Translate

samedi 30 octobre 2021

Un petit coup de projecteur dans la grisaille

 


Il fait bon, il fait doux et soleil, ce qui n'est pas fréquent, à cette période de l'année. J'aurais volontiers jardiné, mais je me suis vite rendu compte que j'avais les jambes en flanelle. Je me demande combien de temps cette faiblesse va durer. Je me suis installée dans le jardin avec Nil. Il était en tee-shirt et moi en anorak, et je n'avais pas trop chaud. J'ai même rabattu le capuchon. Je regardais la lumière jouer dans les corolles des dernières fleurs, le ciel d'émail bleu derrière les isbas rouillées. Le soleil chauffait, mais le vent était frais. On annonce ce temps pour encore trois jours. J'espère pouvoir en profiter un peu, car ce sera le dernier répit avant le printemps prochain.

Je n'ai toujours pas les résultats du dernier test, j'ai appelé la polyclinique moi-même, ils ne sont pas arrivés. Chose étrange, quand j'ai été internée, le test était prêt le lendemain. D'après mon spécialiste de l'hôpital Botkine, au bout de trois semaines, le virus disparaît.

C'est apparemment la grande offensive dictature sanitaire, il faut absolument l'étendre à toute la planète, et on trouve toujours des officiels pour se prêter à ça. Mais pour l'instant, d'après ce que j'entends dire, à Pereslavl, pas grand chose ne change. Je pense que je n'aurais peut-être jamais attrapé la covid si je n'étais tombée dix jours dans le bouillon de culture de l'hôpital. Mais j'aurais pris de plein fouet dans la figure la campagne de vaccination obligatoire, alors que là, je suis tranquille pour six mois. Peut-être même réussirai-je à aller en France. J'en ai une nostalgie terrible en ce moment, et en même temps, je sais que je ne trouverai pas ce qui me manque. Les maisons que j'ai habitées, les gens que j'ai aimés. Je trouverai l'univers des concombres masqués et des passes sanitaires submergés par toute l'Afrique. Et les quelques parents que je conserve encore.

Dans six mois, le soufflé des mesures OMS frénétiquement appliquées par les officiels russes sera peut-être retombé comme les fois précédentes. Je lis un cathisme des psaumes par jour pour que Dieu nous protège des entreprises des démons. Et cela me fait du bien, les psaumes sont si beaux, et si élevés...

Aujourd'hui, j'étais peut-être mieux moralement. Quand je commence à avoir des angoisses, je fais mes icônes en écoutant la lecture du psautier par le monastère de Valaam. Cela passe. Je termine la sainte Matrona que je voulais offrir à Sacha pour son église. Et j'en ai commencé une pour Dany. Mais en faisant celle de Dany, j'ai vu que je ne pouvais pas ne pas recommencer le visage de celle de Sacha, et j'ai bien fait, maintenant, elle est ressemblante.

Si je pouvais faire le jardin, je pense que cela m'apaiserait beaucoup. Et j'aimerais bien y arriver, juste avant l'interminable hiver...

L'avis d'un expert: https://odysee.com/@Roms17:d/C'est-bel-et-bien-une-exp%C3%A9rimentation-en-cours-!---Alexandra-Henrion-Caude:d

mercredi 27 octobre 2021

Angoisse latente

 

 Hier soir, grosse fringale, j’ai fini le morceau de saint Nectaire. J’ai perdu 10 kilos dans l’affaire, il faudrait éviter de tous les reprendre. Mais pour l’instant, il faut que je récupère et ces fringales sont un signe de guérison. Si seulement je ne devais pas en plus traiter les cailloux ! Cela soumet mon organisme à rude épreuve tout cela. Néanmoins, je reprends lentement du poil de la bête, j'arrive même un peu à chanter.

Dany a été recrachée hier par l’usine à covid, elle est rentrée chez elle, le jour de son anniversaire, après un mois et demie de calvaire, j’admire sa force d’âme. Elle est entrée là bas très légèrement atteinte, au bout de trois jours, elle avait une pneumonie géante. Cela dit, elle estime avoir été très bien soignée.

Un moine du mont Athos recommande une grande mobilisation de prière à travers le monde, il voit venir une offensive démoniaque sans précédent sur l’humanité, et c’est bien ainsi que je le ressens, c’est peut-être ce qui explique ce fond latent d’angoisse que je traîne alors qu’objectivement, je vais nettement mieux. Mais j’ai été happée, et rejetée, par toute cette folie, je l’ai vue de près, et je me sens désormais prise entre une affection que je ne voudrais pas contracter une seconde fois, avec tout ce qu’elle implique, un vaccin en lequel je n’ai guère confiance, on nous y pousse trop, et avec des méthodes de bandits, et la perspective de trembler au moindre rhume d’être enfermée à nouveau avec les pestiférés.

Curieusement, tout cela se déchaîne en Russie, alors qu’à l’horizon on fait briller la reconnaissance du vaccin spoutnik au niveau international. Ca tombe bien, quand même. Et voilà qu’on déploie toute les méthodes de l’occident démocratique, la vaccination forcée, le chantage, l'hypnose, le contrôle électronique permanent, ou du moins, on se propose de le faire. Pas sûr que les gens acceptent, ils en ont ras le bol de leurs députés et fonctionnaires tous plus ou moins véreux, et le tsar Poutine a de moins en moins de crédit, on a beau se dire que lui, il est très bien, mais que ses boyards sont mauvais, ça commence à bien faire. Du reste, dès le début de la crise covidienne, ou disons, dès que Sobianine s’est déchainé à Moscou et que Poutine s’est transformé en mannequin de cire, je ne l’ai pas sentie du tout, cette histoire. Et le patriarche tremblotant, et le métropolite Tikhon avec son homélie apocalyptique. Pas bon.

Cependant, après, on est entré dans une période où tout le monde faisait semblant, et où la vie était plus ou moins normale. Jusqu’à ces derniers temps.

A vrai dire, moi je serais ravie de pouvoir faire joyeusement confiance à un vaccin ou un traitement, mais il faut être singulièrement aveugle ou sous-informé, ou amnésique pour ne pas se poser de questions. Ici aussi, on parle de troisième dose, et puis après ce sera la dose trimestrielle à vie, avec tout l’attirail totalitaire correspondant. Ici aussi, des vaccinés tombent malades, et j’entends parler de graves effets secondaires. Et puis tout cela semble obéir à un chef d’orchestre, qui arrose depuis l’extérieur, les musiciens qui nous jouent du pipo.

Je ne sais pas d’où est sorti le joyeux virus, et m’abstiendrai de développer mes intuitions sur la question, mais ce dont je suis sûre, c’est que, depuis le début, tout a été fait pour que cela tourne au cauchemar de science-fiction où l’on nous a plongés. Il y avait dès le début le traitement Raoult qui marchait fort bien, dès le début, on l’a interdit, et même en Russie, où il a été utilisé, on a fait courir le bruit qu’il était « très très dangereux ». Parce que c’était la version de l’OMS.

Le professeur Montagner avait prévenu que vacciner en temps d’épidémie provoquait l’apparition de variants plus virulents, on l’a traité de gâteux, et les variants sont apparus les uns après les autres. Donc limiter les traitements efficaces ou les interdire, vacciner coûte que coûte, avec un produit expérimental, variants ou pas variants, d’ailleurs plus il y a de variants et plus les gens morts de peur sous leur masque seront disposés à se précipiter sur la seringue. Et mise en place sournoise d’une société répressive irrespirable tandis que tout le monde est installé dans la dépendance de l’injection permanente.

Maintenant, je me dis que Dieu m’a procuré six mois de paix et d’immunité, avec cette maladie, et que peut-être d’ici là l’horrible échafaudage se cassera la gueule. En attendant, le conseil du moine du mont Athos est sans doute le bon, pour ceux qui prient. Je suis incapable d’appliquer ce qu’il préconise, de prier toutes les trois heures, mais il me semble qu’il faut au moins prier dès qu’on a un moment, ou la peur au ventre. Déjà, pour ne pas devenir fou soi-même, et aussi pour agir au niveau spirituel sur les entités qui utilisent nos politiciens, journalistes et médecins et leurs patrons de l’oligarchie.

Je pense le coeur serré à tous ceux qui sont venus chercher un asile ici, ou préparent leur départ. Mais bon, comme dit le père Andreï, on ne sait jamais ce qui peut se passer en Russie. Et jusqu’à présent, les offensives des divers Sobianine ont dû reculer devant la force d’inertie de la population. Et puis on échappe encore à la théorie du genre, à la culture woke et à la submersion migratoire complète...

Elle pourrait aussi, cette population, finir par perdre patience, et Dieu sait ce qui se passerait alors. Mais cela n’a pour moi, à la limite, plus tellement d’importance. Si le « dictateur » Poutine se couche, alors une révolution de couleur n’est même plus nécessaire. Le combat est déjà gagné. A moins qu’une vague jaune générale, globale... le jaune gilet fluo, c’est la seule couleur fiable, en ce registre.

http://russiepolitics.blogspot.com/2021/10/billet-le-covid-t-il-consomme.html?utm_source=feedburner&utm_medium=email&utm_campaign=Feed%3A+RussiePolitics+%28Russie+politics%29






lundi 25 octobre 2021

Fringale

 Nil est revenu hier soir, et pour la première fois depuis bien longtemps, de l'avoir attendu m'avait donné faim, une faim de loup. Or il m'avait apporté de la part de sa mère du munster et du saint Nectaire sur lesquels je me suis jetée.

Dans l'après-midi, j'avais eu  la visite de Nadia qui, ces temps-ci, cuisine pour moi, pour m'éviter de le faire. Elle voudrait acheter un terrain et construire mais se trouve dans la plus grande perplexité, car la laideur fantasmagorique des nouvelles constructions gâche absolument tous les quartiers de Pereslavl. Je comprends bien le problème, surtout avec la mort d'oncle Kolia, qui peut ajouter un monstre au dernier joli point de vue qu'il me reste. En fait, je crois que tous ceux qui ne sont pas de la nouvelle facture vont devoir se mettre en communautés pour se protéger de la hideur et de la folie du monde que nous a créé le "Progrès". 

De France m'arrivent de paradisiaques visions de paysages encore intacts, mais combien de temps seront-ils accessibles? Le gouvernement rêve de nous instaurer l'appartement communautaire pour tous, toutes les brebis masquées parquées dans des clapiers radieux. Le prétexte est écologique… Or la seule issue écologique à notre problème général, en plus de neutraliser ceux qui nous l'ont installé pour leur profit, c'est de revenir massivement à une agriculture familiale vivrière, soit à l'agrocécologie et la permaculture, et à une façon de vivre plus modeste et aussi plus communautaire, et cela suppose au contraire la maison individuelle avec terrain. Evidemment, ce serait la fin de ce capitalisme délirant qui désire tellement notre bien. C'est pourquoi il ne veut absolument pas nous foutre la paix.

Le test pris à l'hopital étant encore positif, j'ai été invitée à en refaire un ce matin. J'y suis allée à l'ouverture, cabinet 110, derrière la polyclinique. Je suis entrée dans une espèce de sous-sol sinistre interminable où il devait y avoir à 8 heures du matin une queue de 300 personnes, je m'y perdais, car il y avait des gens absolument partout. Ils attendaient tous pour le cabinet 109, coup de bol. Pour le 110, j'étais la première, on m'a fait poireauter quand même un moment. Puis on m'a vaguement caressé la narine avec un coton tige, même chose pour la gorge. Intriguée, j'ai quand même demandé ce que c'était que ce cabinet 109: le généraliste… Eh bien punaise…

Enfin du coup, je suis ressortie assez vite de cet endroit infernal. J'essaie de jouer un peu des gousli, de chanter un peu, en guise d'exercice respiratoire. J'ai perdu beaucoup, la voix complètement, l'agilité des doigts dans une bonne mesure.










samedi 23 octobre 2021

Orphelin

 


Hier, Ania la voisine est arrivée avec un chat noir dans les bras : « Qu’est-ce que c’est que cela, Ania ? Vous ne m’apportez pas un nouveau chat, j’espère ?

- Je viens vous demander que nous le nourrissions ensemble. Oncle Kolia est mort, son jeune chat cherche à entrer chez nous, il est seul, perdu, il  a besoin d’affection... »

J’étais absolument horrifiée. Je redoutais depuis longtemps la mort d’oncle Kolia, depuis qu’il avait recueilli le chat, d’ailleurs. Lui-même a eu la fin idéale, il a dû mourir chez lui dans son sommeil, comme sa femme il y a deux ans. Mais la mort d’oncle Kolia porte en germe toutes sortes d’affreuses conséquences, le chat noir, et puis il est fort possible que la petite maison qui me réjouissait la vue soit à présent esquintée, pourvue d’un étage supplémentaire ou plastifiée à mort.

«Ania,  me suis-je écriée, je veux bien vous aider financièrement à assumer le chat, mais vous en avez quatre, et moi j’en ai six, et même presque sept, car j’ai un vieux qui vient épisodiquement. Le chat d'oncle Kolia a besoin d’affection, mais moi, je n’en ai plus à donner, elle manque à ceux que j’ai déjà et qui sont incapables de s’en donner les uns aux autres. Qui plus est, s’il n’est jamais venu chez moi, c’est qu’il a peur des miens. J’ai déjà les incessantes querelles de Rom et de Robert, et je ne sais par quel miracle Chocha s’est arrêtée de pisser et de chier dans la cuisine, mais enfin vous avez vu ce que cela donnait... Je suis moi aussi une vieille, et la dépendance de tous ces chats à mon égard m’angoisse de plus en plus. Je prendrais plus facilement un chien, pour décourager de venir les chats ultérieurs. »

Ania s’excusait frénétiquement, je comprends bien son problème, je vais essayer de parler de ce chat aux bénévoles de Pereslavl, mais moi je ne peux plus...

Or les voisins immédiats d’oncle Kolia ont laissé mourir leur chien de faim. Leurs chats ont déménagé l’un chez Ania, l’autre chez moi. La voisine Violetta aurait peu de chats et beaucoup de place, mais son génial fils lui a offert un chien de type Rosie, complètement dingue, que contrairement à ce qu’auraient pu laisser présager les nombreuses leçons que Violetta me donnait, elle ne contrôle pas du tout, et qui pourrit la vie de la paire de chats qu’elle avait déjà...

Le sort fait aux animaux me révolte complètement. Je n’en peux plus des miens, mais j’ai quelquefois l’impression de racheter un peu tout le mal qu’on leur cause. D’un autre côté, il faut aussi préserver ceux dont on s’est chargé, il faut pouvoir assumer, j’assume de moins en moins.

vendredi 22 octobre 2021

Pas de troisième piège.

 Le premier moment de panique passé, j'ai commencé à réfléchir à l'information de Macha, qui diffère complètement de ce que m'avait dit l'urologue, lequel avait téléphoné    devant moi à un médecin de cette clinique (privée et payante). Le coup de l'enfermement systématique me suis-je dit, ça commence à bien faire. J'irai trouver l'urologue dans un premier temps, quand j'aurai le droit de sortir.

Il y a 2 jours, Volodia Skountsev m'avait adressée à son médecin personnel, un cosaque qui chante avec lui mais qui est aussi cardiologue, spécialiste de la covid et travaille à l'hôpital Botkine de Moscou. J'avais envoyé un texto à cet homme que j'hésitais à déranger. Il m'a appelée hier, je lui ai exposé toute l'affaire, il m'a demandé de lui envoyer tout mon dossier, ce que j'ai fait. Il m'a dit que côté covid, maintenant de toute façon, au bout de 3 semaines, le truc disparaissait forcément et qu' il fallait juste éviter des séquelles. Pour le reste, il proposait d'essayer de faire partir les cailloux par un traitement approprié, car ils n'étaient pas très gros, et que c'était possible. Au cas où on n'y arriverait pas, l'hôpital Botkine dispose d'un appareil pour pulvériser les cailloux, il serait toujours temps d'y recourir.

Donc nul besoin de se précipiter dans un troisième piège. Un ami du père Valentin dit qu'en Russie, il faut bien connaître son pope. Il faut aussi bien connaître son médecin.

En trois jours chez moi, n'étaient les problèmes de cailloux que nous allons traiter, j'ai repris pas mal de forces et un certain équilibre nerveux. Je ne dis pas que je pète le feu, mais c'est quand même le jour et la nuit. Je préfère confier ma santé au copain de Skountsev. Nous avons un ami commun, et la directrice de la clinique de Iaroslavl se fiche sans doute éperdument de ce qui peut m'arriver pour peu qu'elle arrive à me faire payer 10 nuits plutôt qu'une seule.

J'en ai un peu marre de bouffer des médicaments, mais il va falloir faire encore un effort. Si c'est chez moi, je tiendrai le coup.

J'ai récupéré Rita. Curieusement, depuis mon retour, ma vieille chatte Chocha s'abstient de souiller la cuisine. Ce doit être une sorte de miracle. 

Je suis sortie installer le restaurant des mésanges. La lumière est pâle, mais elle est là, irisée et magique. Le vent était doux, depuis quelques jours le froid recule, pour mieux sauter...




jeudi 21 octobre 2021

Jamais deux sans trois.

 Bon alors voilà. J'attends les résultats du test, qui devraient arriver demain. Mania, la fille de mon père spirituel, a appelé Iaroslavl, où on ne lui a pas donné du tout les mêmes renseignements que le joyeux urologue qui m'avait gardée 10 jours dans son bouillon de culture, le temps que j'attrape le cafard et le covid. Pour pulvériser les cailloux, c'est comme d'habitude, dix jours d'hospitalisation. Elle est en train de se renseigner sur l'hôpital orthodoxe de Moscou. J'ai pris un tel coup sur la tête que je ne sais même pas quoi dire. Je vais retrouver ma chienne et m'en séparer encore. Et il faudra traverser ces dix jours sans devenir complètement dingue, et ça, c'est plus problématique. Je commençais juste à être un peu moins ébranlée nerveusement... Ce qu'il y a de sûr, c'est que tant qu'à faire, j'irai plus volontiers à Moscou. Mon père spirituel a ses entrées sur place....

J'ai l'impression d'un cauchemar sans fin.

mardi 19 octobre 2021

A la maison, même les murs nous soignent.

 


Tout est si paisible, chez moi, cela me paraît irréel.

Il y avait constemment du bruit et de l’agitation, à l'hopital, il ne se passait rien, personne n’avait rien à se dire, mais il y avait ce bruit, le bouillonnement de l’oxygène, les raticinations d’une vieille qui jurait, invectivait et gémissait dans son coin, les téléphones qui sonnaient, les conversations, les va et vient... Je me demandais chaque matin comment je tiendrais jusqu’au soir, et le soir jusqu’au matin. Je commençais à avoir les mains qui tremblaient, et toutes sortes d’idées noires. Je commençais vraiment à avoir peur pour ma santé mentale. Et de m’imaginer Dany, à plat ventre avec son masque dans sa réa, m’emplissait d’une véritable terreur. Heureusement, elle commence aussi à sortir du tunnel.

Des gens m’écrivaient qu’il fallait sortir de là, que les hopitaux étaient « peu recommandables ». Je ne sais pas si c’est vraiment le cas, mais j’étais dans un état d’angoisse permanent.  Le médecin jouait avec mes nerfs, elle m’a lâché le 12° jour. En me disant que je devais rester en quarantaine jusqu’aux résultats du test.

Ce 12° jour, elle m’a laissé mariner encore la moitié de la journée, et puis j’ai eu à peine le temps d’apeller le collaborateur de Gilles, j’ai été accompagnée jusqu’à une porte dérobée qui m’a laissée dans une cour glaciale.

J’ai retrouvé ma maison sans y croire, et surtout sans parvenir à me calmer. Cette ignoble angoisse ne me quittait pas. Katia est venue m’apporter des provisions et discuter un peu avec moi. Puis c’est la voisine Ania qui est passée : « Ne vous en faites pas, s’ils ont vous ont laissé partir, c’est que c’est bon. »

Tout me paraissait d’un calme surnaturel. Et la vue par les fenêtres, qui n‘a pourtant rien de rare, lumineuse et ouverte. J’ai dormi comme une masse dans un lit normal et un silence total. Le lendemain, j’ai senti que les choses reprenaient leur place.

Ma fatigue reste écrasante. J’ai demandé à Nadia de m’aider, elle va m’apporter à manger. Ici, l’appétit revient quelque peu.

Tout le temps que je suis restée là bas, je songeais aux gens qui, pour diverses raisons, se retrouvaient enfermés, asiles psychiatriques, mouroirs, cachots, Florenski aux Solovki, dont les lettres sont si poignantes. Il faut une grande force d’âme pour surmonter ce genre d’épreuves. Ce petit aperçu m’a fait comprendre que j’étais loin de l’avoir.

Dès le départ, mon premier séjour a été une erreur d'aiguillage. On aurait du traiter la crise de coliques néphrétiques et m'envoyer aussitôt chez le spécialiste à Iaroslavl, mais ici, ils aiment bien enfermer les gens des siècles à l'hosto, avec tous les germes qui s'épanouissent et trouvent un terrain favorable dans les organismes stressés et affaiblis.