Dimanche, je suis passée à la galerie et j'ai vendu deux petites aquarelles format carte postale, de la série que j'avais faite à Cavillargues. J'étais contente mais cela me fait quelque chose de m'en séparer, je les aimais beaucoup.
L'une représente le chemin de la chapelle du saint Sépulcre à l'automne, avec la lune qui s'attarde dans le ciel du matin, l'autre des cerisiers en fleurs.
D'après Irina, qui s'occupe de la galerie, les gens apprécient. On m'a d'ailleurs laissé des échos sur un cahier que j'ai mis à cet effet. Mais je n'ai pas eu le temps de lire, d'autant plus que j'ai du mal à déchiffrer le russe manuscrit, parfois.
La maison du voisin a pris tout son volume. C'est-à-dire que je vois l'espace qu'elle va occuper. Elle arrive comme un ovni sur un terrain trop petit pour elle, et le moins qu'on puisse dire est qu'elle ne s'inscrira pas harmonieusement dans le paysage. Si tout cela est recouvert de siding façon fausse pierre et coiffé de tuile métallique rouge pétard ou bleu électrique, ce sera assez dur. Au fond, la maison contemporaine, à l'image de celui qui la bâtit, ne s'inscrit dans rien et s'impose avec arrogance, comme un Séraphin Lampion architectural. Je suis sûre que toute une petite faune vivait sur ce territoire bétonné sous une coulée de glaise d'un mètre d'épaisseur. Moi qui ne creuse jamais un trou sans ménager les vers de terre et qui évite même de déranger les fourmilières...
J'ai de la chance dans mon malheur, il y a un pépiniériste spécialisé dans les arbres grand format sur la route de Iouriev Polski et si la terre n'est pas gelée à mort, il pourra venir me planter un écran végétal au mois de décembre. Mais cela va me coûter un peu de fric, sans compter qu'il me faudra aussi prévoir de faire maintenant une clôture en bois, comme sur le reste du périmètre.
D'après lui, il faut laisser quatre mètres entre les arbres, j'aurai la place pour deux sapins et un bouleau. Je voulais prendre un saule argenté, mais c'est plus cher. Encore que j'hésite. Le saule argenté semble avoir beaucoup d'avantages, il est joli, léger et un peu pyramidal. Robuste.
Une amie m'a dit que sur intervention de l'évêque, son fils serait hébergé généreusement par notre père Andreï, qui a une grande maison et l'esprit de famille, et j'ai trouvé cela si beau, car elle n'avait rien demandé, et le garçon avait grand besoin de cette solution, je trouve beau que l'évêque l'ait senti et que le père Andreï ait fait immédiatement écho. Je dois dire que j'aime les croyants, le clergé de Pereslavl, et notre évêque. Ils sont chaleureux et humains, ils sont touchants. Chacun a bien ses faiblesses, mais il me semble qu'il règne entre nous la solidarité et l'indulgence. Je me sens d'autant plus dans la peau d'une grosse méduse flemmasse en ces derniers temps qui réclament autant de fermeté que de charité. Mais bon, comme je viens de le dire, chacun de nous a bien ses faiblesses.
Du coup, je vais faire opérer la chatte de ce garçon pour éviter les naissances de chatons, inenvisageables dans le contexte.
saule argenté |
Pas gai ce qui s'édifie sous vos fenêtres pour boucher les perspectives...
RépondreSupprimerC'est partout pareil. Dès qu'il y a 3 cm2 de libres au sol faut bétonner, artificialiser. Par chez moi tout à côté, c'est un projet immobilier "ambitieux" avec immeubles surplombants de cinq à neuf étages si j'ai bien saisi, qui vient saccager un endroit bucolique retourné à l'état de parc sauvage ces derniers temps. L'opposition des riverains n'y a rien fait, la municipalité l'a baladée de réunions "participatives" en déclarations bla-bla. Il y en a pour cinq ans minimum de travaux... Que le nouveau re-confinement décale un peu, pour quelques semaines de répit.
Tiphaine, depuis la Bretagne.
J'ai de plus en plus de mal à supporter cette nocivité imbécile. Ici aussi, ils veulent bétonner toute la magnifique rive du lac. La maison du voisin est pour moi presque un emblème. Je vais voir ce que ça donne avec les sapins, je suis fatiguée de bouger, mais je me demande si, après avoir fait le choix de la maison en ville pour grand-mère raisonnable et consciente, je ne ferai pas celui de l'isba de village pour me donner le temps de mourir à l'écart relatif de ces processus.
SupprimerChez nous se sont les héritiers qui vendent à des promoteurs de vieilles et grandes bâtisses en pierre de meulière ou pierre de taille. Notre quartier village se transforme en cité dortoirs
RépondreSupprimerIl faut tout uniformiser, défigurer, déshumaniser.
Cela relève du domaine privé et le maire de la commune est impuissant.Les recours ne font que ralentir les travaux.
Il ne faudrait pas que la tristesse des villes envahissent nos coeurs.