lundi 1 juin 2020

Folklore on line

Hier soir, j'ai commencé, avec Katia, à prendre des cours on line avec Skountsev. Evidemment, cela nous fait chuter dans le schéma futuriste du tout numérique, mais que faire, dans la mesure où Moscou devient inaccessible, avec ses parkings payants qu'on ne peut pas régler sans avoir de smartphone ni être un génie de l'informatique, plus en ce moment les laisser-passer électroniques et toutes ces sortes de tracasseries. A toute mauvaise médaille, un bon revers, par les vertus de Skype, nous avons pu converser et apprendre avec Vladimir Nikolaïevitch, le roi du foklore cosaque. J'ai filé ma vielle Joukovski à Katia, et j'ai pris ma vielle Yekhimovitch. En fait, Katia pensait travailler la balalaïka, mais Skountsev nous a mises toutes les deux sur la vielle, je pense que nous ferons plus tard des séances balalaïka gousli. Katia a une formation musicale, pas moi, il y a des choses qu'elle comprend plus vite. 
Aujourd'hui, Skountsev m'a rappelée pour me proposer aussi des cours particuliers  pour me faire progresser. "Il faut que tu apprennes à accorder ta vielle sans aucun problème, de toutes les manières possibles, cela élargira énormément ton répertoire. Car il y a des tas de façons de le faire, selon les chansons.
- Je ne sais pas si j'ai encore les doigts et la cervelle assez souples...
- Allons, Laura, tu plaisantes? Partie comme tu es, tu chanteras encore à 90 ans..."
Il m'a dit que grâce à la structure de sa vielle cosaque, il avait compris que les chants vieux croyants avaient un isson byzantin dans les temps anciens. Il a ajouté ce bourdon aux chants vieux-croyants, et ça marche, l'isson s'adapte comme s'il avait toujours été là. Des vieux-croyants de Iaroslavl lui ont confirmé que cela avait bien été le cas, mais qu'ils avaient "oublié". Je n'ai malheureusement pas enregistré tous les aspects techniques de ses recherches là dessus, car j'entends assez mal sur les portables, et le mien n'est pas terrible. Mais il ressort de notre entretien, que tout ce qui m'intéresse dans la vie, et dans la Russie, c'est ce que je partage avec Skountsev et ses pareils. Avec tout ce que ce domaine recoupe, évidemment, l'orthodoxie, la nature, la littérature, l'histoire.  La civilisation numérique, comme le capitalisme ou le communisme et le consumérisme, je n'en ai rien à foutre, je ne comprends même pas comment font les gens qui vivent uniquement dans ces dimensions-là pour ne pas se suicider. J'aimerais voir tout cela s'effondrer dans un gouffre de feu, là où est la place de ce genre de choses, qui font tant de victimes et engendrent tant de laideur et de terrifiante, criminelle bêtise. A l'église, au bord du lac, ou avec Skountsev, je suis dans mon élément, je sors de la maison de fous, je raccroche avec la Tradition, avec la prière et la poésie, le conte et l'épopée, tout ce qui est beau et noble et nous fait dépasser le niveau de la merde. Et peu importe que cela passe par Skype. Dans un sens, c'est même un beau pied-de-nez à tous les fous furieux qui nous font la vie sinistre.


la chanson sur laquelle nous travaillons

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