Annonciation

 

Quand je suis allée baiser aujourd'hui la croix, le père Andreï m'a demandé, affable et jovial: "Quelle est l'humeur de notre Française? Vous n'êtes pas trop abattue, j'espère?

- Non, non, pas vraiment, ça va.

- Tenez bon, nous sommes partis pour la fin du monde, voilà tout, tout se déroule comme dans les Ecritures."

Une des choristes a immortalisé ce moment!

Il a dit dans son sermon, que l'Annonciation était la fête du silence, car tout ce qui se passait de divin se révélait dans le silence, dont l'époque contemporaine a la hantise, ce qui conduit chacun à rechercher le vacarme pour conjurer le vide. Or c'est le silence qui est plein, et le vacarme qui est vide. 

J'ai vu ma petite vieille qui me tombe toujours dans les bras, et qui n'a d'ailleurs que dix ans de plus que moi! Elle est très gentille, et elle m'a procuré toutes sortes d'encouragement.

Après la liturgie, je suis allée dans la boutique de la cathédrale, dans une des vieilles maisons qui subsistent à côté. On y vendait des souvenirs affreux, maintenant, on y vend des objets religieux de qualité et aussi des vêtements de femme orthodoxe et même des vêtements folkloriques. Et puis des chaussettes artisanales de toutes les couleurs, des châles, des foulards, des croix d'argent... Je cherchais un pendentif qui s'ouvre pour conserver un peu de sable de la tombe de l'higoumène Boris. Il n'y en avait qu'un seul,en argent, fait selon le même principe que les capsules qui se dévissent pour glisser au collier d'un chien le numéro de téléphone de son maître! Je l'ai pris, il est très simple, et l'higoumène Boris m'a plutôt réussi jusqu'alors, par les temps qui courent, je préfère avoir cela sur moi!

En face de la boutique de bondieuseries, dans le même bâtiment, on a celle des pains d'épices de Pereslavl, faits à l'ancienne dans de ravissants moules d'époque, on y vend aussi toutes sortes de thé et d'infusions, du miel, de la confiture, des fromages artisanaux.

Tout a terriblement augmenté, depuis que le rouble s'est effondré, maintenant, il a repris son cours d'il y a un mois, mais les prix ne descendent pas pour autant. J'avais trouvé que les rayons du grand Magnit étaient déserts, et pensé que ça y est, la pénurie, mais ceux du Vierny, aujourd'hui étaient comme d'habitude... 

Ma nouvelle connaissance est venue prendre son dessin. Elle me dit que sa datcha est située dans un endroit de rêve, avec une vue magnifique, et qu'elle l'a cherché pendant trois ans. Elle a bien de la chance, moi, j'ai dû me décider en quinze jours, et je ne suis vraiment pas dans un endroit de rêve, bien que j'en ai fait un ilôt de beauté, qui peut éventuellement être gâché par la plastification de l'isba d'oncle Kolia ou de celle d'Ania, ce qu'à Dieu ne plaise... 

 Le pastel qu'elle a choisi, c'est la maison de l'oncle Kolia, en automne:

J'ai trouvé le moyen de contenir le troll, je modère systématiquement tous les commentaires, je suis donc la seule à pouvoir lire sa prose, qui répète en gros la propagande du Monde, Il me met, de façon obsessionnelle, au défi de renoncer à mon passeport français. Mais je l'emmerde. Lorsque le père Basile a été gratifié de la nationalité russe, il a voulu rendre son passeport français, puisque on ne pouvait pas avoir de double nationalité. Les Russes lui ont dit: "Que voulez-vous qu'on en fasse? Pour nous, vous êtes russe, ce que vous faites de votre passeport ne nous regarde pas!" En fait, le gars est persuadé que ce passeport a une immense importance, et que nous nous y cramponnons, bougre de salauds que nous sommes, comme le trapéziste à son filet, mais quand on a tout pris avec soi dans un autre pays, qu'on y est installé, et que le contexte est ce qu'il est, il n'y a pas de retour en arrière. La catastrophe serait pour moi d'être expulsée; et la question qui se pose est plutôt celle de ma dernière demeure, les déménagements grandioses ne sont plus de mon âge, d'ailleurs, mises à part toutes autres considérations, j'ai une vie plus intéressante et plus riche que jamais auparavant. L'hiver est trop long, et les miens trop loin, mais autrement, je me sens comme un poisson dans l'eau...

Sur le faux drapeau et tout le reste, un magnifique article du Saker: https://lesakerfrancophone.fr/la-veritable-importance-du-faux-drapeau-de-bucha-un-changement-dans-la-narrative

Et pour comprendre ce qui se passe et comment on vous ment:

 

Cette vidéo est si sincère, si irréfutable, si éloquente la confrontation entre la journaliste honnête et la propagandiste pourrie qu'elle est interdite sur facebook. Notez l'embarras de l'interlocutrice d'Anne-Laure Bonnel, quand celle-ci lui propose de lui envoyer des preuves d'atrocités russes ou séparatistes équivalentes à celles qu'elle montre, de la part des Ukrainiens. En réalité, le principal reproche de la journaliste officielle, c'est de montrer une réalité qui nuit à la légende.