lundi 10 décembre 2018

L’EOU S’EST RÉVÉLÉE L’UNIQUE FORCE SAINE DU PAYS




J'ai traduit cet article de l'Union des Journalistes Orthodoxes, parce qu'il exprime exactement ce que je ressens, depuis que j'ai suivi sur facebook,  travers les récits, témoignages et commentaires des participants, les processions panukrainiennes du métropolite Onuphre, qui m'ont convaincue de sa grande élévation d'âme, de son immense amour, de son rôle providentiel et de l'élan spirituel extraordinaire de l'Eglise d'Ukraine, dans un pays par ailleurs entièrement livré aux démons.
Son actuelle fermeté, en dépit de toutes les persécutions, des tentatives d’intimidation, de corruption, lui ont définitivement donné la place de point de rassemblement de tout ce que Ukraine a de meilleur.
On peut entendre : « Nous ne nous attendions pas à ce que l’Eglise Ukrainienne se conduisît avec autant de dignité ! » Mais il n’y a là rien d’inattendu, en réalité. Elle a derrière elle, en plus de la vie difficile de l’époque soviétique, sa lutte avec la bande de Philarète, les persécutions du côté des gréco-catholiques uniates, le glissement dans le schisme d’une partie importante de ministres du culte indignes et de laïcs indifférents.
L’avenir de l’EOU a été définitivement déterminé au moment où monseigneur Onuphre a été élu métropolite de Kiev. Les pères, bien sûr, comprenaient ce qu’ils faisaient et où ils allaient. Je rêvais moi-même, en 2009, que monseigneur Onuphre deviendrait notre patriarche, car je ne connais pas, parmi tous les hiérarques de l’Eglise Russe, d’homme plus solide, plus courageux et respectueux de la tradition patristique. Je me souviens d’un moment anecdotique de cette période. L’un des activistes moscovites de l’Eglise a brusquement déclaré que monseigneur Onuphre ne pouvait être patriarche parce qu’il était indifférent à Internet. Le plus remarquable est qu’on ne trouva pas d’autres arguments. Il se passa cinq ans et il devint clair qu’une toute autre place avait été préparée à monseigneur.   
A partir des processions panukrainiennes, l’Eglise Ukrainienne se révéla la seule force saine et adéquate dans le pays qu’on n’ait pas réussi à faire passer dans la clandestinité. Sa fermeté actuelle, en dépit de toutes les persécutions, des tentatives d’intimidation, de corruption, lui ont définitivement donné la place de point de rassemblement de tout ce que Ukraine a de meilleur.
Bien sûr, nos frères et sœurs aimeraient tant voir passer cette coupe loin d’eux. Je me souviens d’un prêtre de Ternopol qui me racontait en 2015 comment les orthodoxes s’apprêtaient à défendre leurs églises. Il n’y avait dans ses paroles aucun pathos, il ne se répandait pas en slogans politiques, il partageait les petites scènes de la vie dans la piété de sa communauté. A un moment, il s’est enquis si je ne l’enregistrais pas sur un dictaphone.
- Non, dis-je dans un sourire, père, je n’enregistre pas, je comprends tout.
Il avait très peur, mais c’était la peur d’un homme qui prépare son arme pour le combat avec des mains tremblantes, ne pensant pas à fuir. Quand j’entends « ukrainien », je ne vois pas la foule de salauds qui par avidité, vanité, haine ou bêtise ont trahi leur patrie. Je vois devant moi le magnifique visage des chrétiens ukrainiens que j’observe depuis très longtemps, depuis l’aube des années 90.
Vladimir Grigorian

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