mardi 6 août 2019

L'anniversaire de notre père Valentin



(photo père Vladimir)
C’était hier l’anniversaire de mon père Valentin, dans un café de la Novaïa Basmannaïa. J’y suis allée avec Dany. Il faisait un temps affreux et l’on se gelait, mais l’ambiance était très chaleureuse et très farfelue, comme d’habitude. Il y avait le père Vladimir Viguilianski et sa femme Olessia, ravis de rencontrer Dany, dont ils avaient soutenu le mari, le poète Iouri Iourtchenko, quand il était aux mains des bataillons punitifs ukrainiens, et un père Vadim qui connaît mon amie Katia, comme quoi le monde orthodoxe est petit. Le père Valéri, le père Dmitri, toute l’équipe... Les nombreux petits enfants du père Valentin (il en a 27...) J'ai porté un toast à mon cher père spirituel, en précisant que j'avais grâce à lui une famille russe dont j'avais vu grandir les enfants. "Laurence, nous vous aimons, nous vous aimons..." répétaient à sa table prêtres et amis. Les fêtes de ce genre, en Russie, permettent aux gens de se témoigner tous leurs bons sentiments, et ils y tiennent beaucoup. 
Le père Valentin ne pense pas que Poutine soutienne la « resoviétisation » du pays qu’observe Nazarov. Il n’exclut pas, comme moi, que ce soit là une manœuvre américaine sur fond de mécontentement et de naïveté pour diviser la population, qui était sur la voie d’une certaine réconciliation nationale, et pour justifier les campagnes contre « l’empire du mal » et la néonazification de l’Ukraine et des pays baltes. Il croit que la marge de manœuvre du président est étroite. D’après lui, il soutient et protège sincèrement l’Eglise, par foi et par patriotisme, raison pour laquelle l’Eglise le soutient aussi, à part une frange de religieux néostaliniens regrettables dont je ne comprends pas trop le raisonnement. Mais d’après lui, le patriarche est intraitable sur cette question et ne reviendra jamais sur les nouveaux martyrs de Russie. « Les persécutions peuvent très bien reprendre, me dit-il, si le pouvoir passe entièrement à des gens mal disposés. Mais cette fois, il n’y aura ni goulag ni exécutions. Il suffira d’étouffer les paroisses sous les impôts ». La répression par les impôts et les amendes, comme en France.
Il pense que les intrigues autour de Bartholomée et du tomos ukrainien sont en train d'échouer et de tourner à l’avantage du patriarcat de Moscou. Il faut dire que ces intrigues et les personnages qui les trament sont difficilement soutenables, même quand on est d’un naturel diplomate…
La population de la Russie, malgré tout, lui semble plus saine que la population européenne, et dans sa grande majorité, elle ne soutient pas les tentatives de déstabilisation de Soros par petits cons interposés, comme en Ukraine. J'en avais déjà parlé avec le comptable du café qui me disait: "Nous avons tous enfin un petit quelque chose et un peu de stabilité, et nous n'avons pas envie de laisser ébranler tout cela". De sorte que la différence avec les gilets jaunes n'est pas seulement dans la différence de comportement de la police ou dans la présence de commanditaires milliardaires mafieux internationaux derrière le mouvement, mais dans la nature des manifestants, populaires en France, classes moyennes paupérisées excédées, bobos en Russie. Le problème est que la technique consistant à exploiter politiquement de l'extérieur du pays les désaccords locaux peut compromettre toute action ciblée de la société civile. En réalité, comme nous vivrions tranquilles si on nous lâchait, si les voisins se mêlaient de leurs affaires et ne cherchaient pas à empiéter sur notre champ ni nous imposer leur façon de vivre, s'ils ne cherchaient pas à débaucher nos enfants, à les dresser contre nous, à nous voler nos maris et à monter le bourrichon de nos femmes. Je suis sûre que la Russie trouverait en elle-même les remèdes à ses maux si on lui fichait la paix. C'est d'ailleurs valable aussi pour la France. 

Ambiance... (photo père Vladimir)


Photo Dany

Photo Dany







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