vendredi 17 mai 2019

Mission accomplie

La grosse église du monastère n'est finalement pas mal, à l'intérieur. Elle a des fresques académiques qui ont dû être entièrement refaites, mais qui ont pourtant l'air d'être d'origine et une iconostase en céramique qui est en parfaite harmonie avec l'ensemble. Mon discours d'aujourd'hui portait justement sur l'harmonie qui ne devait pas être négligée, car elle était le reflet de la sobornost, de la mise en communion et en relation de toutes choses et de tous êtres, dont Notre Dame était l'une des expressions médiévales, en dépit de son caractère gothique, déjà éloigné du modèle byzantin. J'ai raconté comment la visite de la minuscule église du skite du Saint Esprit avec le père Barsanuphe m'avait fait redécouvrir cette notion de sobornost, la complémentarité de tous les éléments du fait liturgique: architecture, chant, icônes, leur place symbolique, leur sens, et à l'intérieur de chaque icône tout un cosmos, toute une construction organique, ou aucune ligne n'existait sans répondre à toutes les autres, ce qui fait que jamais le "geste architectural novateur" dont rêve le président Macron ne pourrait être autre chose qu'un cataplasme high tech plaqué sur tout ce monde brusquement éventré par l'incendie qui ne peut plus désormais se reconstituer. J'ai embrayé sur les traditions populaires, la nécessité de soutenir leur renouveau, d'offrir aux enfants cet héritage. J'ai rencontré un écho chez les évêques présents, je n'avais pas évoqué la différence entre le chant liturgique ancien et le chant académique italianisant imposé par Pierre le Grand et Catherine II, mais l'un d’eux l'a fait, car il se propose justement de retourner autant que faire se peut au chant znamenie. Dans l'ensemble, tous les discours étaient d'ailleurs complémentaires. Malheureusement, tout cela s'est achevé pat la récitation "avec le ton" d'épopées russes faites pour être chantées par des apprentis acteurs, ce qui me paraît aussi contre nature que la lecture des psaumes ou de l'évangile dans le même registre.
Ma prestation, finalement improvisée, a beaucoup plu, j'ai donc évité le triste sort de Gussie Fink Nottle.
J'ai beaucoup sympathisé avec Natacha l'animatrice, elle est comme ses dessins animés: simple, sensible, discrète et profonde. Je ferai peut-être même un de ces jours le voyage à Saint-Pétersbourg pour aller la voir. Nous avons dîné ensemble au restaurant de mon hôtel qui n'est pas cher, bon, avec des produits frais, et nous nous sommes trouvé en plus des amis communs, comme c'est souvent le cas en Russie, ou bien est-ce parce que je commence à avoir beaucoup, et même trop de relations?
Demain, toutes les manifestations auront lieu au monastère, action de grâce après la liturgie, repas au réfectoire présidé par le métropolite, et c'est seulement ensuite que je reprendrai le chemin de Moscou. Heureusement, les autoroutes, contrairement à la légende, sont parfaites, et en grande partie payantes, d'ailleurs.
Tatiana, la poupée russe, est très préoccupée par la tombe de l’ecclésiastique qui a fondé la cathédrale saint Alexandre Nevski, à Paris, et ordonné le père Vladimir Guettée. Elle est complètement à l'abandon, dans le cimetière de la laure saint Alexandre Nevski de Saint-Pétersbourg, et elle cherche des financements pour lui rendre sa croix et son identité.

le film présenté par Natacha


Celui-ci a des sous-titres français

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