vendredi 7 août 2020

Les 70 ans du père Valentin

 

Quand j'arrivai à Moscou en 94, je mis trois ans à trouver une paroisse stable. Un jour dans un passage souterrain, je donnai de l'argent à une vieille mendiante qui, me regardant, déclara : "il te faut prier l'icône de la Mère de Dieu" apaise mes chagrins". 

Pour Noël, je confiai mon appartement et ma chatte à une jeune étudiante française pendant mon séjour en France. Au retour, elle me présenta son amie Macha et celle-ci, apprenant que j'étais orthodoxe, s'écria: " Il faut absolument que vous rencontriez mon papa !" et l'appelant aussitôt, elle me passa le téléphone.

Le lendemain, je me retrouvai dans le bureau du père Valentin, dans son grand appartement stalinien bourré d'enfants, il en avait neuf. Le père Valentin avait un aspect noble et sévère et une voix profonde. Pendant notre grave entretien, toutes les cinq minutes, un museau différent se glissait dans l'entrebaillement de la porte sous tous les prétextes. Finalement, je vis le profil de sa femme, la matouchka Inna, son nez en trompette et son sourire narquois, qui n'y tenant plus, venait nous demander ce que nous attendions pour aller prendre le thé. Ce fut le début de mon amitié et de mon adoption par la famille Asmus, infiniment chaleureuse, farfelue et pittoresque.

Le père Valentin m'ayant invitée à me confesser auprès de lui, je me rendis dans sa paroisse, Saint Nicolas des Forgerons, dont le principal objet sacré était une ancienne icône miraculeuse de la Mère de Dieu "apaise mes chagrins"....

C'est ce que j'ai raconté hier soir pour l'anniversaire de ce même père Valentin, dans un restaurant italien qui rassemblait sa famille. Tout le monde y est allé de son hommage et pour finir on a chante en chœur d'anciennes chansons patriotiques du XIX siècle et des romances. Les enfants ont eux-même des enfants et l'âge que j'avais quand je les ai tous rencontrés.

Au retour, Xioucha qui était pompette à dit à son père qu'il était paranoïaque. "Et pourtant, je m'occupe pourtant bien de toi, et je ne te dis pas 99%...

- de ce que je fais ! n'ai-je pu m'empêcher de suggérer.

- Lolo, vous êtes une frantsouskaia kakachka, une merde française ! Mais je vous adore, j'adore les Français et leur répartie de merde ! "


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