mardi 14 février 2017

Un cycliste



On sent qu’on est dans la dernière partie de l’hiver, la température est remontée jusqu’à 1 °, ce matin, tempête de neige, maintenant le vent est si fort que je n’ai plus d’électricité. Le ciel  est resté gris toute la journée, mais un gris secrètement infusé d’irisations chatoyantes et vers le soir, quand je suis allée promener le chien, il est devenu violet, puis à l’horizon, d’un rose vif et presque orange, avec des filaments jaunes, et des taches turquoise. C’était un vent froid et exaltant, un vent d’ouest.
Sur le chemin, j’ai rencontré un cycliste, avec un conteneur d’eau sur son porte-bagages, mais il allait à pied. Je lui ai demandé : «Ce n’est pas trop glissant, pour faire du vélo ?
-Si, mais je ne monte pas dessus, je m’en sers pour transporter l’eau que je vais chercher à la source.
- Il y a une source ? Elle est loin ?
- Vous n’y arriverez jamais, moi j’ai le vélo, mais vous ?
- L’eau n’est pas bonne ici ?
- Mais c’est un cauchemar, l’eau c’est la vie, alors celle des canalisations, jamais ! »
Ce type avait dû être beau, il gardait d’étranges yeux bleu pâle, épuisés.
Je n’ai pas de vélo, mais j’ai un sac à roulettes, seulement je ne sais pas où est la source.
Plus tard dans la soirée, j’ai vu par la fenêtre que le vent avait coupé le ciel en deux, et au dessus de ce désastre, brillait une seule grosse étoile, celle du berger.

Je pense que je resterai ici, et je sens en permanence auprès de moi Ivan le Redoutable, ses fils, son favori, le jeune Basmanov, et le métropolite Philippe. Une compagnie qui ne me laissera pas si facilement tomber...  

Celui-ci n'est pas à moi...


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