vendredi 11 mai 2018

La clôture


Le temps merveilleux se poursuit, cette année, c’est un vrai cadeau, mais j’aimerais un peu de pluie pour mes plantes, encore que le sol soit toujours humide, ici. Je me suis beaucoup activée, tous ces jours-ci, dans le jardin, il y a tant de travail, une action en appelle une autre. Certaines plantes me semblent avoir du mal à démarrer, bien qu’elles ne soient visiblement pas mortes. Il ne fait pas chaud, avec tout ce soleil, le vent est froid, et j’ai finalement remis un peu de chauffage. Il me faudrait restituer la cheminée, refaire le conduit extérieur et mettre un insert. Cela me permettrait de chauffer un peu le soir, de faire partir l’humidité. Je le ferai peut-être. Il me faudrait être sûre que cela ne m’apportera pas de fuites d’eau, il faut que ce soit fait par quelqu’un de normal.
Aujourd’hui, on me refait la palissade, et j’ai terriblement peur qu’on ne piétine mes plantations. 
.La réception de Netanyaou par Poutine fait des vagues. Certains y voient la marque de sa trahison ou de son inféodation peut-être ancienne, d’autres son désir de paix et son astuce diplomatique, je dois dire que je suis désorientée, et effrayée, car s’il craque, ou s’il est un pourri complet, nous n’aurons plus aucun dirigeant qui résiste à l’empire  mondialiste qui nous asservira complètement et détruira fondamentalement tout ce que nous sommes. Il m’est déjà assez douloureux de voir disparaître la France, voir submerger et achever la Russie me serait insupportable. 
Au regard de tout cela, les périodes antérieures m’apparaissent comme des paradis perdus quelles qu’aient pu être leur dureté et leur insécurité, car nous avions du moins la consolation de nos communautés, de nos liens culturels et affectifs, de notre passé et de notre présent commun,  de notre foi, de nos épopées et de nos chansons, et le meilleur signe que ces époques étaient préférables, c’est qu’elles produisaient de la beauté en abondance, elles baignaient dans la beauté, alors que la nôtre sombre dans la hideur et la cacophonie, dans l’infamie totale et totalitaire.
C’est bien d’ailleurs cette solidarité, cette communion qui unissait nos entités nationales de façon verticale, à travers l’héritage multiséculaire de nos ancêtres, et horizontale, entre ceux qui partagent cet héritage et qui communiquent à travers lui, qu’il fallait détruire pour nous livrer, dans une tyrannie sans précédent, à une déchéance sans précédent, au sein de laquelle le salut personnel deviendra presque impossible. Alors reviendra le Roi, le seul que nous puissions encore espérer, celui de la Jérusalem céleste…
La révolution  de 1789 a défrancisé la France, celle de 1917 a tenté de dérussifier la Russie. Car s’attaquer à la paysannerie, aux cosaques et aux orthodoxes après avoir assassiné le tsar et sa famille d’une manière ignoble, c’était bien dérussifier le pays. La Russie, c’était la paysannerie, l’Orthodoxie et une puissante culture populaire à laquelle on a tenté de substituer la « culture de kolkhose ».
Je pense à la vidéo du père Costa de Beauregard, j'y pense sans arrêt. L'urgence de la prière, de l'ultime transfiguration me rôde dans la tête et le coeur mais je suis si flemmarde, une artiste et une littéraire, je compte sur la miséricorde divine, sur la main tendue qui me récupérera au dernier moment, parce que j'y crois, parce que je compte dessus... avec les miens, avec la France séculaire, et avec la sainte Russie, prends pitié Seigneur...


Iouri Tkatchev considère Ivan le Terrible comme un « navet » et me recommande la lecture de l’historien Soloviev pour avoir une idée du vrai tsar, loin de cette caricature. J’ai trouvé cela sur internet, avec au départ de la vie du tsar, toutes sortes de batailles et intrigues, autour de sa mère veuve et de lui-même. Dans un résumé du point de vue de Soloviev, le tsar offrait des points communs avec des tyrans domestiques que j'ai connus : une nature anxieuse et colérique, méfiante, méprisante, qui attribuait à ses subordonnés les raisons de ses propres échecs et punissait lourdement et injustement pour se passer les nerfs. Dans cette perspective, le film d’Eisenstein n’en offre pas une caricature mais plutôt une image idéalisée, et c’est ce que je pense.  Cependant, je ne suis pas sûre qu’il ait été tout à fait celui que montre Soloviev non  plus. Le tsar avait aussi des côtés artistiques et esthètes, il aimait chanter, c'était un fin connaisseur en iconographie, un lettré et il écrivait avec talent. 
Soloviev ne semble pas nier le meurtre du tsarévich Ivan. Ce que j’aimerais savoir, c’est si ce qui apparaît dans les biographies occidentales, et aussi pas mal de textes russes, les viols, les orgies de l'opritchnina, l'épisode Fédia Basmanov, est vraiment confirmé de façon assez unanime… J’ai déjà regardé, il y a toutes sortes de textes sur le sujet, jusqu’à des romans érotiques ou à la BD de Phobs (peut-être d’ailleurs assez perspicace)…  Mais je n’arrive pas à avoir une certitude quand aux faits relatés.
Lire sur internet est pénible, d’ailleurs, je n’ai plus pour la lecture le même pouvoir de concentration qu’auparavant. Il me faut sans doute assumer d’avoir fait un roman, qui est un hybride entre des données historiques réelles, mon intuition, et mes visions ou expériences personnelles. Comme les pièces de Shakespeare sur les rois anglais. C’est comme cela qu’il faudrait le prendre, c’est comme cela aussi qu’il faudrait prendre le film d’Eisenstein : un conte sur le pouvoir et l’égrégore qu’il engendre. Et dans mon cas, un conte sur la damnation et le salut, sur la communion des âmes, la responsabilité collective de Dostoïevski. Le tableau d’une société homogène, pareille à une immense famille, dont le tsar, quel qu’il soit, est le centre, le père, et qui est en route pour son salut à travers quelquefois de graves péchés, mais aussi de sublimes sacrifices, l’entité sainte Russie, une foule de pécheurs tendus vers le Ciel, de pécheurs vivants et morts, solidaires, avec tout leur attirail d’églises, de chants, d’épopées, d’icônes, de croix et de bannières,une longue et séculaire procession de Russes de tous milieux, titubant, chutant, se relevant, se poussant et se tirant les uns les autres, vers le jour du jugement qui en fera peut-être à jamais la ville invisible de Kitej. Dans cette procession, il y a le tsar Ivan, pour lequel je prie, aussi bien que le saint métropolite Philippe, il y a le féroce petit sodomite   Fédia Basmanov, pour lequel je prie également, qui avait peut être dans sa vie, comme seule lumière, l’amour porté à ses fils, auxquels il sacrifia un père probablement indigne, et son dévouement pour le tsar. Il y a le lumineux tsar Féodor qui a conclu la dynastie de Rurik. Et au bout de la dynastie suivante, après le tsar Pierre qui, sous l’effet de son occidentalisme sans âme, de son culte exclusif de la technique et de la puissance impériale, a entamé la dérussification enragée qu’ont reprise avec beaucoup plus d’ampleur les leaders soviétiques, le saint tsar Nicolas assassiné par des gnomes. C’est de cela que parle mon livre.
Le remplacement de la clôture m'a valu une causette avec la voisine d'en face, Tatiana, qui est allée aussitôt me déterrer une touffe de primevères, la primevère botanique jaune que je voyais près du "rio Poulet", le joli ruisseau qui coulait au bout du champ voisin de la maison de mon grand-père à Annonay (Ardèche)... Donc, quelque chose dans mon jardin me rappellera ma petite enfance. Parfois, les souvenirs de cette jolie et douce France, de mes tantes et de ma mère ravissantes, de cette maison de l'Armençon, qui me paraissait mystérieuse et poétique, et même parfois un peu effrayante, me font monter les larmes aux yeux.



C'est bien, ouvert, comme ça....



Il va me falloir la peindre ou la vernir. Je pensais à une lazure teintée...

10 commentaires:

  1. Le meurtre du Tsarévitch n'était-il pas tout simplement un accident ? un père abusif qui battait ses enfants même devenus adultes, cela existe et la violence incontrôlée peut entraîner le pire.J'ai reçue des raclées de mon père quand j'étais enfant, une fois il m'a assommée,je devais avoir 8-9 ans. Une autre fois, j'avais 13 ans, il m'a retournée une gifle qui m'a projetée sur un coin de cheminée...j'ai pris le coup au coin de l'oeil... à quelques cm près, il me tuait :un coup violent dans la tempe est mortel. J'avais 24 ans la dernière fois qu'il m'a battue et je me suis défendue, il n'a plus recommencé. Je vous rassure: la rumeur qui veut que les enfants battus deviennent à leur tour des parents violents est fausse: je n'ai pas battu mes enfants à mon tour. PS le tsar Ivan était serbe pour un quart, mon père aussi.

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    1. Oui, c'était un accident, ce n'était pas du tout prémédité. Ils se sont disputés et le tsar l'a frappé de son épieu, dans sa rage. Cependant, on dit que les seules personnes qu'il ait jamais aimées étaient sa femme et son fils. Et son mentor, le métropolite Macaire. De quel côté ce sang serbe? Il avait une grand-mère grecque, Sophie Paléologue, à laquelle il ressemblait pas mal physiquement, mais je n'avais jamais entendu parler du Serbe... côté Elena Glinskaïa?

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    2. La violence incontrôlée est un gros problème. Une de mes amies m'a dit qu'un jour, elle avait envoyé une brique à la tête de son fils et l'avait heureusement raté. La colère peut faire faire des choses terribles. Un jeune homme de ma connaissance m'a dit aussi que son père l'avait un jour tellement battu pour une broutille qu'il avait eu peur d'y passer. Je ne pense pas que l'on répète forcément ce qu'on a connu enfant, heureusement.

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  2. Anna Jaksic de Serbie était la mère d'Hélène Glinska, mère d'Ivan IV... Sinon je précise que mon père m'adorait.. mais comme j'étais l'aînée, il avait avec moi le comportement appris de son père, qui le battait comme plâtre.

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    1. ah c'est intéressant, il était donc Russe avec du sang grec et serbe. Quel mélange... Enfin tout cela restait dans l'orbite orthodoxe! Pour ce qui est de l'amour, les beignes ne l'empêchent pas forcément, je pense qu'Ivan le Terrible était le genre à envoyer facilement des beignes, et même pire que ça et à couvrir de caresses un peu plus tard le même individu. C'est probablement ce qui se passait avec son fils Ivan.

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  3. Laurence, je partage votre inquiétude à propos des nouvelles prises de de position recentes de Vladimir Poutine. Ca me fait un pru paniquer mais je me dis que les plans de Dieu noa v ideo du père Costasont inconnus. J'ai beaucoup aimé la vidéo du père Costa de beauregard. Elle ma fait prendre du recul par rapport aux événements. ..

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    1. Oui, moi aussi, je suis inquiète. Cependant, je pense que les choses sont de toutes façons moins avancées ici et les gens plus réactifs, plus traditionnels, quand même, moins anesthésiés et absurdes qu'en Europe. Cette vidéo m'a fait le même effet, et je l'ai regardée deux fois.

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  4. Pour la barrière, il y a la peinture suédoise... Facile et surtout pas cher du tout! Allez voir sur le site Esprit Cabane, il y a plein de recettes.
    Bon jardinage!

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    1. C'est quoi, la peinture suédoise? A Pereslavl Zalesski, le choix est restreint! Mais je vais passer chez Leroy Merlin à Pouchkino...

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    2. C'est une peinture faite maison! A base de farine si je me souviens bien... elle était utilisée en Suède pour peindre l'extérieur des maison de bois. Elle protège le bois, le nourrit et le colore au goût de chacun. Allez voir le site d'Esprit Cabane tout est indiqué.

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