lundi 11 août 2025

Morue

 


Tania est repartie ce matin, la mort dans l’âme : « Ici, j’ai l’impression d’avoir trouvé une famille et je repars chez les zombies. » Mais elle a mis beaucoup de choses en place pour son retour définitif.

Je suis allée, avant de prendre congé d’elle, à la liturgie du petit matin. Il faisait frais et humide. Le père Andreï, comme je lui parlais de mon indignation devant les fake news françaises et les commentaires idiots qu’elles suscitent, m’a dit : « Pardonnez-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font. » J’aurais pu lui répondre que selon Dostoievski, la bêtise pouvait parfois devenir un crime. Mais ce n’était pas le lieu d’entamer un tel débat.

J’en ai sur Telegram, avec un jeune prêtre catholique, de très intéressants.  Nous avons parlé de la chute, de la place de la Création dans le salut, des animaux. Il me dit que le Christ, en s’incarnant, avait récapitulé en Lui, toute la Création, et qu’en effet, comme le pensent les orthodoxes, elle est transfigurée avec les saints. Mais il réfute les idées de certains écologistes qui mettent l’animal au dessus de l’homme, et souhaitent sa disparition. Moi aussi, car si les animaux et les hommes ont beaucoup de choses en commun, nous différons sur des points évidents : les animaux sont incapables de notre épouvantable et perverse cruauté. Ils n’ont pas de création artistique. Je veux dire qu’ils peuvent secréter de la beauté, dans ce qu’ils confectionnent, mais il n’ont pas d’intention créatrice. Ils peuvent prendre du plaisir à chanter, et même à danser. Mais pas composer une symphonie, ni écrire un roman, un poème. Enfin, s’ils participent certainement à leur manière de la Divinité, ils ne la conçoivent pas, et ne communiquent pas avec elle. Mais c’est peut-être une question de niveau d’évolution, car je pense que la Vie existe pour produire des créatures conscientes qui en adorent le Créateur et s’unissent à Lui en la transfigurant. 

Pour en revenir à la désinformation, c’est ahurissant. La presse française fait dans l’inversion accusatoire et la calomnie systématique.  On peut dire que tout ce dont elle accuse les Russes, ce sont les Ukrainiens et leurs parrains qui le commettent. C’est ce que j’ai souligné dans un commentaire sur Facebook. Un parfait inconnu me répond alors élégamment : « Retourne dans ton EPHAD, morue. » Vraiment, le troll pro ukrainien, c’est la classe... Pire encore: un autre, sous la vidéo de Douguine, place une photo de poulet grillé avec la légende: "Salutations à Douguine de sa fille Daria", et une ribambelle de smileys ricanants. J’ai pensé aux années vingt en Russie, ou à Soljénitsyne conseillant aux intellectuels distingués persécutés par les droits communs au Goulag de jurer de façon ordurière pour avoir la paix. Je peux proférer des jurons orduriers, mais quand ça vient de trop bas, je n’ai même pas envie. Simplement, lorsqu’on en arrive là, c’est que le totalitarisme est déjà bien installé. Pas d’arguments, des insultes, et bientôt des lynchages. L’arrogance des cancrelats qui, dans les époques normales, sont si vite remis en place par la communauté qu’ils restent plus ou moins tapis dans leurs ténèbres, attendant, pour se manifester, qu’arrive une guerre ou une révolution.

Slobodan décrit dans son Antipresse le désinformation infâme dont la Serbie a été victime, pour permettre l’intervention de l’OTAN en la justifiant auprès des imbéciles. Comment toute la population des Serbes de la Krajina a dû choisir entre la valise et le cercueil, tandis que les Européens considéraient que c’était bien fait pour leur gueule, puisqu'on avait réussi à faire passer un peuple de résistants comme les Serbes pour des fascistes, alors que ceux qui l’avaient toujours été dans l’affaire, c’étaient les Croates, exactement comme en Ukraine, et Slobodan développe ce parallèle intéressant. Avec à la clé toujours les mêmes malfaiteurs, les mêmes manipulateurs, les mêmes menteurs éhontés. J’avais alors compris que tôt ou tard, l’OTAN déclencherait une guerre avec la Russie, selon le même scénario. Et en effet.

Les gens croient n’importe quoi, et sont dans une confusion extrême. Je défends les paysans, mais ceux-ci sont souvent allés avec enthousiasme à la rencontre de ceux qui ont causé leur perte, ils se sont jetés sur le remembrement, les pesticides, les machines coûteuses, et continuent à penser que la nature est destinée à être exploitée à mort, en éradiquant toute espèce jugée nuisible, dès lors qu’elle diminue le rendement et les recettes. On a voulu en faire ici, en Russie, des prolétaires, en Europe, des agriculteurs. Tout ce qu’on veut, mais pas des paysans, des paysans enracinés qui connaissent et respectent leur environnement, au lieu de le violer en permanence.

Je ne peux plus regarder les reportages sur les abattages de troupeaux entiers, sous le prétexte fallacieux d’une maladie bénigne, cela me rappelle le Covid, et les analogies entre la façon dont on traite les animaux, et dont la caste traite les gens sont si évidentes que cela me fait peur. La méchante stupidité de ces créatures des ténèbres ressemble beaucoup, en plus faux-cul, à celle des bolcheviques de la collectivisation, qui enfermaient, selon Alexandre Panarine, les troupeaux derrière des barbelés, en interdisant aux paysans qui en avaient été les propriétaires de venir les nourrir, ou de s’en nourrir, . Il s’agit de la destruction systématique d’un mode de vie, et des êtres qui le constituent, soit les éleveurs d’un côté, les bêtes de l’autre. D’un mépris satanique pour les uns et les autres. D’une cruauté glaciale et calculatrice. Et il se trouve des éleveurs pour mettre les loups en cause, mais ce sont les préfets, les députés et les technocrates qu’il faut éradiquer. Le loup fait partie de la nature, il y a sa place, il a lui aussi le droit de bouffer, et une fonction à remplir dans l’ordre divin, et puis il est noble, à l'inverse de ceux qui le traquent.

Je ne peux plus regarder les reportages sur les incendies gigantesques à répétition, et rien ne m’ôtera de l’idée qu’ils participent du même processus. J’ai lu qu’un projet de panneaux solaires était en cours, quoi de mieux, avant de vitrifier toute une région, que de l’incendier à mort pour faire place nette ? Comme cela se produit au moment des deuils, mon cerveau se refuse à assimiler ce qui se produit, la France mise à feu, et on peut le dire, au vu des agressions incessantes, à sang. Et au pillage. De tous côtés, ce ne sont que destructions affreuses et spectacles dégradants, discours affolants de haine et de stupidité, mensonges et calomnies fabtasmagoriques. Des gens cultivés et théoriquement intelligents qui sombrent dans le délire paranoïaque le plus absurde. Des gens incultes au delà du possible qui éructent des insultes et des accusations aberrantes. Et tout cela s’agite au milieu du désastre, crie, hurle, gesticule, grimace, glapit, exhibe son cul et ses répugnants petits vices, en accusant la terre entière de sa propre nullité. 

Olga Filatova nous parlait d’un analyste russe, selon lequel l’abrutissement des masses était un programme d’ingénierie sociale délibéré, ce dont je ne doute plus, et ce n’est pas nouveau pour moi. Mais il observe que les manipulateurs responsables, ceux qui ont initié tout cela et se croient d’une autre essence, deviennent eux-mêmes de plus en plus stupides, ce qui est évident, quand on regarde le personnel politique français, par exemple. Et les soi-disant intellectuels à son service. Mais c'est justement peut-être parce qu'ils s'auto sélectionnent et font barrage à tous les autres.

Il m’est très difficile de garder de la charité chrétienne pour les dégénérés et les pervers qui se multiplient et font tant de mal, et de ne pas éprouver de colère lorsque j’entends leurs discours ou que je lis leurs commentaires.

A ce sujet, j’ai vu une émission très intéressante de Pierre-Yves Rougeron, au sujet du burn out, et des personnalités toxiques qui font du travail un enfer. J’ai connu cela, et je pense que le travail est presque toujours un enfer. A cause des personnalités médiocres, intrigantes et perverses qui prennent le dessus, et placent aux commandes des gens comme eux, et chez les indépendants, à cause de l’Etat et de l’administration, où de telles personnes sont de plus en plus dominantes et ne laissent pas arriver les autres, qui persécutent artisans, commerçants et agriculteurs, avec la méchanceté et la persévérance typiques des minables et des parasites. L’émission faisait justement l’analyse du processus qui dépasse largement aujourd’hui le cadre de l’entreprise, de la fonction publique, et atteint le pays entier. Les pervers narcissiques sont aux manettes partout, toute l’Europe est devenue la proie de ses pervers et de ses médiocres qui la précipitent dans le chaos car ils ne savent pas faire autre chose et haïssent la vie, la vérité, le talent, le courage et la pureté. L’invité de PYR parlait du recours systématique des pervers de bureaux à l’inversion accusatoire pour déstabiliser leur victime et lui faire perdre la raison, eh bien c’est ce qui est pratiqué depuis des décennies par une certaine caste, contre les opposants en France, contre tous ceux qui dépassent le niveau de la merde, et en ce moment, contre la Russie. Et il est inutile d’apporter des contre arguments, car on ne vous laisse pas parler, vous avez tort par définition , « retourne dans ton Ephad, morue ! » On ment encore et toujours, avec aplomb, jusqu’à ce que la personne sensée doute de son jugement, tandis que les fous et les imbéciles, qui ont depuis longtemps perdu le leur, répètent les incantations de ceux qui leur volent leur pays, les précipitent dans la misère, la violence, la folie et font Dieu sait quoi de leurs enfants. C’est l’histoire de Tartufe, si actuelle, ce bourgeois qui préfère se laisser ruiner et spolier par un louche et odieux personnage plutôt que de renoncer à l’image illusoire de saint inspiré que celui-ci avait pris à ses yeux. La différence avec aujourd’hui, c’est qu’alors, le bourgeois était le seul à ne pas voir à quel coquin il avait affaire, alors que maintenant, toute la famille partage son délire sectaire.



Dans cette perspective, je suis convaincue depuis longtemps que la guerre actuelle, comme le dit Alexandre Douguine, est métaphysique. L’Europe est devenu un vortex ténébreux, dont la victoire russe est la seule chance de salut. https://geopolitique-profonde.com/videos/alexandre-douguine-eurasisme/?fbclid=IwY2xjawMHGoVleHRuA2FlbQIxMABicmlkETFwN3dWOFdGUEI5VTdDN1FmAR7RzM_dt9WabNcKR1zZr3WrBmirClvh7hyc0pJszuFStHQHg5UbH5hkn7VUHg_aem_Q9tCS8hBCTqWpqQ7ma0I-A

En rentrant de l’église, j’ai été assiégée par les chats, que j’avais pourtant nourris, mais qui demandent systématiquement, dès que je m’active dans la cuisine. Je n’en ai qu’un seul qui me foute la paix, c’est Moustachon, et le pauvre est devenu complètement obèse depuis que je l’ai fait castrer, si c’était à refaire, je m’abstiendrais, malgré la nécessité de ne pas contribuer à de nouvelles naissances de chatons généralement victimes de l’irresponsabilité ou de la cruauté générales. Même Vassia du Donbass quémande sans arrêt. En plus, un intrus essaie de se glisser parmi nous, un chat noir et blanc affreux, mais comme tout le monde, il a faim et il veut vivre. Je vois parfois des appels à l’adoption de chats bouleversants, avec des regards intelligents et innocents, et celui-ci a l’air d’un emmerdeur fini, très con, et plein de vitalité, comme tous les cons. Cependant, le voir tituber sous la pluie glaciale, comme au début de notre drôle d’été, me serrait le coeur.

Xioucha m’a prêté un roman que je traduirais volontiers si un éditeur voulait l’éditer et financer l’opération, mais dans la France actuelle, il ne faut même pas y songer. Ce roman décrit l’itinéraire d’un jeune programmiste libéral, parti se planquer en Israël au moment de l’intervention russe en Ukraine, et dont la femme est massacrée avec leur chat au cours du fameux concert du 7 octobre. Sa grand-mère le récupère complètement traumatisé, et lui fait rencontrer un ancien soupirant qui l’embarque au Donbass. C'est criant de vérité, plein de vie, cela correspond entièrement à ce que je vois de ces milieux libéraux ici, de leur façon de vivre et de s’exprimer, et ce qui se passe au Donbass est également très bien dépeint, d’après ce que j’ai entrevu, et d’après tout ce que j’ai lu et entendu.

Avec Tania, hier soir, nous étions invitées chez Camille et Irina, un couple ami de Gilles et Lika. Ils ont une maison à cinquante mètres de celle que Tania a acquise. Une vieille maison de marchands, en briques, qu’ils ont restaurée. Et la maison voisine, qui leur appartenait, ils l’ont vendue à un architecte, qui a très bien aménagé une isba au bord de la rivière et ne voulait pas avoir juste à côté une horreur boursouflée en plastique. De sorte que tout ce petit coin sera épargné par la laideur ambiante.

Ils ont plein de meubles anciens, qu’ils ont en partie rapportés d’Allemagne, et cela donne un peu l’impression d’un musée ou d’un entrepôt d’antiquaire. A côté de leur maison, ils ont construit un bain de vapeur, qui est, comme souvent ici, une seconde maison, plus petite. Et tout ceci est pris dans un système de verrières qui débouchent sur le jardin, une sorte de grande véranda, ou plutôt de serre, car il y pousse toutes sortes de plantes, arrosées par un goutte à goutte, de la vigne vierge, des clématites, des pétunias, des géraniums, et cela forme deux salles à manger d’été, une petite et une grande. Le jardin lui-même n’a pas de pelouse, comme cela semble être la tendance en Russie, dans un certain milieu, mais des passages de bois qui déterminent des zones de végétation luxuriante.

Camille voulait savoir pourquoi Tania voulait venir vivre en Russie, bien qu’il fût persuadé lui-même que c’était une sage décision. Il est convaincu que le pays est à la veille d’un  grand essor. Il a beaucoup voyagé, vécu dans divers pays, c’est un scientifique, comme le père d’Ania, Grigori Borissovitch. Comme lui très intelligent, très agréable, et complètement matérialiste. 

 Le nettoyage ethnique de la Krajina a si bien été «blanchi» que l’UE/OTAN a pu désigner sans vergogne un fier participant à l’opération «Tempête» du nom de Tonino Picula comme rapporteur sur l’intégration (éven tuelle) de la Serbie(3). L’énormité de la manipulation qui a réussi à faire passer les victimes pour les bour reaux et vice-versa, et faire croire que le «Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie» de La Haye était une authentique institution de justice et non une massue otanienne coiffée d’une perruque, a profondé ment marqué ma vie, et pas seule ment parce que je suis originaire de cette province tragique, où naquit aussi Nikola Tesla. Un quart de siècle avant l’enfumage du Covid, la Yougos lavie était un test — test que les élites académiques, politiques et média tiques de l’Occident ont lamentable ment raté, comme elles rateraient le test pandémique. Ceci alors même que les gens du peuple, souvent, saisissaient la vérité par l’intuition de leur cœur. Au début, j’avais envie d’attraper les gens par le collet: «Ne voyez-vous pas à quel point on vous manipule? C’est pourtant tellement gros!» Puis je me suis résigné à la nécessité de vivre entouré de crétins de fonction à la stupidité apprise. Journalistes? Jobards opportunistes pilotant leur carrière avec l’arrière-train comme on pilote un ULM. Politiques euro péistes? Complices de crimes de guerre. Grands juristes? Greffiers de l’absurdité normalisée. Grands universitaires? Blanchisseurs de récits politiquement orientés. Honneur aux exceptions, bien entendu, et je les ai saluées sans relâche. Ma seule réponse possible face à ce mur de déshumanité a été une parabole, Le Miel. Cela peut paraître dérisoire, mais cela a au moins ouvert quelques yeux et quelques cœurs. Je n’ai trouvé la sérénité nécessaire pour l’écrire que vingt ans, ou presque, après les faits

Slobodan Despot

 https://antipresse.net/aparchive/506043/Antipresse-506.pdf

jeudi 7 août 2025

L'anniversaire du père Valentin.

 


J'ai dû partir à Moscou, pour les soixante-quinze ans du père Valentin. J'ai fait la moitié du trajet sous une pluie battante, par une épouvantable chaleur moite, et comme je n'y voyais plus rien, j'ai été obligée de m'arrêter. Depuis, la pluie n'a cessé qu'une journée; mais maintenant, il fait seulement seize degrés, c'est l'automne.

L'anniversaire du père Valentin se fêtait dans un restaurant de Moscou, il y avait la famille, les amis, les prêtres de la paroisse, des gens que je connais depuis déjà vingt ou trente ans, leurs enfants, leurs petits enfants , j'étais placée à côté des Soutiaguine. Chacun y allait de son toast ou de son numéro musical, on lui a chanté en choeur "Dieu sauve le tsar" que tout le monde a écouté debout, et un choral allemand, préparé en famille car son fils, le père Mikhaïl et sa fille Liéna sont tous deux chefs de choeur. Entre les toasts, un petit orchestre classique de jeunes filles et une cantatrice remarquable qui chante au choeur de l'église interprétaient Mozart, Debussy ou Schubert. Je songeais que mon jubilé aurait déjà lieu dans deux ans, mais que je ne pourrais plus le fêter à Moscou: trop difficile et trop cher. Je le ferai à Pereslavl, viendront ceux qui pourront. Malheureusement, je suis née en plein hiver, ce qui complique un peu les choses...

Le moment venu de lever mon verre, j'ai évoqué ma rencontre avec le père Valentin, en quatre-vingt-dix sept: "Je suis la fille spirituelle française du père Valentin. Je me suis intéressée à la Russie encore adolescente, et je me suis alors convertie à l'orthodoxie. En 1994, je suis venue travailler au lycée français de Moscou, mais j'avais du mal à trouver une paroisse qui me convînt. Quelqu'un m'avait traînée dans celle d'un prêtre connu, mais la confession prenait tellement de temps que j'y suis passée seulement à dix ou onze heures du soir, le temps de rentrer, il était minuit, et l'office du lendemain a duré trois heures, le lundi, au travail, j'avais l'impression d'avoir subi une anesthésie générale. Un jour d'épuisement et de tristesse, j'ai donné de l'argent à une mendiante, et celle-ci m'a dit: "Tu as l'air triste, il te faut aller vénérer l'icône de la Mère de Dieu "Apaise mes chagrins". Puis, devant partir en France pour Noël, j'ai prêté mon appartement et mon chat à une étuidante française qui était amie avec Macha Asmus. De sorte qu'à mon retour, j'ai fait connaissance avec celle-ci qui s'est écriée: "Vous êtes orthodoxe? Vous devez rencontrer mon père!"  Et le lendemain, j'arrivai dans le fameux appartement stalinien des Trois Gares, devant l'impressionnant père Valentin, avec sa grande barbe et sa voix grave. Pendant que nous discutions dans son bureau, toutes les cinq minutes arrivait l'un ou l'autre de ses neuf enfants sous toutes sortes de prétextes, jusqu'au moment où j'ai vu passer par l'entrebaillement de la porte le petit nez de le matouchka, puis toute son imposante personne, qui nous déclara: "Bon, alors vous vous décidez à venir boire le thé, oui ou non?" De sorte qu'en trouvant un père spirituel ici, j'ai aussi hérité d'une famille russe! Le dimanche suivant, en me rendant dans sa paroisse d'alors, j'ai vu que le principal objet sacré en était une grande icône miraculeuse de la Mère de Dieu "Apaise mes chagrins" et je me suis souvenue de ce que m'avait dit la mendiante, en pensant que ce genre de choses n'arrivait qu'en Russie."



Aujourd'hui, j'ai vu Katia, nous nous sommes rencontrées au café, avec Tania, qui repart bientôt, après avoir organisé toutes choses en vue de son retour définitif. Nous avons parlé du Donbass, de l'aide humanitaire, et de Fédia. Il y a quelques temps, le père Basile Pasquiet me disait que tous les soldats pour lesquels on priait chez lui à l'église étaient toujours en vie. Et Fédia lui-même est un miraculé à répétition. Merci à ceux qui prient pour lui. Katia m'a appris que le cosaque Dmitri avait été réformé; à la suite de ses blessures, il est resté sourd d'une oreille, mais il a retrouvé sa famille, et on peut dire qu'il s'en tire bien. D'après elle, Fédia a pris de l'assurance, à la guerre, il a grandi. Les épreuves qui ne nous brisent pas nous élèvent... 

https://www.facebook.com/reel/1084161356764810

Espérons, à ce propos, que l'article de Karine Bechet Golovko pèche par excès de pessimisme:

https://russiepolitics.com/billet-dhumeur-rencontre-poutine-trump-ou-combien-coute-la-russie-sa-terre-ses-hommes/

L'idée qu'on puisse voler aux Russes une victoire si chère payée des deux côtés serait trop révoltante. 

lundi 4 août 2025

Pélerinage dans la débâcle

Icône de la Mère de Dieu souveraine

 Amaury est arrivé à Pereslavl avec les pèlerins tradis qui ont fait escale chez le père Basile. Il a mis chez moi une dame dont j'admire le courage, car elle est plus âgée que moi, et le voyage n'a pas été facile pour elle. De plus, c'est quelqu'un d'intelligent, de sensible et qui comprend bien la situation générale. Comme je lui parlais de Solan, du père Placide, elle m'a demandé pourquoi j'avais finalement décidé de repartir en Russie, et j'ai fini par lui rapporter la conversation décisive au cours de laquelle le père Placide m'avait déclaré: "Partez, nous sommes foutus". Elle est restée muette, comme si quelque chose lui était tombé dessus, qu'elle avait besoin de digérer.

Nous avons passé deux soirées avec toute l'équipe, qui nous a donné des chapelets et des médailles de Notre-Dame de Lorette, comme elle l'a fait aux Russes tout au long de son voyage, parfois bien accueillie, parfois moins. En dehors de cette dame, il y avait deux messieurs, deux messieurs français cultivés, traditionnels, très agréables, ils ont chanté des chansons d'autrefois, et moi la blanche Biche, qui tirait des larmes à Amaury, tout le monde a déclaré que chanter ce répertoire ici avait quelque chose de surréaliste. En effet, et malgré toute ma sympathie pour ces personnes, c'est leur démarche en elle-même qui me paraît le plus surréaliste de toute l'histoire. Car elle a quelque chose de missionnaire, mais tout ce qu'ils apportent est typiquement français, et encore, peut-être actuellement d'un certain milieu français, ce n'est même pas caractéristique du catholicisme actuel, car celui-ci, officiellement, désavoue les réfractaires à Vatican II. Personnellement, je souscris à tout ce qu'a pu dire le père Basile, qui, on ne peut plus traditionnel, a finalement choisi l'orthodoxie, comme du reste le père Placide, comprenant au moment de Vatican II, qu'il ne lui restait plus qu'à partir au mont Athos. Et donc, un certain milieu catholique traditionnel estime que la Russie a besoin d 'être convertie, au catholicisme qui s'est finalement renié, et au sacré coeur de la Vierge Marie de Fatima, pour sauver le monde et la chrétienté, car la Russie devrait se repentir de ses erreurs, cause de tous nos malheurs. Mais la Russie est chrétienne depuis mille ans, au moment de l'assassinat de Nicolas II, elle a été remise par l'Eglise orthodoxe russe au commandement de la  Mère de Dieu, c'est elle qui en est la Tsarine céleste, en quelque sorte, depuis que nous n'avons malheureusement plus de tsar ici. Est-ce qu'on a fait de la Mère de Dieu, la reine de France, après le sacrifice de Louis XVI sur l'autel du Progrès exponentiel? Le communisme a été inoculé à la Russie depuis l'occident, c'est en Angleterre d'abord, et en France ensuite, qu'on a décapité le roi légitime et chrétien, puis persécuté les croyants, avant que cela se produisit ici par contagion, alors avant de demander le repentir à la Russie, il faudrait s'occuper de sa propre poutre. Enfin, même si les Russes peuvent avoir de la sympathie pour des Français venus à leur rencontre, ils ont quand même une certaine prévention envers les tentatives de conversion occidentales, qui, depuis les ambassades auprès d'Alexandre Nevsky et les agressions des chevaliers teutons, en passant par l'uniatisme polonais, ont ici très mauvaise presse. Le père Basile s'était d'ailleurs fait jeter de sa première affectation en Russie, parce que les gens du cru pensaient que c'était, malgré sa conversion, un "catholique franc-maçon"!

Cela dit, les réflexions suscitées par l'événement et dont je fais part ici n'ont pas été évoquées au cours de nos deux soirées, elles me sont venues après, sur le fond de méditations antérieures sur ce thème.

L'exploit des marcheurs français catholiques me semblait quelque peu étrange, dans un pays où ce qui demeure chrétien est massivement orthodoxe, au moment où le catholicisme officiel sombre dans un n'importe quoi qui consterne beaucoup de ses fidèles, à commencer, depuis déjà longtemps, par les catholiques tradis eux-mêmes. Je me disais que pour pas mal de gens, ma propre démarche est difficile à comprendre, mais elle m'apparaissait tout-à-coup on ne peut plus justifiée, peut-être une intuition qui dépassait largement ma compréhension d'adolescente, quand je l'amorçai, à dix-huit ans, dans l'église de la sainte-Trinité, à Vanves. Car si je reste française par bien des côtés, ma langue et ma culture, mon héritage génétique, si parfois des vidéos sur de magnifiques églises romanes encore revêtues de leurs fresques et accompagnées de chants vieux romains des origines touchent en moi une corde très profonde, je suis absolument convaincue que le salut de la chrétienté ne réside pas dans la conversion au catholicisme traditionnel périphérique de la Russie restée orthodoxe malgré des persécutions inouïes. Et quand je vais à l'église ici, je me sens chez moi, hier, c'était l'anniversaire de notre évêque, et j'étais heureuse de m'associer à cet événement, de le féliciter, de partager la communion avec tous ces gens qui constituent à mes yeux une sorte de famille spirituelle, cette fameuse sobornost' orthodoxe, dont les effets me sont très sensibles. Au fond, quand j'ai quitté l'Eglise romaine, je n'avais jamais ressenti cela, et je ne le ressens pas devant ce qu'il en subsiste aujourd'hui, parallèlement au désastre de Vatican II qui poursuit son chemin. Ce qui ne signifie pas que je n'ai pas de respect, individuellement, ni d'amour, pour des catholiques, simples fidèles ou même prêtres et moines, après tout, saint Silouane disait qu'on ne pouvait damner des millions de gens parce qu'ils n'étaient pas nés dans un pays de tradition orthodoxe, et mon père Valentin pense que toute personne morte au nom de Christ le rejoindra quelle que soit sa confession.

De me sentir chez moi dans l'Eglise orthodoxe fait que je me sens chez moi en Russie, même si j'ai la nostalgie de la France, de ses paysages, de mon enfance, et si je conserve de l'attachement à sa culture. J'entendais Amaury dire qu'à Nijni-Novgorod, le maire était prêt à construire une église catholique pour attirer des émigrés européens au savoir-faire intéressants dans toutes sortes de domaines. C'est-à-dire que des catholiques viendront dans la même perspective que les colons allemands sous Catherine II, qui restèrent protestants et allemands dans leurs villages spécifiques pendant plusieurs générations, même si certains d'entre eux s'assimilèrent plus vite, naturellement. Bon, grand bien leur fasse. En fin de compte, la Russie est grande. Mais il y a quelque chose pour moi de poignant dans cette attitude crispée sur ce qui n'est plus et dans un exil qui voudrait, au fond, changer le pays d'accueil, qu'on dit aimer, mais qu'on voudrait autre qu'il n'est historiquement et spirituellement. Dans un sens, moi aussi, je le voudrais autre qu'il n'est actuellement, je le voudrais tel qu'il est fondamentalement, tel que je l'ai aimé à travers sa culture, je voudrais qu'il redevînt pleinement lui-même, mais ce n'est pas la mode. Même ici. L'amie russe d'Amaury nous disait que, comme en occident, les jeunes se mettaient ici à mépriser et détester les vieux, et évidemment, tout ce qui était national; cependant, ce n'est pas encore un phénomène irréversible et prédominant, car je trouve suffisemment d'écho pour qu'on vienne m'interviewer et me filmer régulièrement, et je me fais aussi aborder par des jeunes. De plus, elle vit à Moscou, et ne connaît pas les milieux des folkloristes, par exemple.

A ce sujet, je suis tombée sur le post suivant, sur le fil de Facebook:

Près de Lvov, en Ukraine occidentale, 70 arbres ont été abattus devant l’hôtel de ville. Non pas parce qu’ils étaient malades, dangereux ou inutiles, mais parce qu’ils étaient jugés « soviétiques ». C’est ce qu’a expliqué, sans sourciller, le maire local, affirmant qu’ils n’avaient donc « aucune valeur » et devaient disparaître. À leur place : 120 arbustes ornementaux, un ruisseau artificiel et quelques bancs sans âme, le tout cofinancé par la Pologne et l’Union européenne à hauteur de 60 %.
Cette scène pourrait prêter à sourire si elle ne révélait pas, dans toute sa crudité, la profondeur du racisme idéologique anti-russe qui s’est emparé de certaines élites ukrainiennes, et que Bruxelles subventionne sans sourciller. Jusqu’aux arbres, on traque tout ce qui pourrait rappeler un passé commun, fût-il végétal. On déracine l’Histoire, au sens propre.
Et ce réflexe n’est pas si éloigné de celui qu’on observe dans nombre de mairies de gauche ou écologistes en France : on sacrifie les vieux arbres, on bétonne les parcs, on remplace l’organique par du plastique, du marketing « durable », de l’aseptisé. La verdure naturelle est perçue comme suspecte, comme une survivance incontrôlable — alors on la remplace par des gadgets urbains subventionnés.
C’est une esthétique du déracinement : le beau devient réactionnaire, le vivant devient politique, le stable devient menaçant. On ne plante plus, on installe. On ne préserve plus, on met en scène. C’est l’anti-nature élevée au rang d’urbanisme européen.
Et pour parachever le symbole : dans cette même ville de Lvov, où l’on coupe aujourd’hui les arbres « soviétiques », les massacres de milliers de Juifs, perpétrés par des collaborateurs locaux durant la Seconde Guerre mondiale, n’ont jamais été jugés. Voilà donc l’Europe que l’on nous vend : amnésique, revancharde, et fière de ses refoulements.

Je remarque que ces observations très justes sont hélas applicables à la Russie elle-même. Dans la version communiste de l’idéologie du Progrès matérialiste, le slogan numéro 1, c’était : du passé faisons table rase. Les églises, les monuments anciens, tout ce qui pouvait rappeler l’ancienne beauté, l’ancienne ferveur, le désir de transcendance. Et bien sûr la nature, qui devait être asservie, violée et exploitée à merci. C’est même étonnant de voir la concordance entre les comportements nazis ukrainiens et les comportements bolcheviques qu’ils contestent. Sans compter que ces réflexes sont aussi en place dans la France républicaine. Ici, on déteste souvent tout ce qui peut rappeler la Russie antérieure à 17 et surtout la paysannerie. On déteste les espèces végétales locales et la « mise en valeur » de la berge de notre rivière, ici, à Pereslavl, s’accompagne d’une table rase au bulldozer qui n’a laissé aucun arbre indigène debout, pour faire certainement place à des espèces exotiques du genre thuya, ou pire, à des topiaires et des arbres en plastique aux fleurs fluorescentes inaltérables que l’on retrouve jusque dans l’enceinte féérique et typiquement russe du kremlin de Rostov. En moins ouvertement idéologique, c’est exactement ce qui se produit à Lvov, disons qu'ici, cela procède d'un mauvais goût qui lui même procède de l'éradication du sens de la beauté, de l'authenticité pratiquée par l'idéologie. A Lvov, on détruit des arbres soviétiques, ici on détruit des arbres russes, parce que la Russie n’est pas chic, elle est attardée, on veut partout instaurer l’esthétique, si l’on peut employer ce mot, du centre commercial européen, avec les petits réverbères et les massifs bétonnés, ou même de la zone industrielle: que du béton, que du métal, que du plastique. Ca fait propre. La vie, c'est sale.

A propos des réflexions que je me faisais dans la chronique précédente, j'ai trouvé cette citation sur la page Orthodoxy and animals:

"God is Intellect and transcends the creatures that in His Wisdom He has created; yet He also changelessly begets the Logos as their dwelling-place, and, as Scripture says (cf. John 14:26), sends the Holy Spirit to endow them with power. He is thus both outside everything and within everything. " - St Nikitas Stithatos

Je suis rassurée de ne pas être hérétique...







mercredi 30 juillet 2025

Les filets du Christ

 


Tania est venue me dire qu'un bel oiseau gisait près de mon portail, un gros oiseau, je suis allée voir, c'était une mouette, et j'aime particulièrement ces créatures du vent et de l'eau, couleur des nuages, leur cri mélancolique. L'orage avait dû la faire tomber dans les broussailles, et son aile s'était emmêlée dans les cordes des liserons. Nous l'avons dégagée, elle était un peu ankylosée et choquée, mais au bout d'un moment, elle a réussi à partir. J'étais heureuse d'avoir pu la délivrer.

Retour à l’église, après avoir manqué la liturgie de dimanche dernier, et cela m’a fait du bien, je ne sais pas comment cela marche, mais ça marche... Les gens qui prient, leur gentillesse, les cierges, l’encens, les rites, cet espace immémorial, cohérent, éternel au sein de ce chaos absurde où nous devons tous vivre. L'Eucharistie me donne toujours une impression de paix, de joie recueillie. Je me demandais si j’étais vraiment si chrétienne que cela, car au fond, je ne peux pas comprendre comment un principe uniquement masculin peut engendrer un Fils et créer un univers dont la moitié féminine et la moitié masculine se cherchent sans arrêt, se ruent l’une vers l’autre, recréant, projetant infiniment la Création ou l’accomplissant dans l'exultation et la terreur. De plus, tout ce que je ressens et découvre m’indique que le monde où nous sommes est fait, sur notre planète même, d’univers parallèles, que tout y est sacré, que tout participe du sacré, sauf l’Homme contemporain qui le profane à chaque pas et y commet des iniquités impardonnables, insupportables, piétinant tout, et se croyant tous les droits, dans une arrogance de plus en plus stupide et néfaste. Les dauphins et les orques ont un système de communication très élaboré, et ils sont innocents, ils sont purs. Il en est de même des éléphants, qui ont la notion de la mort, des loups nobles et monogames. Les arbres aussi communiquent, et ils ont besoin des chants d’oiseaux pour pousser. L’interpénétration, l’osmose, est immense, entre le Créé et le Créateur. En même temps, je crois que le Christ est Dieu incarné, et que l’Homme a un destin spirituel qui est peut-être de dépasser, de transfigurer la loi naturelle et que cela sera l’accomplissement suprême du phénomène de l’Existence et sa libération de cette perpétuation infinie du meurtre et de l’entredévoration qui nous cause tant de souffrances, même en faisant abstraction de la perversité et de la prédation humaines.

Un moine disait que les animaux étaient tous des serviteurs de la Création de Dieu, les animaux et les plantes, chacun a sa fonction indispensable et complémentaire, et les traiter comme nous les traitons, de façon mercantile, consommatrice, brutale et cruelle, c'est cracher à travers la Création, sur le Créateur qui souffre avec elle et avec nous. 

Le père Basile m’a raconté au téléphone qu’il avait vu arriver, avec un Français de ma connaissance, une équipe de pèlerins cathos tradis venus à pied convainсre les Russes de se « convertir », comme s’ils ne l’étaient pas déja depuis plus de mille ans. Le père Basile leur a dit qu’ils seraient toujours très bien accueillis par les Russes, qui sont très gentils, mais que sur le plan de la théologie, ils allaient rencontrer pas mal de résistance, que lui-même, vendéen, avait compris que le traditionnalisme le plus radical, c’était tout simplement l’orthodoxie. Malgré toute l’estime que lui inspirait leur « exploit », il pense, comme moi, que tous les adeptes de la conversion fatimiste sont dans une telle ignorance de la Russie, de sa mentalité et de sa spiritualité qu’il est difficile de discuter avec eux. Commencer à voir la Russie et son histoire comme elles sont serait remettre en cause pas mal d'illusions.

Il est, comme Dany, et comme Fédia, le fiancé de Katia, choqué par les fêtes estivales débridées qui sont peu acceptables dans le contexte d’une guerre meurtrière et périlleuse. Il m’a dit que tous les soldats pour lesquels on prie au monastère restent pour l’instant en vie, et Fédia lui-même attribue à la prière des gens qui le soutiennent le fait qu’il soit encore de ce monde lui-même.

J’avais rendez-vous à dix heures, dimanche, pour un tournage, dans le cadre d’un intéressant documentaire. Au monastère Danilov. J’y étais en avance et en évidence, mais je ne voyais rien arriver. Le cinéaste m’a écrit qu’il cherchait Aurélie la Belge, qui devait sonner les cloches et participer au film. Le retard était si grand que j’ai fini par appeler, malgré les brouillages internet, parce qu’il était impossible qu’on ne me trouvât pas là où j’étais. Et Aurélie, qui m’a répondu, m’a dit que je m’étais trompée de monastère, ce n’était pas au Danilov de Pereslavl qu’on m’attendait, mais à celui de Moscou! 

Un type à qui j’avais répondu que s’il avait lu l’Evangile, il aurait vu que Jésus envisage d’ouvrir le Royaume aux gentils, m’a mise au défi de lui citer des passages qui le prouvent. Sur le moment, j’ai pensé que j’aurais mieux fait de ne pas faire de commentaire, car je n’avais absolument pas le temps de faire toute une recherche. J’y suis plus ou moins arrivée, mais maintenant, je ne retrouve plus notre échange, et puis à vrai dire, les exemples trouvés ne lui paraîtront pas convaincants. Il s’agit du Centurion, de la Cananéenne, la parabole du vigneron, celle aussi, à mon avis, du festin auquel se dérobent les invités, et puis le passage «Allez, baptisez toutes les nations ». Il y a aussi, me semble-t-t-il, le passage du bon Pasteur, mais tout cela demande à être vérifié. Pour moi, il est évident que le message du Christ s’adresse aussi aux gentils, et d'autant plus que les pharisiens ne le recevaient pas, mais sur un type qui cherche à prouver que ce n’est qu’un juif suprémaciste de plus, cela n’aura pas grand effet. Il en est de lui comme des pèlerins fatimistes, son système n'enregistre pas certaines données.

Chaleur lourde et orageuse, taons déchaînés, nouvelles affreuses et inquiétantes. De toutes parts. Mon amie Sophie m'écrit: "L'état profond, c'est satan, il est libre et ira jusqu'au bout, puisqu'il ne sait rien faire d'autre que détruire le beau, donc tant que Christ ne sera pas revenu, on est inexorablement sur un toboggan, seules nos prières ralentissent la chute".

C'est ce que me disait déjà le père Barsanuphe en 1970. D'après lui, le monde reposait en permanence sur les prières de sept saints et le jour où ceux-là viendraient à manquer, il s'effondrerait. Beaucoup de prédicateurs ici soutiennent la même chose: la guerre en cours est spirituelle avant tout, chaque prière, chaque belle et bonne action, chaque moment de lucidité et de recueillement contribuent à la victoire. Sophie ajoute: "Les moines, les prêtres, les fidèles, leurs prières, les églises, les pensées sont les filets du Christ pour ralentir le temps du jugement et sauver le plus d'âmes possible." 


 


samedi 26 juillet 2025

Fleur de Moscou

 


Mano est effarée par ce qui se passe en France et dans le monde, et il y a de quoi, elle est même loin, à mon avis, de réaliser à quel point c’est grave, car elle n’est pas aussi informée que moi, elle préfère inconsciemment ne pas l’être trop, d’ailleurs. La France est en train de mourir, minée par la caste, et submergée par les populations inassimilables et aggressives qu’on a encouragées à venir déferler sur nous. Je ne vois pas sans un serrement de coeur de vieux documents sur les années cinquante, soixante, soixante-dix et même quatre-vingt. Pourtant, le ver était déjà dans le fruit, mais on pouvait encore imaginer vivre normalement, alors que maintenant, les gens sont inquiets, désespérés, ils ont peur pour leurs enfants, débauchés et abrutis par l’école, violés et attaqués au couteau ou à la machette dans la rue. Paris est une sorte de cour des miracles où l’on voit tout ce que l’on veut mais très peu de ce qu'on appelait un Français, et quand je relis mes souvenirs, je réalise que tout cela, qui, dans les années 2000 me semblait encore plus ou moins dans la continuité de ma jeunesse, a disparu sans retour, comme le Moyen-âge ou la Rome antique.

Le gouvernement est un ramassis de minables, de salauds, de bandits, d'imbéciles et de traîtres, qui n’ont aucun souci de leurs administrés, on a l’impression qu’ils remplissent un contrat mafieux, consistant à nous éliminer, en tenant, comme des gourous de secte, des discours vides de sens et impudemment mensongers. Au delà de ce qui arrive à l’Europe, on peut dire que le monde entier est malade, que partout gagne la lèpre de la laideur hallucinante, de la vulgarité, de la confusion, de la bêtise et de la violence aveugle et vile. Tout est perverti, tout est transformé en cauchemar, les meilleurs sentiments et les meilleures intentions sont retournées pour nuire, comme dans le cas de l’écologie, où des pollueurs internationaux sans conscience et sans aucun respect de la vie, utilisent un discours idéologique creux pour asservir les gens et les faire marcher dans n’importe quoi : les éoliennes affreuses qui hachent les oiseaux et stérilisent la terre, les panneaux solaires qui transforment des régions entières en désert vitré; ou encore la santé, comme dans le cas du covid, ou bien des épidémies animales permettant de massacrer des troupeaux entiers. Je pourrais pleurer devant les témoignages de paysans qui doivent sacrifier leurs vaches pour une épidémie bénigne et limitée, parce que les nuisibles au pouvoir cherchent à les ruiner. Cela me rappelle en plus feutré, plus sournois, les horreurs de la collectivisation en Russie, d’ailleurs les malfaiteurs au travail sont de la même espèce et obéissent, au fond, au même motif : une haine sans limite et sans pitié pour toute espèce de société traditionnelle enracinée, surtout chrétienne. On dirait qu’un diable ricanant nous attend à tous les tournants, quel que soit le chemin emprunté. J’ai parfois le vertige, quand je songe que ce que je redoutais depuis plus de vingt ans, cette guerre entre la Russie et l’Ukraine, remake de la guerre civile des années vingt qui, au fond, n’a jamais pris fin, a tout de même eu lieu, et même si la Russie la gagne techniquement, nous sommes tous profondément perdants, plus encore que ceux qui ont réussi à nous l’organiser avec des ficelles grosses comme des câbles. Ils seront peut-être détruits au passage, mais ils nous auront jetés les uns sur les autres, ils auront déversé ici toute l’Afrique, et là toute l’Asie Centrale, créant une situation irréversible en se moquant de nous. Ils nous auront privés de notre culture, de notre dignité, de notre âme et de toute espèce d’espoir, en tous cas, pour ce qui concerne l’Europe, car la Russie est peut-être encore assez vivante pour surmonter, et même jouer le rôle de Constantinople, de la troisième Rome, si les gargouilles et les gnomes ne la mangent pas...

Je disais au père Valentin que néanmoins, mon voyage au Donbass m’avait apporté une sorte de sérénité, m’avait donné une direction de vie. Mon champ d’action s’est rétréci au père Nikita, et à son entourage, à Fédia et ses camarades là-bas, et ici aux villages miraculés où les jeunes femmes de ma connaissance soufflent sur les braises de la Tradition. Et puis aux gens qui veulent venir ici et que je peux aider, aux animaux, devant lesquels nous sommes si terriblement coupables, quand cela n’est pas trop au dessus de mes forces. Je n’ai aucun pouvoir sur le reste.


Je n’ai pas non plus beaucoup d’élan pour les prières et offices interminables. Ni pour les jeûnes. Il me semble que lorsqu’on a mal partout et que l’on supporte un climat affreux qui vous rend malade, c’est en soi suffisant, comme ascèse. Quand je lis que je ne devrais pas faire de différences entre les gens et les aimer tous du même amour, eh bien c’est raté, je n’y arrive pas du tout. Je suis plus indulgente à mes contemporains, mais je suis loin de tous les aimer comme moi-même, ou simplement, comme mes proches. C’est à cela que je constate que je ne suis pas une sainte: je n’ai pas l’amour universel. A vrai dire, j’objecte souvent aux athées primitifs que ce n’est pas Dieu qui est responsable des horreurs fantasmagoriques de l’humanité, mais tout de même, je finis par trouver qu’Il devrait bien quelque peu intervenir. Ce qu’on a fait de l’Ukraine est tellement immonde, je sais bien qu’une partie de la population a versé dans une haine antirusse délirante et stupide, et cela se paie, au plan de la justice divine comme de la justice immanente, mais quand même... Plus de 500 000 morts, ces cimetières à perte de vue, ces hommes enlevés en pleine rue, arrachés à leurs femmes, à leurs enfants, au landau du nouveau-né qui reste seul sur le trottoir, au chien qu’ils promènent ; et aussi les pertes russes de garçons qui ne demandaient qu’à vivre, et qui reviennent affreusement mutilés, tout cela méthodiquement préparé pendant des années, dans l'indifférence générale, par une poignée de salauds, tandis qu’une poignée de gens lucides criaient dans le désert...

Invitée par la chaîne orthodoxe SPAS, j'ai fait un petit tour à Moscou. J’ai dormi chez Xioucha, car Liéna a installé quelqu'un chez son père, et celui-ci n’a pas pensé à me proposer le divan du salon, à défaut du réduit que j’occupe d’habitude, derrière la cuisine. Du coup, il est venu me voir à huit heures du matin le jour de mon départ, mais comme je m’étais réveillée à cinq heures moins le quart et qu’il faisait grand jour, j’ai décidé de m’en aller pour voyager tranquille et à la fraîche. J’étais à peine arrivée que Xioucha m’appelait : « Lolo, vous êtes où ?

- A Pereslavl....

- Papa vous cherche partout dans l’appartement ! »

J’étais consternée, si j’avais su, je l’aurais attendu...

J’ai dû faire un minimum de ménage, à cause des affreux chats, et puis tondre le jardin, et ceuillir les framboises, et dégager les fleurs des liserons qui les envahissent. En réalité, je n’ai presque pas arrêté. J’ai juste fait une sieste dans le hamac pour profiter de la vue sur mon jardin, mais les astilbes se fanent, et je ne les ai pas vraiment vu fleurir. Les floxs commencent déjà, et les boules jaunes... Nous aurons sans doute un mois d’août tiède et ensoleillé, mais cela sent déjà l’automne.

Je cours à nouveau comme un lapin. J’ai marché à Moscou sans problèmes, dans le joli quartier de Zamoskvorietchié, je suis allée voir Dany et Iouri, puis un taxi est venu me prendre pour m’emmener rue Sergueï Eisenstein pour l’émission à laquelle j’étais invitée par la chaîne SPAS. La journaliste était très gentille, une jeune femme qui a épousé un Espagnol, Angelika. L’interview n’a pas duré plus de dix minutes, elle le regrettait, et envisage une autre émission. Une de ses collaboratrices est venue me dire : «Vous êtes belle... Quels yeux vous avez, et puis votre allure, vos cheveux argentés, je n’en reviens pas ! »

Moi non plus, parce que ce n’est pas ainsi que je me perçois mais ça fait plaisir.

En traversant, à cinq heures du matin, le passage à côté de chez Xioucha, j’ai croisé un parfait inconnu qui m’a aimablement dit bonjour, ce qui est inattendu et agréable dans une grande ville. Plus loin, j’ai vu, au feu rouge du carrefour, une bande de jeunes sur des trottinettes, bruyants, et visiblement bourrés, sinon pire. Et marchant à leur rencontre, j’étais légèrement sur mes gardes, or voici que l’un d’eux m’arrête, et me tend une ombelle de carotte, ramassée le long du trottoir : «Tenez, c’est pour vous, » me dit-il , souriant, la casquette de travers.

Il m’a semblé que toute ma journée était bénie par ces deux rencontres, que j’ai bénies à mon tour. Comme si la Russie me rendait mon amour, souvent exaspéré, mais jamais découragé.




Crépuscule

 

Souffles éparpillés de la lumière bruissante

Au gouffre bleu ténèbre d’une journée torride,

Où la brise ébahie murmure et s’extasie,

Dansant d’un pied sur l’autre au travers des corolles...

Que la beauté s’arrête un instant de courir,

Loin du criard désastre de notre fin minable

Qui craque et se fracasse en milliers d’oiseaux noirs,

Et nous laisse la trace de ses pas adorables,

Au sein gris du brouillard où virent les couleurs,

Où hurlent, bigarrées, d’indistinctes horreurs

Où rampent entêtantes d’infernales odeurs.

 

Quand monte douce la lune

Au velours gris du soir

Et que s’étend léger le chant du rossignol

Vrombissent menaçants les démons surchauffés

Et les anges les fuient dans les couloirs du vent,

Gagnant à tire d’ailes les astres préservés.

 

Les lentes rêveries et les feux sur les rives

Des fleuves noirs glissant sous l’oeil rouge des nuits,

Les tournoyantes voix qui s’enlacent et s’érigent

Au gré s’élargissant du silence ébahi...

La barque tourne et dérive et brasse les étoiles

Où vont à petits pas des âmes égarées,

Les voilà qui filent et s’envolent, effrayées,

Les voilà qui fusent et s’étirent, éveillées,

Et de colossaux archanges

Les avalent dans leur énorme lumière.

 

A l’horizon pousse l’arbre et ses fruits stellaires,

Irisé, chatoyant, immobile,

Mais le vent qui claque bouscule la nuit,

Hurlant dans les rues bleues,

Où brûlent des terrasses jaunes,

Les voix s’entrecoupent et chuchotent,

Les trajets claudiquants s’entrechoquent

Et je vais dans la douceur du soir,

Vieille fiancée d’un roi mort,

Druidesse muette des dieux oubliés.


lundi 21 juillet 2025

Falelieïevo

 





Je n’ai pratiquement pas le temps d’écrire. J’ai une traduction à faire, ce dont je suis d’ailleurs très contente, cela me fait un peu d’argent. J’essaie de m’occuper de la publication de mon livre, chez the Book edition, sur les conseils du jeune libraire Samuel, mais j’ai laissé tomber pour l’instant. Et j’ai chez moi Tatiana. Nous sommes allées supprimer l’enregistrement provisoire chez moi, l’enregistrer sur son appartement, après avoir reçu nos titres de propriété. Et puis nous attaquons tout de suite les travaux, car il faut profiter de sa présence ici. Donc rendez-vous avec l’équipe qui a travaillé ici, celle de Gilles. Puis avec le cuisiniste Sacha, après avoir passé deux heures à choisir les éléments de cuisine dans son magasin. 

Blackos recommence à m’emmerder au sens propre du terme. Ce chat pervers, d’une jalousie morbide, chie dans l’escalier de l’atelier, je pense qu’il ne supporte pas que Vassia du Donbass vienne sur mon bureau, et en plus, il pisse sur l’écran de l’ordinateur. Quand Georgette était mourante, il attendait la place. Et maintenant, voici Vassia, une pierre dans son jardin. Alors il se venge.

Ce chat m’a coûté beaucoup d’argent. Il m’a ruiné deux divans. Je l’engueule à nouveau tout le temps, et il a peur de moi, mais il continue. On peut dire que les ex propriétaires de la maison m’ont fait un beau cadeau quand ils l’ont abandonné derrière eux. 

Curieusement, quand je prie devant les icônes, il accourt aussitôt, et se plante devant moi, attendant mes caresses.

Vassia a montré des signes de grande inquiétude en entendant un feu d'artifice chez les voisins. Mes autres animaux ne réagissent pas. Ils n'ont pas connu la guerre au Donbass...

J’étais samedi invitée à chanter au village de Falelieïevo, où j’avais vu une isba qui me plaisait, mais j’avais trouvé le village un peu triste avec son église en ruines, et puis j’avais eu peur des travaux, de la solitude et des difficultés. Cette isba est toujours disponible, elle est voisine de celle de la jeune femme qui a entrepris de restaurer l’église et m’avait invitée à l’occasion d’un pique-nique de volontaires. L’environnement de cette maison est très joli, le terrain aussi, le toit est neuf, les frontons, la véranda, et on a même fait un prolongement derrière pour l’agrandir. J'aimerais savoir si les poutres sont valides, mais on ne construit pas, en principe, un toit et un fronton neufs sur des poutres pourries...




Les gens présents s'activaient pour réparer l'église, Marina estime qu'il y en a pour vingt ans, mais ça va, elle est jeune. Elle a acheté une isba dans ce village, et me l'a montrée, ainsi qu'un magnifique carreau de faïence au décor bleu, tout ce qu'il reste d'un poele sûrement très élaboré, avec des reliefs et des niches, que les précédents propriétaires ont anéanti... Marina espère que l'endroit ne va pas se courvrir de maisons Playmobil en plastique. Pour l'instant c'est encore très beau, on se croirait au bout du monde, et ce n'est en réalité pas très loin de Pereslavl.

Il y avait, près de l’église, une jeune chatte famélique et ses chatons aux yeux malades. Cela m’a gâché la journée. Comment pourrais-je prendre toute une famille de chats avec le cauchemar que me crée la saloperie de Blackos ici ? Cette misère animale est partout, c’est un vrai crève-coeur, et avec parfois, en sus, des enfants sadiques qui ont sauvagement tué je ne sais plus où un brave chien qui recherchait leur compagnie, ou ici, torturaient un petit chat, qu’un autre enfant a sauvé, c’est la mère de celui-ci qui me l’a raconté, car elle a recueilli le pauvre animal. Cette incroyable méchanceté, chez certains enfants, m’emplit d’une angoisse horrifiée. Avec tous les problèmes que me cause Blackos, j’ai beau répéter que je vais le tuer, je suis totalement incapable de le faire et des gosses le sont de faire souffrir de petites créatures sans défense. Que feront-ils quand ils seront adultes, et à qui ? J’aurais un rejeton coupable de cela, je lui balancerais une claque à lui dévisser la tête, elle partirait toute seule, avec l’engueulade correspondante. Une fois, à Pierrelatte, au bord du lac, un gamin de quatre ans jetait des pierres à un cygne, ce qui m’avait révulsée. Quel affreux réflexe, devant cette créature féérique! Son père avait réagi comme moi, car il lui avait crié : « Si tu recommences cela, je te fous à l’eau ! »


Ania Ossipova exposait ses dernières productions, c’était extrêmement joli, et j’ai beaucoup aimé un portrait de vieux moujik d’avant la révolution, fait d’après photo, une photo connue, mais le portrait a quelque chose de plus, le regard est si vivant, on dirait que l’âme de cet homme est passée à travers le bois du support, avec toute sa bonté, sa simplicité malicieuse. Ania a quelque chose d'angélique, elle s'est complètement incorporé la sainte Russie orthodoxe et paysanne, et son art poétique et merveilleux. Cela lui est devenu consubstantiel. 

Je trouve toutes ces manifestations dans les environs de Pereslavl très intérressantes. Il y a Anna Panikhina à Filimonovo, Marina à Falelieievo, Natalia à Loutchinskoie, et autour de chacune d'elles plus ou moins de monde qui gravite, mais ces petits foyers rassemblent et soutiennent les gens de bonne volonté, et aussi ceux qui ont des idées, du talent, du goût.

Ania et ses oeuvres

J'ai vu un post à propos d'étrangers qui viennent coloniser les villages abandonnés de Russie, il y en a pas mal. Las d'une vie complètement privée de sens et de joies réelles, ils sont prêts à se faire soigner à la russe, des herbes sauvages et des séances de bains de vapeur, comme mon héros Fédia dans Yarilo! Pour la joie de contempler une aurore boréale dans un ciel étoilé. Car nous ne sommes pas sur terre pour "bosser de toutes ses forces pour son patron", comme disait monsieur de Maesmaker, dans un enfer de béton tonitruant, il y a quand même des gens chez qui les gènes parlent encore et qui conservent une âme.. Slobodan a fait, à ce sujet un briefing très émouvant sur son défunt copain Fabrice, un homme avec des capacités intellectuelles hors du commun qui avait choisi d'être berger afin de vivre libre et en paix, en lien avec la nature. Je regrette de n'avoir pas suivi les conseils de mon beau-père paysan, qui avait fait le même choix, mais que la politique du marché commun, puis de l'UE, avaient rattrapé au tournant...

https://www.youtube.com/live/MH1-kErutPM?si=xm2RSrMZp6-QYBJX

Le père Mikhaïl et sa famille