vendredi 8 juillet 2022

Félicie

 






Il est rare que l'on connaisse les noms de ses arrières-grands-parents. Du côté de mon père, je ne les connais pas, parce qu'après sa mort, j'ai eu peu de contact avec sa famille. Du côté de maman, je remonte plus loin. Je connais même mon arrière-arrière-grand mère Caroline, la "belle Caroline" exilée en Belgique avec son mari après la Commune. Quelqu'un m'a donné les prénoms des autres ancêtres, je les récite pendant mes prières: Emile, Félicie, Louis, Suzanne. En nettoyant mes dossiers de photos, je suis tombée sur celles qu'un cousin m'avait envoyées de la famille de ma grand-mère, sur laquelle il a fait des recherches approffondies, et je me suis plongée dans ce monde disparu, qui n'était pas si loin de moi, quand j'étais enfant. Et voilà que je suis tombée sur une photo de Félicie, si vivante, si intense, elle était là, devant moi, avec toute son âme, cette Félicie dont je suis issue et que je n'ai pas connue. "Félicie Chanteperdrix, mère de Charles". Ce doit être la fille de Caroline, mon arrière-grand-mère. Elle devait être très bonne. Cette photo me fascine, ce regard qui me trouve au delà du temps et qui a quelque chose de fervent, de sensible, d'émerveillé, comme si il était fixé sur quelqu'un de très aimé. Toute une vie dont je ne sais pas grand chose, et qui n'a rien su de moi, puisqu'elle est morte longtemps avant ma naissance. Tout ce qui reste d'elle est au cimetière d'Annonay, et auprès de Dieu. Pour les petits enfants de mes cousines, Félicie est aussi lointaine que pour moi l'ancêtre Scholl, cet Allemand venu épouser une annonéenne après les guerres napoléoniennes. Je me demande si ce n'est pas de lui que nous tenons le côté slave et barjo. Il y avait des tribus slaves en Allemagne, dans les temps anciens. Il paraît que ses filles étaient très belles. Comme ma mère et mes tantes. Je crois que je vais reprendre tout ce dossier de photos et en faire le commentaire pour amorcer mon livre sur mon enfance et ma famille.
Ce matin, Nounours est revenu faire le tour du propriétaire, avec son petit frère, mais ensuite, il est resté seul. Il me suivait par tout le jardin, on dirait qu'il sent que je suis sa future patronne, et que c'est son futur domaine. Il me faisait des tas d'amabilités. Il en fait aussi à Rita, avec moins de succès. Il a l'air de nous démontrer par tout son comportement qu'il est un très bon chien, que nous ne regretterons pas de lui faire de la place, que nous lui plaisons, qu'il est notre Nounours. J'espère que je vivrai plus longtemps que lui.
Mon nouveau voisin de derrière m'a dit que son exemplaire était parfait, calme, gentil, qu'il savait où il habitait et restait sur place, et ne voulait pas entrer dans la maison, car il est habitué à être dehors, où il est né. Il va lui faire une niche, mais il ne l'attache pas. C'est une gentille famille. Nous allons faire des travaux de drainage ensemble, pour compenser le déséquilibre causé par l'indiscrète maison voisine.....
Hier, je suis passée au café et une bonne femme m'a demandé si j'étais Laurence, puis s'est assise en face de moi et m'a même invitée chez elle, ce qui est très gentil, mais si tous ceux qui ont lu mon livre, ou vu une émission sur les étrangers de Pereslavl, s'asseoient à ma table ou m'invitent chez eux, il me faudra trouver un ermitage dans la taïga! Cela me fait un drôle d'effet. Gilles est content, cela fait de la pub à son café, et Maxime veut même m'installer une table pour que je reçoive les gens et vende mon livre une fois par semaine!



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