jeudi 17 octobre 2019

Que tout souffle loue le Seigneur

Un étrange temps printanier m'a poussée à aller sur le "val" dessiner dans l'air tiède. Il ne reste plus que quelques accents dorés aux branchages nus et bruns, et je profite du frémissement de ces derniers précieux lambeaux que le soleil exalte une dernière fois. Le ciel avait des tons de nacre, doux et mélancoliques. On dit que novembre sera tiède, ce qui n'est pas forcément une bonne chose, car il sera sûrement pluvieux, ce serait bien étonnant qu'il fût ensoleillé...
Le val est l'un des rares endroits de Pereslavl qui restent jolis, avec des points de vue pittoresques sur les diverses églises et la rivière.
Les mésanges sont venues me montrer qu'il fallait penser à les nourrir. Elles viennent voleter sous mes fenêtres et se poser de façon à ce que je les voie. Le problème est que les pies et les corneilles s'attaquent au lard que je suspens et finissent par le faire tomber.
Rita est à nouveau amoureuse, moi qui pensais qu'elle ne le serait qu'une fois par an... Je lui ai acheté des sortes de pampers! A Moscou, nous avons vu son ancienne maîtresse mais elle a fait comme si elle ne la connaissait pas, à vrai dire, même à ceux qu'elle n'a jamais vu, elle prête davantage d'attention, mais pour avoir vu ce comportement chez Joulik et Doggie, je crois qu'il signifie que le petit chien n'a aucune envie de changer encore de patronne, une fois ça suffit, ras le bol. ! Car les spitz ont beaucoup de mémoire, elle ne l'a certainement pas oubliée. J'en étais même ennuyée, car sa maîtresse a bien des problèmes et la donner était sans doute la meilleure chose à faire dans le contexte.
Avant d'aller à Moscou, j'avais vu un passage de saint Païssios où il recommandait de ne pas prêter attention aux beautés de ce monde pour ne s'orienter que vers celles de l'au-delà, mais ma nature poétique en est parfaitement incapable. Je n'appréhende le Créateur qu'à travers la Création et n'ai jamais compris ces gens qui se tournent vers Dieu par détestation de la vie et le voient comme un architecte dans son bureau. Je ne dis pas que c'était le cas de saint Païssios, mais c'est ainsi que certains peuvent interpréter ce qu'il dit. Je me souviens du père Alexandre Schmemann, si contemplatif et sensible aux spectacles quotidiens de la lumière et des nuages, il y voyait l'anticipation, le reflet des splendeurs futures. J'ai toujours eu le sentiment que le cosmos était une sorte d'immense cathédrale où se célébraient en permanence les liturgies de la vie. "Que tout souffle loue le Seigneur". On découvre scientifiquement que tout est lié, ce que savent tout poète et tout artiste. Rilke, Philippe Jacottet, Van Gogh... Les arbres vivants et mystérieux, que je ne supportais pas de voir abattre dans mon enfance, sont en communication les uns avec les autres, et avec les corps célestes, les païens les divinisaient, mais ce serait à mon avis une erreur que de faire, comme les chrétiens occidentaux, du monde un tas de matière inerte exploitable à merci. Car "tout souffle loue le Seigneur, louez le, feu et glace, vents de tempête, serpents et oiseaux ailés, arbres fuitiers et tous les cèdres". Tout souffle loue le Seigneur, et accompagne nos prières, et prie avec nous. Je me souviens d'un jour où j'avais lu ce psaume dans la campagne autour de Cavillargues et où le vent s'était tout à coup levé, comme un écho allègre... Tout souffle loue le Seigneur, et le père Svevolod Schpiller disait: "Chaque chose a son ange". J'en ai parlé au père Valentin, car j'avais peur d'être hérétique, et c'est le fils spirituel du père Vsévolod; il m'a dit: "Oui, ce sont des histoires de moines, ne vous en faites pas, ne prêtez pas attention à cela". Le père Barsanuphe me disait, lui: "Il y a plusieurs sensibilités dans l'orthodoxie, la vôtre y est présente, elle a de saints représentants".
Il ne me semble pas que l’Écriture parle du firmament du paradis comme de l’habitation séparée de Dieu… car le divin est également présent en toutes choses et, d’une certaine manière, il pénètre toute la création et n’existe pas séparément de l’être, mais la nature divine honore également chaque élément de l’être, prenant compassion de toutes choses à l’intérieur d’elle-même ». Saint Grégoire de Nysse 





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