jeudi 5 novembre 2020

Mausolées

Il faisait gris et sinistre ce matin, mais le soleil a fait une apparition dans l'après-midi, j'ai tout à coup vu de beaux nuages voguer dans l'azur, la lumière embraser les buissons de la maison de Violetta. Et tout cela, dans quelques temps, me sera masqué par un mur de plastique énorme. Je peux essayer de le cacher derrière des sapins, mais je ne verrai plus ces beaux nuages ni les levers de lune. Sur la photo, on distingue les pilotis sur lesquels reposera la chose...


Elle sera posée dans l'environnement absolument n'importe comment. Sans tenir compte de l'espace autour, ou plutôt du manque d'espace. Toutes les maisons d'autrefois en tenaient compte, que ce fussent les fermes de la vallée du Rhône ou les isbas russes, et l'emplacement des arbres autour était bien choisi. Le crétin moderne pose sa maison comme un chien pose sa pêche. Et je dois dire que j'en ai assez de cette monstrueuse bêtise, de cette contagion de la bêtise et de la laideur, la seconde étant le reflet de la première.

Les défenseurs du lac, ici, ont posté des tableaux qui représentent Pereslavl, dans les années 60. Tel que j'ai pu encore le découvrir dans les années 90. Il a suffi de 20 ans pour transformer un conte de fées en amas de bâtisses contrefaites, sans doute faut-il voir dans ces constructions banales et bancales l'expression des mutilations opérées par la modernité sur l'âme de ces populations.





Ces endroits sont aujourd'hui méconnaissables. Ils étaient vivants, organiques, poétiques, ils ressemblent maintenant à un grand cimetière, et pas un cimetière d'autrefois mais à un cimetière d'aujourd'hui, avec des tombes prétentieuses et des fleurs en plastique. Les agglomérations de la Russie moderne évoquent en fait un dépôt de nos ordures contemporaines: anarchiques, et inassimilables par l'environnement. Un ami du père Valentin m'avait dit à propos des lotissements de cottages qu'ils ressemblaient à une accumulation de mausolées. La mort de l'âme engendre la mort de l'art.

J'ai regardé les maisons à vendre sur Pereslavl, à part les isbas souvent fort délabrées, elles sont toutes affreuses. Quel que soit le prix, je ne voudrais d'aucune d'elles même si on me les offrait, ou alors pour les revendre. Elles sont d'une laideur fantasmagorique. La beauté de la Russie était fantastique, féérique, la laideur de l'espace post-soviétique est cauchemardesque. Je n'avais jamais vu ça, ni en France, ni même en Amérique. Et quand je travaillais à Moscou, je m'en rendais moins compte, car Moscou a été terriblement saccagée, mais la province restait plus intacte. Depuis, les gens construisant à chaque fois des horreurs, ou saccageant les maisons existantes, on dirait que le pays est en proie à une sorte de lèpre qui dévore ce qu'il restait encore de sa beauté passée. 

 J'offre a la réflexion du lecteur, avant qu'elles ne soient censurées, deux vidéos très importantes pour rendre la vue aux aveugles. Elles partagent une observation commune que j'ai également faite: nos gouvernements ne nous veulent pas du bien. il faut se mettre dans la tête qu'ils ne sont pas incompétents, ils sont nuisibles. 





 

2 commentaires:

  1. Il n'y a pas (ou plus ) de vidéo?

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Censurées sans doute, parce que trop percutantes. Moi, je les vois. Il arrive que les vidéos n'apparaissent pas sur les téléphones et les tablettes mais sortent sur ordinateur.

      Supprimer