre que Pâques ne disparaîtra pas pour autant et qu’aucun châtiment ne vous tombera dessus, et vous pourrez vous libérer de la vision païenne du monde. Je le répète, le carême n’est pas un exigence de Dieu, c’est une exigence de notre nature déchue exprimée par l’Eglise, c’est nous qui avons besoin du carême pour nous rapprocher de l’accomplissement du commandement de l’amour.https://www.facebook.com/PereslavlEparhia/posts/1782054558638170?__cft__[0]=AZVtjXCglBQRn0Fh6oqycgSisMoKTojNlbQjq4CgOnP5Ch_3y-1JKkqVL1N5GNEiaLrz6wbBe7vHdQW2WSO3eFqxiG8jyjfY0OpRnUqBvT0QaiqjJPCdvW1rPF_SLaUCKYUcreUQHBCABTWaDcjI6erj&__tn__=%2CO%2CP-R

Cette homélie m’est apparue comme complémentaire de la première, qu’elle précède, en tous cas pour ce qui me concerne, pour ce que je suis en train de vivre, c’est-à-dire peut-être mon premier vrai carême depuis que je suis orthodoxe. En ce qui me concerne, il me faut apprendre à chercher au fond de moi la beauté qu’on me vole à l’extérieur, que l’on vole à mes frères les hommes de plus en plus déchus et confus, pour être capable de les aimer, par delà la colère et le chagrin, il est vrai que je n’éprouverais rien de tel si j’étais indifférente à ce qui il advient d’eux, et par la même occasion de moi. Or il m’arrive d’entrer dans un dialogue silencieux avec ce qui monte du fond de moi-même et m’apporte un autre genre de beauté et de paix. Et disparaissent alors les sentiments incompatibles.


 

Monseigneur Théoctyste

mercredi 17 mars 2021

NOUS PROUVERONS QUE LA FOI ORTHODOXE EST FORTE!

 Homélie du métropolite Luc de Zaporojié et Mélitopol qui m'a été communiquée par une amie sur facebook. Le métropolite Onuphre a appelé à soutenir l'Eglise par de grandes processions.

Chers pères aimés en Christ, estimés frères et soeurs, enfants fidèles de l'éparchie de Zaporojié de l'Eglise ORthodoxe Ukrainienne!

Il n'y a rien de plus beau que de dire à Dieu "je t'aime" non par des paroles mais par sa vie même. Il n'y a rien de plus joyeux que de souffrir pour le Christ. "On m'a persécuté et l'on vous persécutera" (Jean 15:20), nous a prévenus le Sauveur. Qui plus est, nous serons détestés de tous, justement parce que nous sommes du Christ (Marc 13:13). Cela doit se produire inévitablement, "pour la raison de l'accroissement de l'iniquité" (Mat. 24:12). "Veillez à ne pas avoir peur, car tout cela doit advenir" (Mat. 24:6). Maintenant beaucoup sont indignés et troublés par le fait que dans notre société, le "mal" est appelé "le bien", "la haine", "l'héroisme", le "banditisme" "la vaillance", "le mensonge, "la vérité", "l'iniquité", "les droits supérieurs". tous ceux qui ne peuvent pas voir notre Mère l'Eglise essaient par tous les moyens de l'anéantir et de nous priver de l'arche salvatrice. Ce qui se passe, c'est ce qui doit arriver, il ne peut en être autrement. Vous devez juste vous souvenir de ce que le Sauveur dit à plusieurs reprises dans l'Evangile: "N'ayez pas peur!" (Luc 12:4)

A cet égard, notre primat, sa Béatitude le métropolite Onuphre, nous appelle tous, enfants de l'Eglise Orthodoxe Ukrainienne, à défiler dans les rues de nos villes natales, avec aux lèvres la prière, et dans les mains nos objets sacrés, afin de témoigner de notre loyauté à la sainte Orthodoxie et de notre amour pour notre terre ukrainienne natale, notre patrie terrestre. Nous sommes citoyens ukrainiens, et nous avons le droit, acquis par le sang de nos ancêtres, de professer la foi orthodoxe léguée par les apôtres du Christ et les saints Pères.

Nos ancêtres, pères et mères, ont reçu le baptême dans l'Eglise orthodoxe canonique. Nous avons maintenant le choix: déclarer fermement notre dévotion au Christ et à son Eglise, ou ramper devant les puissants de ce monde, et trouver une excuse plausible pour rester à l'écart, refusant de nous souvenir que le silence (l'absence de participation à la vie de l'Eglise) revient à trahir Dieu. Pouvons-nous vraiment oublier cela, devenir des traîtres à la foi orthodoxe, et prendre le parti de ceux qui martyrisent l'Eglise du Christ?

Que devons-nous faire? Une seule chose: le bon choix, c'est-à-dire rester fidèles au Christ et à son Eglise. Aujourd'hui, le Seigneur nous appelle à montrer notre fidélité. Nous sommes, j'en suis convaincu, FIDELES au Christ et à notre Mère l'Eglise qui nous a donné naissance pour la vie éternelle.

Notre force réside dans le fait que nous pouvons sereinement dire un "non" ferme à l'idéologie satanique du Nouvel Ordre Mondial.

Notre foi est une foi glorieuse, la foi orthodoxe! Prouvons-le par une Procession! Défendre notre foi, c'est sauver notre patrie terrestre!

+ Luc, métropolite de Zaporojié et Mélitopol






ДОКАЖЕМ, ЧТО СИЛЬНА ВЕРА ПРАВОСЛАВНАЯ!

Возлюбленные о Господе честные отцы, досточтимые братья и сестры, верные чада Запорожской епархии Украинской Православной Церкви!
Нет ничего прекраснее, чем сказать Богу «люблю» не словами, а самой жизнью. Нет ничего более радостного, чем терпеть Христа ради. «Меня гнали, будут гнать и вас» (Ин.15:20), – предупреждал Спаситель. Более того, мы будем ненавидимы всеми именно потому, что Христовы (Мк. 13:13). Все это неминуемо должно произойти «по причине умножения беззаконий» (Мф. 24:12). «Смотрите не ужасайтесь, ибо надлежит сему быть» (Мф. 24:6).
Сейчас многих смущает и возмущает то, что в нашем обществе «зло» стали называть «добром», «ненависть» – «героизмом», «бандитизм» – «доблестью», «ложь» – «правдой», «беззаконие» – «верховенством права». Все те, кто не может взирать на нашу Матерь-Церковь, пытаются всеми возможными способами Её уничтожить, а нас лишить спасительного ковчега. Происходит то, что и должно происходить, иначе быть и не может. Нужно только помнить то, о чем Спаситель неоднократно говорил в Евангелии – «Не бойтесь!» (Лк.12:4).
В связи с этим, наш Предстоятель – Блаженнейший Митрополит Онуфрий, призывает всех нас, верных чад Украинской Православной Церкви, к тому, что «мы должны с молитвой на устах и святынями в руках пройти по улицам родных городов, для того чтобы засвидетельствовать и нашу верность Святому Православию, и нашу любовь к родной украинской земле – нашей земной Родине. Мы являемся гражданами Украины, и у нас есть завоеванное кровью наших предков право исповедовать православную веру так, как это завещали апостолы Христовы и Святые Отцы».
Наши предки, отцы и матери приняли Таинство Крещения в канонической Православной Церкви. Сейчас стоит выбор: твердо заявить о своей преданности Христу и Его Церкви, или пресмыкаться перед сильными мира сего, и найдя благовидный предлог, остаться в стороне, не желая помнить о том, что молчанием (не участием в жизни Церкви) – предается Бог. Неужели мы можем забыть об этом, стать предателями Веры Православной и принять сторону тех, кто пытается терзать Церковь Христову?
Что нам делать? Только одно – совершить правильный выбор, т.е. остаться верным Христу и Его Церкви. Сегодня Господь призывает нас проявить свою верность. Убежден, мы – люди, ВЕРНЫЕ Христу и родившей нас для жизни вечной Матери-Церкви!
......
Наша сила в том, что мы можем спокойно сказать свое твердое «нет» сатанинской идеологии нового мирового порядка.
Вера наша – Вера Славна, наша Вера Православна! Докажем это Крестным ходом!
Отстоим нашу Церковь – спасем земную Родину!
+Лука
МИТРОПОЛИТ ЗАПОРОЖСКИЙ И МЕЛИТОПОЛЬСКИЙ

mardi 16 mars 2021

Ma lettre à Nikita Mikhalkov au sujet de "l'amélioration" de Pereslav * Письмо Михалкову по поводу "благоустройства" Переславля



 Estimé Nikita SergueIevitch

Je vous souhaite un bon grand carême.

Je m'adresse à vous dans l'espoir que vous pourrez vous intéresser au saccage par les fonctionnaires de ce qu'il reste de la grande civilisation russe que j'ai aimée à l'âge de 15 ans, avant de me convertir, déjà étudiante, à l'orthodoxie, à l'âge de 19 ans, à Paris.

Après 2 voyages en URSS, où j'ai constaté les traces des saccages soviétiques, je suis revenue en 90, invitée par un ami, l'historien et cinéaste Viatcheslav Sergueïevitch Lopatine, et j'ai participé à l'expédition "sur les traces de Radichtchev, de Pétersbourg à Moscou", où j'ai observé les traces de la catastrophe culturelle dans toute leur ampleur. Je pensais alors naïvement comme tous les participants, que la Russie allait maintenant se rétablir et qu'avec l'Europe, nous allions tous construire l'Eurasie dans l'amitié.

En 94, je suis partie travailler en Russie, au lycée de l'ambassade; et j'y suis restée 16 ans. J'y trouvai une paroisse et un père spirituel, le père Valentin Asmus. Je liai amitié avec Vladimir Skountsev et le Cercle Cosaque et me mis à chanter avec eux. Je suis profondément convaincue que la conservation de la Russie et sa renaissance sont liées à la sauvegarde et à la diffusion de la tradition populaire. Comme je fais aussi de l'aquarelle, je partis en vacances à Pereslalv Zalesski et tombai amoureuse de cette ville pittoresque très russe, qui avait gardé son caractère, en dépit des destructions soviétiques et de l'état déplorable des églises et monastères encore existants. J'achetai même une datcha dans un village voisin.

En 10, la maladie de ma mère m'obligea à rentrer en France. Là bas, je me mis à fréquenter un monastère d'obédience athonite dans le sud de la France, fondé par un ancien moine catholique, l'archimandrite Placide Deseille, dont les livres commencent à être traduits en Russie. J'avais quitté la Russie contrainte et forcée, et elle me manquait, mais je pensais que c'était sans doute la volonté de Dieu et je me résignais. Cependant, après la mort de maman, le père Placide (avec le père Valentin) se mit à me convaincre de repartir en Russie. J'objectai que j'étais déjà âgée, que j'avais acheté une maison etc. Je savais que recevoir un permis de séjour était très difficile. Le père Placide me répondit: "Partez tant que vous en avez la force, vous ne voyez pas que nous sommes fichus?" Alors je décidai de m'installer dans ce même Pereslavl que j'aimais tellement. avec l'argent de ma datcha vendue, j'achetai une maison en ville et je partis.

J'avais vu le lac Plechtcheievo pour la première fois dans le film d'Eisenstein, à Paris, et je ne soupçonnais pas alors que j'habiterais à proximité, que j'irais le dessiner, m'y baigner ou me promener dessus en hiver. Je suis ici entourée par les ombres de ceux qui m'avaient enchantée quand j'étais adolescente, le beau prince Alexandre et aussi Ivan le Terrible qui a construit la superbe église du métropolite Pierre, sur le point de s'effondrer aujourd'hui. Ce lac nordique magique est un vrai miracle de la nature et un monument de l'histoire et de l'âme russe. La ville elle-même a été défigurée jusqu'à en être pratiquement méconnaissable par les fonctionnaires, les riches moscovites et ses habitants eux-mêmes. Il y a des endroits où je ne vais déjà plus, pour garder un peu ma paix intérieure. Je n'ai jamais vu une telle barbarie et une telle inculture, et cela menace également les autres villes de l'Anneau d'Or, Rostov, Ouglitch. Comme si on se hâtait de tout ravager pour justifier les discours sur la Russie obscure qui n'a jamais rien su faire de bien. Tout ce qu'il reste de beau ici, c'est le lac, ce grand être vivant, avec ses rives sauvages, ses roseaux, ses canards et ses mouettes. Et l'embouchure de la rivière Troubej, avec l'église des Quarante Martyrs. Mais pour les fonctionnaires, la vie, c'est sale, et ils ont décidé "d'améliorer" tout cela. C'est-à-dire de transformer tout ce qui est vivant et russe en un centre commercial perdu de banlieue européenne, bétonné et asphalté. Or en Europe, jusqu'à ces derniers temps, on ne commettait pas de tels crimes sur les centres des villes historiques, c'est pourquoi vos fonctionnaires peuvent tomber en transes devant nos villes et depuis celles-ci cracher sur les leurs, qu'ils ont abiùées eux-mêmes. Sans parler du tort causé au lac et à son écologie, et des projets concernant les prairies autour du monastère Nikitski, et de la colline d'Alexandre,  qui doivent être livrés à la construction de cacas plastifiés, de châteaux américains et de palais arméniens, on a l'intention de détruire la rive, de couper tous les arbres, et de flanquer un pont en travers de l'embouchure et de l'église des Quarante Martyrs..

En dehors des conseils de père Placide, ce qui m'a décidée à partir, c'est qu'en cas de guerre, je ne voulais pas être dans le mauvais camp, et pour moi, maintenant, le mauvais camp, c'est l'occident. C'est lui l'agresseur, c'est lui qui nous construit une dictature électronique sans précédent, qui détruit la famille et les valeurs humaines normales, qui persécute systématiquement les expressions de la foi, j'ai vu dans l'incendie de Notre Dame le signe de notre malédiction. Mais je pense maintenant que l'occident trouve plus avantageux d'attendre que la Russie se détruise elle-même.

Ce qu'on fait à Pereslavl et qu'on veut faire à Rostov, Ouglitch ou Souzdal, c'est une partie de ce programme d'autodestruction. Ce n'est pas seulement le fait de la bêtise et de l'inculture. J'avais vu une copie d'écran de commentaires, où deux créatures des ténèbres, soit maires soit députés, discutaient de la nécessité de détruire toutes les "vieilleries tsaristes" qui constituaient le terreau où se reproduisaient les conservateurs. Vous comprenez certainement que le Russe qui grandit dans le béton anonyme mondialiste, dans un mauvais goût atroce, au milieu des châteaux américains et des cottages en plastique, devant la télé qui lui déverse sa merde quotidienne dans la cervelle, sans foi orthodoxe, sans chants cosaques et paysans, sans traditions, sans littérature russe, dans une laideur sans lueur, n'est déjà plus russe. C'est un crétin mondialiste, prêt pour l'esclavage, comme ses équivalents européens dont il attend "l'arrivée de la civilisation". Or nous, européens qui cherchons un asile en Russie, espérant qu'elle sera la dernière arche de notre civilisation, où allons-nous encore aller? En Chine? Chez les fourmis rouges des lendemains radieux?

J'aurais déménagé à Férapontovo, mais je suis déjà fatiguée, et j'ai ici des relations parmi les orthodoxes, les cosaques locaux, les peintres. J'aime mon évêque et son clergé. Que faire, se résigner à cette hideur croissante impitoyable et attendre ici la fin du monde? Vladimir poutine parle des ciments culturels et spirituels de la Russie, mais qui les défend? Avant de conclure, je voudrais donner deux exemples significatifs. Un jour, je dessinais près de l'embouchure de la rivière Troubej, et j'entendis soudain le vacarme terrible d'une musique américaine contemporaine. Apparut une maman sur des patins à glace, qui conduisait d'une main la poussette de son bébé et tenait de l'autre une radio, source de cette musique vulgaire et mortelle. Je pensai: "Voilà comment on élève le crétin mondial idéal."

Avant hier, nous avions une rencontre de folklore au café français la Forêt, pour la maslenitsa. Parmi nous, il y avait des représentants des cosaques locaux. Nos cosaques, qu'une partie de la population couvre de sarcasmes, ont des enfants purs et merveilleux. Nous avions un couple, avec deux gentilles petites filles et un bébé. La maman me donna le bébé pour jouer de la balalaïka avec les autres. La toute petite fille réagit déjà beaucoup, on voit qu'elle est éveillée, paisible, confiante et caressante. Sa maman me raconta qu'à la maison, il suffisait de lui joer de la balalaïka pour qu'elle s'endormît. Car elle en entend le son depuis le sein de sa mère.

Et je pensai: "Voilà comment on élève une vraie Russe."

Mais je le pense depuis longtemps, et pas seulement pour ce qui concerne les Russes. Tout vient du sein de la mère.  Et du premier regard enfantin jeté sur un monde fabriqué par les démons par la main des imbéciles.

Aussi c'est une Française qui vous supplie de prêter attention à l'héritage russe et à ceux qui le détruisent, tant qu'il en reste quelque chose. Je n'ai pas de troisième patrie en réserve.

Peut-on supporter que les 800 ans de la naissance d'Alexandre Nevski soient fêtés par un sacrilège irréparable commis sur sa ville natale?  

 

Уважаемый Никита Сергеевич!  

Поздравляю Вас с началом Великого поста.   

Обращаюсь к Вам с надеждой, что Вы сможете интересоваться разгромом чиновниками того, что осталось от великой русской цивилизации, которую я полюбила в возрасте 15 лет до того, как перейти в православную веру, уже студенткой, в возрасте 19 лет, в Париже.  

После 2 путешествий в советский союз, где я констатировала следы советских разгромов, я приехала по приглашению приятеля, историка и кинорежиссера Вячеслава Сергеевича Лопатина, в 90 ом году и участвовала в экспедиции “ с Петербурга до Москвы по следам Радищева”, где я наблюдала следы культурной катастрофы в полном масштабе. Я тогда наивно думала, как и все участвующие, что теперь Россия будет восстанавливаться и что с Европой мы все дружно построим Евразию.  

В 94 ом году, я переехала в Россию работать в школе при французском посольстве и осталась там 16 лет. У меня появился свой приход и свой духовник, отец Валентин Асмус. Я стала дружить и петь с Владимиром Скунцевым и его Казачим Кругом. И я глубоко убеждена, что сохранение России и ее возрождение связаны с сохранением и распространяем народной традиции. Поскольку я занимаюсь тоже акварелями, я отправилась отдыхать в Переславль Залесский и влюбилась в этот живописный очень русский городок, сохраняя свой характер, несмотря на советские разрушения и плачевное состояние оставшихся монастырей и церквей. Я даже купила дачу в соседнем селе.  

В 10 ом году, болезнь моей мамы меня заставила вернуться во Францию. Я там стала ходить в афонское подворье на юге Франции, основанное бывшем католическим монахом архимандритом Плакидой (Десеем), чьи богословские книги уже переводятся в России. Я покинула Россию против своей воли, и тосковала по ней, но думала, что наверно воля Божья и с этим смирилась. Но после смерти моей мамы, о. Плакид (и отец Валентин) стал меня уговорить вернуться в Россию. Я возражала, что я уже в возрасте, что я купила дом, и т.д. Я знала, что получить вид на жительство трудный процесс.  О. Плакида мне ответил. “Уезжайте пока есть силы, разве Вы не видите, что нам конец?” Тогда, я решила поселиться в этом самом Переславле Залесском, который я так любила. Я с деньгами проданной дачи купила дом в самом городе и уехала.  

Плещеево озеро я видела в первый раз в фильме Эйзенштейна, в Париже, и я не подозревала тогда, что я буду жить недалеко, его рисовать, в нем плавать, на нем зимой ходить. Здесь меня окружают тени тех, которые меня так завораживали, когда я была подростком, прекрасный князь Александр и тоже Иван Грозный, построивший красивейший храм Петра митрополита, на гране разруха. Это северное волшебное озеро настоящее чудо природы и память истории и души русского народа. Сам город уже обезображивали чиновники, богатые москвичи и сами ее жители фактически до неузнаваемости. Есть места, куда я уже не хожу, чтобы сохранить какое-то внутреннее спокойствие. Такое варварство и невежество, такое фантастическое отсутствие вкуса и культуры я еще, по-моему, не видела нигде, и это грозит и другие города Золотого Кольца. Как будто спешат все окончательно изгадить и оправдывать свои речи о темной России, неспособной ни на что толково.  

Последнее красивое, что здесь осталось, это озеро, живое это большое существо, со своим дикими берегами, своими утками, камышами и чайками. И устье Трубежа, с церковью Сороков Мучеников. Но для чиновников, сама жизнь грязная и они решили все это “благоустроить”. То есть превратить все живое и русское в асфальтированный и бетонированный глухой торговый центр европейского пригорода. А в Европе, до последних времен, такое преступление мы на своих исторических городах не совершали, поэтому эти самые чиновники могут падать в трансы, по виду наших городов и плюют оттуда на свои, которые cами испортили. Не говоря о том, что губят озеро и его экологию, что планируют тоже в полностью захватить луга вокруг Никитского монастыря и Александровскую гору, чтобы строить свои пластмассовые какашки, свои американские замки и свои армянские дворцы, они намерены уничтожать берег, вырубать все деревья и поставить мост поперек устья Трубежа и церкви Сороков Мучеников.  

Кроме наставления о. Плакиды, играла роль в моем решении покинуть Францию мысль о том, что в случае войны, я не хотела быть в плохом лагере, и для меня сейчас плохой лагерь, это запад. Он агрессор, он строит нам небывалую глобальную электронную диктатуру, он разрушает семью и все нормальные человеческие ценности, он притесняет веру целенаправленно, я видела в сгоревшем Нотр Дам знак нашего проклятия. Но теперь, я думаю, что выгоднее западу ожидать русского саморазрушения.  

То, что творят в Переславле и хотят творить в Ростове, в Угличе, в Суздале, это часть программы этого саморазрушения. Кстати, не только из глупости и невежества. Я видела скриншот комментарий двух тварей, то депутаты, то мэры, которые обсуждали необходимость разрушить все это царское старье, создавшее почву для размножений консерваторов. Вы наверно понимаете, что русский человек вырастивший в анонимном глобальном бетоне, в страшной безвкусице, среди американских замков и пластмассовых коттеджей, перед телевизором, выливающим ему в мозги ежедневную дозу дерьма, без веры православной, без песней казачьей и крестьянских, без традиций, без литературы русской, б беспросветном уродстве уже не русский. Он глобальный кретин готов к рабству , как его европейские эквиваленты от которых он ждет судорожно “приход цивилизации”. А мы, европейцы, ищущие убежище в России, надеясь, что она будет последним ковчегом нашей цивилизации, куда нам еще? В Китай? Ко красным муравьям счастливого будущего?  

Я бы переехала в Ферапонтово, но я уже устала, и у меня здесь знакомые среди православных, местных казаков, художников. Я люблю своего епископа и всех своих священников. Как мне быть, смириться с этим растущем беспощадным уродством и ждать тут конца света?  

Владимир Путин говорит о духовных и культурных скрепах России, а кто их защищает?  

Я Вам напоследок приведу два значительных примеров. Один раз, я рисовала около устья Трубежа, в волшебной тишине и вдруг услышала страшный и громкий современный американский шум. Появилась мамаша на коньках, водя одной рукой коляску своего ребенка и держа другой рукой радиоприёмник, от которого шла эта убийственная пошлая музыка. Я подумала: ну вот как воспитывается идеальный глобальный кретин.  

Позавчера, у нас была фольклорная масленая встреча в местном французском кафе Ля Форе. Были среди нас представители местного казачества. У наших казаков, на которых издеваются часть населения, отличные чистые дети. Была у нас пара с милыми девочками и младенцем. Мама мне вручила младенца, чтобы со всеми играть на балалайке. Девочка крошечная уже много реагирует, видно, что развита, спокойная, доверчивая и ласковая. Мама ее мне рассказала, что дома, достаточно ей играть на балалайке, чтобы она заснула, потому что с утробы матери она этот звук слышит.   

И я подумала: вот как воспитывается настоящий русский человек.   

Но я это давно думаю, и не только в отношении с русскими. Это все с утробы матери. И с первого детского взгляда на свет устроен бесами руками идиотов.  

Так что я, Француженка, умоляю Вас, обратите внимание на русское наследство и на тех, которые его уничтожают, пока что-нибудь осталось. У меня третьей родины в запасе нет. 

Можно ли терпеть, чтобы праздновали юбилей Александра Невского окончательным кощунством против его родного города?  

 

С уважением  

 Лоранс Гийон  

lundi 15 mars 2021

Début de carême

 




C'était hier les vêpres du Pardon. L’évêque m’a fait remettre son livre, dont il m’avait promis un exemplaire. Nous avons tous défilé devant lui, pour recevoir sa bénédiction et demander pardon, après qu'il nous l'ait demandé lui-même, ainsi qu’à tous ses prêtres alignés, et ce qui m’a sidérée et émue jusqu’aux tréfonds, c’est que ces prêtres, plus ou moins spirituels ou exemplaires, ou possiblement en conflit les uns avec les autres, comme tout le monde, et qui s’étaient mutuellement pardonné au préalable, me bénissaient tous avec chaleur, comme s’ils ne connaissaient que moi, même ceux que je n’avais jamais rencontrés, ou seulement croisés. Parmi eux, j’ai reconnu le père Ioann, qui me plaisait beaucoup mais que je ne voyais plus dans Pereslavl, il m’a dit qu’il était quelque part plus près de Moscou, il m’a donné sa carte. Je l’ai trouvé vieilli, ou peut-être fatigué, et beaucoup plus hirsute et barbu, mais avec une sorte de rayonnement qu’il n’avait pas à ce point.

J’étais dans un grand état de ferveur. Il me semblait porter avec moi tous les miens, et aussi le tsar et Fédia. Natacha est persuadée que c’est Fédia qui m’a dicté Yarilo, que c’est plus ou moins sa véritable histoire. Je ne crois pas, bien que je sois convaincue qu’en fait, dans les grandes lignes, j’ai peut-être saisi quelque chose, dans ses relations avec son père et le tsar, avec ses enfants, et peut-être que je lui ai donné l’occasion de demander pardon au métropolite Philippe, en tous cas moi, je prie de plus en plus ce dernier, pour moi, et pour Fédia. 

Les défenseurs de Pereslavl et de son lac ont remarqué aujourd’hui que tous les arbres de la rive, depuis la plage municipale  jusque vers le monastère saint Nicolas, y compris l’embouchure de la rivière, vont être abattus pour « améliorer » : piste cyclable, béton, asphalte, un pont juste en travers de l’église, des bancs, réverbères et massifs idiots comme dans un centre commercial de banlieue européenne, et le désastre écologique assuré. Ce programme est régional et concerne aussi Rostov et Ouglitch, les ravageurs sont déchaînés. Je suis tellement consternée que je n’ai pas de mots. Partir encore ? Je suis fatiguée, j’aime bien l’évêque et les orthodoxes de Pereslavl, les cosaques, les peintres, mais ils ne font pas le poids devant de gros fonctionnaires véreux complètement incultes et stupides. J'ai écrit à tout hasard une lettre à Nikita Mikhalkov, ce qui a provoqué certains sarcasmes dans les commentaires. On verra bien.

J’ai discuté le soir avec un ami de Génia qui n’aime pas ce qui est russe. L’histoire russe n’est qu’un tissu d’horreurs (celle des pays européens n’étant que pure idylle au travers des siècles, c’est bien connu). « Quand donc la civilisation arrivera-t-elle dans ce pays ? » soupire-t-il.

Elle était là avant que vous ne détruisiez tout pour aller ensuite vous balader à Paris en méprisant le champ de ruines que vous laissez s’installer.

Le problème, c’est qu’a présent, à Paris comme partout dans le monde, on voit se déchaîner le même genre de nuisibles. On les dirait pressés de tout saccager. Ils obéissent au mot d'ordre universel des suppôts de satan..

Ce soir, je suis allée à la lecture du canon de saint André de Crète, après avoir passé l'après-midi à terminer une icône en souffrance, en écoutant les psaumes par le choeur de Valaam, et lu ensuite ce canon en français. J'avais fait un jeûne complet, et je me suis rendu compte que c'était efficace. Je me sentais en manque comme lorsque j'ai arrêté de fumer, mais en même temps, complètement transparente aux prières, peut-être parce que j'étais incapable de penser; ou peut-être parce que j'avais fait un effort. La mère Hypandia me disait que Dieu souvent répond au moindre de nos efforts avec un surprenant empressement. C'était monseigneur qui lisait. Je ne comprends rien quand il nous fait des homélies, je préfère les lire sur la page de l'éparchie, mais quand il psalmodie le canon, il me donne des ailes. Et puis j'ai le texte sous les yeux.