lundi 7 octobre 2019

Les trois Russie


sainte Russie

Je lis parfois des choses sur facebook qui me plongent tout d’abord dans une grande fureur et une espèce d’angoisse, celles d’avoir à y répondre, car je ne peux pas laisser passer ça, dans la mesure où mon père spirituel m’a bénie pour combattre. Mais c’est pour moi une souffrance, car je déteste les conflits et la polémique. Hélas nous vivons des temps où l’on ne peut vivre en paix, même intérieure.
Quelqu’un m’a inscrit sur un groupe « d’amitié biélorusse » ; des groupes, j’en ai des milliers, je n’arrive pas à tout lire, et celui que j’ai ouvert pour soutenir le métropolite Onuphre m’occupe déjà pas mal. Mais soit. Et là, je tombe sur le post d’un Français, résidant depuis onze ans au pays de Loukatchenko et avide  de démontrer que les Biélorusses ne sont surtout pas des Russes (comme si être de près ou de loin apparenté à des Russes était quelque chose d’absolument infamant), ni par leur histoire, ni par leur langue, ni par rien. Bref le syndrome de la vérole ukrainienne galopante (et inoculée).

Pour moi, il a toujours été évident que les Biélorusses et les Malorusses sont des Russes, avec des particularités locales, mais des Russes. Ceux qui ne sont pas russes parmi eux sont des sortes de polonais uniates, car ce qui fait la différence initiale entre les tribus slaves de la grande plaine, c’est l’adoption du catholicisme romain par les uns, de l’orthodoxie par les autres. Génétiquement, avec bien sûr de petits métissages locaux, ils sont tous pareils, et ça se voit. Culturellement et linguistiquement également. Ils sont beaucoup plus proches les uns des autres que de n’importe quel représentant de l’Europe occidentale, et par la génétique, et par la culture, et par la foi, et par la mentalité, et par les traditions. Les Polonais et leurs uniates se sont éloignés et puis ils se croient d’une autre essence, qui a « connu la renaissance », des Européens pur jus, pas des paysans arriérés des steppes, mais Biélorusses, Malorusses ou grands Russiens, tout ça, c’était les Russes des trois Russie qui avaient un seul tsar et un seul patriarche. Certes les frontières ont pas mal fluctué, les Polonais sont allés jusqu’à Moscou et l’ont occupée au XVII° siècle, provoquant un rejet absolu des populations. Mais les trois Russie avaient toutes en commun la même foi orthodoxe et le même folklore.
Les vidéos de folkloristes, sur youtube, sont souvent accompagnées des commentaires haineux et stupides des «Ukrainiens » ukrainisants : « C’est notre folklore, vous nous l’avez volé ; vous vous n’avez pas de folklore, vous êtes des mongols etc… » C’est complètement faux et affligeant à lire. Car justement, le folklore remonte à la plus haute antiquité , dans les trois Russie, et en démontre la profonde unité. D’une certaine manière, il rejoint même celui des pays d’Europe, qui s’est parfois davantage éloigné de ces sources millénaires, mais je laisserai cette question de côté. En ce qui concerne les trois Russie, c’est le même folklore. Des musiciens italiens venus en Russie au XVIII° siècle se sont à ma grande surprise intéressés à la question. Ce folklore les avait émerveillés par la complexité de ses architectures musicales, que de simples paysans élaboraient d’instinct. Et ils avaient observé que dans tout l’empire russe, de Pétersbourg au Khamtchatka, d’Arkhangelsk à Odessa, il s’agissait d’UNE SEULE formule mélodique qui connaissait d’infinies variations. Cela pourrait être d’ailleurs la formule de l’âme russe qu’Ukrainiens et Biélorusses antirusses renient purement et simplement. Je ne suis jamais allée en Biélorussie, sauf deux jours à Brest-Litovsk, et l’envie m’en passe au vu de telles considérations ; mais je suis persuadée qu’on retrouve les mêmes coutumes et les mêmes motifs de tissage et de broderies, symboles de fertilité, conjuration du mauvais œil etc. Qui plus est, on voyageait pas mal, par les grandes plaines et les forêts, pèlerins, marchands, cosaques ou même brigands, et le folklore aussi. Personne ne songeait alors, dans l’empire des tsars, à le revendiquer pour sa seule région.
La Biélorussie, comme l’Ukraine actuelle, sont des créations soviétiques entérinées par l’Occident via Eltsine pour affaiblir l’entité russe, le prochain stade étant de casser la Russie en deux selon l’axe de l’Oural et vous verrez que si cela se fait, ce qu’à Dieu ne plaise, avec une bonne propagande, les Sibériens dans vingt ans ne seront plus russes du tout, eux non plus. Comme en Ukraine, il y a sans doute des régions de Biélorussie occidentale qui se sentent plus polonaises que russes. Mais j’ai observé que même en Pologne orientale ce phénomène existait, en direction inverse. Ainsi je me suis arrêtée au monastère saint Onuphre, qui était russe depuis le XIV° siècle, et s’est retrouvé après la guerre, à son grand désespoir, en territoire polonais. Pour le monastère saint Onuphre, d’ailleurs, la Biélorussie, c’était la Russie…
J’avais rencontré ensuite un prêtre à Brest-Litovsk, il parlait russe, et pas biélorusse, et dans la bibliothèque qu’il s’occupait de monter pour relever le niveau culturel des populations, il mettait Tolstoï, Dostoïevski, Pouchkine et Gogol en version originale…
Au moment du démembrement de l’URSS, j’avais parlé avec une jeune Biélorusse qui était catastrophée par « l’indépendance » et me disait que personne n’y comprenait rien et n’avait rien demandé. Les Biélorusses ont eu de la chance, en un sens, car de tous les apparatchiks communistes pourris bombardés roitelets dans leur nouvelle petite république périphérique, il est le seul qui ait pris les intérêts de son fief en considération et conservé une sorte de société soviétique soft, ce qui était la meilleure chose à faire, dans le contexte actuel. A tel point que les Russes enviaient leurs voisins de l’avoir pour président. J’avais rencontré une Biélorusse dont le fils travaillait et s’était marié en Russie, comme foule de Biélorusses et d’Ukrainiens depuis la nuit des temps et aujourd’hui peut être encore plus que jamais.  La dame m’avait confié : « l’indépendance, au début, on était tous contre, mais finalement, on y trouve notre compte ». Mettons qu’aujourd’hui, le Pays d’Oc fasse sécession, avec par exemple, Robert Ménard de la République soluble dans l’UE et le Nouvel Ordre Mondial du traître Macron, et développe une politique nationale satisfaisante pour les habitants, dans 20 ans, il pourrait s’en féliciter, et le Pays d’Oc aurait bien plus de raisons historiques et culturelles de le faire que la Biélorussie.
De là à dire que les Biélorusses n’ont rien en commun avec les Russes… Alors bien sûr, quand l’histoire des gens et leur mémoire ne remontent pas au-delà de 1917, ou pire, de 1990, et que tous les liens sont rompus avec la culture et la foi de leurs ancêtres, on peut facilement prétendre une chose pareille. On dit bien aux Français, qui ont perdu tout lien avec leur passé et donnent à leurs gosses des noms américains, qu’ils doivent tout aux Arabes et que les héros de l’Iliade étaient noirs… Vous avez même des Russes qui renient leur histoire, sous l’effet d’une propagande inlassable, et mettraient leur pays avec joie sous tutelle internationale, je dirais que ceux-ci ne sont pas plus russes, en fin de compte que les Biélorusses ou les Ukrainiens revendiqués : ce sont là des mutants post-soviétiques, des serviteurs bien dressés du Nouvel Ordre Mondial. Car derrière le nationalisme régionaliste des uns et la haine de soi des autres, on discerne le même rejet général de sa spécificité, celle qui subsiste dans la foi orthodoxe, le folklore, la littérature et la mémoire commune. Vous remarquerez en passant que BHL, le principal soutien médiatique du maïdan ukrainien, en dépit du nationalisme des cavernes des banderistes et de leur symbolique nazie, se revendique auprès des Français qui eux, non plus que les Russes, n’ont pas le droit d’être nationalistes, comme cosmopolite et affirme, à la façon de Trotski, son mépris et sa haine de tout ce qui est local et folklorique, bref ce qui fait d’un peuple une famille et même une entité mystique. Je rappellerai à ce propos qu’il se place dans la droite ligne des bolcheviques. Ceux-ci avaient convoqué un « congrès panrusse des vielleux », des joueurs de vielle-à-roue (d’ailleurs majoritairement ukrainiens et biélorusses, et le congrès, là, il était « panrusse »), à seule fin de les arrêter tous et de les fusiller en masse, ce qui a pratiquement détruit cette tradition populaire. Je le tiens du grand folkloriste russe Starostine. Pourquoi leur fallait-il le faire ?

Si je regarde les vidéos des sermons du père André, du monastère sainte Elizabeth de Minsk, et les fidèles qui l’écoutent, je vois la sainte Russie. Je suis à la fois aujourd’hui et il y a cent ans et même cinq cents ans, je suis dans la sainte Russie. Si je regarde les grandes processions du lumineux métropolite Onuphre de Kiev, le métropolite lui-même, ses fidèles persécutés, je vois la sainte Russie. Tous ces croyants des trois Russie, qui n’ont pas perdu la mémoire, sont frères par leur histoire, par leur volonté, par le sang versé de leurs guerriers et de leurs martyrs, par les chemins séculaires de leurs pèlerins, par leurs nombreux saints, vénérés par tous, par leurs traditions, leurs cousinages, leur génétique, par l’âme russe qui n’a qu’une seule formule mélodique. Partout où j’entends résonner cette formule, où je vois ces moines et ces pèlerins, je suis en sainte Russie. Partout où j’entends les criailleries d’un nationalisme politique artificiel revendiquant la « démocratie » occidentale et les slips en dentelles au son du rock et du rap, je suis dans la modernité du poisson de banc voulue par BHL et consorts pour les idiots utiles. Ce qui attend les Biélorusses, s’ils se laissent mettre dans la tête ce qu’on a inculqué aux Ukrainiens, c’est de devenir un trou noir périphérique, avec une base américaine au milieu, des défilés LGBT, des usines à bébé, des filières de prostitution, des trafiquants et des mercenaires internationaux, administré par des oligarques à passeport israélien. Le stade ultérieur étant l’infiltration de migrants pour le métissage obligatoire annoncé par Sarkozy et mis en place chez nous à marche forcée, et là, adieu le joli dialecte biélorusse ou ukrainien, les chemises brodées et l’indépendance. Tous à la chaîne, tous sur le trottoir. C’est ça le programme, et pour le monde entier.

sainte Russie...

sainte Russie...

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