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jeudi 28 avril 2022

A l'extérieur du trou

 Les enfants du prêtre ukrainien de la cathédrale, le père Vassili, m'ont félicitée pour Pâques avec une vidéo: Christ est ressuscité!


Hier, je suis allée à la réunion des cosaques, ils fêtaient Pâques et les soixante ans de l'oncle Slava, l'accordéoniste. Il a été question de l'Ukraine et des forces qui s'agitent derrière, mais pas longtemps, on est ensuite passé à la musique et aux projets. Notemment le défilé du régiment immortel, que les "ennemis intérieurs" voudraient limiter au domaine informatique, mais les cosaques tiennent à le faire pour de vrai, avec les photos des ancêtres vétérans, comme il se doit.

Ce qui m'ennuie, dans les défilés, ou les processions, c'est que j'ai du mal à marcher.

Un ami folkloriste qui vit maintenant dans son Oural natal a envoyé des photos et une vidéo de la façon dont il fête Pâques là bas, avec des proches, et j'y ai vu tout ce que j'aime en Russie, et que les Russes eux-mêmes n'apprécient pas toujours à sa juste valeur. La simplicité, la chaleur humaine, le bonheur d'être ensemble aux premiers beaux jours, autour d'une table branlante et exigüe couverte de victuailles.

En réalité, je pense que beaucoup de Russes n'ont pas besoin de grand chose d'autre. Ils voudraient juste continuer à se permettre de vivre de cette manière, et dans la nostalgie d'une partie d'entre eux pour l'Union soviétique, c'est exactement cela qui entre en jeu. Je peux parfaitement le comprendre. 


https://vk.com/video9788821_456240985

J'ai lu cette réflexion d'Olivier de Hangest, sur Facebook:

Ne me prenez pas (trop vite) pour un dingue.

En accueillant des millions de réfugiés ukrainiens sur son territoire, essentiellement des femmes, des enfants, des seniors et des invalides, l'Union européenne devra également, à terme, accueillir les combattants vaincus du nationalisme ukrainien, dont une grande partie épouse non pas une idéologie, mais une mémoire, une historiographie, une réalité sociopolitique qui plongent leurs racines dans l'épopée de l'OUN, de la SS et de «l'Europe nouvelle».

Plus les tensions monteront entre nos deux mondes (Occident versus Eurasie), plus l'OTAN devra mobiliser les consciences européennes. Je doute fort qu'elle puisse le faire en mettant en avant la sous-culture «woke», LGBT+, multiraciale, consumériste et libérale — la nature a horreur du vide et du néant. Il n'est donc pas impossible que l'Europe change progressivement de paradigme et abandonne les fondements démocratiques nés du «compromis historique» de 1945: l'antinazisme, l'antifascisme, la société ouverte.

En 2015, à Donetsk, j'avais déjà «compris» que l'Europe occidentale ne serait pas à l'abri d'une guerre mondiale. Et l'hiver vient!

En 2022, je «comprends» que l'Europe, se trouvant au bord de la ruine, du grand remplacement et du tombeau, aura besoin de surmonter son impuissance et ses contradictions en modifiant de fond en comble son logiciel, en se rattachant à une certaine vision de l'histoire, invisibilisée et honnie depuis 1945.

Russophobie oblige et nécessité faisant loi, le «grand méchant» ne sera plus Adolf Hitler («tonton» pour les intimes) mais Joseph Staline («l'oncle Jo» pour les amoureux de la Sibérie). Un regain de légitimité pour les réprouvés de la lutte contre le bolchevisme, comme en Ukraine depuis 1991. Même nos brillants intellectuels et nos historiens officiels s'y mettront. La dialectique est faite pour ça.

Cela nous parait aujourd'hui invraisemblable. Mais la perspective d'une guerre nucléaire en Europe paraissait encore invraisemblable il y a quelques mois à peine... Et il s'agit bien d'une menace réelle immédiate, non d'une menace imaginaire (du type «pandémie») ou lointaine (du type «réchauffement climatique»). Constatons la façon dont nos élites réagissent face à ce risque de grande intensité: en soufflant sur les braises. Elles réagiront de la même manière devant les héros de cette guerre juste contre la barbarie russe.

Certes, les bataillons nationalistes ukrainiens sont en train d'être sacrifiés par le régime de Kiev et l'Otan. La coalition russe ne détruit pas seulement le matériel et la logistique fournis par l'Occident. Elle «démilitarise» et elle «dénazifie» cette chair à canon — pour le plus grand plaisir des démocraties occidentales.

Mais il y aura des survivants.

Ceux-ci seront remplis (à juste titre) de rancoeur, de haine et de ressentiment contre les démocraties. Et ils auront leur mot à dire car la guerre entre l'Occident et l'Eurasie se poursuivra. Et elle sera totale. Ainsi imposeront-ils à l'Europe leur vision du monde.

Et cette vision du monde n'est pas celle de Winnie l'ourson. 

Moi, je ne prends pas Olivier pour un dingue, car je me fais des réflexions du même ordre. Le "fascisme" honni chez nous, est très bien toléré lorsqu'on peut l'utiliser contre les Russes. Il suscite d'ailleurs chez ceux-ci un néostalinisme ou un néosoviétisme permettant de ressusciter un ennemi convenable qui sert à mobiliser aussi bien le gauchiste bas de plafond que la droite arriérée congelée dans l'après guerre. Mais je ne sais pas s'il s'agit vraiment, en occident, d'un néonazisme, car je trouve aux promoteurs de ce sentiment des côtés très néobolcheviques, ou plus exactement trotskistes. La parenté avec le nazisme, c'est la conviction, chez ces gens-là, d'être d'une essence supérieure qui leur permet de traiter les sous-hommes surnuméraires comme de la merde, et de les éliminer sans remords excessifs, après la diabolisation de rigueur.

C'est-à-dire, pour faire court, que les Russes conservent partiellement et dépoussièrent un communisme russifié à la papa, celui des années Brejnev, l'orthodoxie en plus, tandis qu'en face, on a récupéré le virus d'un totalitarisme agressif particulièrement vil et stupide qui semble un affreux mélange de tout ce qu'on a pu connaître de pire dans le genre, depuis Robespierre jusqu'à nos jours.

Ce que je trouve très consternant, c'est le nombre de descendants d'émigrés et d'orthodoxes français qui marchent là dedans, et règlent, en fait, leurs comptes, parfois de très mesquins petits comptes de paroisses, des rancoeurs contre la hiérarchie russe, pas toujours irréprochable d'ailleurs, je l'admets. Ou avec le pouvoir soviétique, qui a changé de nature, avec les décénnies et la perestroïka, mais ils ne veulent pas le savoir, ça les déstabilise. Ils ont besoin de mariner dans leur rancoeur.

C'est moche. Ils ont ignoré le métropolite Onuphre et les persécutions dont ses fidèles et son clergé étaient l'objet, encensé les intrigues de Bartholomée et de ses prélats, mais l'utilisent au besoin, maintenant. Ils ont ignoré les massacres au Donbass pendant huit ans. Et maintenant, ils se jettent sur Moscou et son patriarche, pires que des hyènes, sans rien vérifier: les Russes sont forcément des barbares, des "soviétiques" surveillés par le KGB, disparu il y a plus de 30 ans. Ils se jettent avec ivresse sur toutes les calomnies et tous les faux drapeaux, cravachés dans leur délire par des Ukrainiens haineux qui intriguent là bas depuis bien longtemps, depuis bien avant les derniers événements. A ce titre, la lettre ouverte de Colosimo "aux orthodoxes de France qui n'ont pas tort de se sentir mal" est ce que j'ai vu de plus honteux dans le genre. Je pense que dans quelques années, il ne sera pas fier de l'avoir écrite. Encore qu'à mon avis, il sache très bien ce qu'il fait, comme me dit Dany, qui la trouve parfaitement satanique. Je suis fascinée par les imprécations auxquelles il se livre et son ignorance délibérée de la réalité dans son ensemble. Pour qui se prend-il?

https://parlonsorthodoxie.wordpress.com/2022/04/08/jean-francois-colosimo-lettre-ouverte-aux-orthodoxes-de-france-qui-nont-pas-tort-de-se-sentir-mal/

En tous cas moi, comme orthodoxe, je ne me sens pas mal du tout, il faut dire que je ne suis plus en France. Et je peux l'assurer que, dans l'ensemble, la population russe et son clergé ont très bien compris qui leur voulait la peau et pourquoi. 
Je connais des orthodoxes coincés en France qui seraient heureux de venir me rejoindre et de laisser Colosimo à l'empire de la haine et du mensonge qu'il sert si bien, avec ses dieux implacables et inséparables, Moloch et Mammon. Baphomet et Belzebuth. Tous leurs usuriers, leurs procureurs, leurs vampires, leurs sorcières, leurs gitons, leurs histrions et leurs ménades, le diable et son train.
Je me sens mieux, à la rigueur, avec le communisme de papa qu'avec le cocopitalisme ou le nazitrotskisme transhumaniste des Soros, Rothschild, Biden père et fils, BHL, Macron, Trudeau, Fauci et autres créatures des ténèbres. Je leur préfèrerais n'importe quoi. Et c'est à eux, et non aux Ukrainiens, que les Russes font la guerre. Colosimo et son public sont les seuls à ne pas s'en apercevoir. D'ailleurs les Français ont perdu absolument tout discernement, cette qualité spirituelle primordiale, selon le père Barsanuphe. Et ceux qui ne l'ont pas perdu n'ont pas la vie facile. Colosimo et son public sont en train de contribuer à transformer l'Europe non en Grèce, comme on l'annonce dans cette vidéo de Sud Radio, mais en trou noir ukrainien, avec des gendarmes recrutés dans la Natzgard pour mieux éborgner les gilets jaunes sans états d'âme. Un trou noir mafieux, avec une caricature d'église de type Epiphane, une parodie uniatoïde inscriptible dans la "religion du futur", à l'usage des quelques sous-hommes que la caste voudra bien laisser vivre. A moins que la Russie ne fasse échouer ce beau projet...






dimanche 24 avril 2022

Pâques

 Le jour de Pâques, je suis toujours exténuée, et je reste chez moi à manger des oeufs durs, du koulitch et de la Paskha. J'ai appris hier à l'église qu'un repas en commun avait lieu par une gentille petite vieille qui n'arrivait pas à se défiler, j'ai pris mes jambes à mon cou avant de me laisser coincer. Dans un sens, j'aurais aimé participer, mais je n'étais absolument plus en état de le faire.

Hier matin, j'ai voulu faire les choses bien et aller à la liturgie du samedi saint, mais j'avais oublié la lecture absolument interminable des prophéties auxquelles je ne comprenais rien. Du coup, je suis partie faire mes courses, et ramener ma pauvre chienne à la maison, avec les paquets. J'ai pris mes oeufs durs et mon koulitch dans un panier, quand je suis revenue à l'église, on n'avait même pas encore chanté le symbole de Nicée. Ensuite, Super Vladyka a béni les victuailles de ses paroissiens. Il y avait beaucoup de monde, beaucoup de koulitchs surmontés de cierges rouges allumés, beaucoup d'oeufs teints, et monseigneur ne nous a pas plaint l'eau bénite, on se serait cru en bord de mer face aux embruns.

photo Eparchie de Pereslavl


Je n'étais pas du tout certaine que je ferais toute la nuit de Pâques d'un seul trait, mais j'ai tenu le choc. Quelque chose me chagrine toujours dans l'office de Pâques, ce sont les débauches de trilles façon rossignol milanais qui sont censées exprimer la joie mystique de la Résurrection et me font trop penser à des ritournelles de foire napolitaine. Tout cela passe quand c'est chanté sobrement par les moines de la Trinité-Saint-Serge, et ce n'était malheureusement pas le cas. Vraiment, le XVIII° siècle a laissé partout des traces bien regrettables. Le XVIII° siècle, c'est l'avènement du mauvais goût, du maniérisme creux, du faux-semblant.

Cela s'accompagne de l'allumage de tous les lustres disponibles, qui jettent une lumière froide, crue et implacable évoquant plus celle d'un hall de gare que celle du mont Thabor. Heureusement, la procession au pied de la belle église de la Transfiguration, avec toutes les petites flammes des cierges et des lanternes qui se succèdent dans la nuit derrière les atours dorés du clergé et les bannières flamboyantes, nous a rendu un peu de beauté, et de poésie. Et puis j'essayais de rester recueuillie, repliée sur mon coeur, à l'abri des pensées voltigeantes qui ne sont pas toutes des papillons ni des colombes... 

Sur VK, j'ai trouvé une version traditionnelle populaire du tropaire de Pâques. C'est tellement plus beau, plus digne que ce que j'entends d'habitude...



Ce jour de Pâques, les Français ont voté à 58% pour un type qui ferait un casting idéal pour un traître de mélodrame et qui nous a amplement démontré de quoi il était capable, et de quel genre de maîtres il était l'émanation. Le merveilleux Sébastien Recchia commente cela dans sa dernière vidéo, avec tant de courage, de profondeur, de sincérité, derrière le sarcasme, que j'en ai le coeur serré d'inquiétude. Pour lui qui brave les démons, et pour tous ceux que j'ai laissés là bas ou qui y restent coincés, à la merci de cette bande. Son dilemme concernant le vote correspond en tous points au mien. Et pourtant, si je m'étais inscrite à temps, je serais allée voter contre le malfaiteur numéro 1, l'éborgneur et le magouilleur cynique. https://t.me/restezcouches/247

Le pire, c'est que le consulat m'avait répondu, mais je ne m'en suis aperçue qu'au bout de 6 mois, parce que c'était sur une adresse que je ne regarde jamais. L'administration et moi, ça fait deux, il me faudrait un secrétaire...

Ma jeune amie russe qui vient repérer les lieux avant de rentrer avec armes et bagages, mère, mari et enfants, n'est pas optimiste, et pourtant, elle était si bien intégrée qu'elle faisait partie des sapeurs pompiers de sa ville.

D'après la vidéo envoyée par sa fille, mon père Valentin, mourant au début du carême, a trouvé le moyen de célébrer l'office de Pâques. Dans son cas, on peut dire, grâce à Dieu, que c'est une véritable résurrection...



Pâques à la cathédrale, photos de l'éparchie de Pereslavl



vendredi 22 avril 2022

Les derniers mètres...

 




J'ai assisté hier à la liturgie de la Cène, puis à la lecture des 12 évangiles de la Passion, et rapporté à la maison la flamme du cierge que j'ai tenu pendant ces lectures, pour en allumer ma veilleuse. En sortant de l'église, j'ai vu que les nuages couvraient presque entièrement le ciel, mais sur le fond de la déchirure restante se détachaient des coupoles de la Protection de la Mère de Dieu que je n'avais jamais remarquées, sans doute parce que les feuilles les masquent en été, tandis qu'en plein hiver il fait nuit...

J'étais arrivée avec deux paniers de transport pour chats, l'un rose fluo et l'autre vert pomme, pour une amie qui déménage, ce qui m'a valu les plaisanteries fines du père Andreï. Il m'a demandé si j'avais une Logan par patriotisme, je lui ai dit que c'était une bonne voiture économique, et il m'a parlé de sa Chrysler, que je trouve très jolie, très rétro, et c'est pour cela qu'il l'a achetée, parce qu'il a "la faiblesse d'aimer ce qui est beau", et c'est une faiblesse que je partage, mais je trouve pratiquement toutes les voitures moches, à part la sienne!

J'avais mal au dos et aux genoux, et je me demande avec angoisse si je pourrai longtemps continuer à jardiner. Enfin là, il y avait le jardinage, plus six heures debout, encore que je me fusses assise entre toutes les lectures, car je ne tenais pas le coup. 

Je me sens aussi très indigne de ce qui se passe chaque année dans l'église à la faveur de la Pâques. Je ne l'ai vraiment vécu qu'une fois dans ma vie, je veux dire vécu, sur place, par une sorte d'abolition ou de téléscopage du temps. Les 12 lectures ressemblent à un reportage, sobre et terrible, et chaque fois, je me dis que les auteurs de ces évangiles ont été des témoins directs, témoins jusqu'à la mort, à l'exception de saint Jean qui n'a pas subi le martyre.

L'évêque nous a dit qu'on pouvait se demander comment Judas avait pu commettre le plus grand péché de toute l'histoire de l'humanité, alors qu'il savait à qui il avait affaire, et qu'il venait juste de communier, ce qui prouvait que la communion était certes nécessaire mais ne faisait pas tout. Et d'autre part, il fallait reconnaître que nous mêmes, à peine la communion passée, nous retombions tous dans notre ornière, et commencions à commenter la conduite du voisin, ou à nous mettre en colère, donnant ainsi notre petit baiser de Judas, bien qu'il me semble que nous soyons plus dans le reniement de Pierre que dans la trahison de Judas, quand même...

Notre cathédrale est loin d'être magnifique, les vêtements de nos prêtres  non plus, ils sont beaucoup plus esthétiques chez mon père Valentin, par exemple, et le choeur n'est pas sensationnel. Mais il m'apparaissait néanmoins nettement combien tout cela était beau et plein de sens, l'Eglise est le dernier lieu où l'on trouve de la beauté et de la noblesse dans notre triste monde.

J'ai discuté à la sortie avec la femme de Genia Kolesov, qui m'a organisé le concert de Moscou. Elle me disait qu'en obligeant les enfants à assister aux offices, on les en dégoûte souvent pour le restant de leur vie. Le père Valentin conseille de les amener juste pour la communion, mais il est des prêtres qui incitent tout le monde à rester des heures, les gosses comme les vieilles. Il faut trouver un juste milieu. Ne pas imposer de fardeaux que l'on ne peut pas porter, mais aussi apprendre à faire des efforts. "J'en fais, lui ai-je dit, ce matin, je me suis forcée à venir. Maintenant, sortir le matin est une tragédie pour moi, mais si je ne vais pas à l'église, je tombe dans la déprime..."

Ce soir, c'était l'office de l'ensevelissement du Christ qui est déjà plein de la lumière de Pâques. Il a duré quatre heures, et je n'en pouvais plus. Ce qui prouve à quel point je suis peu détachée de ma carcasse de plus en plus défaillante. Mais la gentillesse des paroissiens est très réconfortante.

le père Andreï et le père Vassili






jeudi 21 avril 2022

oasis printanière


 Deux jours de grand soleil venteux, je me suis jetée sur le jardinage, et je le paie, j'ai très mal au genou, et au dos, pour la semaine Sainte, ce n'est pas terrible. Cet hiver, j'avais presque complètement récupéré mes jambes, et oublié que je n'étais pas en train de rajeunir... 

J'ai sorti les meubles de jardin, le hamac, sur lequel j'ai dérivé au grand air, sous un ciel immaculé. Les chats se roulaient par terre de bonheur, Rita se balançait avec moi, les mésanges voletaient avec des bruits soyeux et des chants flûtés, pareilles à de petits fruits duveteux, sonores et agiles aux branches encore nues du poirier. 

Je pensais à ce dessin de Gaston Lagaffe, sur un hamac, avec son chat dingue et sa mouette rieuse.

Andreï, qui m'avait emmenée à Iaroslavl chercher ma table Goldorak "transformer", est venu m'aider à tailler les fruitiers, pour essayer de les sauver. Il y en a qui sont vieux, et en fonction du terrain marécageux, je m'attends prochainement au pire. Et puis il y a toujours la question du voisin. Tant que les arbres n'auront pas poussé, j'aurai l'impression de vivre comme une ourse dans une fosse, à laquelle il se prépare, du haut de sa terrasse et de son remblai, à jeter des morceaux de pain... Andreï m'a dit que les saules étaient une peste végétale invasive, et en effet, mais ils poussent très vite, c'est le seul moyen pour moi de m'isoler en un temps record. Je pense que le voisin espérait peut-être que la petite vieille serait toute contente d'avoir de la compagnie, de faire coucou le matin en chemise de nuit du haut de son perron et de venir participer aux chachliks avec musique de merde et conversations mortelles...

Je lui laisserai en héritage une forêt de saules.

Andreï a lui-même un terrain dans un village infesté de moustiques. Ici, malgré le marécage, ce n'est pas le cas, les moustiques restent en quantité tolérable, grâce au vent. 

Sveta Soutiaguina  la vieille armoire

Sveta Soutiaguina me disait que des gens lui reprochaient de publier des photos de ses tableaux alors que nous étions tous assis sur un volcan, c'est intéressant comme réaction. Le troll me reprochait, entre autres, de parler des cordes de mes gousli, donc si la situation est inquiétante, il faut arrêter de vivre. Ne plus créer, ne plus rire entre amis, ne plus marcher dans la campagne ni cultiver ses fleurs, mais mener sévèrement sa croisade contre les créatures des ténèbres: cependant les créatures des ténèbres, en l'occurrence, ce sont eux, et pas nous. 

Il me semble au contraire que générer des égrégores positifs est un devoir sacré. On a tout fait pour nous en enlever la possibilité, pour nous couper tout accès au beau et au bien, à ce qui donnait à nos ancêtres la possibilité de transfigurer leurs épreuves. Mais c'est bien une guerre entre ces gens-là et l'humanité qui se déroule. Entre les trolls, les rhinocéros, les piranhas, les hyènes et les êtres humains.

J'ai eu diverses altercations avec des personnes péremptoires qui savent tout, et qui n'envisagent pas une minute qu'elles puissent être à côté de la plaque, il faut dire que voir les choses autrement leur compliquerait bien la vie. L'inutilité de la discussion me coupe bras et jambes. J'ai quitté la nef des fous pour la dernière arche et je les vois s'éloigner l'une de l'autre à grande vitesse. Pourtant, les Russes me disaient souvent que leur arche n'était pas très étanche. Peut-être, mais elle a quand même levé l'ancre, et la voilà qui prend le large. Et ça tangue, mais ça bouge, ça avance, des rafales iodées balaient le pont, la houle soulève tout ce qui n'est pas bien accroché.

Ce qui se passe là bas, c'est-à-dire en occident et dans ses divers fiefs, est si pervers, si satanique, qu'il est difficile d'y garder son bon sens. Je vois vaciller des gens qui me paraissaient en avoir pas mal. Ceux qui le gardent le mieux sont les gilets jaunes et les Gaulois réfractaires, les travailleurs, les petits. Ou certains anarchistes incurablement rebelles, du genre recours aux forêts. Je crois qu'il faut à un certain moment savoir s'éloigner sans se retourner, sous peine de se transformer en statue de sel. J'attends les esquifs de la dernière heure, il ne leur faudrait pas trop tarder, nous leur jetterons des câbles, des bouées et des gilets de sauvetage...    



Une certaine dame orthodoxe estime que cette vidéo, filmée par un type qui vit là bas depuis dix ans, et traduite bénévolement par une Ukrainienne qui suit cela depuis le même temps, est "destinée à susciter l'indignation sans réfléchir" ; ce qui n'est évidemment pas le cas de ce qu'elle écoute et regarde de la part de "gens compétents". Les démocrates occidentaux sont des gens sérieux, n'est-ce pas... 
J'ai vu sur sa page qu'elle accusait sans cesse les Russes d'un patriotisme incompatible avec l'orthodoxie, je suppose qu'il nous faudra décanoniser saint Serge et saint Alexandre Nevski. Mais c'est très à la mode chez les démocrates de l'empire de la haine et du mensonge. A se demander pourquoi il trouvent ce sentiment si digne d'estime quand il s'agit des Ukrainiens. En gros, un patriote russe, ou français, est pour ces gens obligatoirement facho, mais un néonazi ukrainien couvert de croix gammées n'est pas nazi, il est patriote, ce qui lui est permis, puisqu'il est antirusse.

Pour les gens curieux:










lundi 18 avril 2022

Rameaux

 


Petit séjour à Moscou pour chanter des vers spirituels au monastère Donskoï, avec l'assistance de Skountsev. C'était très chaleureux, et je me suis laissé aller à une sincérité totale, ce qui a touché profondément le public. La sincérité me paraît la chose la plus nécessaire du monde, dans la dystopie où nous avons sombré, où tout est à l'envers, où tout est mensonge et faux-semblant. Et d'ailleurs, il n'est pas dans ma nature de me conduire autrement.

C'était le samedi de Lazare, le dimanche des Rameaux. Je les ai fêtés "en famille", avec le père Valentin et les siens, son fils le père Mikhaïl, sa fille Liéna, son gendre Aliocha, ses petites filles, son petit-fils Marc,  fils de Macha. Marc est un enfant tout rond, avec le rire désarmant de sa mère, spontané, communicatif. Comme elle, il est très bon, très attentif aux autres. Il m'a demandé plusieurs fois si j'avais mangé, et aussi si j'avais communié, se souciant de ma santé physique et de ma santé spirituelle! Il fait à l'église le servant d'autel en robe doré, avec un grand zèle. "Que veux-tu faire dans la vie, Marc?

- Prêtre!"

Je ne suis pas étonnée!

Le samedi, il y avait à l'église un choeur de 60 personnes, et c'était bien sûr très impressionnant et très au point, mais j'étais peu émue, cela faisait fastes de Saint-Pétersbourg, musique décorative extérieure pour pantins en perruques poudrés qui sont pressés d'aller au bal.

Pourtant, j'éprouvais une sorte de joie subtile, mêlée à une profonde nostalgie. Ma vieillesse déployait toute mon existence derrière elle; et je me rendais compte qu'il en restait si peu de choses... De toutes mes souffrances, qui étaient vécues au jour le jour, mêlées à de petites joies, et même à des grandes, car rien n'est totalement tragique. Mais c'est une vieillesse lumineuse et ascensionnelle, et du coup, c'est toute ma vie qui monte avec elle. De Gaulle disait que la vieillesse était un naufrage, la mienne me paraît un accomplissement. Il y a une quinzaine d'années, le père Valentin me l'avait prédit.



Avec la famille du père Valentin, comme avec mes amies de la paroisse, au café du coin, nous avons abondemment commenté la situation internationale, comme on dit: le sabbat de sorcières européen et les calomnies enragées, la fourberie des dirigeants occidentaux et des mafieux ukrainiens, la cruauté des sbires néonazis de "l'empire de la haine et du mensonge", comme dit le Saker, à l'oeuvre dans ce triste laboratoire, à tous les sens du terme, de l'avenir qu'il nous réserve. Le Saker écrit que la propagande occidentale en a trop fait, et que les Russes, dans l'ensemble, sont complètement réveillés et conscients qu'on leur veut la peau. C'est exactement l'impression que j'ai. Même des gens que je pensais libéraux font corps avec les autres. 

https://lesakerfrancophone.fr/50eme-jour-de-loperation-speciale-russe-les-choses-deviennent-elles-plus-claires

Après Xioucha, c'est Sveta Soutiaguina qui a observé: "Laurence nous parlait de tout cela depuis des années, et nous n'y avons pas prêté l'attention requise!

- Oui, a répondu Yana, mais il faut dire que même ici, la presse en parlait peu..."

Pardi bien sûr, parce qu'ainsi que je le dis aussi depuis longtemps, une grande partie de la presse russe était aux ordres des mêmes maîtres que la nôtre et servait la propagande de la CIA  et du vieux Soros plutôt que celle du Kremlin.


Et à ce propos, on diffuse dans la presse occidentale la photo d'un jeune garçon mutilé, en mettant ce malheur sur le dos des Russes. Je m'en souviens parfaitement, c'état en 2016. Un enfant du Donbass, victime des bombardements de l'armée de Kiev. L'enfant était extrêmement attachant, j'en avais été bouleversée. Et le vilain dictateur Poutine avait même organisé son transfert à Moscou pour le faire soigner. 

Maintenant, ceux qui cachaient ce genre de drames ressortent les photos soigneusement ignorées pour les utiliser contre les Russes, avec leur vilenie habituelle. 

De sorte qu'aucun faux drapeau ne m'étonne plus de leur part, et ce réflexe qui est le mien est aussi celui des gilets jaunes, sur les réseaux sociaux. Quand on a été confronté à ce cynisme, à cette fourberie, à cette absence totale de conscience et d'empathie, on sait à quoi s'en tenir, à moins d'être complètement idiot.

Claude Ginesty m'écrit: 

Chère Laurence,


Certains lecteurs de nos blogs sont un peu distraits. Ainsi on me met ce commentaire ( anonyme!(en croyant s'adresser à toi:

Chère Laurence je lis aussi votre Blog. Au sujet de choses étonnantes : fin 2020 j'enseignais le français à LVIV. J'Y ai rencontré un français travaillant là depuis 10 ans il parle ukrainien. Sur messenger je lui transmets des informations sur le conflit du moment en réaction à ses propos antirusses. Puis je continue lui évoquer les 8 ans du martyr du Donbass. Il me répond à ce sujet "avez-vous bien vérifié vos informations qui frisent la propagande " 
Ceci pour vous dire que des habitants de l'ouest de l'Ukraine tentent d'ignorer ce qui se passe à l'est. Je l'ai rencontré dans les rencontres francophones de LVIV où les gens sont assez privilégiés ignorant la misère très proche. 
J'ai une pensée pour mes élèves de l'alliance française à Lviv


Cela m'a beaucoup amusée que l'on confonde nos deux blogs! Ce qui met en évidence leur parenté d'esprit, sans doute, leur côté fout la merde et pieds dans le plat... La réaction rapportée est très répandue en Ukraine de l'ouest, en occident et on la trouve même en Russie. En fonction de l'option de départ, la haine de la Russie, ou la haine de Poutine, l'adoption inconditionnelle du point de vue local admis, la peur d'être désavoué par le groupe ou de quitter sa zone de confort, on ignore délibérément des crimes, on les justifie. 

Je rencontre cela aussi chez les communistes, qui traitent d'ennemis du peuple les orthodoxes ou les paysans qui ont été victimes des répressions bolcheviques ou staliniennes, pour blanchir les rouges. Il s'est déchaîné en Russie dans les années 20 et 30 un mal qui a ravagé la France après 1789 avant d'infecter les autres pays; et maintenant, ce mal se déplace de nouveau à l'ouest, dont il est issu, pour revenir attaquer la Russie par Ukraine interposée, et quand je dis l'Ukraine, quelle Ukraine? Les nazis et nazisionistes de la bande banderiste de Kiev et leurs soutiens occidentaux glapissants? 

Un couple de vieux a acceuilli en libérateurs, avec le drapeau rouge, des soldats de Kiev qu'ils avaient pris pour des Russes. Les soldats ont arraché et piétiné le drapeau rouge de la grand-mère, et elle leur a rendu les vivres qu'ils venaient de lui distribuer, ne voulant rien recevoir de leur part. Ce drapeau était pour elle celui sous lequel son grand-père avait combattu les fascistes. Et ce sont des fascistes qu'elle voit dans les armées de Kiev et leur président juif, irréprochable par définition. 

Une abominable vidéo de propagande ukrainienne, où une jeune femme  en costume pseudo-national égorge un prisonnier russe à la serpe, scandalise en ce moment les réseaux russes. Quelqu'un a opposé sur un dessin la fille à la serpe et l'héroïque grand-mère au drapeau rouge. J'ai l'impression d'une imposture de part et d'autre, car la créature à la serpe ne représente pas le monde traditionnel  que caricature sa tenue, mais l'empire de la haine et du mensonge, apatride et transhumaniste, qui hait toute espèce de racines et le monde paysan en bloc. Quand à la vieille, ce qu'elle porte n'incarne pas la Russie mais le drapeau de gens qui la détestaient tout autant que l'empire de la haine et du mensonge et ses idiots utiles à croix gammées. Cependant, si peu communiste que je sois moi-même, je n'aurais pas offensé cette grand-mère, ni n'aurait soumis la distribution de vivres au rejet de son drapeau. Et puis, à tort ou à raison, tout ceci a été russifié partiellement au cours des décennies, le drapeau lavé dans le sang de la guerre de 40, et ne présente plus de danger, parce que le communisme et ses prolétaires ont été rejetés sur le côté de la route par l'hydre protéiforme de Moloch et de Mammon qui est passée à autre chose.

Actuellement, l'armée russe est une armée régulière, avec des codes de conduite, qui fait son boulot sans débordements abominables et qui a la consigne d'épargner autant que faire se peut les populations locales que son gouvernement a tout intérêt à se concilier. En face d'eux, en sus de l'armée, des hordes de repris de justice sadiques et fanatisés de style Daech version néonazie, issus des chaudrons de l'OTAN qui sème partout la désolation depuis les années 90. Contrairement à ce qu'on prétend en occident ou même dans les milieux libéraux russes, depuis huit ans que je suis l'affaire, je n'ai jamais vu côté Donbass une méchanceté, une vilenie et une stupidité comparables à celles des Ukrainiens maïdanites et leurs commanditaires et sponsors.

En Occident , tous les imbéciles qui se fichaient éperdument des vrais drames dénoncés, sous les mensonges, les calomnies et les ricanements,  par des justiciers isolés, poussent des cris de hyènes au signal, comme s'ils n'avaient tout ce temps-là fait que chercher un ennemi digne "d'avoir leur haine", celle qu'ils ne voulaient pas donner aux islamistes venus sur leur territoire les assassiner. Mais qu'il s'agisse des islamistes ou des néonazis, les marionnettistes sont exactement les mêmes.

Constantin Soutiaguine a dit à sa femme: "Cette guerre dépasse de loin le cadre de l'Ukraine, c'est la guerre de Satan contre l'orthodoxie, et si Satan est contre nous, c'est que Dieu est avec nous, et si Dieu est avec nous, alors qu'avons-nous à craindre?" 
En effet, et c'est une chose que je ressens profondément. Non que je pense la Russie et ses dirigeants irréprochables, mais de ce côté-ci, nous avons affaire à des êtres humains, imparfaits mais humains, avec un comportement normal, et de l'autre, à des goules, des vampires, des démons et des sorcières, des sectateurs de Satan qui hululent, bêlent et rugissent dans tous les sens, je parle des gouvernements, de leur presse et des idiots qui les croient, qu'ils soient ou non instruits et diplômés; et les orthodoxes ne sont hélas pas les derniers à brailler sans avoir jamais rien voulu savoir. Ce qui émerge maintenant de l'occident ressemble à ces tableaux de la renaissance où des faces de cauchemar grouillent autour d'un Christ impassible.
Il y a trois ans brûlait Notre Dame et j'y ai vu le symbole de la perdition occidentale. Maintenant, c'est le tour de la si touchante petite église saint Séraphin de Sarov, dans le quinzième arrondissement de Paris, construite par des émigrés sans le sou, décorée par eux, et consacrée au saint russe le plus lumineux et le plus vénéré. Ces émigrés qui nous ont apporté l'orthodoxie russe, celle qui m'avait convertie.
Quel symbole peut-on y voir aujourd'hui?
Je pose juste la question...







mercredi 13 avril 2022

Crocodiles

 


Comment obtenir des sbires prêts à tout qui réprimeront sauvagement les protestations des gilets jaunes et autres Français mécontents? Parmi ceux qui se sont faits la main au Donbass depuis huit ans, les "maidanites" tatoués, chers au coeur de BHL, Glucksmann et autres Kouchner. Voyez ici: 

https://www.profession-gendarme.com/le-gouvernement-francais-recrute-dans-la-garde-nationale-ukrainienne-pour-les-futurs-gendarmes-en-france/?fbclid=IwAR0XF7xRBG4XxIvkDGOP5W_jB2VNpJQZx_SYYbnHGea9Yk9Y_uWmlSjzDZ4

Ceux-là éborgneront, tabasseront, mutileront, tortureront et violeront du Franchouillard sans aucun état d'âme. A mon avis, d'ailleurs, ils l'ont déjà fait.

Pour la première fois depuis longtemps, je ne suis pas allée voter. Je le faisais autrefois plus par acquit de conscience que par conviction. Et je votais toujours contre, et jamais pour. Je marchais à l'instinct, au bon sens, à la tête du client... Cette fois, j'aurais voté Dupont-Aignant Philippot, et au deuxième tour, n'importe quel crocodile plutôt que Macron, mais cela ne change pas grand chose au problème, parce que les dés sont pipés et les jeux sont faits, tous les crocodiles en piste viennent du même marigot. Et cela, j'en étais bien convaincue, mais je me serais fait plaisir en votant pour de petits candidats. Il se trouve que je n'ai toujours pas trouvé le courage d'aller restaurer mon immatriculation dans le bunker de l'Ambassade de France. J'ai essayé sur leur site, auquel je ne comprends absolument rien. La dernière fois, j'avais fait coincider mon séjour en France et les élections.

En réalité, je pense que nous sommes peu nombreux à avoir les compétences pour déjouer les faux semblants et faire un choix absolument conscient. Je me souviens que pour Sarkozy, on m'avait agité sous le nez un discours à la Bernanos que lui avait concocté un écrivain de droite, et je regrettais éperdument, une semaine plus tard, d'avoir voté pour cet atlantiste faux derche, ce mondialiste fieffé qui se fichait complètement de nous et envoyait ses rejetons étudier aux States. Ensuite, j'ai voté Marine, et l'ai vue se dégonfler devant Macron et ceux qui nous l'imposent, et se renier frénétiquement pour passer sous les fourches caudines du politiquement correct.

Ce qu'il y a de bien avec une monarchie, c'est que le vulgum pecus n'a pas à s'occuper de politique. Il s'occupe de sa corporation, de son parlement, de sa ville, de son église, de son champ. Il n'y a pas de partis pour nous diviser ni de politiciens pour faire la retape au milieu de leurs hyènes médiatiques. Ne me dites pas que c'est aujourd'hui impossible, je le sais. N'empêche, ce que je demande à un homme d'état, c'est de rassembler et de défendre son peuple. Pas de rouler pour la ploutocratie apatride et les surhommes transhumanistes. Il me suffit d'un état de droit souverain qui ne m'empêche pas de pratiquer ma religion ni de m'exprimer, dans la mesure où ce que je dis ne compromet pas la paix sociale ni l'intégrité morale et psychique de mes compatriotes.

La haine et la stupidité des commentaires sur Facebook atteint de véritables sommets, ce réseau devient un asile de fous. L'Europe devient un asile de fous. Argumenter est impossible. Les gens sont tellement ivres de haine qu'ils cherchent seulement à l'alimenter et à la justifier, ils admettent d'emblée n'importe quelle calomnie, refusent par principe toute espèce de doute sur sa véracité, je pense qu'ils en arrivent au point où ils pourraient torturer et lyncher à tous les coins de rue, comme leurs amis maïdanites jaunes et bleus aux tatouages éloquents. La vérité est une insulte à leur haine irrationnelle. Il y a quelque chose d'effrayant et de métaphysique dans ce phénomène. Comme s'ils nous en voulaient de nous obstiner à ne pas devenir aussi cons qu'ils le sont.  

Depuis le début de tout cela, et indépendamment des clivages politiques qui ne veulent plus rien dire, ce qui m'avait frappée, c'était la haine hystérique et stupide d'un côté, et la mesure agacée et navrée de l'autre. Les gueules de truands et de félons contre les bouilles d'honnêtes gens. La fourberie et la vilenie déchaînées contre le courage et la dignité. Si propagande de Poutine il y a, je dirais qu'il choisit beaucoup mieux son casting. Car dans le camp d'en face, il n'y a pas beaucoup de physionomies auxquelles je ferais confiance.

J'ai vu que le coronacircus commencait ici à être considéré comme une tentative occidentale pour instaurer un camp de concentration sanitaire planétaire.. https://vk.com/video-75679763_456271995

Bien que paraît-il, le gouverneur de Iarosalvl n'ait pas annulé son ukase, ici, les concombres masqués ont pratiquement disparu. 


mardi 12 avril 2022

Bouvreuil


L'icône brisée que le père Nikita Panassiouk avait retrouvée dans l'église bombardée d'une église de son doyennat a été restaurée. J'y vois un message d'espérance, le père Nikita est un roc d'espérance. 

Je disais dans ma dernière chronique que l'une des options qui se présentait aux orthodoxes de France était l'ermitage dans la montagne, j'en connais un qui met en pratique, à sa façon, depuis bien longtemps et que j'ai vu ressurgir, avec un beau texte et une belle photo, sur les réseaux sociaux, dont il avait complètement disparu. Je pensais qu'il faisait retraite et que peut-être il ne reviendrait jamais dans ce creuset des passions mondaines...

 Se retirer du jeu n'est pas la plus mauvaise des portes de sortie, et je suis souvent tentée de le faire, comme je l'ai d'ailleurs souvent dit, pareille en cela à Ivan le Terrible, soupirant qu'il détestait le pouvoir et aspirait à prendre l'habit au monastère de Saint-Cyrille-du-Lac-Blanc. Mais non, je ne suis pas prête à cela. Je ne suis vraiment pas un exemple de sérénité pleine de grâce, et pourtant, je pense que je suis à ma place, que c'est celle que je dois occuper actuellement. Je le reconnais à une sorte de consentement intérieur, de certitude. Au sein de mes faiblesses, de mes trahisons, de mes défaillances, je reconnais ce rassemblement, cette mobilisation,  cette concentration qui nous sont donnés quand on se trouve dans le droit fil de sa vie et qu'on se met à grandir, à prendre de l'élan. J'ai lu chez une Russe qui commentait la situation: "Il nous faut en ce moment devenir comme un poing fermé de prière".

Néanmoins, je ne suis pas fière de mon carême, qui avait bien débuté, et part en eau de boudin. Enfin comme me l'a dit le père Andreï, la semaine Sainte est à l'horizon, c'est le moment de prendre un second souffle.

Une jeune femme russe m'a contactée sur VK. Elle est en France depuis une dizaine d'années, son mari avait été invité à enseigner la musique dans un conservatoire de province. Au moment de leur arrivée, ils étaient euphoriques, les petites rues anciennes, les bistrots, les restaurants, les boutiques, et ils s'étaient vite et bien intégrés. Maintenant, ils envisagent de rentrer, leur paroisse est soumise aux intimidations bleues et jaunes dont j'ai parlé, un prêtre a reçu des menaces de mort, et ils sont les seuls "moscovites" des environs. On verra si remplacer les Russes intégrés par leurs cousins bleus et jaunes sera pour la France une bonne opération. Mais nous avons eu maintes fois l'occasion de constater que le gouvernement se fout éperdument de l'intérêt de la France et de celui des Français. Qui pourtant, semble-t-il, en redemandent, pas rancuniers; mais ces élections sont une telle farce, avec l'éternelle comédie des "extrêmes" qui n'en sont pas, et du choix entre la "démocratie" et le "fascisme"... Le fascisme, il faut être aveugle pour ne pas voir où il est, et encore, le mot même est si dévoyé, disons le totalitarisme faux derche et protéiforme.

J'ai vu se déchaîner dans les commentaires d'un site orthodoxe une haine hallucinante. Des injures hystériques contre le patriarche. On dirait que l'occident entier se mue en sabbat de sorcières. Ils sont prêts à tous nous brûler. Sous une vidéo où un chanteur d'opéra français, installé à Donetsk, porte secours à une fillette locale, un bon franchouillard écrit: "Barre-toi d'Ukraine avec ta gamine russe".

Mais la "gamine russe" est chez elle, là où elle est... qu'elle soit russe ou ukrainienne est un point qui peut se débattre, reste que la population du Donbass est chez elle, ses ancêtres sont là depuis des siècles, quel que soit l'endroit où des policiens font passer le frontière tous les cinquante ans, ou les intérêts que la famille Biden a sur place.

On sent que bon nombre de minables sont si contents de haïr sans chercher plus loin quand on leur en donne l'occasion. Du reste, du plus loin que je me souvienne, cela a toujours été le moteur de la gauche qui aime en théorie, mais déteste pour de bon, avec une hargne de piranha. 

Tout fond et se transforme en boue jaunasse. Je suis allée faire un tour juste avant, quand le vent est devenu doux, et je me suis laissée enivrer par son souffle, sur l'escarpement, face au lac, avec une impression d'épuisement bienheureux. Il y avait encore de grandes plaques de neige partout, et quelques crocus pressés dans le jardin, comment font-ils pour fleurir si vite? 

Moustachon m'a ramené un bouvreuil ce matin, j'étais consternée. Le bouvreuil est vivant, mais son aile est abimée, elle n'est pas cassée, mais il lui manque des rémiges, et il ne peut voler, ce qui le condamne à mort, si je le relâche. J'ai appelé des spécialistes des oiseaux, mais il faut le confier à un centre qui est à Moscou, dans un coin impossible. Je nourris le bouvreuil dans un panier en plastique pour le transport des chats et une pièce fermée. Et je suis chargée de lui donner des antibiotiques, ce qui n'est pas une mince affaire. Je dois aller à Moscou, après demain, et je vais essayer de le porter là où il le faut mais cela va énormément me compliquer la vie, alors que j'ai accepté de faire le soir même un concert de vers spirituels au monastère Donskoï.. 

En allant acheter les antibiotiques, j'ai fait un saut au café. J'y ai trouvé Gilles et Lika, à la grande joie de Rita. J'ai raconté l'histoire du bouvreuil et ajouté que j'en avais ras le bol des chats, que je n'en pouvais plus. Lika a abondé dans mon sens, ils en ont à peu près autant que moi, leur plus ancien vient de mourir, mais il en reste encore assez pour leur pourrir la vie. Les descriptions qu'elle m'a faites de ses misères correspondent en tous points aux miennes: les déjections dans des endroits aberrants, les coupes de fruits, par exemple, les draps et les vêtements tapissés de poils, les objets cassés, lacérés, les pisses sournoises jusque sur l'écran de l'ordinateur, les odeurs, le nettoyage incessant pour éviter de laisser la maison tourner au vrai taudis puant, un vrai bonheur. Comme moi, ils sont envahis par les chats des autres, ceux qui sont maltraités ou abandonnés par des pignoufs sans coeur.