mercredi 4 mars 2020

La laideur

Pour entamer le carême, notre évêque bien aimé a prononcé cette homélie, à laquelle j'ai répondu
sommairement sur la page de l'éparchie, mais à laquelle je continue à penser:

Vous avez prêté attention au fait que le corps de l'homme est extrêmement mal adapté à la vie en ce monde?  Si, dans une certaine mesure, nous avons su nous adapter. Nous avons des connaissances, des tours de main, des savoir-faire, il y a les conquêtes de la civilisation, les instruments grâce auxquels dans l'ensemble, nous ne sommes pas mal installés sur cette planète. Antoine de Saint-Exupéry écrivait que l'homme se sent sûr de lui, en sécurité et calme jusqu'au moment exact où il sort des limites tracées par la civilisation. Mais la plus grande partie de notre planète n'est pas maîtrisée et si l'on se retrouve quelque part au milieu du désert ou de l'océan, alors dans le meilleur des cas, on survivra quelques heures. Nous savons tout cela et c'est pourquoi nous nous entassons dans les villes, où il y a d'autres gens qui, à proprement parler, nous créent un sentiment de confort et de sécurité. 
Mais en plus de la faiblesse de nos corps, il y a encore autre chose. Le corps de l'homme est terriblement laid. Ne sont beaux que les petits enfants, et en grandissant commencent les inévitables déformations qui nous obligent à avoir honte de cette même honte qu'éprouvèrent Adam et Eve après la chute, quand ils découvrirent leur propre nudité. Bien sûr, il se trouve des gens qui surmontent cette honte, ils la renient tout simplement, ces gens sont appelés "éhontés" par la langue russe, ce qui n'est pas une bonne caractéristique. Il est curieux qu'il n'existe rien de tel chez les animaux. Leurs corps restent toute leur vie presque sans changements et attirants esthétiquement. 
Dans l'ensemble, le corps de l'homme suscite bien des questions. Il a bien des étrangetés. Par son étrangeté, il diffère de toutes les autres créatures de Dieu. Cette étrangeté nous fonde à dire que le corps, dans la forme qu'a chacun de nous n'a pas été conçu par Dieu. C'est, si ce n'est une erreur, une tentative pour redresser la situation. Dieu n'avait pas prévu de nous créer ainsi que nous sommes aujourd'hui, mais il dut le faire après la chute des premiers hommes. Dieu dut adapter l'homme à la vie en dehors du paradis, à la vie dans ce monde, dans lequel vivent les descendants d'Adam et Eve. 
Peu importent les succès que nous atteignons dans cette vie, peu importent les succès obtenus par notre civilisation, ce monde n'est pas nôtre, nous ne lui appartenons pas, et il ne nous appartient pas, nous sommes ici provisoirement. Notre tâche est de retourner à la maison. Le Seigneur Jésus Christ par son Incarnation, sa Mort sur la Croix et sa Résurrrection nous a ouvert ce chemin. 
Mais il y a un problème. Le monde, dans l'ensemble, nous l'avons pas mal organisé. Nous nous y sentons plutôt confortables. Bien sûr, ce confort dure jusqu'à la première maladie grave. Ou jusqu'à la première tragédie. Mais à la maladie comme à la tragédie, on peut s'adapter avec le temps, et continuer à vivre dans un certain confort. 
C'est pourquoi l'Eglise a pris soin de nous. Nous devons nous rappeler que notre place n'est pas ici. Et pour ce faire, l'Eglise a instauré les carêmes, dont le plus sévère et le plus long, comme vous le savez bien, est le Grand Carême Oui, il nous mène à Pâques. Mais il doit nous mener au changement de perception de la réalité ambiante et de nous-mêmes.C'est un bon changement, il est, en fin de compte, agréable, mais que le carême ne soit pas confortable. Le carême doit aider chacun de nous à se sentir un citoyen du Royaume des Cieux, à se souvenir que notre place n'est pas ici, mais avec le Christ.

Quand notre évêque dit que le corps de l'homme suscite bien des questions, son homélie aussi, et je vais faire état des miennes, car elle touche à des problèmes qui me poursuivent depuis toujours. La création, la chute, la nature humaine, le sexe...
Notre corps est mal adapté au monde... Oui et non. Nous sommes un petit animal très faible, par rapport à tous les autres, c'est vrai. Cela nous a amenés à vivre en groupe et à inventer la civilisation, certainement. Ce corps est-il si terriblement laid, je ne suis pas d'accord, et les Grecs par exemple, le trouvaient très beau. En tant que personnalité profondément artistique, je trouve le corps humain beau, et souvent éblouissant de beauté, et pas seulement les enfants, il y a des jeunes gens magnifiques, et même des personnes mûres. C'est vrai qu'en revanche, nous sommes inégalement doués par la nature ou par le Créateur sur ce plan-là. Car si les animaux d'une même espèce sont tous également esthétiques, plus ou moins, il y a des gens beaux, très beaux, et des gens laids, ou très laids. En ce qui concerne les espèces animales, d'ailleurs, on peut dire qu'elles ne sont pas toutes belles et présentent aussi des étrangetés, si l'on regarde les singes ou certaines créatures bizarres. Le derrière du chimpanzé n'est pas des plus esthétiques. Alors qu'un chat ou un lion, un cheval, un cerf,
c'est harmonieux de partout, rien qui dépasse, rien qui choque.
Alors évidemment chez nous, il y a des détails qui choquent, nous comprenons tous lesquels. C'est vrai que ce n'est pas ce que nous avons de plus ravissant, mais ce n'est pas pire que le derrière du chimpanzé... Même les statues grecques, nues sans aucun complexe ("éhontées") indiquent discrètement ces "étrangetés", les héros et les dieux ont des attributs qui n'auraient aucun succès dans les films porno. C'est qu'aussi nous sommes la seule créature verticale, bipède, ce qui met tout cela extraordinairement en avant et en vue. Et nous sommes aussi la seule créature à vouloir faire l'ange, et à trop souvent faire la bête, ce qui donne à tout ceci un caractère particulièrement gênant, que cela n'aurait peut-être pas, si c'était joli comme la fleur, elle-même un organe de reproduction, ou discret et mignon comme chez le chat (chez le chien, c'est déjà moins irréprochable). Je me suis d'ailleurs souvent demandé si le puritanisme ne tenait pas au hiatus entre nos aspirations élevées et les marques évidentes de notre part animale incontestable...
Petite, je partageais l'avis de mon évêque, c'est-à-dire que je n'avais jamais eu la démonstration de ce genre de choses, sauf avec les femmes de la famille quand elles faisaient leur toilette, mais je trouvais les adultes beaucoup moins beaux que les enfants et j'étais plus affligée que fière de subir les transformations de la puberté.
Néanmoins, des adultes, jeunes ou moins jeunes me paraissaient très beaux, à onze ans, j'étais allée dire à un ami de ma tante qui avait la trentaine: "Monsieur, vous êtes beau comme un Grec", ce qu'il n'avait pas compris tout de suite, mais qui l'avait ensuite beaucoup flatté.
Beaucoup de gens gagnent à rester habillés, c'est clair. Mais qu'est-ce qui fait, à part des disgrâces de départ qui relèvent de la monstruosité, que certains nous paraissent si beaux et d'autres si désespérement moches? Dans mon jeune âge, j'avais le sentiment que certains conservaient la grâce  des animaux sauvages, déliés, entraînés, naturels, nobles et d'autres avaient la lourdeur banale et vulgaire de l'animal domestique. Voyez le bison, voyez la vache, voyez le chien, voyez le loup, voyez l'oie domestique et l'oie sauvage, voyez un indien d'amérique et un colon anglo-saxon. Ceci en dehors de toute considération plus spirituelle. La civilisation, c'est la domestication des animaux par l'homme et de l'homme par lui-même. Ce qui me paraît moche, chez l'homme, dans son environnement et sa façon de s'habiller, tient grandement à son autodomestication, dans le désir évoqué par l'évêque d'aménager ce monde hostile et dangereux, de le rendre confortable, de le sécuriser. Et plus il s'éloigne de la nature pour ce faire, plus il devient moche et saccage son environnement, car il perd la noblesse que donnent la guerre, la chasse, l'entraînement physique, même le travail des champs, ou les métiers artisanaux ou artistiques, et aussi l'ascèse, tout ce qui implique un risque du corps et de l'esprit, une MISE A L'EPREUVE. C'est là que monseigneur Théoctyste et moi, nous nous rejoignons. D'ailleurs, c'est au sein de l'Eglise, et de l'armée, qu'on voit les hommes les plus beaux, et les plus nobles, dans l'orthodoxie du moins, car dans les autres religions chrétiennes, ils me semblent très domestiques, tous ces pépères rasés de près et onctueux. C'est un vrai bonheur pour moi que de voir moines et prêtres à l'église dans leurs chasubles de brocart,  comme dans de luisantes armures ou des mantes royales.
Dieu a-t-il dû adapter l'homme à un monde pour lequel il n'était pas fait? Cela sous-entendrait que la chute s'est passée où, dans une autre dimension? Personnellement, c'est ce que j'aurais tendance à croire car si le récit de la Genèse transcrit de façon mythique la réalité progressive de l'apparition de la vie sur terre, cette vie, sur terre, a toujours eu la mort comme corollaire, et non seulement la mort, mais l'entredévoration. Je me heurte à des croyants qui cependant ne veulent pas entendre parler des millions d'années, je ne dirais pas d'évolution pour éviter le darwinisme, mais disons de développement de la vie, dans lequel l'apparition de l'homme est assez récente. Mais cette adaptation de l'homme concerne-t-elle ses organes sexuels? Il est bien dit qu'ayant fabriqué un homme, Dieu lui donna une compagne, afin qu'il ne soit pas seul, on avait bien au départ un homme et une femme, avec des organismes et des psychismes complémentaires, ou alors, pourquoi ne lui a-t-il pas donné un autre Adam comme copain, ou même un chien qui parle? Et cela alors que tous les autres habitants du paradis avaient reçu pour consigne de croitre et multiplier?
Et puis quand on dit le monde, c'est quoi, le cosmos, ou le monde social? Le monde de l'autodomestication qui fait de l'homme l'esclave de lui-même et aussi l'esclave des autres, d'ailleurs? Dans ce monde social, il ya des hommes qui ne sont vraiment pas chez eux, c'est vrai, c'est l'histoire de l'albatros de Baudelaire, des guerriers qui ne peuvent se réadapter, des ermites qui fuient au désert ou dans la montagne, moi je me suis toujours sentie étrangère dans ce monde social. Je l'ai fui depuis les bancs de l'école. J'ai tout de suite senti que nous n'étions pas fait l'un pour l'autre, c'est que nous sommes arrivés au stade extrême de l'autodomestication, il devient impossible de rêver, de respirer, de s'échapper. Mais dans la dimension du Cosmos, dans ce qu'il nous reste d'espaces naturels plus ou moins sauvages, mon être s'épanouit comme la fleur au soleil. Certes, larguée dans le désert ou dans la forêt, je n'y survivrais pas longtemps. Mais disons qu'il y a eu dans notre histoire des moments d'équilibre relatif entre le "confort organisé" complètement étouffant et castrateur et le petit singe nu courant épouvanté dans la savane. Un amérindien disait à ses envahisseurs qu'il n'avait ni besoin ni envie de travailler, qu'il lui suffisait de rêver, de contempler, de chanter, de danser entre deux chasses, et je le comprends. Evidemment l'amérindien pouvait mourir d'une appendicite, mais sa vie était beaucoup plus belle et intense que celle des petits  protestants besogneux et cupides qui venaient la lui gâcher avec d'autant plus de hargne qu'ils étaient eux-mêmes privés de tout cela. Je partage avec l'amérindien l'amour de la vie, jaillissante et naturelle, de son extraordinaire beauté. Ne vient-elle pas de Dieu, même si nous ne faisons que passer, n'y a-t-il pas dans tout cela quelque chose à comprendre, à déchiffer, comme dans une icône, par exemple, et à intégrer et emporter avec nous, là où le ver ne ronge pas? Sinon, à quoi rimeraient la poésie, la peinture, la musique, le chant, la danse?
Le second point commun que j'ai avec monseigneur Théoctyste c'est que, il l'a dit dans une homélie, il adorait poser des questions bêtes, car c'était dans la réponse à ce genre de questions que se trouvait souvent l'essentiel.

J'aimerais ajouter à l'homélie de monseigneur Théoctyste une mise au point de mon ami en crise avec une certaine conception de la religion. Parce que là, je le rejoins complètement.

"Le but des efforts de l'ascète est de percevoir toute la création dans sa beauté triomphante originelle. Le Saint-Esprit se révèle dans la capacité de voir la beauté de la création. Toujours voir la beauté en tout serait "être ressuscité avant la résurrection universelle", "Avoir un avant-goût de la dernière révélation, celle du Consolateur partout Présent en Emplissant tout ." - St Pavel Florensky.
Le christianisme a en lui tout les éléments pour explorer le sacré de l'univers plus en profondeur que ne l'aura jamais fait aucun paganisme, et d'amener l'homme à la communion à Dieu avec plus force et de profondeur que ne le fera jamais aucune religion dite orientale... Mais tout est question d'interprétation. Et dans cette interprétation, celle du lien de l'Incréé avec le créé est fondamentale. La systématisation de la doctrines des énergies divines, fondamentale pour l'Orthodoxie, est née de cette exploration, celle des hésychastes qui affirmaient que l'Incréé peut être expérimenté dans le corps créé, par la Grâce qui est Dieu lui-même. Ça va beaucoup trop loin pour ceux qui ont une autre interprétation de la Transcendance, comme les thomistes, Transcendance qui, selon eux, ne peut communiquer avec le créé que par du créé...
J'ai eu un débat, un jour avec des thomistes sur un forum catholique traditionaliste au sujet des énergies de Dieu et de la Grâce Incrée. Ils avaient bien discerné l'enjeu infini, puisque c'est de Dieu qu'il s'agit, du sujet... Cette doctrine est pour eux inacceptable car, m'ont-ils dit, c'est la porte ouverte à un retour au paganisme et au polythéisme, puisque ont en vient à considérer Dieu en deux pôles, comme le font les théologies païennes développées dans certaines traditions toujours actuelles. Les Énergies du Dieu manifesté en tant que participable, comme la Vie, l'Amour, la Lumière, la Paix, étant Dieu, elles pourraient, après tout, être considérées comme des aspects de Dieu, tout comme les dieux peuvent être considérés des aspects du pôle masculin de la divinité chez les païens et les déesses comme des aspects du pôle féminin. Si les Énergies sont Incréées, donc divines, car Dieu seul est Incréé, pourquoi ne pas les appeler Zoé, Agapé, Phostine, Irène et les adorer en tant que divinités ? L'un d'eux m'a même dit que comme sa femme disait souvent que "tout est Grâce", cela serait synonyme, "de tout est Dieu", dans ce contexte-là.
Évidemment pour eux le but était de me démontrer, en allant trop loin, que cette doctrine était erronée... Bien sûr, cela a eu pour moi l'effet inverse et m'a ouvert des abîmes de contemplations...
De plus le christianisme est fondé sur un sacrifice, celui de Dieu lui-même, or tout dans le cosmos est sacrificiel, notion qui échappe totalement au néo-paganisme. Depuis le soleil qui se consume lui-même en brûlant de l'intérieur tous son hydrogène en une conbustion inimaginable, et donne ainsi la vie au monde, toute vie nait d'une mort. Et Dieu est une vie donnée "le Pain que je donnerai, est ma Chair pour la vie du cosmos" dit le Christ dans l'évangile de Jean et c'est une vie prise... "Prenez et mangez..." La seule chose qui manque peut-être au christianisme, où qu'il a occulté sous un puritanisme confiant parfois à l'hypocrisie métaphysique, c'est qu'au cœur de ce sacrifice il y a un Éros incandescent, d'une générosité et d'une spontanéité inouïe, qui, s'il trouve son accomplissement dans la plénitude de l'amour agapique, n'en est pas moins là, à toutes les étapes du chemin spirituel... Et c'est peut-être ce qui éloigne le plus de gens...







— Вы обращали внимание, что человеческое тело крайне плохо приспособлено к жизни в этом мире? Да, в какой-то мере мы сумели адаптироваться. У нас есть знания, навыки, умения, есть достижения цивилизации, есть инструменты, благодаря всему этому мы, в общем-то, неплохо устроены на этой планете. Антуан де Сент-Экзюпери писал, что человек чувствует себя уверенно, надежно и спокойно ровно до той поры, пока он не выйдет из тех пределов, которые очерчены цивилизацией. Но большая часть нашей планеты не освоена, и если оказаться где-нибудь посреди пустыни или же океана, то в лучшем случае удастся оставаться живым лишь несколько часов. Мы все это знаем и потому сбиваемся в города, туда, где есть другие люди, которые, собственно, и создают для нас ощущение комфорта и безопасности.
Но помимо слабости наших тел, есть и еще одно. Тело человека ужасно некрасиво. Красивыми бывают только младенцы, а с возрастом начинаются неминуемые искажения, которые заставляют нас стыдиться тем же самым стыдом, который был у Адама и Евы после грехопадения, когда они обнаружили собственную наготу. Конечно, находятся люди, которые преодолевают этот стыд, они попросту отвергают его, таких людей русский язык именует «бесстыдными», что не есть хорошая характеристика. Любопытно, что ничего подобного нет у животных. Их тела на протяжении всей жизни остаются почти неизменными и эстетически привлекательными.
Вообще, к телу человека очень много вопросов. В нем много странного. Своей странностью оно отличается от тел всех прочих сотворенных Богом существ. Эта странность дает основание говорить, что тела в той форме, в которой каждый из нас их имеет, не были задуманы Богом. Это если не ошибка, то попытка исправить ситуацию. Бог не планировал нас создавать такими, какие мы есть сейчас, но Ему пришлось это сделать после грехопадения первых людей. Богу пришлось адаптировать человека в жизни вне Рая, к жизни в том мире, в котором живут потомки Адама и Евы.
Неважно, каких успехов каждый из нас добился в рамках этой жизни, неважно, каких успехов добилась наша цивилизация, этот мир не наш, мы ему не принадлежим, и он не принадлежит нам, мы здесь временно. Наша задача — вернуться домой. Господь Иисус Христос Своим Воплощением, Крестной Смертью и Воскресением открыл нам эту дорогу.
Но есть проблема. Мир, в общем-то, неплохо нами обустроен. В нем мы себя чувствуем более-менее комфортно. Конечно, комфорт этот длится до первой серьезной болезни. Или же до первой трагедии. Но и к болезни, и к трагедии со временем можно адаптироваться и продолжить жить в относительном комфорте.
Поэтому Церковь о нас позаботилась. Мы должны помнить о том, что наше место не здесь. Ради напоминания об этом факте Церковь установила посты, из которых самый строгий и длительный, как вы все прекрасно знаете, Великий. Да, он ведет нас к Пасхе, но и он же должен привести нас к изменению восприятия окружающей реальности и самих себя. Это благое изменение, оно, в конечном итоге, приятно, но путь поста не должен быть комфортным. Пост должен помочь каждому из нас ощутить себя гражданами Царства Небесного, должен напомнить, что наше место не здесь, оно со Христом.

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