Pour les Rameaux, je suis arrivée à la liturgie de sept heures du matin, et bien que je me fusse confessée la veille au père Andreï du trouble et des mauvais sentiments inspirés par l'intervention de mon admirateur russe de Macron, partisan de le filiale autocéphale de la CIA à folklore vaguement orthodoxe, je ne cessais d'y penser et cela me gâchait l'office. Pourtant, j'avais pris soin de ne pas retourner sur le fil de commentaires... J'ai crié "du fond de l'abîme" vers le Seigneur, et le moment de la communion venu, tout cela s'est enfui de moi à tire d'ailes.
C'était justement notre prêtre ukrainien, le père Vassili, qui officiait, celui qui me demande toujours avec un air aussi concerné que consterné: "Mais qu'est-ce qui se passe en France?" Evoquant dans son sermon la crucifixion après l'entrée triomphale du Christ à Jérusalem, il a conclu: "Comme on détestait le Christ alors, on déteste les chrétiens aujourd'hui, et ce sont ces mêmes pharisiens qui les persécutent".
Anne-Laure est venue me voir hier, dans l'état de légère euphorie qui était celle de Valérie il y a quelques mois. "Je me sens libre et en sécurité, me dit-elle, je ne sens plus peser sur moi cette pression permanente, là-bas, on ne peut plus rien dire, et si l'on n'est pas dans la bien pensance, on est complètement isolé, rejeté parfois par les propres membres de sa famille. Le tissu social est détruit, les individus sans lien les uns avec les autres." Elle me dit que beaucoup de gens, même quand le délire covidien battait son plein, avec les masques, les amendes, les pass sanitaires etc., considéraient qu'ils vivaient dans une démocratie et qu'elle n'avait qu'à aller voir en Corée du nord ce qu'était une dictature. Il est impossible d'autre part de faire comprendre à ces mêmes gens qu'au pays maudit on peut se sentir libre comme en France dans les années 50. J'ai un jeune ami qui s'est fâché avec son père, ou plutôt son père s'est fâché avec lui, parce qu' excédé par les mesures covid, il avait choisi d'aller vivre à Moscou avec sa femme russe, et a décidé d'y rester. Le père est un brillant universitaire, il est venu plusieurs fois à Moscou où, en principe, il aurait dû constater qu'on n'y vivait vraiment pas dans la terreur. Eh bien il ne constate pas. Il est vrai que j'ai connu des gens qui vivaient ici 30 ans, en cherchant sur place tout ce qui pouvait correspondre à leur grille de lecture Libération le Monde. J'ai observé que, lorsqu'on plaçait journalistes et politiciens occidentaux devant leurs contradictions et leur double langage, ou leurs fake news, ils n'en continuaient pas moins imperturbablement sur leur petit vélo, parfois avec un cynisme impudent, mais parfois aussi, peut-être, avec une sorte de conviction maniaque, contre toute espèce de preuve et d'évidence, pour ne pas faire exploser leurs circuits internes en les exposant à la réalité. Pire, des libéraux russes parlent comme s'ils étaient dans les années 30 et que des voitures noires bourrées de tchékistes faisaient tous les matins des tournées pour remplir le goulag de nouveaux pensionnaires. Mentir et se mentir envers et contre tout crée une atmosphère d'hypnose et d'autohypnose, d'hallucination collective terriblement contagieuse...
En revanche, en Ukraine, c'est bien les années 30 qu'on nous rejoue... façon bolchevique et façon nazi tout ensemble.
Pour moi, anticommuniste, et persuadée dans ma jeunesse que les Américains étaient les chevaliers blancs de la démocratie, je suis encore capable, en mon grand âge, de disposer de facultés mentales souples et d'adapter mon raisonnement. Ne pas être formatable m'a beaucoup isolée dans ma jeunesse, mais je suis heureuse aujourd'hui, quoiqu'il ait pu m'en coûter, de ne pas être du côté de ceux qui dansent la Carmagnole autour des chrétiennes agenouillées, ou qui laminent sous les bombes les prolos du Donbass.
Les Rameaux à Marioupol: https://vk.com/wall317834478_379
REDECOUVRIR LA FRANCE DES ANNEES CINQUANTE AVEC CE COURT FILM DE JORIS IVENS SUR LA SEINE EN FAIT ON A PERDU DEPUIS LONGTEMPS LA FRANCE ET ON NE L'A JAMAIS CONNUE
RépondreSupprimerhttps://www.youtube.com/watch?v=sMcjlkhhEdY
Très émouvant, j'avais alors cinq ans, et la vie était douce.
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