dimanche 25 septembre 2022

La petite guerrière, et les autres...

 J'ai dîné avec Katia et une autre Katia dans notre petit restau sympa et pas cher, après un concert de piano qui devait être à quatre mains, mais deux de ces mains, pour éviter la mobilisation, étaient parties avec leur propriétaire au Kirghizistan. Ce matin, à l'église, Génia Kolesov me disait à ce propos que c'était le choix de cet artiste, et qu'il pouvait comprendre: son propre fils avait des tas de projets, et voici qu'on risque de l'envoyer à la guerre, personne n'a envie de cela. Moi aussi, je peux le comprendre, et Dania le balalaiker est aussi susceptible d'être enrôlé, je le vois mieux tenir une balalaïka qu'un fusil. Du reste, je ne sais pas comment je réagirais moi-même, facile de juger quand on est vieux et à l'abri de ce genre de choses, et qu'on n'a pas d'enfants. Génia lui-même est pleinement conscient des enjeux de ce qui nous arrive. Qu'on le veuille ou non, nous serons tous entraînés plus ou moins dans ce maelstrom, et les jeunes niais qui vont chercher asile en occident, où tout cela s'est préparé pendant des années, avec leur complicité enthousiaste et aveugle, ne seront pas plus à l'abri là bas qu'ici, peut-être même moins. "Il se produit un partage, un tri, me dit Génia, ceux qui veulent partir, eh bien qu'ils partent." Ce qu'il dit là traduit l'opinion de ceux qui restent et ajoutent parfois: "Mais surtout, qu'ils ne reviennent pas!" Génia observe que ses amis libéraux, qui le rejettent, sombrent dans une absurdité délirante et hystérique. Exactement comme leurs équivalents français qui perdent complètement le sens des réalités.

Je suis reconnaissante à Dieu de me donner les moments de paix que je connais dans ma maison et mon jardin, et je lui demandais, à l'église, de me donner la force d'être digne du choix que j'ai fait, quelles que puissent en être les conséquences, du choix qu'Il a fait lui-même en m'inscrivant dans ce quelque chose de grand et de terrible qui se dessine, et dont la fuite des éléments les plus faibles et les plus aveuglés vers l'origine de leur faiblesse et de leur aveuglement est sans doute le signe. Il se peut que la Russie, c'est-à-dire ce qui restera après le départ de l'anti Russie, livre son dernier combat, au moins périra-t-elle debout, et nous avec. Il se peut que la Russie devienne la dernière arche et le camp des saints. Ou bien un empire eurasiatique qui largue les amarres et appareille en ce moment. Au moins ne suis-je pas sous la coupe de ceux qui ont détruit tant de pays et leurs peuples, avant de s'attaquer aux derniers qui leur résistent encore.

Je sens à une espèce de sérénité confiante que dans un cas comme dans l'autre, je suis à l'endroit où il me fallait me trouver, quoiqu'il arrive, et si je ne peux juger ceux qui prennent leurs jambes à leur cou, je m'incline devant Daria Douguine, qui a payé de sa jeune vie sa lucidité et son engagement, et devant son père, qui ne se laisse pas abattre. Je m'incline devant ceux qui se battent depuis huit ans au Donbass et dont ceux qui fuient attribuent le faible écho du martyre à la "propagande de Poutine". A ceux qui comprennent pourquoi on doit résister, et ce que nous défendons. Il me vient à l'esprit que toute ma vie s'accomplit et prend son sens dans cette vieillesse russe, à l'ombre de Mars, et dans la lumière du nord, parcimonieuse et magique, que ma présence ici répond à la volonté de Dieu.

 

Papa, je me sens comme un guerrier, un héros, je veux être cela, je ne veux pas d'autre destin, je veux être avec mon peuple, avec mon pays, je veux être du côté des forces de la lumière, c'est le plus important.

— Daria Platonova-Dugina


J'ai trouvé ceci sur Telegram

Je dirai ceci à ceux qui sont maintenant en première ligne, à mes amis, mes frères, et à ceux qui lisent simplement ces mots. À ceux qui se battent et meurent pour nous maintenant et, je sais qu'ils sont vraiment, malgré leur héroïsme et leur courage, sensibles à notre soutien et qu'ils ont besoin de nos prières. Chers héros, ce qui est sorti aujourd'hui de deux ou trois bars, ou quels que soient les autres cloaques dont ils ont pu ramper, non dans la rue, mais dans un coin de l'Arbat, c'est zéro, c'est nul. C'est l'agonie des ordures - sans origine ni drapeau, qui ont été générées par le temps de la stagnation et qui n'ont rien à voir avec mon pays. Avec notre pays qui est aussi le vôtre. L'artificialité, la fabrication et la médiocrité de la mise en scène sont évidentes, mais cela ne les empêche pas d'être des ordures. La stagnation est désormais révolue. Oui, c'est déjà fini. Grâce à vous. Vous avez rendu la Russie à la Russie. Et il n'y a plus un être humain dans le pays (le mot être humain est ici crucial) qui ne vous soutienne maintenant, qui ne comprenne avec son cœur et ses tripes pour quoi nous nous battons tous et ce que cela vous coûte. Qui ne s'associe à votre combat, chacun comme il peut. Une autre mobilisation, spirituelle (sans laquelle la mobilisation d'aujourd'hui serait difficile) dure depuis longtemps, elle a commencé plus tôt. Mes réseaux sociaux sont pris d'assaut par ceux qui veulent vous aider - que ce soit avec une lettre, ou même avec du fil, ou un drone, chacun fait ce qu'il peut. Je sais que toute la Russie, cette Russie précieuse à laquelle vous reviendrez bientôt, et nous allons ... comment dit-on dans le tropaire pascal? " nous embrasser avec joie" ... toute cette sainte puissance intérieure de mon pays est maintenant debout en prière pour vous - des gisements d'ambre de Kaliningrad aux vents des îles de Béring - elle couvre le Donbass, vous et nous tous d'un bouclier de prière intense. La Russie est montée dans les trains et les voitures particulières et se dirige vers la frontière de Belgorod, pour aider les réfugiés, avec ses mains, ou encore une veste chaude. Des hommes adultes - amincis, sont brinqueballés dans les trains, se rappelant leur science militaire oubliée, pliant une carte d'identité militaire flétrie et les papiers de leurs récompenses passées dans leur poche près de leur cœur - et le train transporte ces volontaires grisonnants de leur Orlov, Omsk et Tobolsk - à Perekop, Izvarino ou à ce point de contrôle de la RPD, qui se trouve juste à l'extérieur du village de Nadejda. J'en connais, nous leur avons acheté des hélicoptères et des tuyaux de reconnaissance. La Russie apporte des affaires, des médicaments au front, prend d'assaut les magasins en ligne à la recherche de drones, de bandages hémostatiques, de talkies-walkies, de gilets pare-balles (on nous en apporte même d'Oussourisk, sur canal Spas). Et quand j'écris la Russie, j'en prends la responsabilité. Dans mon environnement - et il est vaste - il n'y a plus personne qui ne ferait pas cela ou ne chercherait pas des moyens d'aider d'une manière ou d'une autre. Sachez-le simplement quand vous ferez maintenant un bref somme sur la terre humide. Et tout ce bruit fabriqué sur les réseaux - oubliez ça. C'est juste là pour nous rappeler contre quoi nous sommes en guerre. Non, ce n'est pas contre ces enfants. Mais avec le temps, où on s'est permis de ne pas les éduquer, quand on cherchait juste le moyen de survivre. Avec le temps où les parents eux-mêmes ne savaient plus où ils en étaient, alors les enfants que peut-on en dire... Il est fini, ce temps-là. Vous l'avez arrêté là bas, en vous battant toutes ces années, pour ainsi dire avec des bâtons. Merci nos très chers. Que Dieu vous bénisse, et la Mère de Dieu. Et que votre Ange vous donne un bon sommeil. Reposez-vous. 

Boris Kortchkvnikov.

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