dimanche 22 août 2021

Chez les cosaques de Pereslavl

 

les jeunes filles et Aliocha

Ce dimanche matin, j'ai décidé d'aller à la liturgie de 6h30, parce que c'était l'évêque qui la célébrait et que je n'arrive jamais à croiser son chemin, avec tous mes voyages, et mes coups de fatigue. Je suis partie dans une brume totale, au radar. Mais sur place, je ne l'ai pas regretté, l'église saint Vladimir, qui n'est pas vraiment restaurée, est plus petite, il y a beaucoup de monde, c'est plus recueilli et on entend mieux. Monseigneur m'a dit: "Eh bien, mais qu'est-ce que vous devenez? Je ne vous vois plus qu'à la télé!

- Je sais, je sais, j'ai voyagé, et puis j'ai été bousculée... Je suis venue spécialement ce matin, pour vous apercevoir!

- On dirait que vous avez rajeuni?

- Si c'est le cas, loué soit Dieu, ce doit être le jardinage!"

Son homélie recoupait les propos de la mère Alexia: nous sommes appelés à passer de l'ancien Testament au nouveau, du statut de juste à celui de saint, à transfigurer notre chair mortelle pour entrer dans le Royaume. Vaste programme. Mais je me sentais apaisée et presque joyeuse.

L'après-midi, j'étais invitée chez les cosaques par l'autre vedette de Pereslavl, le Suisse Veniamin, devenu Russe récemment par le passeport. Il était filmé par la chaîne Rossia, qui lui a bloqué deux jours. Tout cela se passait au "Parc Russe", avec ses bâtiments kitsch de style pseudo national. Le temps a complètement changé, cela sent l'automne à plein nez, et c'est venu, comme bien souvent ici, de façon très brutale. Il faisait froid et pluvieux, mais au cours de l'après-midi, le vent a dissipé les nuages et ramené un soleil qui nous a consolé par sa tiédeur. Lavée par la pluie, la lumière prenait une transparence d'un autre monde, et je voyais défiler de mystérieuses et énormes structures nuageuses sur les bouleaux frémissants.

Les cosaques se livraient à des jeux guerriers, le fouet, le sabre, lancer de poignards, Veniamin s'en sort très bien, il doit avoir un sacré entraînement. "Oncle Slava" a joué de l'accordéon, Olga de la balalaika, j'ai joué des gousli et de la vielle. On fêtait le départ de la fille d'Olga, qui vient de réussir le concours d'entrée à l'université de Kaliningrad. Mère et fille étaient au bord des larmes. Même Aliocha a joué un peu de sa balalaïka, et tout le monde l'a félicité. Il était resté longtemps sans venir, à cause des horaires infernaux de son école. Et l'on s'étonnait de le voir si grand et si changé. Olga m'a demandé d'inclure sa fille Lada dans les cours avec Skountsev.

L'ataman m'a confié que les enfants devaient jouer à des jeux guerriers, qu'il fallait que les garçons fussent des garçons et les filles des filles (bien qu'à vrai dire, les filles se livrassent aussi à des activités sportives et à la danse du sabre...) Il fallait élever des enfants chevaleresques, patriotes et responsables. Oncle Slava a fait un discours sur l'affection qui devait tous nous unir, l'entraide qui devait régner entre nous, l'humilité, la capacité de pardonner, de réconcilier. L'exemple que nous devions donner à tous. Car nous n'étions pas seulement nous-mêmes mais tous nos ancêtres, dont il fallait se rendre dignes. Quelles que soient les imperfections ou les maladresses de cette équipe de cosaques, je les trouve extrêmement touchants, il y a si peu de gens capables de rêver, de nos jours, et de se donner des objectifs élevés, exigeants...











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