Il
m'est tombé sous les yeux un article significatif, présenté comme suit:
« A
l’extérieur, une maison insignifiante, à l’intérieur, un palais royal ».
Or je vois personnellement à l’extérieur une isba
traditionnelle charmante et joliment décorée, mais qui aurait besoin d’être
rafraîchie, à l’intérieur un festival de mauvais goût boursouflé et prétentieux,
et parmi les commentateurs, je suis la seule dans mon cas. Il ne fait pas s’étonner
que le richard d’une de mes chroniques précédentes se soit indigné en recevant
un cadeau simple et de bon goût, poétique et enfantin.
Dans une isba de ce type, on s’attendrait à trouver, au vu
du titre, des merveilles comme la célèbre « maison aux lions » :
Ou bien encore dans le style de la maison du paysan enrichi
Poliachov, évoqué dans une de mes chroniques (https://chroniquesdepereslavl.blogspot.ru/2016/11/un-paysan-obscur-et-miserable.html#comment-form)
Poliachov avait du goût, lui, évidemment, car il avait
derrière lui toute une culture paysanne intacte, et cela le retenait de verser
dans le débordement kitsch. Il n’avait pas du tout une mentalité de parvenu,
bien qu’il fût, comme la plupart des riches Russes, fastueux et généreux. Mais la paysannerie, à force d’être moquée et
coupée de ses sources, en vient à se mépriser elle-même, et à rêver comme le
papy de cette petite maison, d’un fatras clinquant qui représente à ses yeux « l’intérieur
royal » revu et corrigé par les séries télévisées de seconde zone.
Savoir discerner le beau du laid, c’est comme savoir discerner
le vrai du faux, et le bien du mal, c’est complètement interdépendant. Nos
ancêtres suçaient ces aptitudes avec le lait de leur mère, ils étaient éduqués
en ce sens par leur culture millénaire. Eradiquer cette culture en substituant
systématiquement le toc, la contrefaçon à l’authentique, les vessies aux
lanternes et le clinquant à l’or véritable est le souci constant du diable qui
tient nos élites à la tête.
Dans cette perspective, la survie du folklore est vraiment
une question de survie de l’âme même du peuple, au sens le plus spirituel du
terme. Celui qui est éduqué dedans, ou qui en ressent l’appel et y revient, n’est
plus dans le monde des vessies, il est dans celui des lanternes qui éclairent
pour de bon, on ne la lui fait plus, il est relié. C’est pourquoi certains
ecclésiastiques commencent à le considérer comme une thérapie. C’est une
thérapie. C’est une cure de désintoxication. C’est une porte qui s’ouvre sur l’éternelle
enfance du monde dont nous devrions être les participants éblouis.
Instinctivement du côté des ténèbres, qu’ils choisissent
systématiquement, les fonctionnaires et les puissants d’aujourd’hui vont
naturellement essayer de l’exclure de l’espace public, pour y substituer, comme
à l’époque soviétique, des contrefaçons, avec beaucoup plus de mauvais goût, et
consacrer l’argent public au financement de provocations d’avant-garde visant à
pervertir et désespérer ceux qui les regardent et les écoutent. C’est-à-dire à
infiltrer ici ce que l’Occident a de pire.
Soutenir le folklore là où il est encore vivant, c’est ma
résistance.
Voici des enfants élevés dans le folklore :
Et encore vous n'avez rien vu des villas de Saint-Jean-Cap-Ferrat, propriétés des cadres de Gazprom... Moi non plus d'ailleurs mais une de mes connaissances, invitée en voisine nous a fait un résumé: piscine avec mosaîque de pierres semi-précieuses, robinetterie or 'plaqué ou massif, elle ne savait pas)...heureusement qu'il y a des lois en France qui interdisent de remanier les façades qui doivent s'intégrer au paysage... Sinon l'intérieur des isbas paysanne est magnifique... J'ai toujours été fascinée par la peinture sur bois...Ces photos, avec d'autres mériteraient d'être éditées en bouquin... je suis certaine que ce serait un succès dans toute l'Europe occidentale...
RépondreSupprimerOui, moi aussi, je suis fascinée par l'art populaire russe depuis ma jeunesse et une exposition à Paris sur les bois sculptés.
SupprimerCe commentaire a été supprimé par l'auteur.
SupprimerJ'avais une vieille amie russe, qui avait été une toute jeune prof d'Art plastique avant et pendant la révolution... Elle avait fui l'Ukraine, après l'épidémie de typhus qui avait emporté sa maman, parce qu'il ne lui restait plus personne et qu'elle ne pouvait plus vivre dans ces lieux où elle avait grandi avec une famille, un amoureux, des amis, tous disparus...Pourquoi personne ne parle jamais de cette terrible épidémie, au début des années 20?. Cette toute jeune femme a pris un train , est descendu en rase campagne, et a traversé à pied un marécage, sa machine à graver sous le bras, comme seul bagage vers la Pologne. Elle s'y est marié, avec un autre Russe déraciné, ils sont venus en France, ont eu des enfants, et ont continué à vivre leur vie de Russes... Elle et ses filles habitaient un petit deux pièces qui était agencé comme une isba. Dans la cuisine: de grandes " fresques fleuries" sur le mur au-dessus de la table et de l'évier.. Sa fille aînée avait été ballerine, mais quand je les ai connues, elle travaillait dans un magasin de déco, pour faire bouillir la marmite; sa fille cadette, qui avait fait les Beaux Arts à Paris et qui avait du talent, avait laissé tomber le dessin et la peinture: elle gagnait sa vie en fabriquant, de temps en temps, de petites souris de feutre (3-4cm), costumées en ballerine, en ramoneur etc... de minuscules chefs d'oeuvre, que tous les magasins de luxe de la Côte d'azur achetaient pour leurs vitrines... C'était une ambiance inoubliable... J'arrivais vers 15 h, je saluais ma vieille amie, puis j'allais voir ses invités et sa fille, dans la cuisine, qui faisaient de la musique en trio...puis je retournais bavarder, lire des livres d'Histoire ou des poèmes avec Valentina Pavlovna. J'ai rencontré dans cette famille des gens inimaginables. N'importe quel objet était métamorphosé avec deux ou trois coups de pinceaux... J'ai adoré la Russie de cette famille... C'est pourquoi je suis tombé de haut quand je suis entré en contact avec les soviétiques. Je vous lis, parce que vous restituez très bien un monde que j'avais oublié.
RépondreSupprimerPS: précision... Valentina est partie toute seule à travers le marécage... peu de temps auparavant elle avait demandé à quelqu'un " Où est la Pologne - Par là ".
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