mercredi 17 juillet 2019

Le monde illuminé de Soutiaguine



Soutiaguine, les noces de Cana
Je suis allée hier porter ma voiture au garage Renault, près de Moscou, et à l'assurance un papier qui manquait, et qu'en fait j'avais déjà. La voiture va devoir me quitter douze jours pour la réparation de l'accrochage contre la porte de mon propre terrain...
Je ne pensais pas dormir à Moscou mais Xioucha m'avait fait une place dans son auberge permanente, où en plus de ses nombreux enfants, elle héberge un mari, son frère et le fils de celui-ci.
Dans un sens, j'aurais préféré rentrer, car il y avait un office de nuit en mémoire de la famille impériale à l'église du Signe. Mais d'"un autre côté, il y avait à Moscou, à la galerie Tseretel, le vernissage de la grande expo personnelle de mon ami Soutiaguine.
C'était la première fois depuis bien longtemps que je voyais autant de tableaux de lui exposés, et j'ai été vraiment impressionnée par la maîtrise acquise dans son style particulier et bien à lui, fait de fraîcheur enfantine, de profondeur sous-jacente,  d'humour, d'humanité et de simplicité.
Ses paysages, ses bouquets sont habités par l'espace et la lumière et le moindre coin de Moscou, de campagne russe ou de Crimée, avec quelquefois de braves gens qui passent, revêt une espèce de profondeur mystique. Quand à ses sujets religieux ils ont été pour moi une sorte d'expérience spirituelle, car ils semblent venir du passé pour illuminer le présent, ce Christ aux vêtements éclatants paraît contaminer les gens qui l'approchent et l'espace qu'il occupe d'une bouleversante lumière. J'ai particulièrement aimé les noces de Cana, où la table éclairée pourrait avoir été dressée de nos jours, à vrai dire, j'ai même pensé aux noces de la fille de Soutiaguine, Macha, à laquelle j'avais convié Skountsev et dansé comme une folle pour la dernière fois de ma vie. Je me souviens de Kostia, pleurant sur mon épaule qu'il perdait sa fille, tandis que je lui répétais: "Mais vous l'aimez bien, votre gendre"! Dressée de nos jours, la table des noces de Macha, enfin celle des noces de Cana, aboutit mystérieusement à ce moment lointain brusquement rapproché où le Christ fit son premier miracle.
En réalité, toutes les pièces religieuses de Soutiaguine ont quelque chose de miraculeux, et d'enfantin.
Il y avait beaucoup de monde, et c'était très bruyant. Au milieu de tout cela, un ami compositeur, Sokolov, était venu interpréter au piano des pièces qui me rappelaient vaguement l'impressionnisme musical français, ce' qui n'est sans doute pas un hasard, puisqu'au départ, Kosta a été inspiré par l'impressionnisme, et particulièrement Marquet.
Ensuite, avec Xioucha, nous sommes allées au dépôt de pâtisseries du café la Forêt. Les pâtisseries se vendent très bien mais l'endroit fait un peu hall de gare, avec des tas de points de vente différents au même endroit et des tables au milieu. Nous avons discuté avec Maxime, et je l'ai ramené en voiture le lendemain à Pereslavl.
En chemin, j'ai eu un coup de fil de l'immigration: j'ai dû passer à la banque demander encore un papier, les employés se marrent quand ils me voient arriver, maintenant. Je devrai donc aussi retourner à l'immigration le remettre demain matin. D'après la responsable, on accepte mon dossier, mais il faut ce papier.

Mes photos des tableaux de Kostia sont bien ternes, mais c'est pour donner une idée...

dans le brouillard

bouquet

entrée du Christ à Jérusalem

La Cène (sur une vieille porte réutilisée)

Thomas

A la fin de la vidéo; on voit Xioucha et son dernier bébé

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