L'éléphant rose. C'est un copain de Kostia qui en est responsable. |
J’ai appris aujourd’hui que l’artisan Andreï, au physique de preux du XIII° siècle, est en fait un prêtre orthodoxe du coin qui vient arrondir ses fins de mois. Tout s’explique, les prêtres orthodoxes ont souvent cet air-là.
J’ai dîné hier soir chez Boris, dans sa maison de décorateur
complètement fantastique, où même les pommes dans la coupe, sur la table,
semblent avoir été mises là pour compléter le reste du tableau par la touche de
rouge brillant et sourd qui manquait à tout le reste. Nous avons bu à mon
arrivée de la vodka aromatisée et il m’a donné des iris pour mon jardin. Pour
aller chez lui, Olga et moi avons traversé la plateau qui s’étend derrière le
magnifique monastère Nikitski : des requins en ont privatisé une énorme
portion pour continuer à défigurer cet endroit unique avec leurs épouvantables
cottages, mais la population semble s’en émouvoir, et couvre la palissade de
slogans vengeurs.
Cette même Olga m’apporte le soir un plant d’asters :
près du monastère Nikitski, elle a discuté avec une vieille qui en avait de
très beaux, et lui a expliqué mon histoire. «Si elle a quitté l’Europe pour
venir chez nous, alors il faut lui faire un cadeau », a déclaré la bonne
femme en déterrant un plant.
J’ai fait les magasins pour trouver une cuisine équipée et
une armoire. Ce qu’il y a de bien ici, c’est que tout est de tellement mauvais
goût qu’on n’a pas à réfléchir longtemps, il n’y a généralement qu’un seul
article acceptable, et c’est celui-là qu’on prend sans hésiter, car il n’y en a
pas d’autre. J’ai donc commandé LA cuisine équipée qui ne me fera pas cuire les
yeux, et elle se révèle, en outre, fort peu chère. La patronne du magasin était
très gentille et enthousiasmée de me voir emménager dans le pays.
Je me suis rendue ensuite au café français du coin le café
« la Forêt », dans la maison jaune, près de l’éléphant rose, au
carrefour central, au dessus de la rivière Troubej. Le café est tenu par Gilles Walter, qui
connaît tous les vieux de la vieille du lycée français, mais moi, il ne me
connaissait pas encore. On mange chez lui des trucs français qui ont bien un
goût français, tout à coup ça me fait drôle. Il faut dire que je mange
n’importe quoi n’importe quand depuis mon arrivée, et j’ai peur de prendre dix
kilos.
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