vendredi 23 novembre 2018

Gilets français


Bien qu'émigrée, je ne peux me désintéresser de ce qui se passe dans mon pays d'origine, je le peux d'autant moins, que tout est imbriqué. Je dirais même que d'être ici me fait encore mieux voir, en perspective, les liens qui existent entre divers événements dans nos zones géographiques respectives. En d'autres endroits du monde, que je connais moins bien, il m'est plus difficile de juger, mais fondamentalement, les mêmes processus sont à l'oeuvre partout, car le mal est planétaire.
 Les gilets jaunes sont de gentils Français, des Français comme ceux de mon entourage, comme ma sœur, mes cousins, comme ceux que j’ai toujours connus, qui ne vivaient pas trop mal en travaillant beaucoup et à qui on a fait la vie impossible. Ils sont en butte aux exactions d’un pouvoir anonyme international dont leur président fantoche n’est que le satrape arrogant. Ceux qui les défendent sont vilipendés depuis des décennies et ne reçoivent jamais aucun appui, ils ne peuvent donc jamais être élus. Une sorte de caste, qui les déteste, s’est formée à la tête du pays, constituée de ces oligarques insaisissables, de la presse à leur solde et d’une cour d’acteurs, chanteurs, histrions divers dénommés « people ». Ce schéma se retrouve dans tous les pays, en Russie aussi, malheureusement, mais là, cela ne semble pas aussi facile à appliquer pour l'instant. Pour les achever, cette caste, qui voudrait en faire une plèbe malléable sans racines ni dignité, leur déverse sur la tête toute l’Afrique, c’est le programme pour tous les pays européens, y compris la Russie, et même surtout la Russie : que périssent nos cultures, nos traditions, nos religions, que s’écroulent nos monuments, que disparaisse tout ce qui pourrait garder une solidarité aux poissons de bancs, aux humains d’élevage, croisés de force par le viol et l’intimidation. Cette caste soutient et encourage les sentiments nationaux ou régionaux  là où ils peuvent nuire aux ensembles historiques, culturels et spirituels existants, comme on le voit en Ukraine et  aux abords de la Russie. Les gilets jaunes qui font des « quenelles » sont des fachos, mais personne ne remarque les croix gammées dans les pays baltes ou en Ukraine. Cependant, dans les pays baltes et en Ukraine, une fois le boulot terminé, déferleront obligatoirement les hordes africaines et islamistes, ou chinoises,  destinées à submerger tout ce qui existait avant, et là, plus de Baltes, plus d’Ukrainiens, plus de Finnois, plus de Scandinaves, plus de Russes, plus rien, que la caste et les sous-hommes indéfinissables, abrutis et privés de mémoire et de culture, qu’elle aura créés pour la servir. Le processus est en route, l’ONU invite les pays du monde à signer leur arrêt de mort avec le renoncement à leurs frontières.
Quand tout a commencé au Donbass, je me souviens, il y avait sur place, apparemment, une population post-soviétique assez comparable à celle que je vois en Russie, qui vaquait à ses occupations dans une relative mais tranquille pauvreté, et ne se doutait absolument pas qu’on allait lui rejouer la guerre de 40, version capitalisme mafieux néotrotskiste. Elle n’était pas du tout prête à ça.  Je me souviens de cette vidéo où l’on voyait arriver les chars ukrainiens, dans les villes du sud-est, je ne savais même pas que des chars pouvaient rouler aussi vite, et les gens n’en croyaient pas leurs yeux : « Qu’est-ce qu’ils font ? Qu’est-ce qui leur prend ? » Les gens essayaient de les arrêter à mains nues, ils pensaient encore qu’on pouvait raisonner ces brutes blindées, qu’il y avait là un malentendu, que ce n’était pas possible…  Eh bien, si, c’était possible, et tous ces braves post-soviétiques se sont retrouvés, pour survivre, les armes à la main, ont fait redémarrer les chars de la dernière guerre qui étaient devenus, sur des socles, des monuments de  places et de jardins publics, et au début, quand ils faisaient prisonniers ceux d’en face, ils leur parlaient avec une sorte de bonhomie consternée et incrédule : «Tu vois un peu ce que tu fais, à quoi tu contribues ? Tu le comprends, pauvre imbécile ? Tiens, appelle ta mère!"» J’ai vu, sur le sujet, d’innombrables vidéos à  500 ou 1000 vues maximum, effacées par youtube si elles touchent trop de gens, traduites par des bénévoles et dénommées « propagande de Poutine ».
Pourtant dès janvier 14, Timochenko invitait à "vitrifier le Donbass"...
Les Français, ça fait plusieurs années qu’ils persistaient à penser que « ce n’était pas possible », que leur presse ne pouvait être pourrie à ce point, leurs hommes politiques des traîtres finis et des malfaiteurs, et ne voulaient pas savoir pour l’Ukraine, parce que c’était loin, et puis quand même, non, les journaux et la télé ne peuvent mentir à ce point. Mais si…
Les gilets jaunes se conduisent comme les gens du Donbass, c’est-à-dire comme de braves gens qu’on a poussés à bout et qui tout d’un coup décrètent : ça suffit ! Et ils cherchent à rester raisonnables et gentils, quand même, ils en sont encore au coup de gueule, aux apostrophes goguenardes, ils n’ont pas des âmes de voyous, ce sont des gens ordinaires qui voudraient avoir la paix, qui voient leur pays ruiné et envahi, qui sentent comme une malveillance à l’œuvre, car oui, mesdames et messieurs, ce ne sont pas des incapables, qui nous gouvernent, ce sont de grands malveillants et de grands pervers, qui commencent à faire marcher la calomnie, la carotte et le bâton, à lâcher les hommes de main, les « socialement proches », la racaille des banlieues, les provocateurs, les CRS brutaux qui infligent des blessures de plus en plus graves, les juges iniques, les amendes arbitraires, va venir le moment où tout le monde va devoir rentrer chez soi et accepter l’inacceptable. Ou bien continuer. Comme au Donbass…
C’est pourquoi il est urgent de voir et de penser global. Eux le font, ceux qui nous veulent la peau. La troisième guerre mondiale, c’est celle de la caste contre les peuples. A quoi peut-on différencier une révolution orange d'un mouvement populaire spontané? Aux réactions de la caste: si les journaux soutiennent ou conspuent, si les ambassadeurs américains viennent ou ne viennent pas distribuer des brioches, si BHL, Glucksmann et Kouchner viennent ou ne viennent pas, agiter pour faire mousser.
Pour l'instant, les gilets jaunes ont récolté le paria Dieudonné, Pierre Perret, le bon député Lasalle et l'honnête Dupont-Aignan, des pelés et des tondus... Ca sent le Donbass. Ou la débandade...
Je le crains.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire