Je suis tombée sur l'interview par la chaine 1 d'une famille française émigrée dans la région de Moscou. Cela m'a fait un choc. Une famille nombreuse catholique, traditionnelle, "bon chic bon genre", comme on aurait dit dans ma jeunesse, bien élevée, le genre de clientèle que j'avais dans mes classes du lycée français. Avec tout ce qui se passe, on aurait pu penser que de telles familles étaient en voie de disparition, eh bien non. Celle-là est en Russie, elle soutient le Donbass, où elle envoie de l'aide humanitaire. https://www.1tv.ru/news/2022-07-14/433460-bolshaya_frantsuzskaya_semya_shest_let_nazad_pereehavshaya_v_podmoskovie_pomogaet_detyam_donbassa
Je ne me suis toujours pas décidée à récupérer Nounours, et je sens une sorte de pesanteur intérieure analogue à celle qui m'a fait renoncer au dernier moment à déménager dans un joli village, quelque chose d'insurmontable. Ce petit chien me plaît beaucoup, mais je suis harcelée par mes chats, leurs bêtises, leurs crises de jalousie, je suis finalement très occupée, et de plus en plus fatiguée, physiquement et émotionnellement, un chiot demande de l'attention, de l'éducation, de la fermeté, je me demande si je n'ai pas passé l'âge de me lancer dans cette aventure. Ma voisine Ania le pense, elle me dit qu'elle a pitié de moi, parce que le chien deviendra énorme, qu'il peut me renverser, qu'il faut être disponible. Ils sont toute une famille à s'ocupper du sien, qui est adorable et visiblement très heureux. Moi je suis seule et usée, percluse de rhumatismes. Ce qui s'est passé avec le chat à Moscou m'a provoqué des insomnies et une crise de migraine comme je n'en avais plus eu depuis longtemps. Ania me dit que Sacha et Olga s'occuppent bien de leurs chiens, qu'ils les promènent, qu'ils les lâchent de temps en temps. Je me souviens de ce que maman m'avait dit un jour, qu'il ne fallait pas se charger de fardeaux qu'on ne peut pas porter.
Je pressentais qu'Ania avait pris un chien parce qu'elle craint de perdre son mari, qui est beaucoup plus âgé qu'elle, il a mon âge. C'est le cas, elle craint terriblement de le perdre, elle est même allée en pèlerinage à Diveïevo faire prier pour sa santé. Il n'est pas malade, Dieu merci, mais il vieillit, et il a eu le covid, lui aussi, il doit encore être fatigué. Ils sont très unis, et leurs enfants sont très bien, ils n'ont pas du tout la mentalité de merde du petit ado élevé au consumérisme et à la tablette par des beaufs. Ce sont des gens pour lesquels j'ai autant d'affection que de respect.
Elle m'a proposé de lire un extrait de mon livre à la présentation de Rostov, et m'en a fait la démonstration. Elle ne lit pas avec le talent de Katia, mais elle lit distinctement, et c'est le principal.
L'artisan qu'a mis Kola sur l'affaire, Andreï, me plaît beaucoup, il n'est pas idiot, efficace, il me propose même des solutions plus rapides et plus économiques, au lieu d'essayer de me tirer du fric n'importe comment pour n'importe quoi. Et il va me refaire tous les trucs qui ne vont pas dans la maison. Je rends grâce à Dieu de me l'avoir amené...
J'ai découvert la vue que j'aurai depuis la terrasse, qui est à présent presque terminée, il manque l'escalier, mais nous attendons Kolia, qui doit faire un socle en béton. C'est vraiment merveilleux, j'aurais dû faire cela plus tôt, cela change tout, à la limite, je devrais presque être reconnaissante au voisin de m'avoir poussée à chercher cette solution par sa construction brutale, intrusive et moche! Car j'ai sous les yeux un paysage dégagé, enore pittoresque, depuis un recoin où j'ai bien la paix, tout le jardin à mes pieds, la maison d'Ania, celle d'oncle Kolia est cachée par les arbres, mais ce n'est peut-être pas plus mal, étant donné ce que l'on va certainement finir par en faire...
J'ai lu avec intérêt ce numéro du blog "journal d'un orthodoxe ordinaire" de mon ami Maxime, il remet bien les pendules à l'heure: ☦️ ORTHODOXE ORDINAIRE : JUSTE AVANT LA FIN… comme il avait été prophétisé. Pas la peine d'être pessimiste. (orthodoxe-ordinaire.blogspot.com)
Ici, un article faux-cul et propagandeux pour salir Makine, que je plains beaucoup car il a aimé et choisi la France et voit maintenant son pays d'origine soumis à des calomnies constantes et des interprétations biaisées. Or il sait bien ce qui est vrai et faux, il vient de Russie. Les gens comme lui, ou comme Soljénitsyne, ont une vision stéréoscopique, ils voient les deux côtés du problème. Je l'estime pour son courage. Qu'il soit amené à prendre cette position inconfortable dans le pays qu'il a aimé et où il occupe une position enviable est en soi significatif et devrait faire réflechir ceux qui en sont encore capables. Aucun des Français émigrés de ma connaissance n'est placé devant ce genre de dilemme, ils sont tous patriotes de la Russie, même quand ils sont nostalgiques de la France. J'en discutais avec mon artisan Andreï, il soutient son gouvernement à mort et écoute la propagande ukrainienne avec une curiosité d'entomologiste. Il a des connaissances en Allemagne qui sont consternées et cherchent à revenir.
Poutine, l’Ukraine et la « propagande européenne » : le monde rêvé d’Andreï Makine (nouvelobs.com)
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