mercredi 28 septembre 2022

Exaltation

le père Andreï Tkatchev

Une homélie du père Andreï Tkatchev, venu d'Ukraine en Russie après le Maïdan:

300 000 mobilisés; cela fait exactement le même nombre de mères, + un total de deux fois plus de soeurs, épouses, belles-filles et filles. C'est-à-dire que finalement, beaucoup de ceux qui ne réagiraient pas à un coup de canon, quand il s'agit d'aller prier, vont maintenant, au son du canon, s'éveiller à une vie religieuse active.
C'est au moment où l'Occident collectif se préparait à nous effacer de la face de la terre que nous sommes devenus aigres et corrompus. Ces mêmes ukro-nazis dérangés, blague à part, (bien que nos présentateurs de télé aient ri de cela plusieurs années de suite) se préparaient à faire le tour de la Place Rouge dans des véhicules blindés de transports de troupes. Maintenant, je pense que même ceux qui s'esclaffaient le plus ne trouvent pas ça drôle.
La Russie est grande, et au tréfond des provinces, elle est forte et imprévisible. Tout comme, soit dit en passant, les Ukrainiens eux-mêmes, précisément parce qu'ils sont également russes. La panique ne règne que chez les gamins, qui sont habitués aux films d'horreur, mais font dans leur froc quand le danger, ou même l'ombre du danger, est réel. Elle règne également dans la ville de Moscou. Mais cela, désolé, ne concerne pas toute la Russie. Ce n'est même pas la Russie du tout.
Nous dérangeons. Tous les satanistes, et il y en a pas mal. C'est juste que Dieu est avec nous, bien que beaucoup de gens, le nez dessus, ne le comprennent ni ne le remarquent. Or Il est avec nous quand même. Parce qu'il ne reste personne d'autre. Tous les autres ont été soit achetés, soit intimidés, soit (comme les Ukros) réduits sans retour à l'état de débiles et de chair à canon. Mais la Russie, ce n'est ni le premier cas, ni le deuxième, ni le troisième. Nous avons des apeurés et des vendus. Mais ce ne sont que des furoncles sur le corps, pas le corps lui-même.
Un jour, pendant la peste, Cyprien de Carthage, futur martyr, dit à ses ouailles qu'il n'y avait pas lieu d'avoir peur. Nous parce que nous serons sauvés à cent pour cent de la peste, mais parce que Christ est resusscité. Dans cette vie, nous ne recevons pas de billets de faveur. Tout le monde tombe malade, nous aussi. Tout le monde meurt, et nous aussi. Tout le monde est inquiet, et nous ne sommes pas faits de fer. Mais nous surmontons tout cela par la foi en Celui qui nous a aimés et qui est ressuscité pour nous. Celui qui est dans la foi peut-être inquiet, mais c'est un péché que d'avoir les foies.
Alors l'équipe: mettez de coté la trouille. De toute façon, il faut bien mourir, encore faut-il le faire de façon brave et humaine. Cette idée nous vient aujourd'hui à l'esprit non à travers les sermons à l'église, mais par les nouvelles à chaque heure. Quand à l'Eglise, tant qu'un repentir national rapide et fervent n'est pas déclaré, il convient sans attendre de jeuner, défiler en procession, servir souvent, lire l'Evangile (en de tels jours, il reprend vie), prier avec ferveur etc. Car en temps de paix, impossible de réveiller notre bande aigrie de plusieurs millions de demi-chrétiens

Le père Tkatchev est une force de la nature. Moi, si je ne cède pas à la panique, je lutte contre des accès de tristesse et de fatigue, à cause de la situation, des miens qui sont là bas, et d'un excès de mondanités. Hier, c'était la fête de l'Exaltation de la Croix, une belle fête. Mais je n'avais aucune envie d'y aller, j'avais envie d'avoir la paix. Des fêtes en ce moment, il y en a tous les trois jours, et il y a tous ceux qui m'invitent, veulent me voir, tout ce que j'ai à faire et ne fais pas et oublie que je dois faire. Je me disais qu'après tout, si cela m'arrachait à ce point une côte, autant ne pas y aller. Mais quoi, l'heure est grave, et tu ne peux bouger ton gros cul pour aller à l'église le jour de l'Exaltation de la Croix? 
J'y suis allée sans aucun enthousiasme, j'ai attendu que ça passe, j'ai eu un instant de réconfort et de honte quand le père Andreï, au lieu de simplement me laisser baiser la croix, s'en est servi pour me bénir au passage. 
Le séjour à Moscou m'a fatiguée. Et puis j'ai été invitée. Veniamine le Suisse avait rassemblé chez le concurrent de Gilles, Frédéric, les étrangers de Pereslavl, enfin pas tous, justement. Ca a duré toute l'après-midi, et nous n'avons pas arrêté de bouffer, avant d'aborder les gâteaux du pâtissier, d'honnêtes gâteaux français. J'ai pris un kilo que je n'ai pas encore perdu. Le lendemain, au petit déjeuner, j'avais Gilshain et Olga. Le surlendemain, l'Exaltation de la Croix. Le soir, je trouvai une invitation à la fête votive de l'église d'Elizarovo, le fief de Fédia Basmanov, et j'y serais allée avec joie, mais cela signifiait courir là bas, encore une liturgie, plus les agapes en commun, et surtout ne pas oublier la vielle à roue, et tout à coup, j'ai senti que je ne pouvais pas, que j'étais au bord de la crise de nerfs, et pourtant, j'aurais bien voulu, j'aurais vraiment bien voulu.

Jason Silouane et
ses filles, photo de Natalia Razouvakina
Les étrangers de Pereslavl, en sus de Veniamine, de Fréderic et sa femme russe, c'était un retraité américain, avec une femme idem, un couple très sympathique, une Allemande slaviste joviale qui est ici depuis 20 ans et ne repartira jamais, le Hollandais restaurateur de livres anciens Ian et sa femme Olga, Jason Silouane, l'Américain peintre d'icônes, avec ses filles, et un Cubain né en Russie qui fait des thés magiques et prépare toutes sortes de champignons marinés que personne n'a l'idée de manger et qui sont succulents. Je suis tombée sous le charme de la plus jeune fille de Jason, Serafima, une adorable petite créature de trois ou quatre ans. Les gosses me cassent souvent assez vite les pieds, mais de temps en temps, j'en vois que j'adopterais bien. Je me disais qu'au fond, nous fonctionnons par affinités. Peu importe l'âge et le point de rencontre dans l'espace temps, il y a des âmes qui se ressemblent, qui parlent la même langue mystérieuse. Et d'autres qui ne se comprendront jamais. Cette petite fille, me demandant une tranche de pastèque, a commencé par en apporter à chacune de ses soeurs avant de prendre la sienne. J'ai pensé à maman qui me racontait que, dans son enfance, se voyant gratifiée d'un bonbon par l'épicier, lui avait demandé: "Et mes soeurs?" 
A vue de nez, je n'imagine pas bien les filles de Jason dans une école woke, LGBT transgenre...

la petite Serafima, photo de Natacha Razouvakina



Le père Tkatchev dit encore ailleurs: 
Le bon Dieu déverse sur nous le malheur, pour que nous apprenions à croire.
Si tu as la foi, tu regardes le ciel, tu vois les étoiles s'allumer: "Gloire à Toi, Seigneur!"- et voilà tout, plus besoin de malheur. Tu as remarqué la rosée sur l'herbe! "O Dieu, que c'est beau! Alléluia, alléluia, alléluia, gloire à Toi, ô Dieu!" si nous agissions de la sorte, il n'y aurait pas de malheur. Mais nous ne croyons en Dieu qu'à travers le malheur, parce que nous sommes orgueilleux, entêtés, insolents, cupides, affairés, fous, en fin de compte. C'est pourquoi le malheur nous enlève notre écorce, et nous venons par lui à Dieu.
ma mère, enfant

Je viens plus facilement à Dieu par l'émerveillement que par la souffrance, lorsque j'étais coincée à l'hôpital, j'avais beaucoup plus de mal à sentir sa Présence, en fait, j'étais dans une noire déprime, mais j'essayais de prier. J'ai pensé toute ma vie qu'en de pareilles circonstances, Dieu était la Porte qui s'ouvrait et nous évitait de devenir fous, mais il me semblait être tombée dans un sac sans issue. Alors que tous les jours je m'écrie "Gloire à toi, Seigneur!" devant mes fleurs, les papillons qui les visitent, les grands nuages. Le saint ancien Porphyre disait que pour être un bon chrétien, il fallait être un peu poète. Sans doute parce que Dieu lui-même est Poète, et nous a  créés, parce qu'ayant créé tout le reste, il fallait bien montrer cela à quelqu'un qui s'écrierait: "Seigneur! Que c'est beau!" Mais voilà que nous voulons faire les malins et avoir ce qui ne nous est pas donné et qui n'est pas si important, quand on se contente de ce que Dieu a fait. C'est sûr que si les monstres qui nous précipitent dans ce gouffre savaient regarder le ciel en s'écriant "gloire à toi Seigneur!" ils ne courraient ni après l'argent, ni après le pouvoir. Comme disait un chef indien, l'homme est né pour chasser, cueuillir, contempler le monde, chanter, danser et inventer des contes...  
En nettoyant mon frigo, j'ai décidé d'écouter ma playlist de chansons françaises et me suis mise à pleurer comme un veau. Dans le tas, il y en a de profondes et poignantes, Brel, Ferré, c'est presque normal. Mais il en est de légères qui me bouleversent comme un paradis perdu, la Bicyclette, la Mer... L'autre jour, en rentrant de Moscou à travers un paysage automnal des plus nordiques qui ne rappelait pourtant pas la nationale 7, je me suis chnaté la Mer en boucle jusqu"à mon arrivée

La mer, qu'on voit danser, 
le long des golfes clairs
a des reflets d'argent
La mer...


Et je la voyais, cette mer de nos vacances, et ma cousine, la plage de Sainte-Maxime, mes tantes... cette serviette, je crois qu'elle était orange et rouge.

"Sur la plage abandonnée,
Coquillages et crustacés..."


J'ai été saisie par la fin de la chanson "le Sud", comme si, au fond, nous savions déjà tout, moi, en tous cas, je le savais. Je crois qu'on le sait toujours, c'est atavique.

"Un jour ou l'autre, il faudra qu'il y ait la guerre, 
On le sait bien...
On n'aime pas çà mais on ne sait pas quoi faire,
C'est le destin..."

Nino Ferrer s'est suicidé.









Erwan Castel a une interprétation néopaïenne de l'histoire à laquelle je n'adhère pas. Mais cette vidéo est brillante et explique bien des choses, lorsqu'il parle de la guerre en Ukraine, du rôle des occidentaux et de la position des Russes. Elle est longue, mais très intéressante.

 



300 000 мобилизованных, это ровно столько же матерей + суммарно в два раза больше сестер, жен, невест и дочерей. То есть, наконец-то многие, до которых пушкой не догремишься, в смысле призыва на молитву, теперь именно пушкой будут разбужены к активной религиозной жизни.
Мы закисли и развратились в то самое время, когда коллективный Запад очень активно готовился нас со свету сжить. Те же безумные хохло-нацисты без шуток (хотя наши телеведущие хохотали) много лет подряд готовились ездить по Красной Площади на БТР. Теперь, я думаю, даже самым хохотливым не смешно.
Россия велика и в глубине сильна и непредсказуема. Так, как, кстати, непредсказуемы и хохлы, именно потому что они тоже русские. Паника у нас только среди малолеток, привыкших к фильмам ужасов, но жидко какающих от реальной опасности или даже тени опасности. Плюс паника в Москва Сити. Но это, пардон, не то что не вся Россия. Это даже совсем и не Россия.
Мы мешаем. Всем сатанистам, которых довольно много. Просто с нами Бог, хоть многие из наших этого в упор не понимают и не замечают. А Он все равно с нами. Потому что больше не с кем. Всех остальных либо купили, либо запугали, либо (как хохлов) задебилили до невозврата и до превращения в пушечное мясо. А Россия не то, не другое и не третье. У нас есть запуганные и купленные. Но это прыщи на теле, а не само тело.
Когда-то во время чумы Киприан Карфагенский, будущий мученик, говорил пастве, что бояться не надо. Не потому что мы на 100% спасемся от чумы, а потому что Христос воскрес. В этой жизни нам отдельный билетик не подарен. Все болеют - и мы. Все умирают - и мы. Всем тревожно - и мы не из железа. Но все сие побеждаем верой в Возлюбившего нас и Воскресшего ради нас. Кто в вере, тому можно тревожиться, но быть бздуном грешно.
Так что команда: Отставить мандраж. Умирать все равно надо, причем храбро и по-людски. Сегодня эту мысль до нас доносит даже не церковная проповедь, а ежечасные новости.
Что до Церкви, то пока не объявили всенародный пост и усердное покаяние, нужно, никого не ожидая, поститься, ходить Крестными ходами, часто служить, вчитываться в Евангелие (оно в такие дни Оживает) молиться усердно и проч. Ибо в мирное время нашу кислую многомиллионнную банду полу-христиан никак не разбудишь.

Добрый Бог сыплет на нас беду, чтобы мы научились верить.

У тебя есть вера – взглянул на небо, посмотрел, как звезды зажглись: «Слава Тебе, Господи!» – все, не нужно беды. Заметил росу на траве: «О Боже, как красиво! Аллилуйя, аллилуйя, аллилуйя, слава Тебе, Боже!» – если бы мы так поступали, беды бы не было. Но мы верим в Бога только через беду, потому что мы гордые, упрямые, наглые, черствые, суетные, обезумевшие, в конце концов. Поэтому беда снимает с нас скорлупу, и мы через беду приходим к
Богу.
Отец Андрей Ткачев

4 commentaires:

  1. https://youtu.be/u58UR7sg-aM

    RépondreSupprimer
  2. C'est curieux que vous évoquiez la très étrange et prémonitoire chanson de Ferrer. J'ai commencé un article en 2013 sur un de mes blogs abandonnés en parlant d'elle. Et si vous lisez la suite, vous verrez que c'est lié à la Russie, par le plus grand des hasards. C'est étonnant !

    https://adrenaline1431.blogspot.com/2013/02/le-millefeuille-eparpille.html

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. C'est un beau texte et à vrai dire, je n'avais pas prêté assez attention à cette chanson dont vous parlez très bien. Sa fin m'a frappée récemment, quand je l'ai réécoutée en faisant la cuisine...

      Supprimer