samedi 13 juin 2020

RIP

Poutine a signé la loi sur le registre numérique unique qu'on le suppliait de ne pas entériner et qui a été votée à toute vitesse, pendant que les moscovites étaient confinés par les mesures de Sobianine.  Certains amis me disent qu'il sait ce qu'il fait, qu'il faut lui faire confiance, je ne demande que ça, mais ça devient parfois compliqué.
En entérinant cette loi,il s'aliène une bonne partie de son électorat. Nikita Mikhalkov a fait deux émissions pour dénoncer la dictature numérique globaliste qu'on cherche à installer. Je vois les orthodoxes et les patriotes tomber les uns après les autres à tout le moins dans la perplexité. Dimanche, Natacha Rimm m'a dit que Poutine attendait pour réagir que soient votées les modifications apportées à la constitution. Ces modifications sont très souhaitées et souhaitables, car elles favorisent la récupération de la souveraineté de la Russie, et affirment ses valeurs morales.
J'ai vu une émission d'un politologue russe, Sergueï Mikheïev, qui analyse tout cela avec beaucoup de sagesse, et reproche aux libéraux de se mobiliser contre une imitation de l'occident qu'eux-mêmes demandaient constemment. Pour lui, quelle que soit la direction que prend Poutine, l'opposition est inexistante, l'opposition, c'est une collection de marionnettes, et le malheur, dit-il, est que Poutine ne soit précisément pas le dictateur qu'on représente. Ni un dictateur, ni un tsar. Or il faudrait de la décision, il faudrait comprendre que rien de bon ne viendra jamais de l'occident, et qu'il ne sert à rien de l'imiter ou de chercher à lui plaire, il faudrait arrêter de penser que tout là bas est merveilleux et tout, ici, arriéré. La question n'est pas dans l'argent qu'ont les uns et les autres, dit-il, la question est dans la façon dont les Russes se considèrent, dans leur reniement de ce qu'ils sont, et dans la perte de leur foi, en Dieu et en eux-mêmes.
Une amie me parle de la "foi en la jeunesse" qu'affirme une vieille artiste-peintre que je connais également. Cette histoire de foi en la jeunesse m'a toujours interloquée, depuis la mienne, de jeunesse, quand je contemplais les affreux petits imbéciles troskistes des facs soixante-huitardes, les hippies nunuchons des fêtes perpétuelles, toute cette politique stupide dont on avait la tête farcie, dans ma génération, ces discours trotskistes ou maoïstes glaçants, et parallèlement cette inconscience béate de ceux qui "découvraient le bonheur et la liberté" et pensaient qu'on était jeune pour toujours. Je savais déja que ces gens élèveraient des imbéciles pires qu'eux-mêmes, qui avaient déjà la cervelle lavée par la propagande et le conformisme des idées à la mode. Je ne vois pas très bien comment des jeunes élevés par des gens qui n'ont rien transmis pourraient se révéler tout à coup les sauveurs de la planète.
On me dira qu'en Russie, il en est autrement. Disons que le consumérisme et la licence ont moins fait de dégâts, mais le communisme a fait en grande partie table rase de ce que la Russie pouvait transmettre aux jeunes générations, beaucoup de gamins Russes grandissent dans l'ignorance complète de leur propre culture, de leur histoire, et on leur en inculque, du reste, comme à nous, le mépris et l'aversion. Pour le soviétisme, tout devait être utilitaire, la place de la beauté était dans les musées, ce qui fait dire aux gens qui viennent chez moi que ma maison ressemble à un musée, bien que je me sois meublée sur le Bon Coin russe, Avito, et chez Ikea, uniquement parce que j'ai aménagé mon intérieur de façon harmonieuse, Certes, il y a les jeunes orthodoxes, les jeunes folkloristes, les jeunes patriotes, mais ils sont souvent tournés en dérision par les autres, et par la presse. Alors ce n'est pas que je ne place aucun espoir en la jeunesse, mais les jeunes ne sont jamais que de futurs vieux...
C'est même par rapport à cela que je fais du folklore, c'est pour témoigner de ce que cela représente pour moi, et dans l'espoir de ramener quelques jeunes ou moins jeunes, vers les sources de l'âme russe car l'âme russe sans le folklore, et sans l'orthodoxie, qu'en restera-t-il? Je trouve encourageant que beaucoup de jeunes y reviennent. Mais le règne de la dictature numérique et de la caste supranationale ne laissera pas beaucoup de chances à ce renouveau de se confirmer. C'est pour cela que le centre de folklore et le fond de culture slave ont été fermés par le ministre de la culture précédent, qui adorait toutes les provocations perverses venues d'occident, et détestait tout ce qui était russe. C'est pour cela que Sobianine détruit tout ce qu'il reste du vieux Moscou. C'est pour cela qu'on ne restaure pas grand chose, et que le ministre de la culture ne sert qu'à entériner et justifier les vandalismes provoqués par la cupidité, mais aussi la haine idéologique de tout le passé russe, observation que je peux transposer aussi bien en France, c'est partout la même mafia, les mêmes démons.
La plupart de nos contemporains ignorent absolument ce qui les a précédés et dégénèrent à une vitesse hallucinante. Un Français bon teint demandait sur facebook s'il y avait une culture rurale équivalente à la culture urbaine que représente le rap. Incroyable... D'abord, la culture urbaine française, il y a encore cinquante ans, ce n'était pas le rap; le rap est un phénomène américain qui concerne la diversité des banlieues, et contamine le Français d'origine, comme le petit abruti des villes russes qui n'a plus de russe qu'un idiome dégradé. Et ensuite, le gars n'a aucune idée de la culture traditionnelle paysanne qui avait mis des siècles à s'élaborer, se transmettant de génération en génération, ou peut-être pensait-il à une "culture rurale" surgie ex nihilo des campagnes ravagées par la technocratie où tentent de survivre des "exploitants agricoles" eux-mêmes coupés de leurs sources?
Pour en revenir à la fameuse loi, j'entends encore un autre écho: Poutine fabrique un big data russe pour échapper au big data américain, et on me donne les Chinois en exemple. Les Chinois sont donnés en exemple partout, parce que la réussite économique et la puissance politique sont les critères absolus des sociétés issues de nos glorieuses lumières et du protestantisme industrieux et implacable qui nous ont fait ce monde de merde, ignominieux et irrespirable. Les Chinois, une société de fourmis rouges qui ravagent tout chez eux et chez les autres, la faune et la flore sauvages, un produit bâtard du communisme et du capitalisme dans l'expression la plus monstrueuse de ces deux têtes d'un même serpent. Non, pour les Russes, même après des décennies de dressage et de rééducation, je pense que ce modèle, ça ne va pas le faire. Pour les Français non plus d'ailleurs, du moins tant qu'ils restent vivants, tant qu'on ne les a pas réduits à quelques ilôts persécutés au sein d'une négritude agressive, comme cela semble être le projet.
D'après cet autre écho, la Russie n'a pas le choix, je connais ce "pas le choix", ce n'est pas entièrement faux, c'est bien cela le problème. Tant que des gens, des sociétés, continuent à courir après le progrès, l'argent, la technique, le pouvoir, avec de moins en moins de scrupules et de freins culturels et moraux, tous les autres sont contraints de s'aligner ou de disparaître. Les magnifiques indiens d'Amérique ont disparu, bouffés par d'horribles petits colons blancs rétrécis et avides. Les Russes ont commencé à se renier, dans ce qu'ils avaient de plus original et de plus lumineux, avec Pierre le Grand, qui aurait voulu les remplacer par des Allemands. Puis avec le communisme, qui leur a fait prendre en ignorance et en horreur tout ce qui avait précédé les décénnies de malheur et de massacres de leur révolution. Je pense que les tsars du XIX° siècle ont fait des tentatives pour sauvegarder la Russie rurale et chrétienne tout en la modernisant de façon à supporter la concurrence conquérante et agressive de l'occident industriel bourgeois, qui sacrifiait sa propre paysannerie sur l'autel du moloch progressiste. Mais les démons lâchés étaient trop gourmands. La Russie est entrée à son tour dans ce processus de surenchère dans l'autodestruction. La Russie communiste n'était déjà plus la Russie, mais l'URSS. La Fédération de Russie, en devenant une dictature numérique, fût-elle en mesure de rester "nationale", risque de ne plus avoir grand chose de russe, comme sa capitale elle-même, cette malheureuse Moscou, qui fut une ville magnifique, poétique et sainte, et qui n'est plus qu'une "agglomération" complètement folle d'immeubles en béton hideux, avec les palais kitsch des années Loujkov-Sobianine, les étuis péniens de béton et de verre dressés dans le ciel et quelques églises et monastères survivants qui dérivent là dedans. Et cette lèpre gagne la province, elle a ravagé Pereslavl, elle touche, d'après ce que j'ai entendu dire, Kazan et Nijni-Novgorod. La "démocratie des lumières", imposée à tous dans le sang et les larmes, aura débouché sur la tyrannie des mafias, des usuriers apatrides et des technocrates transhumanistes.
Pendant ce temps-là, en Amérique et en Europe, la société se transforme en asile de fous furieux, avec les noirs chauffés à blanc, fort opportunément pour certains, que cela ne dérange pas du tout de mettre nos pays à feu et à sang pour accomplir leurs desseins résolument noirs, comme les manifestants à leur service, de façon consciente ou inconsciente. Le gouvernement français et la presse internationale sont si évidemment complices, si honteusement partiaux, je dirais comme d'habitude, comme partout où se sont commis tous les mauvais coups, en Yougoslavie, en Irak, au Donbass, en Syrie... mais comment  les gens font-ils pour marcher encore là dedans, et jusqu'à quand? J'ai la nausée quand je vois tous ces imbéciles lécher les chaussures des noirs. A tel point qu'en voyant deux passer masqués à Pereslavl, où on n'en voit jamais, j'en ai eu le coeur retourné. Il fut un temps où, si j'en croisais à Moscou, je les plaignais de se cailler si loin de chez eux. Maintenant, je m'écrie intérieurement: quoi? Ici aussi? Ils sont déjà là?
Une jeune femme métisse, très belle et très sympathique, évoque son malaise de se trouver au milieu, dans la situation actuelle, et cela me fait de la peine. Il est évident que je n'ai rien contre elle, le métissage naturel, spontané ne me dérange pas, c'est sa planification, sa propagande, son imposition par des gens qui se prennent pour des surhommes, et nous pour du bétail qu'on croise de gré ou de force, qui me révolte, c'est cette racaille "racisée" instrumentalisée devant laquelle des sociopathes pervers richissimes et leur valetaille nous demandent de nous prosterner. Je ne me prosternerai devant personne, je ne me prosterne que devant Dieu. Fasse le ciel que la Russie survive malgré tout, et que tous les démons qui nous ont organisé cela soient précipités chez leur maître en enfer.
En tous cas, c'était bien mené! Submersion de l'Europe sous les migrants. Le coup du Covid, et tout le monde à la niche avec la muselière. Et dans la foulée, la guerre inter raciale, enfin, quand je dis la guerre... Les abrutis qui se mettent à quatre pattes pour demander pardon n'ont vraiment plus qu'à poser la tête sur le billot ou à écarter les cuisses, sans doute les deux.
Jean Raspail vient de mourir, juste au moment où nous sombrons dans la plus complète ignominie. Après l'incendie de Notre Dame, c'est un signe bien sinistre. Il est allé rejoindre la France, celle qui fut et qui n'est plus. Le Mordor de Soros est en train de submerger le monde, avec ses orques noirs et ses nazguls. Que Dieu sauve la Russie. Notre dernier espoir. Comme je répondais à un Russe qui me disais que notre dernière arche prenait l'eau: sans doute, mais c'est la seule qui nous reste...





Le monde s’ouvre en deux comme un crâne brisé,
Coulent les ténèbres avec le sang versé,
Où se noient ensemble les bêtes et les gens,
De rares coupables et beaucoup d’innocents.

Et tout est bien parti, comme on l’a raconté,
Si quelqu’un commence, tout le monde s’y met.
D’abord l’on proteste, puis ensuite on se tait,
On n’a plus rien à dire, on ne sait que choisir
Prier ou se battre, rester ou bien s’enfuir.

Les ombres déchaînées ont trouvé leur visage,
C’est le vôtre, vous tous qui avez mis en gage
Votre âme petite chez le grand usurier
Qui jamais ne rendra ce que vous lui bradez
Contre l’argent pillé et contre un vain pouvoir,
Une triste revanche et dans l’océan noir
Que si facilement vous avez soulevé,
Plus sûrement que nous demain vous sombrerez.
Et plus profondément, bouffons et viragos,
Assassins et voleurs, jusqu’au tréfonds des eaux.
Pleins de cris, de noirceur et de sinistre effroi
Vous n’emporterez rien dans votre tombeau froid
Que la grise charogne où votre âme a péri,
Squelettes habillés qui offensez la vie.

Et nous dont vous broyez les humbles destinées
Nous guettons sur la mer la grande arche invisible
Dont vous ne verrez pas la lumière épanchée,
Et nous irons dedans ses flancs insubmersibles
Avec tout notre amour, nos cœurs émerveillés,
Et peut-être aurons-nous alors, de vous, pitié.

9 commentaires:

  1. Je vous lis silencieusement depuis longtemps et maintenant j'ai le sentiment que votre lumière intérieure se propage autour de vous. Puissiez-vous garder cette foi qui vous honore.
    Claude Latry

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    1. Je suis très touchée, et un peu surprise, car je ne la trouve pas si solide que cela, ma foi, et je n'imaginais même pas avoir quelque chose de comparable à une lumière intérieure!

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  2. Sans voix je reste à la lecture de cet écrit.
    Laurence merci de nous dépeindre ce qui se vit chez nos amis russes. Tout aussi inquiétant que ce que nous supportons avec impuissance.
    Que vive la belle Russie.

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    1. Ce n'est pas tout à fait aussi inquiétant, mais il faut avoir à l'esprit que le mal est partout à l'oeuvre.

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  3. Sans voix je reste à la lecture de cet écrit.
    Laurence merci de nous dépeindre ce qui se vit chez nos amis russes. Tout aussi inquiétant que ce que nous supportons avec impuissance.
    Que vive la belle Russie.

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