dimanche 17 mai 2020

La floraison des merisiers

Merisiers en fleurs
Au moment où fleurit le merisier, on se caille toujours, c'est une loi locale. Donc, on se caille. Le ciel est variable et splendide, parfois d'un gris violet presque noir, sur lequel se détachent, illuminés, les éléments du paysage. Les nuages sont si volumineux, qu'on pourrait presque les pétrir et les tordre. Ils accumulent sur l'ombre de leur passage d'éblouissantes et folles excroissances, crèvent en pluie, tout à coup, une pluie rapide et violente, souvent pleine de lumière.
Je suis allée avec Katia voir un accordéon pour le fils de mes voisins, dans un village, mais je n'ai pas trouvé les vendeurs. Cela nous a fait cependant une promenade, ce qui ne m'était pas arrivé depuis le début de la folie furieuse du coronavirus. Quand on s'éloigne de Pereslavl, on trouve des endroits encore presque intacts, avec de très jolies isbas, et de tous côtés des forêts, aux feuillages neufs et tendres, d'un vert phosophorescent.
Désormais, nous sommes théoriquement tenus de mettre notre muselière et nos gants. Ainsi que l'a dit un politologue russe à propos des mesures draconniennes mais souvent incohérentes prises à Moscou, ceux qui les ont conseillées à Sobianine ont décidé de l'éliminer du paysage politique, tant elles le rendent impopulaire; et, insiste-t-il, elles n'ont pas de sens, car évidemment, les gens mettent généralement toujours le même masque et toujours les mêmes gants, pour qu'on leur foute la paix, et outre de les priver de respirer un air normal, cela ne les protège de rien. C'est en effet ce que je fais moi-même, j'ai le masque et les gants dans la voiture, derrière le pare-brise. Je les mets pour aller au supermarché Magnit.
La plupart des gens que j'ai autour de moi, et les commentateurs des articles des différents sites que je consulte, qu'ils admettent ou non la gravité de la maladie et son ampleur, sont absolument persuadés que c'est une manipulation internationale géante, que l'épidémie est voulue et utilisée pour des buts aussi ténébreux qu'inquiétants. J'en suis de plus en plus certaine moi-même. Je ne fais plus la moindre confiance aux divers gouvernements, ni à leurs fonctionnaires, ni à leurs médias. Les infos officielles racontent tous les jours de nouveaux épisodes du film d'épouvante, en nous annonçant que la suite sera encore pire et qu'on n'en sortira jamais; l'exagération épique devient évidente pour tous ceux qui ont encore un cerveau. Le site russe conservateur orthodoxe que je suivais perd toute mesure, et je vois avec consternation se mettre en place les mêmes mécanismes oppressifs qu'en France, et en occident en général, avec le vaccin obligatoire du milliardaire maboul et les calembredaines hystériques à propos de la chloroquine, utilisée avec succès par le professeur Raoult. Un de mes amis en a pris, il est sur pied, mais il m'a dit qu'elle était difficile à trouver, même pour les hôpitaux. Un autre a guéri sans elle, mais me dit que c'est un médicament "éminemment toxique" qu'on ne donne qu'en"toute dernière extrémité", c'est-à-dire quand il est trop tard.
Le problème de cette épidémie, c'est qu'on nous dit tout et n'importe quoi, inspirant une profonde méfiance à tous les gens sensés. L'humanité entière est dans le cas d'un homme malade, ou empoisonné, qui arrive dans la clinique d'un médecin fou. Evidemment qu'en le voyant se pointer avec une seringue, on n'est pas trop disposé à le laisser nous injecter n'importe quoi. C'est Tintin et le Lotus Bleu.
Je suis allée à l'église ce matin, on voit dans les rues des gens masqués, mais pas tant que ça. En revanche au retour, des policiers (masqués) surveillaient la rue principale, j'étais en voiture. Donc on ne m'a pas emmerdée. A mon avis, ici, cela ne durera pas, j'ai vraiment l'impression que cela casse les pieds à tout le monde, qu'on fait un peu semblant pour que les barons et les princes nous lâchent le tricot.
J'ai vu que le métropolite Hilarion en remettait une couche, tançant et menaçant de sanctions les prêtres qui officient et laissent venir les fidèles. Mais pas un mot sur tout ce qui se passe derrière, alors qu'un prêtre célèbre pour ses homélies, le père Tkatchev, appelant les orthodoxes à la prudence et à la raison, ce qui en somme est normal, a mentionné que le truc était douteux, manipulé et objet d'une grosse propagande. Mais pas le métropolite Hilarion, qui nous vend la soupe officielle. Et si les choses en viennent à la puce électronique, il va nous conseiller de l'accepter? D'après un article russe, le pape l'aurait déjà fait.
Se rend-il compte de l'abîme qui se creuse entre lui, le patriarche et le reste de l'Eglise? Les gens ne disent rien, mais je sens qu'ils n'en pensent pas moins.
Il y a quand même un contingent de personnes qui gobent tout cela. Mais la peur de la maladie, je ne pense pas qu'à long terme ce soit la bonne ficelle pour faire marcher les gens, les idéologies avaient quand même une façade plus motivante, le bonheur des peuples, la volonté de puissance, le progrès exponentiel; là, on dirait qu'il n'y a plus rien au magasin des marchands d'illusions, juste la peur de la mort, allez, restez chez vous, à la niche. Il viendra forcément un moment où l'exaspération aura raison de la peur.
Mais enfin évidemment, si ce moment vient quand nous serons tous bouclés dans notre camisole de force électronique, ce sera peut-être trop tard.
Une Russe me dit que nous, les croyants, serons invisibles sous le manteau protecteur de la Mère de Dieu et que je ne suis pas seule. On me raconte aussi, dans un autre genre, que se constituent des cellules clandestines de partisans.





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