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dimanche 2 mai 2021
Christ est ressuscité!
samedi 1 mai 2021
Veille de Pâques
Je devais aujourd'hui participer à une émission de la chaîne SPAS, mais il a été impossible de me trouver un taxi et on a renoncé à me faire venir. J'en étais soulagée. Cet aller et retour entre deux longs offices m'épuisait d'avance. Je m'apprête maintenant à me rendre à celui de Pâques, je ne sais pas encore si je resterai à la liturgie dans la foulée.
Jeudi soir, c'était la lecture des douze évangiles de la Passion. Il y a des détails dans les Evangiles qui ont quelque chose d'un peu mythique. Je disais un jour au père Placide: "Il paraît qu'on ne trouve pas trace dans les témoignages historiques du massacre des Saints Innocents." Il me répondit: "Vous savez, en orient, on estime que pour être pris au sérieux, il faut toujours en rajouter. Ainsi on m'a présenté un jour comme l'higoumène d'un monastère de 72 moines, alors que c'était loin d'être le cas. J'ai demandé pourquoi raconter une chose pareille et on m'a répondu que c'était plus imposant comme cela!"
Mais les récits de la Passion, ce n'est pas du tout de la mythologie, et même, cela tranche par son réalisme, et son actualité éternelle, avec tout ce qu'on pouvait voir jusqu'alors d'antique, de légendaire. Du reste, le Suaire de Turin apporte une confirmation de tout cela qui relève de la médecine légale.
Et je pensais à tout ce que j'ai entendu, vu et lu sur les nouveaux martyrs de Russie, depuis le tsar et sa famille jusqu'aux plus humbles prêtres et paysans, ces calomnies déchaînées, cette hideuse vilenie, ces lynchages sadiques. Tous ces gens qui ont bu la coupe jusqu'à la lie, et qui ont été trahis par les leurs.
J'ai rencontré Nadia et Katia à l'église. Notre évêque me voyant au côté de cette dernière, au moment de nous donner sa bénédiction, a dit en souriant: "Ce soir, toutes nos étoiles sont rassemblées!"
Le lendemain, c'était l'office de l'ensevelissement du Christ, suivi des matines du samedi saint, je suis restée à l'église plus de quatre heures. Je suivais sur un livre, en slavon. Quand je lis, je comprends beaucoup mieux, mais parfois je me perds, parce que je m'endors. Cependant, cette plongée dans une sorte de demi conscience, s'éclaircit peu à peu, j'ai été frappée par la façon dont les offices, au début si tragiques, avec les prêtres vêtus de noirs et d'argent, mêlent le pressentiment du triomphe à la déploration, et l'on entend déjà, sur un mode triste et funèbre, ce qui sera repris avec joie et éclat pendant l'office de Pâques, c'est comme un soleil levant qui s'annonce d'abord par la vivacité accrue des étoiles, puis une pénombre grise, puis l'illumination progressive de l'horizon. Je voyais l'unité organique de ces trois jours, qui ne forment qu'une seule fête. Et aussi l'unité mystérieuse de tous ceux qui y participent depuis la nuit des temps jusqu'à ce qui pourrait en être déjà la fin. .
Dommage qu'à ce receuillement fassent généralement suite des débordements harmoniques et des débauches d'électricité qui font de la joie un sentiment tonitruant qu'il n'est pas, en tous cas pas cette sorte de joie.
vendredi 30 avril 2021
Les barbares
J’ai déplanté un de mes thuyas qui
était déjà assez grand, et je l’ai traîné jusqu’à la parcelle qui longe le
voisin, car j’étais incapable de le charger dans la brouette. Je l’ai mis
devant mes fenêtres, près d’un autre plus petit, et d’un noisetier déjà développé que j’avais trouvé au Dendropark l’année dernière. Le noisetier, ça
pousse très bien et semble-t-il partout, c’est touffu. Le problème a été de
bien calculer pour que tout cela puisse harmonieusement pousser ensemble sans
se gêner. Ce jardin est très difficile à aménager, il est mal fait, bordé de
bâtisses horribles, survolé par des fils électriques, et la nappe phréatique
est toute proche. Il me faut remplacer le thuya par quelque chose qui n’étouffe
pas le pommier...
Après le noisetier, j’ai planté un saule pleureur nain que m’a conseillé la vieille du Dendropark. Il ne dépasse pas quatre mètres. Et ensuite un saule crevette qui fait aussi dans les trois quatre mètres. De toute façon, quand la véranda sera faite et le perron déplacé, je n’irai plus trop de ce côté. Mais c’est là que donnent les fenêtres de mon atelier, donc j’essaie de me ménager une vue normale, sans m’enlever toute la lumière. Je pense avoir pas mal joué, justement. Les deux thuyas restent toujours verts, et sont face à l’horrible façade en plastique façon fausses briques. Ils poussent vite, ne prennent pas trop de place, il suffit pour moi qu’ils fassent écran devant la fenêtre où je travaille. L’un d’eux cachera partiellement la terrasse. Après viennent les feuilles caduques de taille raisonnable, quatre cinq mètres maximum, j’ai planté tout cela en quinconce, pour faire plus naturel et pour ménager à chaque arbre plus d’espace. Je laisserai se répandre parmi eux les roseaux et autres espèces adaptées. Il me faut recréer un système de drainage. Mais je crains le pire pour l’avenir. Un voisin m’a dit qu’ils avaient construit une route, vers le lac, et coupé tous les canaux qui permettaient aux gens d’évacuer les eaux de leur jardin. Le type qui m’a livré aujourd’hui de la terre, de la terre normale, légère, en quantité raisonnable, m’a raconté que le voisin d’un client avait déversé cent camions de glaise dans sa propriété, déclenchant au malheureux toutes sortes de problèmes.
A Moscou, Sobianine, le libéral mondialiste à l’oeil torve, commence à attaquer les derniers jolis quartiers encore homogènes, Zamoskvorietché, Ivanskaïa Gora... La chose est maintenant complètement officielle, les barbares s’en vantent, ils ont même un architecte pour diriger les ultimes profanations exercées sur la troisième Rome.
C’est
tellement horrible, je ne peux même plus réagir, parce que c’est de tous les
côtés qu’on détruit pour construire des bâtisses arrogantes et glaciales, des mausolées gigantesques, des cathédrales du diable, on nous fait un monde
affreux, irrespirable. Certains me demandent si les gens ne peuvent pas protester, mais ils protestent. Ils protestent en vain, personne n'en a rien à foutre, même les ukases de Poutine ne sont pas respectés. Je renvoie mes lecteurs aux propos du médecin que j'ai publiés récemment. Les matelots ivres qui tirent aux intellectuels des coups de revolver dans la bouche. C'est la mentalité de la mafia. Quand Bernanos définissait le monde moderne comme une conspiration universelle contre toute espèce de vie intérieure, était-il complotiste?
Un prêtre, le père Evgueni, qui vit dans le nord de la Russie, fait un constat spirituel assez sombre, et en appelle au réveil de "nos Césars". S'ils sont orthodoxes, comme certains prétendent l'être, qu'ils agissent en orthodoxes; qu'ils prient officiellement, comme Chaïgou se signant avant la parade militaire du 9 mai, qu'ils essaient de suivre la volonté de Dieu au lieu de leur volonté propre ou pire, celle d'obscurs commanditaires sans patrie. Le tsar, dit-il, c'était autrefois, en fin de compte, un évêque civil. Il cite un proverbe russe: "Si le peuple pèche, le tsar priera pour lui, mais si le tsar pèche, personne ne le fera".
Ce proverbe très profond pourrait être mis en exergue de mon roman Parthène le fou. Il pourrait symboliser toute l'histoire russe, depuis saint Vladimir jusqu'à Nicolas II, immolé avec toute sa famille au Moloch des temps modernes.
J’ai vu la photo d’un projet d’aménagement de
la rivière Troubej, c’est précisément de cela que rêvent les dégénérés contemporains. Plus rien de naturel. Comment transformer une rivière
vivante en canal Disneyland, il ne manque que les nains de jardin. Rives
maçonnées, gazon bien tondu, petits massifs, petites allées, le rêve
sous-bourgeois des descendants de komsomols élevés dans le béton et les meubles
en contreplaqué poli bourrés de « souvenirs » nunuches. Ces gens-là avaient pour ancêtres des Russes normaux, ceux qui construisaient et décoraient les jolies
isbas que j’ai connues ici, qui portaient de magnifiques vêtements, chantaient,
jouaient et dansaient de magnifiques chansons ; comment est-on arrivé à produire ces infirmes de l'âme ? En tous lieux, finalement, on a
fabriqué des individus qui répondent à la définition des enfants-loups, privés de la transmission nécessaire à leur développement normal. Bien
sûr, ils ont reçu quand même des stimulations qui leur ont permis de vivre en
société, dans cette société hideuse, mais ils n'ont pas reçu ce qui
faisait des gens d’autrefois de vrais êtres humains. On voit cela en France, et
on voit cela ici, ce sont les citoyens du monde nouveau, les orques du Mordor.
Simplement, en Russie, les résistants (passifs) restent plus nombreux et plus
décidés, peut-être parce qu'ils ont été moins "gâtés". La théorie de mon plombier, c'est que sans la période communiste, les Russes seraient tous devenus comme les occidentaux, raison pour laquelle Dieu a permis cela. Ils ont longtemps échappé à la perversité subtile du consumérisme.
ils avaient cela |
ils rêvent de cela. |
A l'église, j'oublie tout cela, je vois mon merveilleux évêque Théoctyste, et je me retrouve en Russie. A la liturgie de la Cène, je me sentais pleine de grâce, et je me disais que j'avais choisi d'aimer la Russie pour ce qu'elle avait été, ce qu'elle est partiellement encore, que j'avais choisi la sainte Russie jusqu'à la mort. Monseigneur Théoctyste se soucie beaucoup de mon oeil blessé, comme tous les Russes, il plaint particulièrement les étrangers de subir les aléas de la vie quotidienne russe, bien qu'à vrai dire, la vieillesse soit, tout autant que l'état des trottoirs, la cause de ma chute. L'ancienne directrice d'école m'a grondée de ne pas être allée voir un médecin, et m'en a recommandé un. Pendant que je discutais avec elle, une femme arrive, en larmes et souriante. "Que t'arrive-t-il, Galia? demande l'impérieuse directrice, appuyée sur sa canne.
- Tu te rends compte? Je viens de communier, je n'avais pas communié ici depuis dix ans, gloire à Dieu!"
Une veille babouchka m'a prise par le bras: "J'ai vu votre émission, vous êtes une femme forte. Tout laisser là bas pour venir chez nous, c'est un exploit! Dieu vous aidera".
Pour ce qui est de la résistance, spirituelle et physique, l'Ukraine du métropolite Onuphre et le Donbass nous en montrent l'exemple, et je suggère à tout le monde de regarder le magnifique documentaire que je propose ici, avec dans les paramètres des sous-titres français, que j'avais corrigés à la demande de la réalisatrice. C'est le combat de gens dignes et lumineux contre les ilotes de la mafia.
lundi 26 avril 2021
Le temps de prier
Je trouve d’une grande importance de rendre accessible le contenu de cette vidéo que j’ai vue sur facebook et dont je donne le lien. C’est un médecin qui parle, ses interrogations, ses constats correspondent aux miens, en ce qui concerne la Russie, mais aussi, comme il le dit, le reste du monde. Et les Français qui pensent doivent savoir ce que pensent les Russes, et réciproquement, car dans la substitution de réalité, un grand rôle est joué, comme le souligne Slobodan Despot, par l’ignorance où nous sommes tenus de ce qui se passe chez les autres, par un enfermement physique et mental. Il faut écouter cela et comprendre la gravité de ce qui se passe, arrêter de gober tout ce qu’on nous raconte. Et établir des correspondances entre ce qui se produit chez les autres et ce qui se produit chez nous, pour arriver à une perception d’ensemble, entre ce que dit le recteur de l’école d’économie et les déclarations de personnages comme le docteur Alexandre ou Attali, par exemple. Le processus infernal est mondial.
Je dois commencer
par dire que l’avis des experts, maintenant, personne n’en a rien à faire.
Voilà que nous rassemble déjà notre deuxième table ronde, je vous salue tous
bien bas. Mais ce dont nous discutons à un niveau si élevé, nous parlons
d’éthique, nous parlons de bon sens, nous parlons de données scientifiques,
personne n’en a rien à faire. Si, il y a un an, nous pouvions encore penser que
ceux à qui nous nous adressons n’avaient pas bien compris, nous voyons
maintenant qu’ils comprennent très bien.
Ils n’en ont simplement rien à foutre de ce que nous pouvons leur dire.
Pardonnez-moi, je donnerai une courte citation du recteur principal de notre
école d’économie: “70% de la population n’est pas nécessaire au gouvernement la
modernisation les gêne, ils ne possèdent pas la langue anglaise, ni le
comportement occidental, ils sont privés de la possibilité de participer au processus d'innovation ...” C’est-à-dire de quoi s’agit-il? Cela veut dire que
la majorité de notre population, et sans doute celle du monde en général, est
condamnée à mort, et que la sentence est déjà en cours d’éxécution. Et nous autres,
nous parlons d’éthique et de bon sens, nous présentons des statistiques, je
peux produire les miennes, elles sont aussi terribles. Mais il m’est peut-être
plus facile de parler de la sorte, car je suis complètement hors système, je
suis un médecin privé. Mais je sais ce qui se passe avec mes patients et la
société, je le vois. Et en tant que médecin, j’ai envie de passer à une
terminologie militaire. Nous voyons bien que nous sommes en guerre, une guerre
cruelle, dénuée de principes, où l’éthique est supprimée, la morale est
supprimée. Elle est supprimée. Le bon sens est supprimé. Et nous n’avons pas
affaire à des personnages cupides fortuits, mais à des maniaques qui ont
complètement perdu la raison, auxquels on ne peut tenir un langage d’intellectuels,
on ne le peut déjà plus. Et vous discutez pour savoir comment notre société
peut résister, mais elle ne le peut en aucune façon. En aucune façon. S’il ne
se produit pas maintenant quelque chose d’imprévu, alors nous aurons un très
mauvais scénario.
- Je vous demande
pardon, mais vous avez donné une bonne recette, je l’ai entendue lors de votre
intervention, comment nous devons arrêter tout cela...
- Oui, je
terminerai là dessus, si vous le voulez bien. Mais en effet, si tout reste en l’état,
que nous continuions de la sorte, nos discussions intellectuelles avec des
matelots ivres qui ont pris le pouvoir et tirent aux intellectuels un coup de
revolver dans la bouche, alors bien sûr, tout va très mal aller chez nous. Nous
devons nous adresser non au gouvernement, qui, de gré ou de force, joue du côté
de l’ennemi, ni même, c’est triste à dire, à l’administration de l’Eglise
Orthodoxe, mais au chef suprême du pouvoir. Nous devons songer à un autre style
de conversation. Ca suffit. Nous avons déjà produit tous les chiffres, exprimé
tous les avis d’experts, ils sont complètement ignorés, tout le monde s’en
fout. De sorte que nous devons nous adresser à notre président, en tant que
chef de l’état, et lui demander de se rappeler qui il est, et de s’occuper de
sauver notre pays, comme le disait Alexandre Issaïevitch (Soljénitsyne). Autrement,
nous sommes perdus. Nous voyons où tout cela nous mène, nous ne sommes pas des
idiots, nous ne sommes pas seulement des experts de notre domaine, nous pouvons
communiquer, et nous élever un peu au dessus de notre profession. Et nous
voyons que maintenant, tout se dirrige très vite vers de grands bouleversements
dans le monde, et si la Russie ne prend pas ses distances, elle peut
disparaître du cours de l’histoire. Nous sommes sans doute à la veille de
bouleversements comparables à ceux qui ont marqué le début du siècle dernier,
un changement des structures économiques, avec toutes les conséquences qui en
découlent... Maintenant, comme vous le savez, si au début de la pièce, il y a
un fusil sur la scène, on s’en servira forcément au deuxième acte. Nous avons
beaucoup d’armes, et il n’est pas exclus que nous devions nous en servir. Et
comment défendre le pays ? De quelle manière ? Il y a un poète
remarquable, Nikolaï Zinoviev, qui a écrit le petit poème suivant :
Il y eut la victoire
sur l’ennemi,
à laquelle mon
grand-père a péri
Et je dis
regardant alentour
Qu’il nous faut
encore une victoire.
Je sais de qui je
suscite la colère
De ce côté-ci et
de l’autre,
Je n’appelle pas
à la guerre
Mais au salut du
pays.
En tant que croyant, je ne devrais pas me laisser aller au pessimisme, car je sais que tous ceux qui ont médité tout cela n’ont pas pris en compte le facteur principal. L’acteur principal du processus historique, c’est Dieu.Et en tant que société, nous devons tous nous retrouver face à Lui, nous y sommes déjà, nous ne pouvons déjà plus compter sur personne d’autre. Et prier... Alors il règlera facilement ce problème. Nous ne savons comment. Mais il règle toujours ce genre de problèmes quand une masse critique de la société commence à le Lui demander. Peut-être est-il temps pour nous aussi, spécialistes, de nous mettre à prier!
Viatcheslav Borovskikh
dimanche 25 avril 2021
Les réalités parallèles
Macha Soutiaguina |
Mon gentil plombier m'a apporté un bouquet de branches de saule, pour les Rameaux. Dans un pays comme la Russie, c'est tout ce qu'on a sous la main, les saules sont les premiers à se couvrir de chatons duveteux et argentés. Le père Antoni me disait qu'à Cannes, où on trouve profusion de palmes authentiques, les Russes sont tellement attachés à leurs chatons de saules qu'ils font des prodiges pour en trouver alors qu'en France, au moment de Pâques, ils en sont au stade de la feuille verte.
vendredi 23 avril 2021
L'ombre de l'église
J'ai lu ce post qui m'inquiète beaucoup:
Qu'est-ce qu'il est maintentant interdit de faire sur son terrain?
Garer sa voiture chez soi ou sur le territoire adjacent (beaucoup de limitations)
couper un arbre sans permission
laisser des mauvaises herbes (liste de celles-ci?)
creuser la terre trop profond
faire un puits artésien sans permission
construire quelque chose près de la limite
avoir des animaux domestiques (beaucoup de limitations)
épandre, conserver, transporter du fumier
élever des abeilles (beaucoup de limitations, pratiquement interdit)
avoir des toilettes traditionnelles la cabane au fond du jardin
utiliser ses propres semences si on vend le produit
faire du feu, des barbecues, brûler des ordures.
Venir en voiture en l'absence de route asphaltée
des constructions sans permission
encombrer le terrain de divers objets
Faire du bruit
Conclusion. Nous suivons la tendance mondiale à l'interdiction de faire pousser notre nourriture sur notre propre terre et de créer une économie personnelle indépendante.
Je suis la première à déplorer qu'on construise n'importe quoi n'importe où; mais je partage là entièrement la conclusion de l'auteur du post. La caste mondialiste, qui a ici ses soutiens actifs, cherche à pousser tout le monde dans des fourmillières à la chinoise ou à la Sobianine; et les tentatives de communautés, de retour à la terre, de permaculture, agroécologie, autarcie etc. n'auront plus le droit ni la possibilité d'exister. Je ne vois pas très bien comment appliquer ces instructions dans un pays comme la Russie sans recourir à la terreur rouge. Mais c'est en tous cas le programme universel, que les députés s'emploient à mettre en place, sur ce plan-là et aussi sur le plan sociétal, avec des tentatives sournoises pour imposer ici des lois visant à anéantir l'autorité des parents.
C'est-à-dire que comme d'habitude, on a les discours de Poutine affirmant une chose, et ses députés qui vont dans le sens diamétralement opposé.
Si tout cela est appliqué, cela nous fera la vie parfaitement impossible. D'ailleurs faire au sens littéral la vie impossible aux sous-hommes semble le but de l'aristocratie mafieuse transhumaniste partout où elle est agissante. Il faut que tout devienne laid, vulgaire, sinistre, étouffant, oppressant, indigne, insipide, désespérant, inhumain, invivable, pour nous, pour la faune et pour la flore.
J'ai vu aussi des photos de l'ancien Pereslavl. Il y avait deux églises à l'embouchure de la rivière Troubej, on a détruit la plus ancienne, comme toujours, et laissé les Quarante Martyrs, devant lesquels on prévoit maintenant la piste cyclable sur passerelle. Les photos montrent la fête de la bénédiction des eaux du lac, à laquelle j'ai assistée, en mémoire de la princesse Eudoxie, femme de Dmitri Donskoï, qui avait trouvé asile sur le lac par temps de brouillard, alors que les Tatars cherchaient à s'emparer d'elle et de ses enfants. Qui nous protègera des Tatars d'aujourd'hui, qui sont partout infiltrés, actifs, néfastes et vils au delà de tout ce que nous avions connu jusque là?
Il y a beaucoup de monde, sur ces photos, à la fête, des gens de toutes sortes, et cette foule est homogène, harmonieuse, le paysage aussi. Il est à la fois naturel et propre, il y a beaucoup plus d'eau dans la rivière et le lac que maintenant. Il devait y avoir aussi beaucoup plus de poissons. Et beaucoup plus de relations entre les gens. Même à Pereslavl, les choses ont changé depuis la première fois que je suis venue, sans parler du saccage de l'architecture. Il y a des voitures partout, une circulation incessante, alors que j'ai connu une petite ville paisible, nonchalante, avec des chèvres, des poules, des grands-mères assises devant leurs isbas, des pique-niques de militaires, des gosses qui jouaient dans les champs ou se baignaient dans la rivière, empreinte de ce désordre russe plein de vie que haissent tous les oppresseurs. Un correspondant m'écrit que lorsque Pereslavl était encore féérique, il rêvait de quitter le désespoir soviétique, qu'ensuite il avait espéré en un changement et que maintenant, il se consolait avec ce qu'il restait du passé. Il m'a envoyé une photo des années 70 qui montre exactement ce que j'ai connu en 99 et qui est maintenant absolument saccagé et méconnaissable. J'avais même fait des aquarelles des isbas représentées sur la gauche. Il y avait dans ce coin, près du musée, près du monastère Goritski, des vues merveilleuses sur la ville et le lac, on les chercherait en vain aujourd'hui.
Me promenant dans le marais, je songeais à tout cela, et priais avec douleur. Les baraques affreuses pullulent, et aussi les ordures. Etrangement d'ailleurs, c'est à une décharge que me font penser ces accumulations de bâtisses disparates et sans style jetées dans la nature comme des packs de lait et des bouteilles en plastique dans les herbes folles et les roseaux. Un ami russe me disait que les lotissements de cottages faisaient penser à des alignements de mausolées. Quand on arrive près du lac et que l'on tourne le dos à tout cela, on parvient encore à l'oublier. Les saules verdoient, des chatons gonflent comme des bulles, le lac au loin, derrière les roseaux jaunes, est d'un bleu vif presque marin, un bouleau solitaire projette dans l'espace une verticale svelte et blanche, et l'on peut ressentir la réponse de tous ces êtres végétaux à l'admiration qu'ils nous inspirent, un lien se crée entre moi qui les regarde et eux qui sont regardés, entre mon coeur et le balancement altier de leurs branches dans le ciel, le mouvement si lisible de l'écriture de la vie tracée par leurs ramures enchevêtrées et bourgeonnantes. C'était vraiment un dialogue muet, un dialogue infiniment bénéfique et nécessaire, dont tout nous prive de plus en plus. Je pensais aux hordes de brutes et d'imbéciles qui nous font ce monde infernal, dont aucun de nous n'est pourtant vraiment innocent non plus. A leur enfance totalement dénuée de ce qui faisait de leurs ancêtres des gens dignes et profonds, à leurs âmes contrefaites et atrophiées, ne sont-ils pas semblables, au fond, aux enfants loups qui n'ont pas reçu à temps ce qui fait de nous des hommes? Semblables et pires, car je me demande s'il ne vaut pas mieux être élevé par des loups que par les sociétés que nous avons laissé créer et qui ne fabriquent pas seulement des idiots attardés persuadés d'être des dieux, mais des monstres qu'on ne peut même pas appeler barbares. Les barbares avaient des poésies, des chansons et des savoir-faire dont ce que l'on fabrique et formate, dans nos termitières à écrans hypnotiques, n'ont plus la moindre idée.
La Russie offre toujours des surprises: pendant que je faisais mes courses avec mon oeil au beurre noir, je tombe sur une bonne femme à laquelle j'avais prêté 20 000 roubles à contre-coeur, il y a deux ans. A chaque fois que je la rencontrais, elle proclamait, alors que d'ailleurs je ne lui demandais rien, parce que je soupçonnais que je ne les reverrais jamais, qu'elle me les rendrait avant l'aôut foi d'animal. Et là, tout à coup, bien que la rencontre fût complètement fortuite, la voilà qui tire les 20 000 roubles de son sac. Je ne me promène pas tous les jours avec 20 000 roubles dans le mien!
Un jeune couple est venu me voir, des routards russes lecteurs de mon blog, ils voulaient passer la nuit chez moi, mais j'ai refusé. Hier, j'ai longuement parlé avec la journaliste de Spoutnik, aujourd'hui, j'ai eu ces visiteurs chez moi une grande partie de la journée. J'ai besoin de paix et de solitude. Je sens que je perds le contrôle de mon temps et de ma vie, je suis trop sollicitée. De plus, où les aurais-je mis, quand j'ai déjà la mère de Génia à côté? Ils sont allés dormir dans l'atelier, avant de repartir, du coup je suis allée dormir dans ma chambre, parce que je ne pouvais rien faire d'autre.
Les ruines de l'église dynamitée, en face des 40 martyrs.... |
mardi 20 avril 2021
Chute
Ce matin, pas de chauffage, et il ne fait pas très chaud. Le plombier dit que c'est le vent qui provoque le problème, cela arrive, mais là, cela arrive souvent et je n'arrive pas à rallumer. J'ai refilé mon chauffage d'appoint à ma pensionnaire, et j'ai décidé d'aller en acheter un autre pour moi. Mon intention était de faire plusieurs courses à pied, pour faire de l'exercice, en laissant ma voiture près du magasin d'éléctroménager.