mardi 19 mars 2019

"Printemps"....



Il fait un temps infâme, qui va sans doute se prolonger encore un bon moment, on a franchi la barre des 0°, mais tout est gris et sale, glissant et humide. Pourtant, hier, les nuages se sont dispersés, et il a fait beau. Je suis sortie pour essayer de dégager la glace fondante. Le soleil était chaud, le vent frais mais déjà empreint d’une certaine douceur rêveuse, et je me suis assise un moment sur le seuil. Je ressentais une espèce de lassitude enivrée à respirer cet air plus clément, et à m'imprégner de lumière. Plusieurs mois d'hiver dans les pattes, et cette brusque montée de sève du printemps dans mon vieil organisme. Une terre marronnasse et jaunâtre apparaît sous la neige lépreuse. Mais certaines plantes sont déjà vertes. 
Il me faut aller à Moscou faire toutes sortes de courses, je n’aurai pas le temps ni les forces de tout faire, d’ailleurs. Il me faudrait y aller plus souvent, mais deux choses m’arrêtent : trouver une place non tarifée, car payer par téléphone est un casse-tête, surtout quand on reste longtemps, et payer l’amende éventuelle est un vrai chemin de croix. Ensuite, je vais chez le père Valentin, et Rita, à qui on n’a jamais appris à marcher en laisse et qui faisait ses besoins en appartement sur une couche (ou à côté) est toujours susceptible de s’oublier, et moi de ne pas voir tout de suite le problème… 
Le père Valentin m’a appelée, car j’avais déplacé cette expédition à Moscou, à laquelle j'avais préféré l'inauguration de la cathédrale, et lui, il se fait opérer de la cataracte quand je viendrai. Il m’a dit que je n’aurais pas dû prendre Rita. Non, je n’aurais pas dû, mais  je pensais faire une bonne action pour la chienne et sa patronne. Je ne savais pas qu’elle n’était pas propre et ne pouvait marcher en laisse.  Petite Rita est très heureuse avec moi, je dois dire. Vraiment. Elle joue à courser les chats, elle sort un peu, elle n’est pratiquement jamais seule, passe des heures sur mes genoux quand je travaille. Je ne me vois pas la confier à quelqu’un d’autre, après qu'on s’en soit déjà séparé.
En réalité, j’aurais peut-être dû écouter le père Valentin et acheter à Tarassovka. C’est encore plus moche que Pereslavl à l’heure actuelle, il n’y a même pas de lac, ni de beaux monastères, mais c’est plus près de Moscou. Déménager me serait une épreuve terrible, je dois dire, et je ne m'en sentirais pas le courage. 
Je n’écoute pas assez mon père spirituel.
Un cinquième chat se profile. Rosie me gardait des nouveaux chats. Je pourrais bien sûr adopter un chien qui les impressionne, mais je n’en sortirai jamais… Le fichu chat fait tout son possible pour entrer dans la famille. Jusque là, il avait peur de Rita et de ses aboiements furieux et ridicules, mais cela commence à lui passer. J’ai trouvé un soir le matou tranquillement installé sur mon lit. Hier, quand je nettoyais dehors, il me regardait de loin, d’un air suppliant et miaulait : « Adopte-moi, adopte-moi… » Il est peut-être à des voisins, mais je note que mes chats ne vont jamais s’incruster chez des voisins, eux.
Je n’ai vraiment pas besoin d’un autre chat, c’est le moins que je puisse dire…
J’attends la livraison du vélo d’appartement qui devrait me permettre de larguer deux ou trois kilos de plus et d’entretenir ma forme, même quand la neige et la glace empêchent tout autre exercice. C’est que ma forme, j’en ai besoin, et ce n’est même plus de la coquetterie. Il faut soulager mes articulations, mon cœur et éviter le diabète et la maladie d’Alzheimer... J’ai encore des choses à écrire, des progrès spirituels à faire et des animaux à conduire jusqu’à leur belle mort dans mes bras, je n’ai pas envie de les laisser derrière moi à un triste sort.
Je dois aller récupérer encore un paquet. J’ai fait la queue vendredi, on m’a dit qu’il était arrivé dans une autre poste. Et dans l’autre poste, on m’a reproché de ne pas donner le bon code postal, et l’on m’a dit qu’on avait renvoyé le truc à la poste précédente… Or je ne pourrai pas y aller avant mon retour de Moscou, car la livraison du vélo me coince à la maison toute la journée. On ne m’avait pas prévenue que le truc serait déposé à Yaroslavl, et que j’aurais à aller le chercher. Cette seule idée me fait frémir. 120 km, quand même, trouver le dépôt, récupérer le truc, payer l’essence…J'ai préféré commander et payer une livraison à domicile. 
Je recule devant les achats par Internet maintenant, car s’il faut aller à la poste dix fois en quinze jours ou se faire livrer à 200km de chez soi…
Dans la queue, à la poste, on m’a expliqué que tout ce qui était de gestion fédérale marchait bien, tout ce qui était de gestion locale était catastrophique. A Moscou, les postiers touchent 50 000 roubles, 12 000 roubles à Pereslavl, ce qui est vraiment peu, quasiment du bénévolat. La moitié de l’équipe est allée chercher du travail ailleurs. Personne ne répare les ordinateurs en panne depuis trois semaines. La poste finira par fermer. Et alors comment feront les gens ?
Enfin une bonne nouvelle, une dame de la Poste m'a appelée pour me proposer la livraison du colis à domicile! Je dois juste la rappeler auparavant.
En Ukraine, les gens ont défilé par milliers, derrière icônes et bannières, pour le dimanche du Triomphe de l’Orthodoxie, un phénomène analogue aux grandes processions pan ukrainiennes de la saint Vladimir, dont on se gardait bien de parler, même sur les sites orthodoxes… Elle est là, l’Ukraine, ou plutôt la Petite-Russie, c’est cette foule de croyants fidèles à leur foi, à leur histoire, à leurs ancêtres, pas la tourbe post-soviétique et post-nazie-banderiste qui se retrouve à soutenir bêtement  les descendants enrichis de ceux qui ont fait leur malheur en 1917… Ils rejouent une vieille histoire de trahison, celle des uniates associés aux Polonais pour convertir de force les Petits-Russiens, ce qui faisait dire à un cosaque qu’on pouvait épargner un Polonais mais qu’il fallait obligatoirement empaler un uniate. Et on les dit nationalistes, quand leurs patrons, ou leurs parrains, n’ont ni patrie, ni honneur, servent l’hyperclasse mondiale et leur propre fortune, on les dit nationalistes, alors que le sort de leur pays se décide à Washington et à Tel-Aviv, et que leur rêve le plus cher est de tomber dans l’UE, où la disparition des peuples dans un magma métissé sans culture et sans mémoire est programmé depuis le départ de l’aventure.
Mais le métropolite Onuphre et ses fidèles seront peut-être la pierre d’achoppement de l’affreux golem ukrainien, et même de l’UE, et de toute l’hyperclasse, y compris en Russie, et cela malgré l’inversion des valeurs, le double standard, les calomnies et les mensonges médiatiques. Je sens que le fantôme du KGB ne suffit pas à légitimer la mauvaise action du patriarche Bartholomée et de son comparse, le métropolite Emmanuel. Epouser leur cause contre le lumineux métropolite Onuphre et les processions ferventes et persécutées qui témoignent là-bas, il ne faut pas avoir le souci de son âme ni la crainte de Dieu pour le faire, à moins d’être complètement ignorant des faits, mais à un moment ou à un autre, il faut avoir le courage de savoir et de faire des remises en question nécessaires… Ce qu'on trahit avec le métropolite Onuphre et ses fidèles, c'est toute la Russie depuis son baptême dans le Dniepr, sa douloureuse et lumineuse histoire, ses ascètes, ses fous en Christ, ses saints princes et ses innombrables martyrs.
Cette calomnie, cette impudence dans le mensonge, cette inversion accusatoire et ce double standard sont déclenchés à plein régime contre les gilets jaunes, et la France sent de plus en plus le Donbass. Mais hélas, il n’y a pas en France de métropolite Onuphre. Juste quelques discrètes petites lampes allumées, ça et là, comme Solan, par exemple…
Je prie pour la France.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire