Le printemps se manifeste fraîchement, mais tout est prêt à sortir, je vois pointer crocus et jonquilles, et même les pivoines. Les chats reviennent sur la terrasse, surtout le contemplatif Moustachon qui se tient en hiver près des fenêtres. J'ai cru que j'allais déménager. Mais les artisans de Gilles m'ont déconseillé la maison, petite mais si bien située qui m'avait tapé dans l'oeil. Et mon agent immobilier Alexandra également. Il sera dit que je mourrai ici, en souhaitant que la mobylette d'un côté, et la radio de l'autre finissent par déménager au Kamtchatka... Mais c'est plutôt moi qui passerai dans l'autre dimension.
J'ai vu qu'à la question: "Nos animaux iront-ils au paradis?" un starets avait répondu: "Cela dépend de vous, ils iront là où vous irez." J'en suis convaincue, et même, je pense que peut-être, par considération pour eux, Dieu nous fera parfois une place que nous ne méritons pas.
Le café français est pour moi un précieux refuge, et j’y dépense d’ailleurs trop d’argent. Il est vrai que c’est mon seul luxe. Je suis bien différente de Gilles et Maxime, mais ils me font un petit coin de France rigolarde, bonne vivante et gouailleuse, et ils sont tellement gentils et secourables avec moi que je les bénis tous les jours. Pareil pour la jolie Vitalina, le charmant Arthur, et tout le personnel. Et même le cuisinier. Maxime voulait l’engueuler pour les portions qu’il me sert, et qui sont considérables, mais il a compris que c’était en fait une faveur qu’il me faisait de me mettre la double dose, et non une habitude qui compromettait les bénéfices de leur affaire !
Je vais faire des promenades et des dessins dans le marécage, pour essayer d'oublier la sarabande infernale qui nous emporte tous devant le lac grandiose, ses nuances, ses nuages, sa paix venteuse et nordique. Il faut s'arracher mentalement à la succion de ce maelstrom d'ignominie où l'Europe s'abîme. Ici, tout reste paisible.
Je regarde l’extraordinaire soulèvement serbe, avec sa musique, ses drapeaux, ses prières, ses costumes et rites populaires conservés contre les vents et les marées de la modernité, j'hésite entre la sympathie émerveillée et l’appréhension. Slobodan pense que c’est une révolution de couleur. Yves Bataille est persuadé du contraire. Il y a une chose dont je ne doute pas, les Serbes, c'est encore un vrai beau peuple slave, ils n’ont pas envie de finir comme les Français, ils veulent vivre à leur manière, avoir un gouvernement qui leur ressemble, leur indépendance culturelle, leur spécificité spirituelle, ils ne veulent pas de l’UE, ne sont pas solidaires de « l’Ukraine », cet affreux golem, et n'ont pas non plus marché dans la manipulation covid. Laquelle, aux dires de Corinne Lalo qui semble très bien documentée, est un vrai crime contre l’humanité, une bombe à retardement, dont les responsables devraient être jugés et punis, avec ceux qui les ont soutenus, qui ont dénoncé, vilipendé les résistants. A l’occasion de la mort du starets Elie Nozdrine, à un âge très avancé, quelqu’un a publié sur VK une photo très significative qui, dans un sens, m’a fait mal: de nombreux ecclésiastiques en train d’officier avec cet immonde et stupide torchon sur le visage, si incompatible avec leurs vêtements liturgiques, mais le starets, lui, n’a pas succombé au délire ambiant. Il doit, à l’heure actuelle, voler vers Dieu sur les ailes des anges et prier pour nous, qui en avons grand besoin.
J’inclinerais à croire que si les Serbes ne bénéficient pas d’un appui étranger, que la presse pourrie n'en parle pas, qu’on ne recrute pas les enfants pour les envoyer contre les flics, qu’on ne brandit pas de drapeaux de l’UE ou des USA, qu’aucun sniper ne tire sur la foule et la police à la fois, et qu’on recourt contre elle à des armes atroces, alors c’est que le soulèvement est sans doute authentique. En Géorgie, la révolution de couleur sautait aux yeux, les Géorgiens ne s’y sont pas laissé prendre deux fois. Mais les Serbes ne risquent-ils pas de troquer leur président louvoyant contre quelque chose de pire ? Ont-ils un président convenable de rechange ? En Géorgie, ils en ont un. En Roumanie aussi, même si on a tout fait pour l'empêcher de se présenter. En tous cas, lorsque je les regarde, je leur souhaite tout le bien du monde, leur univers est le mien; il est d'ailleurs resté plus intact que celui des Russes. Pourvu qu'on ne leur fasse pas de mal... Je prie pour eux et leur patriarche.
https://www.facebook.com/reel/1010092337659576
J’ai vu une
vidéo qui m’a révulsée, un vieux boomer sorti promener son chien et assailli par
deux ou trois babouins venus de je ne sais quels horizons, et qui poussent des
cris horribles, jouant à le terroriser, même le chien a peur de ces créatures
infectes. Il est possible que ce vieux ait voté toute sa vie pour la gauche,
marché depuis la fac dans toutes les combines imbéciles, mais le spectacle est
si affreux, si terrifiant que les larmes me sont montées aux yeux, en même
temps qu’une sauvage fureur, et j’ai senti que si j’avais été un grand type
baraqué et que j’avais vu une scène pareille, j’aurais oublié toute prudence et
serais tombée sur cette chienlit à bras raccourcis. Il est bien difficile de « ne
pas juger » etc... quand on voit de pareilles choses, et des créatures si
semblables aux démons des tableaux du Moyen-âge persécuter impunément ceux qui
ne peuvent pas se défendre, vieillards, adolescents ou fillettes rencontrés par
hasard.
Mais les ennemis des Français, n’est-ce pas, c’est les Russes... c’est contre eux qu’il faut se mobiliser. Et viennent nous l'expliquer des gens qui détestent autant la France que la Russie, et que l'Ukraine elle-même, pressée par eux jusqu'à sa dernière goutte de sang. Pour des raisons de cupidité sordide et de haine viscérale de ce que nous représentons tous.
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