jeudi 19 décembre 2019

Remplacements apocalyptiques

Cette nuit et ce matin le vent a soufflé en tempête, et Rita n'osait sortir faire pipi de peur de s'envoler. En revanche Stacha, Moustachon aime bien sortir par tous les temps, rentrer à toute vitesse, froid et mouillé, traverser la maison en bondissant et me sauter dessus. C'est un chat amical, débonnaire, qui ne demande qu'à copiner et n'y arrive qu'avec Rita. Il m'adule avec un enthousiasme balourd.
Toujours pas de neige. Il fait anormalement chaud, mais cela ne veut pas dire que nous ayons un temps subtropical. Nous avons le seul degré qui permet à l'eau de tomber sous forme de pluie glaciale, et à l'environnement de rester boueux, jaunâtre, marronnasse et tristoune. L'Angleterre de Dickens... aucune envie de sortir, et si je le fais, la tentation est grande d'aller au café la Forêt me réchauffer avec un thé accompagné d'un rubis, d'un royal ou d'un succès...
Enfin, plus que trois mois avant un embryon de printemps...
Je suis allée me faire radiographier les genoux à la clinique Slavitch, pas plus riante que l'hôpital municipal. Et là, la radiologue me demande: "Pourquoi votre médecin vous envoie-t-il chez nous, alors que sur place, ils ont un meilleur matériel? Nous, nous achetons le nôtre, mais eux, c'est l'Etat qui le leur fournit. Il est plus récent."
Demain, je vais faire l'IRM des mêmes genoux, dans un autre centre privé. Comme ça, tout sera clair.
J'ai parfois des appréhensions envers la médecine russe, mais je dois dire qu'un chirurgien m'avait saboté le poignet à Montélimar, et avait eu avec moi un comportement désinvolte et sadique, alors qu'on m'avait rattrapé ça à l'institut Sklifasovski, qui était glacial et délabré, et avec beaucoup d'humanité. De même le seul endroit où j'ai trouvé pour mes migraines une aide efficace, c'était le centre anti migraine privé de Moscou.

°°°
J'ai traduit un scénario, par pure faiblesse, parce que j'en connais l'auteur, et qu'il est bien gentil; il est bien gentil, mais il a la mentalité de ceux qui, n'ayant pas de racines, s'emploient à déraciner les autres, comme disait Simone Weil, la seule, la vraie, l'interlocutrice de Gustave Thibon. Il s'attendrit ainsi sur une famille d'immigrés Tadjiks, et je n'ai rien contre les Tadjiks, mais la thèse, c'est que les frontières sont artificielles, la Russie le résultat de migrations incessantes (ce que démentent les analyses génétiques, il y a un fond génétique slave commun aux trois Russie et finalement très peu mélangé. Ici, les Russes ont trouvé des finnois, et ils se sont mélangés avec eux. mais c'est à peu près tout. Seule l'aristocratie russe présente un certain pourcentage de sang tataro-mongol, parce que ceux-ci se sont parfois convertis au christianisme, comme au temps d'Ivan le terrible, et qu'il y avait des mariages). Il y a toujours eu des étrangers en Russie, c'est vrai, mais pas des millions, et ils devenaient Russes assez rapidement, il n'est que de regarder la famille impériale martyre, dont même les pièces rapportées récentes s'étaient complètement russifiées. Le propos est donc que les Russes n'existent pas vraiment, que ce sont tous des vieux réacs, qu'ils ne font pas de gosses et place aux Tadjiks. Ce qui me rappelle fortement les raisonnements qui conduisent en ce moment à l'anénantissement de la culture européenne, des peuples européens, de la chrétienté, trahis par leurs intelligentsia et même leur clergé. Ces peuples ont été saignés par la guerre de 14, privés de leur paysannerie, leur ferme enracinement dans la culture ancestrale, abrutis par la télé, complexés par la presse et l'école, déconstruits et dressés afin d'être absolument sans défense ni réaction devant le génocide sournois qui se profile. Quand à la Russie, on a beau jeu de parler de son déficit démographique après en avoir pareillement et méthodiquement exterminé la paysannerie qui constituait l'essentiel de sa population. Ceci me rappelle également une technique dont raffollent les fonctionnaires, apparatchiks et requins immobiliers du post-soviétisme: pour récupérer l'emplacement d'un monument culturel, de type église ou palais d'autrefois, il suffit de ne pas l'entretenir, et de déclarer ensuite que c'est une ruine dont il n'y a plus rien à tirer, de la détruire et de construire à la place une grosse merde rentable. De laisser défigurer une ville de l'anneau d'or, puis de la déclasser pour pouvoir achever le travail. De même, on détruit la famille, on détruit l'éducation, on détruit la mémoire, on détruit les traditions, tous les codes de communication qui font d'un amas d'individus isolés dans la foule, genre poissons de banc, une entité vivante et puissante, avec un présent riche d'un passé insondable, et après on parle avec mépris des clochards hagards qu'on obtient à l'arrivée: la "populace" des libéraux russes, les gilets jaunes raillés par les mafieux diplômés qui ont confisqué le pouvoir en France, et tous leurs histrions de la presse et du spectacle. Et on lâche les vannes des populations allogènes surnuméraires qui nous submergeront sans savoir quoi faire des pays récupérés, avec lesquels elles n'ont aucune affinité, et nous massacrerons avec d'autant plus de rage qu'on les absout systématiquement et qu'elles ne trouvent pas vraiment la paradis promis par les malfaiteurs qui les poussent à partir et nous à nous prosterner. Assister à cela est la tragédie de ma vieillesse, et cela me console de ne pas avoir d'enfants, bien que je déplore de ne pas avoir trouvé avec qui en faire, et comme par hasard, je suis loin d'être la seule à n'avoir pas pu, et ce n'était pas un choix. Nous étions déboussolés par une société de plus en plus anormale, où les hommes, débarrassés de la nécessité du mariage par la libération sexuelle, trouvaient bien pratique de ne pas s'engager, et la chose la plus naturelle et facile du monde, convoler et procréer, devenait l'objet d'une lutte désespérée, avec peintures de guerre obligatoires, visites de restaurants et de boîtes de nuit, rivalités entre copines, baisouilles sinistres, parfois mariage à l'arraché avec un imbécile obstiné ou un mâle fatigué de se défendre. Et dans ce cas-là, le mari obtenu, faire le nombre d'enfants nécessaire au rajeunissement de la population n'était pas gagné non plus, car la libération de la femme impliquant qu'elle travaille du matin au soir pour un patron dont elle n'avait rien à foutre plutôt que pour un mari et des gosses qui lui étaient chers, on fabriquait tout juste ou un deux moutards qu'on balançait à la crèche le matin à 7 heures et qu'on récupérait le soir à la même heure et collait devant la télé pour avoir un peu la paix avant d'aller dormir et de retourner bosser de toutes ses forces pour son employeur. S'entendre mépriser par ceux qui nous ont fait ce monde et nous remplacent joyeusement à présent, est je dois dire assez difficile à supporter pour ceux qui sont restés lucides. Avoir vu, comme moi, comment on a détruit la paysannerie et la campagne et entendre Raymond Barre se réjouir de repeupler nos villages, dépeuplés par ses immondes pareils, avec des colons africains me donne envie de prendre un fusil et de tirer sur tout ce qui bouge, et c'est là que je me félicite d'être partie, j'aurais fini par avoir des problèmes.
Mais alors quand je vois à l'oeuvre ici le même genre de politique et d'intellectuels avides de remplacer les Russes par des Tadjiks ou par n'importe quelle autre ethnie la plus susceptible d'effacer les slaves, je dois dire que je serais prête à tout pour empêcher une chose pareille. Et pourtant, j'ai traduit le scénario de ce mec. Il est vrai qu'il s'adresse à un public européen tout acquis à son propos et qui l'a déjà primé... Il prêche des convaincus.
J'ai essayé de lui expliquer mon point de vue, mais j'ai assez vite renoncé. Nous allons finir par nos engueuler, et c'est tout. Il n'est pas vraiment méchant, mais il a la mentalité qui colle avec cet horrible projet qui nous détruira tous. Il y a des tas de gens comme ça. Je me raccroche à l'idée que le Donbass, par exemple, est capable d'une résistance héroïque encourageante. Que peut-être ce qui restera de la Russie sera le refuge de ceux qui n'accepteront pas avec des sourires niais de se coucher devant leurs colons, et leurs maîtres supranationaux, et que cela compensera le déficit démographique. Comme me l'écrivait un correspondant russe: "Il nous faudra accueillir l'émigration européenne pour sauver la civilisation". Le tout est de tenir dans notre arche  jusqu'à la fin du monde....
Un prêtre sur youtube s'insurge contre la dernière loi sociétale "contre la violence" dans les familles, qui vient d'ailleurs, de nos chers bienfaiteurs de la caste. La population russe lui est massivement hostile, non qu'elle approuve la violence conjugale, mais elle sent à juste titre le piège qui est derrière, et l'insistance à imposer cela au mépris de l'opinion publique démontre bien à quel point elle a raison. Il dit qu'avant de promulguer une telle loi, il y aurait urgence à élever les gens autrement, à leur offrir d'autres spectacles que tout ce qui leur empoisonne et détruit l'esprit, et les rend violents et stupides. Il attire l'attention sur le fait que même en Union Soviétique, on respectait au moins officiellement les valeurs humaines éternelles; alors que le libéralisme n'offre qu'une dégradation complète, une existence absurde, le naufrage dans une maison de fou planétaire et totalitaire.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire