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mercredi 31 mars 2021

Il ne manque que les canards.

Il a plu sur la neige en train de fondre, et l'inondation n'a fait que s'aggraver. Je n'ai pas vu le voisin de toute la journée, mais cela ne lui a pas échappé. Il a une petite pompe de rien du tout, avec laquelle il a pompé trois jours durant en vain, comme les shadocks. "Et que faire, me demande-t-il au téléphone, d'un ton comminatoire, acheter une deuxième pompe? 

- Mais je n'en sais rien, et que voulez-vous que je fasse moi-même?" 

En fait, j'avais appelé Veniamine le Suisse cosaque. Il viendra demain avec le cosaque Romane qui doit me faire la palissade. Je ne suis pas prix Nobel de physique, mais je vois bien que mettre un tuyau de 50 cm de diamètre pour évacuer les eaux d'un canal qui fait un mètre cinquante de profondeur, ça ne peut pas le faire, et Veniamine est bien de mon avis. La solution que propose le joyeux voisin, c'est un système électrique qui chauffe le tuyau et lui évite de geler. Le problème c'est que d'après Veniamine, ça pompe un maximum d'électricité. Et puis je ne sais pas, balancer de l'électricité dans les eaux d'un canal, cela ne m'inspire pas trop confiance. 

Toujours est-il qu'il est inutile de discuter, il ne m'écoute pas, et c'est pourquoi je fais venir deux bonshommes, afin d'essayer de lui faire entrer dans le crâne qu'il faut mettre un tuyau d'un diamètre suffisant pour évacuer les eaux sans que cela ne gèle.

Actuellement, il doit y avoir 40 cm d'eau dans le jardin. Le terrain s'est même affaissé. Il avait besoin de construire, parce qu'il a acheté ce terrain la peau des miches, m'empêchant de le faire, et que maintenant, il lui faut le rentabiliser à tout prix et ce "à tout prix" rend mes objections irrecevables, comme s'il était normal que je souffre des conséquences de ses conneries. Il est prêt à essayer d'arranger le problème, car cela l'ennuie d'avoir une voisine mal disposée, mais en même temps, il me fait sentir que je suis une emmerdeuse.





J'ai trouvé sur Facebook cet extrait impressionnant que j'ai traduit, mais on peut trouver le livre aux éditions des Syrtes:

Lorsque le dernier archimandrite des Solovki emmena ses moines à Valaam, en 1920, certains d'entre eux, en raison de leur âge ou de leur zèle, restèrent au monastère, et parmi eux, un moine du grand schème dans un coin perdu, qui faisait son salut dans la réclusion. Le nouveau pouvoir en entendit parler, et un jour, au printemps, le nouveau chef Nogtev et ses camarades partirent à cheval pour la casemate qui lui servait de hutte. Il avait beaucoup bu, et il était ivre, il fit sauter la porte et entra dans la casemate... il avait une bouteille de vodka à la main.

"Bois avec moi, très saint père Opium! Tu as assez jeûné, il est temps d'y mettre fin! Maintenant, frère, c'est la liberté! Ton Seigneur Dieu, on L'a supprimé par décret... " Il verse un verre au starets, le lui donne et jure un bon coup.

Le starets se détourna de sa lampe à huile et se prosterna en silence jusqu'à terre devant Nogtiev, comme devant un défunt, et se relevant, lui désigna son cercueil ouvert, comme pour dire: souviens-toi, tu finiras là dedans. 

Nogtiev changea de visage, jeta sa bouteille dehors, se mit en selle et s'éloigna au galop. Il but ensuite un mois entier sans dessaouler, il ordonna de distribuer des rations au starets, et lui affecta un serviteur pris parmi les moines.

Les fils de deux siècles se sont entrelacés puis séparés selon des voies tracées d'en haut. Et la prédiction muette du starets s'accomplit: une année ne s'était pas écoulée qu'une commission venue de Moscou découvrait que Nogtiev avait vendu les chérubins d'argent de l'iconostase à des spéculateurs, et on fusilla ce serviteur de Dieu.

Extrait du livre de Boris Chiriaiev  "la veilleuse des Solovki"  éditions des Syrtes. 





 


mardi 30 mars 2021

Table rase

 A Moscou, bien que sans hystérie, sans flics à tous les coins de rue ni amendes au moindre mouvement, j'ai trouvé qu'il y avait encore pas mal de concombres masqués. Dans le métro, une représentante de cette population mutante transnationale s'est même levée pour ne pas rester à côté de moi, facteur potentiel d'infection irresponsable non pourvu de la muselière de rigueur. 

Depuis le début de l'opération Covid, j'ai encore plus de mal à secouer ma flemme pour me rendre dans la capitale.

A l'église, on continuait aussi à appliquer les mesures Covid, or je n'en ai vraiment pas l'habitude, car à Pereslavl Zalesski, à part les verres jetables dont, dès le premier jour de leur apparition, un cosaque m'avait proposé de partager le sien avec un bon sourire, tout se passe comme depuis la nuit des temps. L'eglise des Quarante Martyrs proclame même sur une affiche: "Ici, personne n'est malade, personne ne porte de masque, si vous l'êtes et avez besoin de le faire, prenez vos responsabilités."

En réalité, je ne sais pas comment les gens font pour ne pas trouver tout cela suspect. La consigne normale serait de porter un masque et surtout de rester chez soi quand on est malade, étant entendu que le masque sert surtout à éviter les projections de ceux qui toussent et éternuent. Autrement le virus, lui, il s'en fout complètement. Ce qui est curieux, c'est que Poutine a déclaré que tout cela, c'était fini, or apparemment, tout cela, ça continue quand même. 

J'ai réussi quand même à voir mon père Valentin et sa famille, et à prendre un petit déjeuner carémique à la chocoladnitsa avec Dany avant d'aller chez elle.

En passant, Dany m'a montré l'endroit où un Anglais projetait la construction d'un énorme hôtel, en plein dans ce quartier de Sretenka, qui est l'un des rares à avoir gardé du charme et un caractère homogène. Le même genre de projet menace le quartier de Zamoskvorietché, miraculeusement parvenu jusqu'à nous sans trop de dommages. Et celui d'Ivanovskaïa Gora. 

Dans le même temps, j'ai lu que la ville d'Irkoutsk, qui était très pittoresque, d'après ce que j'ai entendu dire et les photos que j'ai vues, était soumise à des destructions systématiques. Je crains pour Iaroslavl, Vologda, Kostroma, je crains pour toute la Russie, au delà de la cupidité et de la stupidité, il semble y avoir là derrière un projet idéologique, dans le prolongement de celui du communisme, la table rase. Pour préparer cette fois le mondialisme transhumaniste. Encore une fois, que fait Poutine?  

J'ai acheté en trois tomes un recueil des photos en couleur de Prokoudine-Gorski, faites au début du XX° siècle sur la commande de Nicolas II. C'est bientôt tout ce qu'il restera de ce pays merveilleusement beau et poétique, à la civilisation très originale, qui s'appelait la Russie, et dont je rêvais tellement dans mon jeune temps. Les photos en couleur donnent une vie extaordinaire à ces vues. si l'on y réfléchit bien, ce n'est d'ailleurs pas si vieux, tout cela. Mais que de chemin nous avons fait déjà à l'intérieur de l'enfer. Tout est si rapidement devenu méconnaissable, les sites et les gens, quelle brutale et terrible dégradation...



Pereslavl

Rostov



Le voisin est venu m'exposer ses idées pour réparer les dégâts causés à mon terrain. Cela l'ennuie que nous n'ayons pas de bonnes relations, ne pas avoir de bonnes relations avec le voisinage est une mauvaise chose. Et il m'a donné des conseils pour aménager mon terrain, soit un sentier bétonné surélevé le long de la maison pour servir en quelque sorte de digue. Je lui ai objecté que ce serait positivement affreux, et visiblement, c'est un point qui est au dessus de sa compréhension. De même que mon désir de me cacher derrière une haie. "En dehors de toute considération esthétique, ai-je essayé de lui expliquer, je suis à la vue de tous, j'ai l'impression d'être dans une cage au zoo ou dans un aquarium. Mais le côté esthétique est important pour moi. Je n'ai envie d'admirer ni votre maison, ni votre voiture, ma voiture, je la gare derrière chez moi pour ne pas la voir. Il n'y a que deux maisons pittoresques et normales ici, ce sont celle de l'oncle Kolia en face, et celle d'Ania. Les autres, excusez-moi, mais je n'ai pas envie de les voir, car elles sont toutes plus moches les unes que les autres, et quand elles sont en plus précédées d'un parking ou environnées de pelleteuses et de serres en plastique, je préfère planter des thuyas, puisque c'est trop petit pour les sapins, et cacher ce désastre."

J'ai vu que ce que je lui racontais là lui paraissait absolument extraordinaire. Lui, il est tellement façonné par le moche que c'est devenu son milieu naturel. Pourvu qu'il y ait trois bégonias dans un pneu de voiture reconverti en massif, cela lui paraît bien suffisant. 

Les gens comme lui ne voient aucun inconvénient au saccage de Pereslavl, d'Irkoutsk, de Rostov ou autres villes historiques ravissantes. Il n'a déjà plus rien à voir avec ceux qui les ont construites, ce n'est plus un Russe, c'est un post-soviétique.

Je suis quand même soulagée de ne pas avoir à passer toute une vie dans une époque pareille. S'adapter à une existence de rat technologique sur un tas d'ordures n'est pas fort exaltant.

samedi 27 mars 2021

une bêtise


 J'ai eu la visite de la télévision: la chaîne orthodoxe SPAS, cela ne se refuse pas. Arrivée à midi, l'équipe est repartie à 11 heures du soir...

Il s'agissait de parler de ma conversion, de ce que représentait l'orthodoxie pour moi, de mon amour pour la Russie, etc. De chanter un vers spirituel. Evidemment, on m'a emmenée au lac, et dommage, j'avais oublié mon téléphone, car c'était très beau, les roses du ciel autour d'un soleil orange, un grand nuage mauve, et dans un ciel bleu lavande, une lune presque pleine et déjà brillante, au dessus des coupoles des quarante Martyrs. Le lac avait de subtils reflets turquoise très pâle, comme frottés à la craie. J'ai évoqué les projets immobiliers, la journaliste a dit qu'il faudrait faire un reportage.

Ce matin, sur mon lit, j'ai vu par la fenêtre arriver encore des camions de terre pour les imbéciles qui bâtissent dans le marais, aggravant la situation de tous les autres, dont ils se foutent éperdument, et la mairie, ce qui l'intéresse, c'est la rive du lac et les projets des requins.

En me levant, j'ai constaté que ma maison était située désormais au milieu d'un étang, et qu'il me faudrait bientôt une barque pour rejoindre la route. Hier, l'équipe de télévision n'a pas pu entrer, je l'ai fait passer par l'arrière, c'est-à-dire par ma salle de bains!

Le voisin m'a expliqué qu'il avait fait une bêtise (c'est pas possible?) mais qu'il n'était pas professionnel, il a fait comme on le lui a dit, or qui a construit? Une équipe de tadjiks de derrière les fagots, vite fait sur le gaz et n'importe comment. En somme, ce que je pense, c'est que son tuyau est trop petit, il en faudrait un d'au moins un mètre de diamètre. L'eau a gelé dedans. Il y a un dispositif pour chauffer le tuyau, mais il a oublié de le mettre, si j'ai bien compris. Et j'ai compris aussi que je devrais adapter désormais mon jardin à des inondations possibles. J'ai pris des photos, car on voit bien, forcément, les endroits qui sont plus hauts que les autres, et cela m'aidera à déterminer l'emplacement des plantations susceptibles d'avoir des racines plus profondes. 

Le gars va faire venir quelqu'un pour l'aider à résoudre ça, il voulait que je m'en occupe, mais non, je pars à Moscou, et c'est lui qui m'a créé ce bordel.

Je me fais du souci pour l'oncle Kolia, inondé par les terrassements des autres, et pour sa maison, qui est jolie et qui pourrait bien être remplacée un de ces jours par une merde sur pilotis qui s'accompagnera d'un déversement de terre.

En somme, il serait tout à fait raisonnable de déménager, mais les forces et l'enthousiasme commencent à me faire défaut.





Avec l'équipe de télé, je suis passée faire des courses alimentaires, et alors que Poutine a annoncé la fin des mesures, et qu'à part ceux qui tiennent à les garder, tout le monde se fichait des masques, voilà qu'une compagnie de flics masqués de noir nous a sauté dessus à l'entrée du Vierny, pour nous obliger à mettre la muselière. J'en avais une dégueulasse qui trainait dans ma poche, je l'ai mise de biais, et une fois dans les rayons, je l'ai baissée sous le nez, à l'instar de tous les autres clients. Qu'est-ce que ça veut dire? Tout à coup, ils recommencent à nous emmerder? Et ce que dit Poutine, tout le monde s'en fout? J'ai vu le briefing lucide et lumineux de Slobodan Despot, que je conseille à tous les gens qui n'ont pas envie de se laisser transformer en poupées mécaniques. En réalité, je me rends compte que le seul antidote au conditionnement qui rend fou, c'est d'une part la culture, c'est pour cela qu'on l'anéantit, qu'elle soit populaire ou classique, et la foi, c'est pour cela qu'on persécute les chrétiens, qui ont, contrairement à l'islam, une relgion du libre choix et du discernement. 




jeudi 25 mars 2021

Constat

 


Pour la première fois depuis des mois, j'ai ressorti mon banc sur le perron, décidant d'ignorer le voisin, sa maison et sa voiture, pour profiter d'un soleil chaud et éclatant. Aussitôt s'est déclenchée près de moi une bataille de chats. Robert qui n'est plus si humble ni si discret, entendant se coucher près de moi, ce qui scandalisait Rom et Moustachon, et en plus, le chat de la mère de Génia veut toujours se joindre à mon troupeau, comme si je n'avais pas assez d'emmerdeurs dans le circuit. Mais bon, plus ou moins, au bout d'un moment, j'ai pu profiter de ce merveilleux  moment dehors, avec un vent doux et recueuilli, une de ces brises russes mystiques des premiers beaux jours. Pas longtemps, car comme cet été, des camions de terre ont commencé à passer pour aller se déverser dans le marécage, la construction de boîtes d'allumettes plastifiées semble vouloir reprendre.

Le vieux voisin d'en face est venu au portillon: "Tu as vu toute l'eau que tu as? "

J'avais vaguement vu, cela fait plusieurs jours que je le vois, mais je remettais le constat à plus tard. Mon terrain est complètement inondé côté sud, ce n'est plus un marécage, c'est un étang. Devant le portillon, j'ai une mare, il faut passer avec des bottes en caoutchouc, et le sentier pour y aller est complètement spongieux. Le canal qui borde le terrain déborde, tout le bas de ma clôture trempe dans l'eau. Le vieux m'a raconté que lui, à cause de toute la terre que les constructeurs de merdouilles déversent au bout de son terrain, il a de l'eau dans sa maison même, il circule chez lui avec des bottes en caoutchouc. Et bien sûr, cela continuera, personne n'arrêtera ces sauvages et ne les empêchera de ravager le coin et très probablement l'écologie du lac. "Il faut que tu saches, me dit le vieux; que maintenant, les gens, c'est chacun pour soi. Avant, à la campagne, on n'était pas comme ça. Mais maintenant, voilà les gens que nous avons."


Arrive le voisin. Car ce gros balourd souffre de mon hostilité, il veut que je l'aime. Lui-même, d'ailleurs, a de l'eau dans son bain de vapeur. Il attribue tout cela à l'enneigement exceptionnel, mais je ne le trouve pas si exceptionnel que ça, en revanche, je n'ai jamais vu autant d'eau, et comme je le lui ai fait remarquer, le canal déborde chez moi, mais de l'autre côté de l'accès qu'il a fait pour sa bagnole, il est vide. Il m'affirme qu'il a mis un tuyau. Mais plein de bonne volonté, il va regarder ce qui se passe de ce côté-là. Il m'a à nouveau proposé de noyer mon terrain sous la terre. Je lui ai répondu: "Vous voyez bien que ma maison est plus basse. Où ira l'eau? Dans ma cave. Elle y est déjà." Il m'a avoué "qu'il n'y avait pas pensé" mais qu'il lui "fallait bien construire" et dans un marécage "il faut obligatoirement mettre de la terre"', d'ailleurs il ne comprend pas, parce que les gens, d'habitude, trouvent normal que les voisins construisent! Beaucoup, en effet, se fichent pas mal de voir une maison devant leurs fenêtres, ou des voitures, parce qu'ils ne regardent jamais rien, ni le ciel, ni les arbres, ni les fleurs, sauf dans le petit massif qu'ils vont faire avec un vieux pneu ou une cuvette de chiottes. Lui par exemple, il trouve super de voir sa bagnole depuis sa terrasse. 

Cependant, il est prêt à chercher des solutions, ce qui est déjà pas mal, encore que je me demande s'il y en a, et si en plus de ce qu'il a fait, ce que font les autres andouilles du côté des voisins d'en face n'aggrave pas le problème.

Toujours est-il que si je sauve ma maison, et heureusement, je suis située relativement haut par rapport au reste, contrairement à mon pauvre voisin d'en face, et si j'arrive à faire pousser des arbres ou arbustes, tout ce que je pourrai faire, désormais de cette bande de terrain, c'est la laisser envahir par les roseaux.

Cependant, déménager n'a pas de sens, comme me le disait Liéna Asmus au téléphone, dans les endroits perdus, on ravage la taïga, et cela me rendra malade de voir cela tout autant. Il faut s'évader désormais par le haut. En gros se préparer à passer dans l'autre monde, en aménageant son ilôt au milieu du bordel planétaire de façon à le rendre aussi agréable que possible, en attendant l'écroulement inévitable d'une civilisation aussi tordue.










mardi 23 mars 2021

Ascension


Derrière le saccage programmé du lac, il y a une puissante mafia et nous aurons du mal à le sauver de ses griffes. Je me désole de ne plus avoir assez d'énergie pour filer dans le nord, loin des vautours. Une dame m'a fait part de l'avis d'un monsieur important sur le président Poutine qui ne "peut pas grand chose sur ce qui se passe en province".

Parallèlement, l'Europe se transforme en maison de fous, avec des populations tyrannisées et manipulées par des psychopathes mafieux. On a l'impression que la terre entière est en proie aux orques de Saroumane. Leur haine de la vie et de la beauté est insatiable. A Paris, les services municipaux ont scié une magnifique glycine centenaire qui décorait la devanture d'un restaurant de Monmartre. Partout, outre les populations muselées, affolées, hypnotisées, la création souffre des exactions de toutes sortes de malfaisants déchaînés, qui s'exercent sur les animaux sauvages ou domestiques, et sur les arbres ou les plantes. J'ai vu qu'une espèce d'oiseau en voie de disparition ne pouvait plus chanter, car il n'y a plus de transmission du chant depuis les représentants mâles experimentés vers les jeunes, c'est-à-dire que leur chant, comme notre folklore, ne reste vivant que s'il est transmis. Et nous avons beau pulluler, nous perdons tous nos chants, ce qui est certainement le signe inquiétant et sinistre que rien de bon ne nous attend. 

J'ai fait part de mon découragement à un écrivain et poète russe très profond, et voici ce qu'il m'a répondu: 

On a "détruit et méprisé" la Russie pendant mille ans. Et alors? Il est impossible de détruire ce qui existe dans notre direction énergétique. Poutine (Dieu lui accorde la force et la santé!) fait son possible, dans le cadre de ses compétences terrestres, et cela, grâce à Dieu, contribue dans une certaine mesure à notre renaissance spirituelle. Mais il peut aussi arriver que les églises dorées restent vides ("l'abomination de la désolation"). Cependant le contenu spirituel et sémantique des églises dépend de nous-mêmes, puisque nous-mêmes, dans la catholicité, nous sommes l'Eglise (et "les portes de l'enfer ne prévaudront pas contre elle"). Il me semble que nos éternelles tentatives pour trouver des traces tangibles du Royaume de Dieu sur terre, c'est une séduction originale et une tentation. Nous avons un proverbe: tout est bien là où nous ne sommes pas. Je veux dire, trouverez-vous la sainte Russie au monastère de Férapontovo ou bien restera-t-elle là où vous l'avez laissée? Je parle d'après ma propre expérience: j'ai dans ma vie suffisemment de mouvements au plan horizontal qui nous prennent l'énergie spirituelle dont nous avons besoin pour une ascension verticale. Croyez-moi, le Seigneur fera tout pour le mieux. Et il ne faut pas attendre la fin du monde, il faut en freiner la venue par notre foi et nos prières communes. Quoiqu'il en soit, je considère votre présence ici comme un effet de la Providence, pour vous et ceux qui vous entourent. Nous sousestimons souvent (parfois pour notre bien) notre rôle dans le dessein de Dieu. Les manifestations extérieures de décomposition et de "l'abomination de la désolation" ont toujours existé (c'est-à-dire qu'a toujours existé un glissement du monde vers sa fin). Que Dieu vous garde des tentations insupportables! Je vous souhaite la santé et la joie dans le Christ! Gloire à Dieu pour tout!

Cette réponse m'a énormément encouragée, je veux dire que d'après mon amie Liouba, quelquefois nous rencontrons des anges qui peuvent nous parler par l'entremise de gens ordinaires, souvent inconscients de leur rôle, mais qui viennent nous dire ce qu'il faut au moment où nous en avons besoin. 

Car si j'avais quelques doutes, c'est quand même dans le sens de ce que je ressens moi-même que va cette réponse. Il est temps d'effectuer un mouvement vertical, ascensionnel, sans se disperser à droite et à gauche. 

La Russie est ravagée par les orques, comme partout ailleurs, même peut-être plus, mais elle garde une énergie spirituelle et encore une certaine proximité avec ses sources et avec un monde relativement normal. Les gens comme cet écrivain, de grand talent, ne sont pas si rares, j'en ai pas mal autour de moi, à commencer par Skountsev et compagnie. Simplement, ils existent et fonctionnent au milieu des décombres, sans y prêter une grande attention, parce que cela fait cent ans qu'on démolit tout chez eux, et qu'ils sauvent comme ils peuvent. L'important est de sauver le patrimoine immatériel et les savoir-faire, c'est ce qui peut permettre une renaissance éventuelle. 

J'ai eu un autre dialogue avec un Russe qui me semble-t-il est à l'étranger, au sein de cette petite portion de l'Eglise hors-frontières qui ne reconnaît pas la réunion de celle-ci au patriarcat de Moscou, et qui reporte sur toute la Russie et son Eglise, sa haine du communisme. Moyennant quoi, les gens comme lui se déssèchent, pleins de rancoeur, dans des paroisses confidentielles perdues en occident. 

Mais j'ai plusieurs signes qu'ils ont tort. D'abord mon évêque, et son éparchie de Pereslavl-Ouglitch, son clergé et ses fidèles, tout cela est vivant, chaleureux et plein de foi. Chacun a bien ses défauts, mais le tout constitue bien une partie de l'Eglise, cette Eglise existe, sans elle, ce pays n'aurait plus aucun intérêt, ce serait une coquille vide et une terre d'invasion, le terrain de chasse des oligarques mafieux et rien de plus. Les décombres de la Russie sont pleins de Russes, des Russes pas si loin de ceux que décrivait Dostoievski.

Et puis l'extraordinaire élan spirituel de l'Eglise ukrainienne persécutée, sous l'omophore du métropolite Onuphre. C'est pour moi très bon signe, en dépit de l'état honteux et horrible de tout ce qui n'est pas l'Eglise, dans ce pays. 

J'ai vu une vidéo de la procession organisée pour le Triomphe de l'orthodoxie, que nous fêtions dimanche, avec le métropolite Luc de Donetsk, ce rocher de l'Orthodoxie. Tant que cela existe , le diable n'a pas gagné la partie dans la sainte Russie qui subsiste, transversale à tout le reste, sous les quolibets et les insultes de ceux qui la renient. Et en effet, maintenant, peu importe où je me trouve, pourvu que j'en sois proche et que j'opère ce mouvement à la fois ascensionnel et introspectif...

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samedi 20 mars 2021

Carême

 

Ce matin, soleil magnifique, mais retour du gel, routes glissantes, jamais les routes n’ont été plus mauvaises à Pereslavl qu’en ce moment. Les années précédentes, on passait de temps en temps le chasse-neige. Cette année, rien. L’administration, si pressée de bétonner les rives du lac, se fout éperdument de l’état des rues, des trottoirs, pas son problème. Son problème est de saccager la ville et de la livrer aux promoteurs.

Sonia, la « fille spirituelle » de ma pensionnaire, voulait me présenter une « artiste » rencontrée sur le trajet en Blablacar. J’y ai consenti. C’est une bonne femme très gentille, qui ne savait que faire pour m’honorer, et m’a prise dans ses bras pour m’exprimer son affection, mais sa maison et ses créations représentent le summum du kitsch, et je me suis vue gratifier de l‘une d’elles. Cette femme est une Russe de Khirguizie. Ses grands-parents, victimes des répressions staliniennes, avaient été déportés là bas. Elle-même, en dépit de cela,  était une komsomole fervente, qui pleura le jour où Eltsine détruisit l‘URSS. Insultée dans sa jeunesse par un officier khirguize, elle trouva tout à fait normal de le dénoncer « par principe », car tous les peuples de l’URSS étant frères, il était inconcevable de l’injurier sur la base de sa nationalité. L’officier y a laissé ses épaulettes.

Au moment de la chute de l’URSS, les Russes ont été l’objet de toutes sortes de brimades. Elle est alors partie. Eblouie par Paris, elle m’a quand même avoué qu’elle avait trouvé la ville complètement africanisée et sale. Dans un bus, elle a vu des Français terrorisés par un grand black ivre et dans la rue, elle s’est fait jeter des canettes vides à la figure par de joyeux représentants de notre diversité. « A Moscou, de pareils comportements seraient impensables, et d’ailleurs nos immigrés ne se conduisent pas comme les vôtres ». Ce que je ne conteste pas du tout.

Au retour, j’ai vu le monastère Nikitski, blanc, étincelant, avec ses croix qui brillaient comme des étoiles, monter comme une nef fantastique sur une vague de neige. Des constructions poussent comme des champignons n’importe où sur les berges du lac. On se dépêche d’occuper le terrain, car on sent le soutien du gouverneur et de toute la mafia qui est derrière.

  J'ai dit à Sonia que j’essayais de mettre à profit le carême pour surmonter la colère et le chagrin que m’inspire le saccage de la ville et du lac. Outre qu’à mon avis, elle ne voit pas où est le problème, elle m’a répondu que le carême était plutôt pour elle un moment d’amour, et moi, bien sûr, l’ourse des cavernes mauvais caractère, j’en manque beaucoup, je le sens ! Je ne dis pas que je n’en manque pas, d’ailleurs, mais je me méfie de ceux qui le brandissent comme un étendard.

Le carême me met dans un état étrange, enfin disons le mot, plus ou moins dans un état de grâce. Je ne sais pas comment cela se fait. Il y a des moments où le travail qui se fait dans la pâte de notre être commence brusquement à devenir plus apparent. Cet état n’est hélas pas constant, mais j’ai une curieuse sensation de sortie du monde, le monde compris comme tout ce qui ne fait pas partie de ma vie intérieure et la compromet, qui lui est antinomique. Ce dont l'irruption annule cette communication subtile avec ce qui vient de l'autre monde. Ma pensionnaire a une notion de l'« amour » qui me fait penser aux catholiques protestantisés de l’après Vatican II, les "frères" et les "soeurs", la communauté, le phalanstère chrétien. Saint Séraphin de Sarov ne parlait pas d’amour mais d’acquisition du Saint Esprit, car c’est la condition d’une aptitude à l’amour véritable. Je me rends parfaitement compte que j’en suis loin, mais de grâce, que l’on ne me propose pas de la fausse monnaie en chocolat. Je mène donc ma lutte carémique pas à pas, pour surmonter, comme je l’ai dit à cette jeune femme, et j’insiste. Pour laisser l’Esprit entrer en moi et faire le travail qui n’est pas à ma portée.

Je n’étais pas sûre de trouver le courage d’aller aux vigiles, je l’ai eu. Je me suis dirigée direct sur monseigneur Théoctyste, qui confessait. Je lui crache le morceau, sans fioritures, de mes dernières peccadilles. Et puis je le regarde, parce que c’était court, mais je n’avais plus rien à ajouter. «Tout va bien, me dit-il, avec un sourire attendri et ironique, tout est normal ».

Bon. Mais en fait plus tard, je me suis rendu compte que j’avais oublié des moutons sous le tapis. Ce sera pour la prochaine fois.

Je suis tombée sur deux de ses homélies, sur la page de l’éparchie, et j’ai été sidérée de voir à quel point elles collaient avec mes réflexions et révélations actuelles.

Les interprètes des paroles de Moïse et d'Isaïe croient que les prophètes se sont tournés vers le ciel et la terre pour la raison que les gens n'étaient pas prêts à entendre ces paroles, mais il était néanmoins nécessaire de les prononcer, car c'était exactement le commandement de Dieu.

Le moine André de Crète utilise cette adresse dans un contexte complètement différent, il ne proclame pas ce qui a été reçu de Dieu, il prononce ses propres paroles, mais en même temps il ne s'adresse pas aux gens, il s'adresse au ciel et à la terre. Cet appel peut être compris de deux manières différentes. Le premier est assez évident: par le ciel et la terre, on peut comprendre le Créateur, car c'est à lui que s’adresse la repentance. La deuxième manière de comprendre les paroles de Saint-André n'est pas si évidente: elle découle de la pensée que chaque personne est connectée non seulement avec toutes les autres personnes, mais aussi avec le monde entier, à la fois visible et invisible. Si vous percevez l’homme de cette manière, il s'avère que le péché n'est pas l’affaire privée d'un individu, c'est quelque chose qui affecte tout le monde et tout, par conséquent, la repentance non plus n'est pas l’affaire privée de chacun de nous, c'est quelque chose qui concerne tout le monde. C'est pourquoi l'auteur du grand canon de repentance appelle le ciel et la terre à témoigner de la sienne.

https://www.facebook.com/PereslavlEparhia/posts/1783636948479931?__cft__[0]=AZUSIHV1JVHkfY5lqAWirGJXpR57VT39gDhXC1OTCl8kks0ERAzwMqS8nWZ1dTfjx8vLRRmf1t0xHDakZFnTDrLFcNIdMU21lNJyTxDYeVqE4YiDp3LnSyljt-3MiIagQfg_zbjBfb-d6G-EF0lODkpK&__tn__=%2CO%2CP-R

Malgré toutes mes indignations, qui me rendent irritables, j’ai la conscience aigue de ce qui est exprimé ici, ce que chez Dostoievski on appelle la responsabilité collective, assortie d’un salut non moins collectif, c’est la conscience de ce fait qui pousse Mitia Karamazov à assumer le crime qu’il n’a pas commis mais auquel tous ses frères et lui-même ont plus ou moins consciemment participé. C’est dans cette perspective que je me donne pour but de mon carême de surmonter mon indignation, ma colère, mon chagrin, car l’humanité est une, et sans le vouloir, je participe à ses oeuvres de mort, de destruction et de honte. Or c’est à son salut qu’il faudrait participer. 

Ensuite, j’ai lu son sermon du dimanche du pardon, car sur place, comme il a une voix plutôt sourde, je n’en comprends pas les trois quarts.

En plus des déclarations critiques concernant le rite du pardon, chaque année avant le début du carême, de nombreuses personnes commencent à partager leurs propres découvertes étonnantes, ils rapportent que pendant de nombreuses années, le carême était inébranlable et obligatoire pour eux, mais récemment, ils ont réalisé qu'il est possible de ne pas suivre le paradigme imposé de l'Église et de ne pas jeûner du tout. Ils disent que les carêmes sont devenus leur affaire personnelle et que le ciel ne leur est pas tombé sur la tête. Je suis très heureux pour ces gens, car cela signifie qu'ils ont cessé d'être porteurs de la conscience païenne et se sont rapprochés du christianisme. En disant cela, je ne suis pas du tout ironique. Laissez-moi vous expliquer ce que je veux dire.

Dans son catéchisme sur la Sainte Pâque, saint Jean Chrysostome rappelle la parabole du Christ sur les ouvriers qui ont reçu le même salaire, saint Jean interprète cela en relation avec la pratique du jeûne et dit qu'il y a des gens différents, il y a ceux qui ont jeuné tout le carême, il y a ceux qui ont jeûné une partie, et il y a ceux qui s’en sont complèetment passés, mais cependant: «Vous qui avez jeûné et vous qui ne l’avez pas fait, réjouissez-vous aujourd'hui. Le repas est copieux, - mangez à satiété; le veau est gras - ne laissez personne avoir faim; que tous jouissent de la fête de la foi; que tous profitent de la richesse de la bonté. " Dieu appelle tout le monde à la fête de la Pâque, quelle que soit l'attitude de chaque personne envers le jeûne. Pour les chrétiens, c'est une pensée tout à fait évidente, on comprend parfaitement que le jeûne n'est pas un sacrifice à une divinité exigeante, c'est un exploit miniature que l’on prend volontairement sur soi de faire et qui est nécessaire non pas à Dieu, mais à nous-mêmes. Il est nécessaire afin d'essayer d'éliminer tout superflu et de libérer ses pensées  et son temps pour accomplir les commandements du Christ. Nous savons que le Christ n'a pas donné à ses disciples le commandement du jeûne, il n'a jamais rien dit sur la discipline du jeûne, il n'a pas dit: "Par ceci tout le monde saura que vous êtes mes disciples si vous jeûnez strictement sept semaines avant Pâques", il a dit plutôt «À ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous vous aimez les uns les autres» (Jean 13:35). Mais comment apprendre cet amour? L'expérience de l'Église dit que le moyen le plus sûr et le plus fiable est la maîtrise de soi volontaire. C'est tout à fait compréhensible et naturel, si nous nous souvenons que l'amour dont le Sauveur a parlé n'a rien à voir avec l'amour dans notre compréhension quotidienne, avec l'amour comme sentiment. L'amour commandé par le Christ est une activité, c'est un abandon de soi en faveur du prochain. C'est quand  nous dépensons du temps et de l'énergie non pas pour nous-mêmes, mais pour les autres. Quand nous ne faisons pas ce que nous voulons, mais ce dont un autre a besoin. Lorsque nous changeons nos plans pour ceux qui ont besoin de nous. L'amour du Christ est impossible sans abstinence. Le Seigneur ne nous a pas commandé de jeûner, mais il a commandé l'enseignement incessant de l'amour. Il est également important qu'Il ait montré comment atteindre  cet objectif et ce qu'est l'amour - Il a lui-même commencé son ministère auprès des gens par un jeûne de quarante jours dans le désert, il s'est limité lui-même dans ses besoins humains les plus fondamentaux afin de manifester un amour parfait. .

Par notre jeûne, ou plutôt par nos tentatives de jeûner, nous imitons notre Sauveur pour nous rapprocher d'au moins un demi-pas de l'accomplissement de ses commandements. Tel est le sens, tel est le but. Tous les autres objectifs du carême sont erronés à un degré ou à un autre. J'espère que vous et moi comprenons bien cela. Autrement, si quelqu'un pense que le jeûne est une condition préalable au digne accueil de la Pâque ou que c'est une sorte d'hommage à Dieu, alors je conseille à ces personnes de s'abstenir de jeûner, grâce à cela vous pourrez comprendre que Pâques ne disparaîtra pas pour autant et qu’aucun châtiment ne vous tombera dessus, et vous pourrez vous libérer de la vision païenne du monde. Je le répète, le carême n’est pas un exigence de Dieu, c’est une exigence de notre nature déchue exprimée par l’Eglise, c’est nous qui avons besoin du carême pour nous rapprocher de l’accomplissement du commandement de l’amour.https://www.facebook.com/PereslavlEparhia/posts/1782054558638170?__cft__[0]=AZVtjXCglBQRn0Fh6oqycgSisMoKTojNlbQjq4CgOnP5Ch_3y-1JKkqVL1N5GNEiaLrz6wbBe7vHdQW2WSO3eFqxiG8jyjfY0OpRnUqBvT0QaiqjJPCdvW1rPF_SLaUCKYUcreUQHBCABTWaDcjI6erj&__tn__=%2CO%2CP-R

Cette homélie m’est apparue comme complémentaire de la première, qu’elle précède, en tous cas pour ce qui me concerne, pour ce que je suis en train de vivre, c’est-à-dire peut-être mon premier vrai carême depuis que je suis orthodoxe. En ce qui me concerne, il me faut apprendre à chercher au fond de moi la beauté qu’on me vole à l’extérieur, que l’on vole à mes frères les hommes de plus en plus déchus et confus, pour être capable de les aimer, par delà la colère et le chagrin, il est vrai que je n’éprouverais rien de tel si j’étais indifférente à ce qui il advient d’eux, et par la même occasion de moi. Or il m’arrive d’entrer dans un dialogue silencieux avec ce qui monte du fond de moi-même et m’apporte un autre genre de beauté et de paix. Et disparaissent alors les sentiments incompatibles.


 

Monseigneur Théoctyste

mercredi 17 mars 2021

NOUS PROUVERONS QUE LA FOI ORTHODOXE EST FORTE!

 Homélie du métropolite Luc de Zaporojié et Mélitopol qui m'a été communiquée par une amie sur facebook. Le métropolite Onuphre a appelé à soutenir l'Eglise par de grandes processions.

Chers pères aimés en Christ, estimés frères et soeurs, enfants fidèles de l'éparchie de Zaporojié de l'Eglise ORthodoxe Ukrainienne!

Il n'y a rien de plus beau que de dire à Dieu "je t'aime" non par des paroles mais par sa vie même. Il n'y a rien de plus joyeux que de souffrir pour le Christ. "On m'a persécuté et l'on vous persécutera" (Jean 15:20), nous a prévenus le Sauveur. Qui plus est, nous serons détestés de tous, justement parce que nous sommes du Christ (Marc 13:13). Cela doit se produire inévitablement, "pour la raison de l'accroissement de l'iniquité" (Mat. 24:12). "Veillez à ne pas avoir peur, car tout cela doit advenir" (Mat. 24:6). Maintenant beaucoup sont indignés et troublés par le fait que dans notre société, le "mal" est appelé "le bien", "la haine", "l'héroisme", le "banditisme" "la vaillance", "le mensonge, "la vérité", "l'iniquité", "les droits supérieurs". tous ceux qui ne peuvent pas voir notre Mère l'Eglise essaient par tous les moyens de l'anéantir et de nous priver de l'arche salvatrice. Ce qui se passe, c'est ce qui doit arriver, il ne peut en être autrement. Vous devez juste vous souvenir de ce que le Sauveur dit à plusieurs reprises dans l'Evangile: "N'ayez pas peur!" (Luc 12:4)

A cet égard, notre primat, sa Béatitude le métropolite Onuphre, nous appelle tous, enfants de l'Eglise Orthodoxe Ukrainienne, à défiler dans les rues de nos villes natales, avec aux lèvres la prière, et dans les mains nos objets sacrés, afin de témoigner de notre loyauté à la sainte Orthodoxie et de notre amour pour notre terre ukrainienne natale, notre patrie terrestre. Nous sommes citoyens ukrainiens, et nous avons le droit, acquis par le sang de nos ancêtres, de professer la foi orthodoxe léguée par les apôtres du Christ et les saints Pères.

Nos ancêtres, pères et mères, ont reçu le baptême dans l'Eglise orthodoxe canonique. Nous avons maintenant le choix: déclarer fermement notre dévotion au Christ et à son Eglise, ou ramper devant les puissants de ce monde, et trouver une excuse plausible pour rester à l'écart, refusant de nous souvenir que le silence (l'absence de participation à la vie de l'Eglise) revient à trahir Dieu. Pouvons-nous vraiment oublier cela, devenir des traîtres à la foi orthodoxe, et prendre le parti de ceux qui martyrisent l'Eglise du Christ?

Que devons-nous faire? Une seule chose: le bon choix, c'est-à-dire rester fidèles au Christ et à son Eglise. Aujourd'hui, le Seigneur nous appelle à montrer notre fidélité. Nous sommes, j'en suis convaincu, FIDELES au Christ et à notre Mère l'Eglise qui nous a donné naissance pour la vie éternelle.

Notre force réside dans le fait que nous pouvons sereinement dire un "non" ferme à l'idéologie satanique du Nouvel Ordre Mondial.

Notre foi est une foi glorieuse, la foi orthodoxe! Prouvons-le par une Procession! Défendre notre foi, c'est sauver notre patrie terrestre!

+ Luc, métropolite de Zaporojié et Mélitopol






ДОКАЖЕМ, ЧТО СИЛЬНА ВЕРА ПРАВОСЛАВНАЯ!

Возлюбленные о Господе честные отцы, досточтимые братья и сестры, верные чада Запорожской епархии Украинской Православной Церкви!
Нет ничего прекраснее, чем сказать Богу «люблю» не словами, а самой жизнью. Нет ничего более радостного, чем терпеть Христа ради. «Меня гнали, будут гнать и вас» (Ин.15:20), – предупреждал Спаситель. Более того, мы будем ненавидимы всеми именно потому, что Христовы (Мк. 13:13). Все это неминуемо должно произойти «по причине умножения беззаконий» (Мф. 24:12). «Смотрите не ужасайтесь, ибо надлежит сему быть» (Мф. 24:6).
Сейчас многих смущает и возмущает то, что в нашем обществе «зло» стали называть «добром», «ненависть» – «героизмом», «бандитизм» – «доблестью», «ложь» – «правдой», «беззаконие» – «верховенством права». Все те, кто не может взирать на нашу Матерь-Церковь, пытаются всеми возможными способами Её уничтожить, а нас лишить спасительного ковчега. Происходит то, что и должно происходить, иначе быть и не может. Нужно только помнить то, о чем Спаситель неоднократно говорил в Евангелии – «Не бойтесь!» (Лк.12:4).
В связи с этим, наш Предстоятель – Блаженнейший Митрополит Онуфрий, призывает всех нас, верных чад Украинской Православной Церкви, к тому, что «мы должны с молитвой на устах и святынями в руках пройти по улицам родных городов, для того чтобы засвидетельствовать и нашу верность Святому Православию, и нашу любовь к родной украинской земле – нашей земной Родине. Мы являемся гражданами Украины, и у нас есть завоеванное кровью наших предков право исповедовать православную веру так, как это завещали апостолы Христовы и Святые Отцы».
Наши предки, отцы и матери приняли Таинство Крещения в канонической Православной Церкви. Сейчас стоит выбор: твердо заявить о своей преданности Христу и Его Церкви, или пресмыкаться перед сильными мира сего, и найдя благовидный предлог, остаться в стороне, не желая помнить о том, что молчанием (не участием в жизни Церкви) – предается Бог. Неужели мы можем забыть об этом, стать предателями Веры Православной и принять сторону тех, кто пытается терзать Церковь Христову?
Что нам делать? Только одно – совершить правильный выбор, т.е. остаться верным Христу и Его Церкви. Сегодня Господь призывает нас проявить свою верность. Убежден, мы – люди, ВЕРНЫЕ Христу и родившей нас для жизни вечной Матери-Церкви!
......
Наша сила в том, что мы можем спокойно сказать свое твердое «нет» сатанинской идеологии нового мирового порядка.
Вера наша – Вера Славна, наша Вера Православна! Докажем это Крестным ходом!
Отстоим нашу Церковь – спасем земную Родину!
+Лука
МИТРОПОЛИТ ЗАПОРОЖСКИЙ И МЕЛИТОПОЛЬСКИЙ