vendredi 17 mars 2023

Petite route du Seigneur

 
croquis sur la terrasse

Petit saut à Moscou, pour diverses raisons, et pour remonter le moral de mon amie Yana, dont le mari vient de mourir. Le même jour, je suis allée à l'office funèbre, puis rencontrer un monsieur français qui m'a bien aidée, je suis passée à la banque, je suis revenue pour le repas des funérailles et j'ai terminé la soirée chez Dany... J'étais crevée, et je suis revenue le lendemain sous la pluie battante, mais voilà que le soleil est de retour, sur la neige sale qui fond maintenant vraiment. 

Yana est une femme encore très jolie, très vulnérable; et j'avais grande compassion de la voir rester veuve. "J'ai eu tellement de mal à en trouver un comme lui, s'est-elle exclamée au repas en fondant en larmes, et voilà que je l'ai perdu!" Comme je la comprends, comme il doit être cruel de perdre un mari qu'on a eu tant de mal à rencontrer, et de nos jours, on a souvent beaucoup de mal, surtout quand on est une personne vulnérable au tempérament atristique. "Cela ne m'est jamais arrivé... ai-je confié plus tard au père Valentin.

- Oui, mais dans votre cas, je pense que l'environnement français contemporain n'a pas dû vous faciliter les choses..."

Je me souviens d'une amie ravissante, qui avait trouvé son mari très tard et me disait qu'elle avait l'impression d'être miraculée. Et elle ajoutait: "Il est pur..."

Génia, le défunt, était manifestement très aimé de tous ceux que le deuil avait rassemblés et dont je connaissais une partie. Comme souvent avec les Russes, j'avais l'impression que nous fondions tous littéralement dans l'amour réciproque, comme du beurre au bain-marie. J'avais hésité à prendre ma vielle, mais la première fois que j'avais vu Génia, je lui avais chanté un vers spirituel, 'la petite route du Seigneur", et il avait versé une larme. J'ai donc pensé qu'il fallait le chanter à ses funérailles.

Dès que Yana a vu l'instrument, elle m'est tombée dans les bras: "Oh, vous allez chanter? Je n'osais pas vous le demander, et vous y avez pensé!"

J'ai pris soin de préciser que Génia, parce qu'il était bon et que nous allions tous prier pour lui, ne passerait pas à côté de la petite route, ni du paradis et de son arbre merveilleux...



La petite route du Seigneur, enregistrement de 2011

Avec ma tante Mano, qui est restée toute sa vie auprès du même homme, en vertu de la grande qualité morale de l'un et l'autre membres de son couple, nous avons évoqué un fiancé que ma mère avait eu avant mon père, et que Mano trouvait adorable. A 16 ans, maman avait eu la maturité de lui dire: "Jacques, si vous ne pouvez m'imposer à vos parents, je ne vois pas comment nous pourrions passer notre vie ensemble". Mais le pauvre garçon, qui avait alors épousé l'élue de sa famille, laquelle n'avait pu elle-même épouser celui de son coeur, n'avait jamais oublié maman et toujours parlé d'elle. 

De nos jours, il n'y a souvent ni exigence ni respect, et les gens se marient par peur de la solitude, lassitude, ou parce qu'ils ne peuvent trouver le courage de rompre une liaison de hasard, mais il y avait alors ces pressions sociales et familiales qui pouvaient briser la vie de jeunes gens sérieux, désireux de mener une vraie vie de couple, et n'imaginant même pas qu'il pouvait en être autrement.



J'ai pas mal discuté de la situation générale, avec le père Valentin, entre deux portes, et il m'a rapporté une citation du saint patriarche Philarète de Moscou qui disait à peu près: "Il faut aimer ses ennemis, abhorrer ceux de l'Eglise, et combattre ceux de la Patrie". 

J'ai regardé une émission avec un politologue orthodoxe russe, Mikheïev. Il parlait de la confiscation de la laure de Kiev par Zizilenski et le gros mitré placé à la tête de la filiale de Constantinople. Les gens se rassemblent en foule pour essayer de sauver les lieux de cette profanation évidente, que va-t-il leur arriver? Le ministre de la culture parle des nombreux saints couchés dans les Grottes depuis des siècles comme de "pièces de musée", ce qui est tout dire. Mikheïev dit très justement que le gouvernement ukrainien est en tous points semblable au gouvernement bolchevique, applique les mêmes méthodes, pour les mêmes raisons, que cela soit ou non mâtiné de néonazisme, de néopaganisme, de libéralisme ou tout ce qu'on veut: le fond de l'affaire, c'est la destruction du christianisme, c'est la haine du Christ, et aussi de la population slave indigène, qu'elle soit ou non consciente de la manipulation. 


 

J'avais bloqué sur FB deux orthodoxes qui me piaillaient aux chausses le jour où l'une d'elles m'avait déclaré que si l'Eglise était persécutée en Ukraine, c'est qu'elle était "l'émanation du KGB", ce qui prouve bien qu'elle n'avait rien suivi mais reprenait avec enthousiasme les calomnies médiatiques débitées depuis des années, au mépris de toutes les avanies subies par de dignes hiérarques et de fervents croyants. Car en Ukraine, l'émanation du KGB, c'était le "patriarche" autoproclamé Philarète, et c'est pourquoi on avait, contre toute attente, choisi Alexis II pour succéder à Pimène à la chaire patriarcale de Moscou, dont il était pourtant le locus tenens. Il y a longtemps, de surcroît, que le SBU ukrainien est beaucoup plus proche du KGB originel que le FSB russe actuel. D'où l'échec de Philarète, au moment de la Perestroïka: le KGB de l'époque l'avait avisé qu'il ne se mêlait plus des affaires de l'Eglise.

 Une artiste peintre russe libérale publie une photo d'un paysage du Donbass ravagé par les combats et se demande comment la Russie pourra jamais se laver de cela, qui retombera sur ses enfants, ceci, cela et le reste. Elle ne se pose pas une minute la question de savoir d'où tout cela provient, la Russie est coupable de tout, par définition; elle est la seule à bombarder, et tout ce qui pourrait contredire cette vision unilatérale est de la propagande de Poutine. Les huit ans d'atrocités au Donbass, cela n'intéresse pas ce genre de personnes. Pas plus aujourd'hui qu'alors. Le fils du père Parfionov, qui fait à Vladimir de si beaux pastels, a été tué à la guerre. Beaucoup d'amis de mon électricien sont morts également. Comme d'habitude, tandis que des dindes et des dindons comme cette artiste peintre ou ces orthodoxes, marchent dans les plus sombres combines, les meilleurs sont tués en priorité. Et cela, d'ailleurs, des deux côtés.


La jeune femme enceinte, soi-disant rescapée d'une maternité bombardée par les Russes, dont les médias français avaient fait leurs choux gras, est à présent à Moscou, et figure sur la liste "Mirotvorets" des ennemis de l'Ukraine à abattre, pour avoir tenté de rétablir la vérité sur cette affaire. On a publié un article et une traduction à ce sujet sur VK:  https://www.kp.ru/daily/27475/4730640/

    « J'ai survécu et j'ai dit la vérité. Maintenant pour l'Ukraine, je suis un ennemi » :  le sort de la « Madonne de Marioupol 


Nous avons rencontrés la "Madonne de Marioupol" Marianna Vyshemirskaya. Nous l'avons trouvée à ... Moscou.

Il y a exactement un an, le 9 mars 2022, la photo déchirante d'une fille enceinte de Marioupol s'est répandue dans le monde entier. Elle se tenait avec une éclaboussure de sang sur le visage dans le contexte d'un immeuble aux fenêtres brisées. "Les Russes ont bombardé la maternité !" cria l'Occident. "Nous avons besoin de plus de sanctions !" - a exigé le vice-président américain Kamala Harris.

Sanctions, bien sûr, ajoutées.

Qu'est-ce qui ne va pas avec cette fille maintenant ? Où est-elle?

Cette photo a fait le tour du monde il y a un an avec une fausse légende. La fille dessus est Marianna Vyshemirskaya. Elle a raconté ce qui s'est réellement passé

"Il n'y a pas eu de raid aérien"

Marianne a 30 ans. En fait, elle est née à Donetsk, mais lorsqu'elle s'est mariée, elle a déménagé à Marioupol, deux ans avant le début de l'opération spéciale, alors que la ville était encore sous le contrôle de l'Ukraine. Marianna a gardé son blog, purement féminin - sur les cosmétiques, les nouveautés en matière de produits de beauté. Elle comptait plus de 30 000 abonnés selon les statistiques. Mais tout cela ne peut être comparé à la renommée mondiale qui lui est tombée à la veille de la naissance de son enfant.

- Lorsque ma photo est parue dans les journaux, j'étais totalement sans moyen de communication. Et j'ai tout découvert quand je suis rentré chez moi, à Donetsk. Je suis allé en ligne et - il s'avère que je suis victime d'un raid aérien russe. Bien qu'il n'y ait pas eu de raid aérien! De cette "gloire", je n'ai retiré qu'un seul moment positif - ma famille a découvert que j'étais en vie.

Soit dit en passant, l'Occident et l'Ukraine ont alors utilisé la photo de Marianna dans son intégralité - sur les couvertures de tous les médias. Mais après que la jeune fille ait raconté comment tout s'était réellement passé à l'époque à Marioupol, l'Ukraine l'a immédiatement ajoutée à sa célèbre base «Peacemaker» - où des listes d '«ennemis de la nation» sont affichées. Et l'Occident nulle part, même en petits caractères, n'a réfuté les couvertures de magazines avec Marianna. Il faisait comme si elle n'existait plus.

Et la voici, juste devant moi.

- Dis-moi, comment t'es-tu retrouvée sur ces clichés ?

- J'étais à l'hôpital numéro 3. Je voulais me rendre à la maternité n ° 1, qui était la principale à Marioupol. Mais le régiment Azov (une organisation terroriste interdite en Russie. - NDLR) a senti qu'il n'en avait plus besoin et a chassé tout le monde de là.

Dans la maternité où j'ai atterri, il y avait aussi des FAU. Pas directement avec les femmes en travail, mais dans le bloc suivant. Ils sont venus nous prendre de la nourriture et ont dit qu'eux-mêmes n'avaient pas de provisions. Quand je parle de cela, en Ukraine, ils écrivent que je suis un traître et que je les diffame. Mais je vous dis comment c'était. Ils se sont discrédités en occupant un bâtiment sur le territoire de l'hôpital, violant la Convention de Genève sur la protection de la population pendant les hostilités. Plus tard, j'étais dans le bâtiment où se trouvaient les Forces armées ukrainiennes. Leurs fenêtres étaient remplies de sacs de sable. Et dans nos chambres - verre ordinaire. Je veux dire, ils se cachaient juste derrière nous.

- Que s'est-il passé dans votre hôpital ?

- Le matin du 9 mars, tout était calme. Puis des explosions ont commencé à se faire entendre. Il n'y a pas eu "d'arrivée" dans notre maternité. Mais à un moment donné, les fenêtres ont été soufflées par l'onde de choc. Le verre a failli toucher mon lit. J'ai réussi à me couvrir d'une couverture. La panique s'ensuivit, bousculade. Tout le monde a couru. Ils m'ont poussée, je suis tombée sur les fenêtres, je me suis coupé le ventre et la tête... J'ai été l'une des derniers à partir, car j'attendais le moment de retourner dans la salle pour un sac avec des affaires. Je ne pouvais pas l'abandonner, il y avait tout pour l'enfant. Et il était impossible d'acheter quoi que ce soit autour.

Avez-vous vu que vous étiez photographiée ?

- Je n'ai pas remarqué tout de suite. Ce photographe était sans gilet "Presse". Tout en noir. Puis j'ai remarqué qu'il avait un appareil photo. Je lui ai demandé de ne pas me photographier. Il a dit : "Pas de problème." Mais, comme il s'est avéré, il n'a pas arrêté de me photographier.

"LES MILITAIRES RUSSES VIENNENT NOUS APPORTER DE LA NOURRITURE ET DE L'EAU"

Où avez-vous été évacué ?

- À l'hôpital de la ville. Le même jour, j'ai accouché. Mon petit et moi avons passé encore 2 semaines là-bas. Personne n'était autorisé à sortir, c'était dangereux dehors. Il n'y avait ni lumière ni chaleur. J'emmaillotais mon enfant sous les couvertures, le réchauffant de mon souffle. Il n'y avait pas d'eau, ils buvaient de la "technique", de la nourriture aussi. Il y avait des jours où nous n'arrivions à manger qu'un quart de tasse de soupe... Quand les Forces armées ukrainiennes sont parties, les militaires russes sont arrivés, ils nous ont immédiatement apporté leurs rations sèches et de l'eau. Et de l'eau bouillante en bouteille pour se réchauffer. Et puis j'ai pu partir pour Donetsk.

- Et avant cela, il y avait une possibilité de sortir de Marioupol? Lorsque la ville était sous les Forces armées ukrainiennes, on parlait de « couloirs humanitaires ».

- Oui, il n'y avait pas de couloirs ! L'armée ukrainienne n'a laissé personne sortir de la ville ! Certains, je ne sais comment, se sont infiltrés à travers eux. Peut-être pour de l'argent.

Quand je suis revenue à Donetsk, j'ai eu l'occasion d'aller en Turquie, où étaient mon mari (déjà ex), des parents. Et en Europe... J'y serais acceptée et retenu, si seulement je disais ce qu'ils veulent. Mais je n'avais pas un tel désir. Je voulais rentrer chez moi.

"COMMENT POUVEZ-VOUS DÉPLOYER DES TROUPES À PROXIMITÉ DES FEMMES ENCEINTES ?"

- Avez-vous commencé à parler de ce qui s'est réellement passé uniquement lorsque vous étiez à Donetsk?

- Non, pas tout de suite. De retour à Marioupol, à l'hôpital après l'accouchement, alors que la ville était encore sous les Forces armées ukrainiennes, des journalistes de l'American Associated Press sont venus me voir, je leur ai tout dit, comme vous maintenant. Mais ils n'ont laissé que ce dont ils avaient besoin. Et déjà à Donetsk, quand j'ai transmis toute la vérité, des messages d'Ukraine me sont parvenus - que je suis maintenant une ennemie pour eux.

Ont-ils écrit exactement comme ça ?

- Le plus offensant c'est qu'ils ont écrit des choses désagréables sur mon enfant. Ils voulaient ma mort et la sienne. Je ne comprends pas comment est-ce possible ? Et écrit notamment aux jeunes mamans. Mon âme s'est retournée. Je n'ai menti à personne. Mais j'ai pardonné à tout le monde, je n'ai aucune colère contre eux. Mais j'ai de grandes questions pour le commandement ukrainien - comment pouvez-vous donner des ordres de prendre position dans des bâtiments résidentiels, des hôpitaux ? Oui, même à côté de femmes enceintes ?

EN ATTENTE DU PROCES AVEC KHODORKOVSKY

- En conséquence, vous vivez maintenant à Moscou ?

- Je suis venu à l'invitation du Fonds national Rodina à un événement pour les enfants du Donbass. Et déjà à Moscou, on m'a proposé de devenir le visage de ce fonds. J'ai déjà fait de l'humanitaire, j'aime ça. Nous avons déjà voyagé en RPD, RPL, apporté de l'aide.

- Avez-vous amené votre fille avec vous ?

- Non, elle est à Donetsk, car elle ne va pas encore à la crèche. Et je ne gagne pas encore assez pour embaucher une nounou.

- Déjà installée à Moscou ?

- Oui, j'en ai l'habitude. Beaucoup de choses à faire et de rencontres. Et maintenant, les procès sont sur le point de commencer.

- Qui ?

- Avec Khodorkovski. Il a posté ma photo sur ses réseaux sociaux, et en dessous - une comparaison de Marioupol et de Leningrad assiégée. Il m'a simplement utilisée à ses propres fins, pour sa propagande. Je lui ai demandé de retirer la photo, mais il ne l'a pas fait.

Voulez-vous de l'argent de sa part ?

- Je veux juste qu'il supprime ma photo.

- Et avez-vous essayé de contacter les médias occidentaux qui vous ont imprimé sur les couvertures ?

- Différents journalistes sont venus me voir, à l'exception des Ukrainiens. J'ai donc accordé une interview au journaliste italien Giorgio Bianco. Certes, il n'est jamais sorti dans les médias, il l'a publié sur sa chaîne YouTube, mais même cela a été immédiatement bloqué. De l'armée de l'air britannique, Marianne Spring a fait beaucoup de matériel avec moi, bien qu'avec ses remarques, mais quand même ... Et le reste des médias occidentaux, avec qui j'ai parlé, ont fini par ne pas publier d'interview avec moi. Pourquoi auraient-ils besoin d'une vérité inconfortable ?                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                         

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