dimanche 20 mars 2022

Le printemps des parias


Je suis allée faire un tour à Moscou, et j'ai vu mon père Valentin, à l'hôpital. Il était certes pâlot, mais vif et gaillard. Il a demandé combien de gens avaient communié le matin dans sa paroisse, puis ce qui se passait en Ukraine, et s'est lancé dans des commentaires avec son fils, le père Mikhaïl, et son gendre Aliocha, sur la désinformation monstrueuse, qui est l'arme fatale de l'occident en chute libre. Il a beaucoup aimé la définition qu'a donné Xavier Moreau de l'armée russe: une technique hyper moderne, une mentalité de guerriers médiévaux. D'après lui, son ami le Baron voit dans ce qui se passe en ce moment peut-être la seule opportunité d'échapper à la tyrannie ploutocratique universelle, bien qu'il n'ait jamais été partisan de Poutine. Le père Mikhaïl était venu lui porter l'eucharistie. J'étais profondément émue par la sollicitude de son second fils Kolia, qui s'occupait de lui avec un dévouement enjoué, et par la ferveur des prières générales à son chevet. Il est vraiment extrêmement aimé. C'est sans doute ce qui l'a gardé en vie.

Le matin, à l'église, j'avais eu la même impression de prière intense, quelque chose comme une attente lumineuse et nostalgique. On collectait de l'argent pour les réfugiés ukrainiens, la consigne du patriarche était de lire la paraclisis à la Mère de Dieu tous les jours pour hâter l'issue du conflit. 

La veille, j'étais allée acheter du matériel de dessin dans le joli quartier de Tchistye Proudi. Cela sentait le printemps, c'est-à-dire qu'il ne faisait pas plus de 5°, mais la lumière prenait quelque chose de radieux, de mystérieux qui transfigurait toutes les architectures. Je voyais déambuler paisiblement, près des boutiques chic, des restaurants et des cafés, des jeunes gens élancés, aux vêtements stylés, avec de beaux visages slaves. Dès qu'on passe au dessus de zéro, et qu'il y a du soleil, tout le monde est dehors, on sort les manteaux pastels, les bottines élégantes. Dany trouve les moscovites moins euphoriques qu'ils ne le sont d'habitude au début du printemps, Moscou ne fête pas le renouveau, comme mes cosaques se sont abstenus des réjouissances de la maslennitsa. Je suis allée la rejoindre dans son appartement. Nous avions acheté un poulet pour Iouri, à condition qu'il donne de petits morceaux à Rita, qui, dans le caddie des courses, défaillait de convoitise, car elle l'avait sous le nez. Il a dit en rigolant que bien sûr, et que même, il pourrait aussi le manger sous la table avec elle, puisque, de l'avis des Européens, c'était la place des Russes! Bien que l'attitude occidentale nous fasse honte, nous en avons plaisanté avec lui, mieux vaut en rire qu'en pleurer, et nous avons bien ri. J'ai retrouvé la même ironie chez le père Mikhaïl et Aliocha, évoquant les "journaux civilisés", leurs contes et légendes, et aussi ceux de leurs amis qui sont "contre la guerre" mais déplorent surtout de ne plus pouvoir aller en Turquie ou en Thaïlande, porter des Nike ou s'offrir des smartphones.Cette épithète de "civilisé", abondemment utilisée par les libéraux pour différencier ce qui est fréquentable de ce qui est russe, est désormais accompagnée d'un gloussement goguenard.

 A propos des réactions de l'Eglise Ukrainienne, celle du métropolite Luc de Donetsk me paraît parfaitement compréhensible, respectable et adaptée: 

METROPOLITE LUC DE ZAPOROJIE ET MELITOPOL: NOUS SOMMES TOUJOURS AVEC NOTRE PEUPLE

L'Eglise Orthodoxe célèbre aujourd'hui le jour de la découverte des reliques de saint Luc de Crimée. La vie de ce saint est un exemple frappant de l'attitude de l'Eglise du Christ envers son peuple. Lorsque la guerre éclata en 1941, saint Luc Voïno-Iassenetski fut emprisonné uniquement parce qu'il restait fidèle à son Eglise. au même moment, sur l'autre ligne de front, lui provenaient des appels du clergé émigré à l'ouest, selon lesquels les troupes allemandes étaient venues libérer nos terres de l'oppression communiste et rendre au peuple sa liberté spirituelle. On pourrait trouver logique que saint Luc eût été sinon de façon déclarée, au moins intérieurement d'accord avec ces messages. Mais non, monseigneur Luc est resté fidèle à son peuple, et a demandé par écrit à être envoyé sur le front, en tant que chirurgien praticien, en promettant de pugrer le reste de sa peine après la guerre. C'est un exemple de fidélité à l'Eglise et à son peuple. 

C'est la même chose aujourd'hui. Peu importent les persécutions contre l'EOU pendant les années précédentes, peu importent les calmonies à son égard. Bien que même maintenant, on continue à confisquer nos églises et à les bombarder, et que ne cesse pas le flux de haine et de mensonges à notre égard de la part de personnes intoxiquées par une propagande satanique, nous soutenons le peuple ukrainien dans ses ennuis et ses peines. Les ennemis de l'Eglise, à l'intérieur ou à l'extérieur du pays, ont du mal à le comprendre, mais pour nous, c'est clair.

Les églises orthodoxes sont remplies de paroissiens de notre patrie. Leurs épreuves sont les nôtres. Leurs joies sont les nôtres. La véritable Eglise du Christ est une mère pour son peuple. Elle en s'intéresse pas aux claculs politiques de ceux qui sont au pouvoir et finiron un jour par s'entendre. Dieu ne nous a pas dotés d'une autorité spirituelle pour que allions nous engager dans la politique. Notre tâche est de rester proches de ceux que nous avons baptisés, mariés, pour lesquels nous prions, qui viennent se confesser auprès de nous et communier au Corps et au Sang du Christ, nous le faisons dans leur demander leurs opinions politiques. En outre, nous n'avons pas le droit d'aggraver le mal en nous mêmes et en les autres.

Nous ne faisons d'un avec le peuple ukrainien et continuerons toujours, quoiqu'il arrive!  

Perchi Kozatski

МИТРОПОЛИТ ЗАПОРОЖСКИЙ И МЕЛИТОПОЛЬСКИЙ ЛУКА: МЫ ВСЕГДА С НАШИМ НАРОДОМ
Православная Церковь сегодня празднует день обретения мощей святителя Луки Крымского. Жизнь этого святого является ярким примером отношения Церкви Христовой к своему народу. Когда в 1941 году началась война, святитель Лука Войно-Ясенецкий находился в тюремном заключении только за то, что сохранил верность своей Церкви. В то же время по другую линию фронта из уст священнослужителей, эмигрировавших на запад, раздавались призывы о том, что немецкие войска пришли для того, чтобы освободить нашу землю от коммунистического гнета и дать ее народу духовную свободу. Казалось бы, логичным выводом, находящемуся в заключении святителю, было бы, если не велегласно, то хотя бы внутренне, согласиться с этими призывами.
Но нет, владыка Лука остался верным своему народу и написал письмо с просьбой направить его на фронт в качестве практикующего хирурга, а оставшийся срок судимости обещал отбыть после окончания войны. Пример жизни святителя есть образец верности как Церкви, так и своему народу.
Тоже самое мы видим и в наши дни. Как бы не гнали #УПЦ во все предыдущие годы, как бы на нее не клеветали, она осталась со своим народом. Несмотря на то, что и сейчас продолжаются захваты или разрушения бомбами храмов, идут потоки лжи и ненависти в нашу сторону со стороны людей, отравленных сатанинской пропагандой, мы, тем не менее, поддерживаем украинский народ во всех его бедах и горестях. Врагам Церкви, как внутри, так и вне нашей страны, сложно понять почему так происходит. В то время как нам все предельно ясно.
Православные храмы наполнены прихожанами нашей родины. Их горести, беды, лишения – наши горести. Их радости – наши радости. Истинная Церковь Христова — это родная мать своего народа. Ее не интересуют политические и экономические расчеты власть имущих, которые когда-нибудь договорятся. Не для того Бог облачил нас духовной властью, чтобы мы занимались политикой.
Наша задача – всегда быть рядом с теми людьми, которых мы крестили, венчали, о которых молимся, которые приходят к нам на исповедь, кто приобщается Тела и Крови Христа, мы ведь это делаем не спрашивая их политических взглядов. И тем более мы не имеем права множить зло в себе и людях.
Мы – одно целое с нашим украинским народом и будем таковыми всегда, несмотря ни на что!
Перший козацький

De même mon ami le père Nikita demande à ses ouailles, qui sont sous les bombes ukrainiennes depuis huit ans, de recevoir à bras ouverts n'importe quels réfugiés, quelle que soit la couleur.

J'ai discuté hier soir avec mon amie ukrainienne Yelena, dont je conseille si souvent la chaîne youtube Thalie Thalie. Soutien du Donbass, elle a de la famille et des amis dans les deux camps. Qui plus est, l'une d'eux, qui soutenait la même cause qu'elle, a complètement viré de bord avec l'intervention russe, et se répandait en malédictions extrêmement émotionnelles, mais voilà qu'un membre de sa famille, pro-Kiev, a témoigné auprès d'elle des exactions ukrainiennes à leur égard! Yelena a de nombreux témoignages de l'usage par les bataillons punitifs des civils comme boucliers humains. Elle m'a donné le conseil d'essayer de me détacher de ce qui se passe, et surtout de toutes les conneries que je lis et des fake news sur lesquelles je tombe, car l'avalanche est telle qu'il vaut mieux rester sur la rive plutôt que d'y engager un orteil.

Pour ceux qui n'ont pas pu visionner Nikita Mikhalkov avec des sous-titres français, voici une vidéo d'une journaliste américaine qui est très complémentaire des infos qu'il donne: https://lactudissidente.com/cette-journaliste-et-correspondante-de-guerre-balance-tout/
Voir aussi le briefing de Slobodan Despot sur une bêtise et une vilenie occidentales qui me rappellent beaucoup celle du Maïdan, comme quoi, entre une certaine Ukraine et la nouvelle Europe, il y a en effet de vraies affinités:



C'est une analyse très profonde de la folie dans laquelle on nous a plongés.

2 commentaires:

  1. Cela fait beaucoup de bien de vous lire, madame. N'ayez crainte cependant, le peuple russe a beaucoup plus de soutien et d'alliés en France qu'on pourrait le croire malgré un incessant bourrage de crâne.

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    1. Oui, je sais, ma soeur me dit qu'aucun de ses copains ne marche dans cette combine.

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