jeudi 31 octobre 2024

Genou

 


L'aggravation de mes problèmes de genou m'ont conduite à consulter un chirurgien traumatologue recommandé par la rumeur publique à la polyclinique locale où, après le Covid, je pensais ne pas remettre les pieds. Il m'a dit qu'il fallait changer le ménisque, qu'il en avait pour une demie heure et moi pour "deux trois jours". Je me suis donc décidée à subir l'intervention, dans son service flambant neuf. Gratis!

On me l'a pratiquée sous péridurale, l'assistant me récitait des vers de Lermontov sur la  bataille de Borodino, pour me détendre? Je lui ai dit que j'étais désolée des libertés que Napoléon avait pris avec la Russie... Le chirurgien chantonnait en s'activant, comme s'il changeait une pièce sur une vieille voiture. J'expérimentais toute l'impuissance d'un paraplégique. Cela fait une drôle d'impression de ne plus pouvoir bouger les jambes.

Ensuite, on m'a ramenée sur mon lit, avec défense de bouger et de m'asseoir. Manger de la soupe dans ces conditions, ce n'est pas top. Et en plus, le matelas était si atroce que je sentais tout le metal des lattes. Le soir, on m'a permis de me tourner sur le côté, et j'ai fait ça toute la nuit, sur ma grille, j'allais me transformer en fakir. Je souffrais plus de mes courbatures que de ma jambe. Au matin, on m'a invitée à me lever et à aller aux toilettes, mais je n'arrivais pas à me déplier. En fait, ces matelas font partie de lits neufs très chers, que le fabriquant n'a pas craint d'assortir de ces grabats, 5cm de mauvaise mousse en plusieurs morceaux qui se dissocient et qu'on a remplacé par de vieux matelas décents, au fur et à mesure des plaintes des patients. 

Le jour même, j'étais sur pied, je marchais sur deux jambes stables, c'était magique. On m'a mis une perf de produit qui supprimé l'enflure et on m'a dit de marcher pour tout mettre en place. Mais ce matin, alors que je pensais sortir, c'était encore un peu enflé, et j'ai eu droit à une autre perf, je craignais d'être coincée jusqu'à demain. Je suis allée voir le chirurgien qui a décidé de me renvoyer chez moi avec pour instruction de revenir samedi matin lui montrer tout ça. Il m'a dit qu'il ne m'avait rien changé du tout, qu'il avait juste nettoyé et remis en place, et que  j'aurais de toute façon des petites douleurs parce que j'avais de l'arthrose, mais le ménisque a repris sa place. D'un autre côté, j'apprécie sa prudence. J'avais dans ma chambre une femme énergique et marrante à qui on avait changé les articulations à Moscou, et d'après elle, on l'avait traitée avec condescendance et négligence. Maintenant, elle a des problèmes, et après l'avoir observée une journée, notre chirurgien a décidé de la réopérer, parce que quelque chose ne va pas là dedans. Il y avait aussi une jeune femme qui après une fracture de la jambe réparée avec des broches par quelqu'un d'autre, est tombée sur le genou et maintenant, c'est la catastrophe, il va devoir aussi l'opérer. J'avais une grande compassion pour mes compagnes de chambre, à qui j'ai promis de rendre visite samedi, je leur apporterai des chocolats. Notre chirurgien a une telle réputation qu'une femme est venue le voir depuis Magadan. Il a fui l'ambiance mercantile de Moscou, et l'hyper spécialisation importée, comme d'habitude "d'occident", c'est-à-dire d'Amérique. On voit tout de suite qu'il est humain, intelligent et compétent, et tout son service l'adore.

Au moment de partir, on m'a dit d'aller récupérer mes vêtements au vestiaire, j'ai quitté en chemise de nuit et en chaussons le splendide étage du docteur Simakov et je suis descendue par un escalier dérobé dans un labyrinthe souterrain sinistre où passaient des bonshommes. Je vois un écriteau "vestiaire" qui me désigne le fond d'un corridor de plus en plus sombre. Là, une infirmière de rencontre me dit que j'ai dépassé les vestiaires. Je retourne en arrière et distingue un guichet, sur la vitre duquel était effectivement écrit "vestaire", mais comme elle était ouverte, je n'avais rien vu.

J'ai dû m'habiller comme je pouvais dans le tunnel qui m'évoquait ceux du deep state américain, en espérant qu'aucun bonhomme ne passe par là. Il paraît que l'on refait tout l'hôpital, qui a trouvé des sponsors. Les choses changent à Pereslavl...

6 commentaires:

  1. Fijn dat je weer op de been bent, Laurence!

    Ik lees je blog al een paar jaar en begon mij al een beetje zorgen te maken.

    Een voorspoedig herstel en alle goeds uit Groningen, Nederland,
    R.

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  2. Super Laurence, bravo et merci mon Dieu.

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  3. ça donne envie d'aller se faire opérer là-bas !

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