dimanche 27 décembre 2020

Noël des balalaikers


La neige est arrivée le 25 décembre, tout est blanc. Des flocons tournent dans la lumière. Désormais, les jours très courts vont grandir, nous entrons dans le versant printanier de l'hiver.

Des députés venant décider du sort du lac, je suis allée participer à une action qui consistait à se poster seul sur leur passage, avec un tableau du lac, suffisamment loin des autres pour qu'on ne puisse nous accuser de rassemblement illégal. Avant de nous disperser à nos places, une des organisatrices a appelé ces députés au téléphone, elle s'est fait raccrocher au nez.
Le lac était pourtant protégé par un ukase présidentiel sur lequel tout le monde s'assoit. Et des propagandistes ivres de haine le présentent en France comme un despote. Comme si, entre parenthèses, la république de Macron était un modèle de démocratie...
Hier soir, j'ai eu une interminable conversation téléphonique avec une nouvelle amie facebook, une orthodoxe française, correctrice, Anne. Interminable parce que nous nous sommes entendues comme larrons en foire, et que cela fait du bien, dans le monde étrange où nous nous retrouvons, et qui ressemble de plus en plus à une secte Moon planétaire. Elle me disait qu'elle ne pouvait plus supporter la folie qui l'entourait, les concombres masqués fervents que l'on trouve jusque dans les églises, nos églises orthodoxes, et aussi, malheureusement, jusque dans nos familles. 
Yarilo lui plaît beaucoup, elle m'a dit que c'était un livre qui ne ressemblait à aucun autre et qu'elle n'aurait jamais cru qu'on pût parler d'Ivan le Terrible avec humour. Nous avons discuté des libertés romanesques que je prends et que j'assume. Cependant, nous avons l'une et l'autre l'impression que publier un livre devient une gageure, plus les gens sont jeunes et moins ils lisent, moins ils ont les référents culturels pour comprendre même une langue claire et classique.
Elle pense que mon livre doit trouver néanmoins son public; le fait est que si on s'autoédite, les gens en concluent fatalement qu'on est trop nul pour être accepté par les éditeurs ayant pignon sur rue, de la même manière qu'on ne reconnaît pas les sites d'informations parallèles, alors que la presse officielle est complètement discréditée. Or j'ai eu un petit éditeur, cela ne faisait aucune différence avec l'autoédition pour la diffusion, je devais me charger de tout moi-même. En revanche, mes droits étaient bloqués. Et démarcher les gros, je l'ai fait autrefois, je n'ai plus envie. J'enverrai peut-être des exemplaires à droite et à gauche, à tout hasard. Enfin plutôt à droite qu'à gauche, à vrai dire.


fenêtre désormais barrée, il est temps de planter un sapin



Génia et Dania, les balalaïkers sont venus fêter Noël au café français. Il y avait peu de monde, à cause des mesures covid, et de l'exiguité des lieux, mais ce fut très chaleureux, et Dania est un génie de la balalaïka, qui joue aussi bien du contemporain et du jazz que de la musique traditionnelle, et il a subjugué tout le monde par sa grâce, son inspiration et sa virtuosité. Il a donné une leçon de balalaïka à toutes les personnes présentes, pour leur montrer qu'on pouvait vite et facilement commencer à jouer, et plusieurs d'entre elles sont décidées à poursuivre. L'une d'elles a même acheté un instrument.
Le lendemain, la leçon de balalaïka a eu lieu chez moi, dans la partie des invités, avec Katia et deux jeunes femmes que le folklore intéresse, qui veulent le développer avec des enfants, ou des jeunes, enfin notre mayonnaise commence à prendre. Ensuite nous sommes allés visiter les caves du café, voûtées, où éventuellement les balalaikers feraient une filiale du musée d'Oulianovsk. Cela arrangerait Gilles que ce local revînt à une entreprise de ce genre, Génia et lui ont longuement parlé affaires. Le local est très intéressant, avec plusieurs pièces voûtées, où il pourrait y avoir un musée proprement dit, une galerie où vendre tableaux et souvenirs, un lieu pour apprendre et partager, un lieu pour se rencontrer et jouer, et même un espace extérieur. Dans la perspective naturellement, où l'horrible dictature covidienne transhumaniste ne gagnerait pas complètement la Russie, avec sa persécution de la culture, de la tradition et de la convivialité, de l'humanité, en un mot... Pour l'instant, à Pereslavl, cela reste supportable, on fait semblant.
Des jeunes femmes m'ont remerciée d'avoir amené ici Génia et Dania. Je voyais leurs visages resplendir pendant le petit concert. La spontanéité et l'enthousiasme sont des qualités que les Russes n'ont, Dieu merci, pas perdues, et qui me les rend très proches et très chers.

Notre petit concert:


5 commentaires:

  1. Chère Madame, je suis la fille de Danielle Borgonovo que vous connaissiez, j'ai la douleur de vous apprendre son décès, le jour de Noël, à Brisbane, avec moi à la maison. Mon email est borgos@hotmail.com si vous souhaitez communiquer, je n'ai pas Facebook.
    Saint Noël,
    Suzanne

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. C'est extrêmement triste, je vous ai répondu directement par mail.

      Supprimer
  2. La vue c'est la maison du voisin Laurence ?

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. la vue de la fenêtre avec le chat. C'est un truc en contreplaqué avec de la fausse brique en plastique. L'avantage, c'est que le toit comme les murs sont bruns, j'aurais pu avoir du bleu pétard ou du rouge vif. Je pense que cela ne jurera pas avec des arbres, et il me faut absolument en mettre de déjà grands, parce qu'en dehors de l'aspect esthétique, je serai tout près de ces voisins, j'ai l'impression maintenant de vivre dans un aquarium. Je pourrais aussi vendre et m'en aller, cela me permettrait de récupérer de l'argent, mais cela repésente beaucoup de chambardement.

      Supprimer
  3. Oui, attention au déménagement brutal. L'époque ne s'y prête pas du tout.

    RépondreSupprimer