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mardi 12 novembre 2024

Réflexions d'automne

 


Sur facebook a surgi cette photo, qui date de quinze ans, déjà. Je suis avec Jules, mon premier spitz. Cette jolie maison était près du monasère saint Nicétas, dont on aperçoit le mur d'enceinte. Maintenant, elle est méconnaissable, complètement saccagée. On l'a entièrement couverte de plastique beige, la jolie palissade a été remplacée par une affreuse clôture d'usine. Circulez, plus rien à voir. Ni à dessiner.

J'ai été invitée à un anniversaire. Le restaurant était bon, mais la musique de fond obsédante, avec ce rythme partout identique qui m'est physiquement pénible, on a demandé de baisser le volume, et j’en étais ravie, mais voilà qu’un des invités sort un micro et une tablette, dans l’intention évidente d’animer la soirée en permanence. Il a commencé par d’interminables et bruyantes félicitations, puis il a branché sa musique, qui n’était pas mieux que l’autre, et ma voisine de table y est allée de son couplet personnel. Là dessus, intervention d’une serveuse : les clients se plaignent, on ne peut pas se servir d’un micro ni diffuser sa propre musique. Je lui en étais très reconnaissante, mais le bonimenteur frustré a fait un scandale, il ne pouvait imaginer une réunion qui ne fût pas dirigée, assourdissante, avec d’interminables congratulations. Accompagné de deux femmes présentes, il a bravé les autorités en chantant une chansonnette en karaoké en l’honneur de l’héroïne de la fête. Les autorités se sont vengées en augmentant le volume du boumboum obsédant, je comprenais mal ce que les gens se disaient, et cette musique infernale me faisait mal à la tête.

Dany, qui était ces jours-ci en tournage à Mourmansk, me disait que la musique abominable, elle l'avait eue, dans le taxi, dans le restaurant de l'hôtel, et jusque dans la caravane de la maquilleuse. Les gens ne peuvent plus exister sans bruit. Avant, la musique les unissait, ils chantaient , jouaient et dansaient ensemble, maintenant, ils sont partout assommés par le bruit, par une espèce de drogue sonore qui détruit leurs derniers neurones. Je me souviens d'une croisière que j'avais faite sur les fleuves du nord, et nous voguions entre le ciel et l'eau absolument lisse, on ne savait plus où commençaient et finissaient l'un et l'autre, la lumière oblique illuminait les arbres et les nuages, c'était, dans le silence, un spectacle d'une si fantastique beauté que la vieille imbécile en charge des loisirs sur le bateau s'était cru obligée de lui adjoindre à pleins hauts parleurs une infecte musique sirupeuse, depuis quand la nature pouvait-elle se suffire à elle-même? Pour la première fois de ma vie, j'étais allée lui faire un scandale. 

Ania Ossipova me dit que d’après beaucoup de prêtres, la maladie et la souffrance nous rapprochent de Dieu. «Je ne suis pas d’accord, lui réponds-je. Moi, quand je suis malade et que je souffre, c’est la nuit spirituelle. J’essaie de prier, mais ce n’est pas très efficace. Je suis plus près de Dieu quand je suis sur ma terrasse, au soleil et au vent, que je regarde les fleurs dans la lumière et que nul imbécile ne me casse les pieds avec des engins bruyants ou la radio.

- Oui, à vrai dire, moi aussi, j’ai du mal à prier quand je suis très malade ou souffre beaucoup...

- J’ai lu que le père Séraphim Rose souffrait tellement avant de mourir qu’il reniait Dieu. Cela lui est passé ensuite, il est mort apaisé, il avait même une expression, dans son cercueil, de profonde béatitude. J’ai lu aussi le témoignage d’un prêtre qui ne pouvait plus prier tellement il avait mal. »

J’éprouve un complet découragement devant certains discours bigots qui nous voudraient toujours misérables. Une fois, j’ai écrit en commentaire à quelqu’un qui regrettait le confort où nous sommes encore pour l'instant, que malgré ce confort, beaucoup de vies étaient très malheureuses. Et puis il y a ceux qui condamnent carrément tout amour de la vie, la vie ne doit pas nous intéresser, la vraie vie est ailleurs. Or on me disait aussi, quand je me suis convertie, que le paradis (ou l’enfer) commencaient ici bas, et le père Alexandre Schmemann, qui était très contemplatif, considérait que la beauté de la nature nous offrait l’icône du Royaume à venir. J’ai l’intention de développer tout cela, dans la conclusion de mon livre.

Un autre détail me chiffonne chez beaucoup de prêtres qui publient sur les réseaux, c’est le rejet total de la théorie de l’évolution. Bien entendu, cette théorie est sur bien des aspects contestée même par des scientifiques, mais ce que l’on ne conteste pas, c’est que l’homme est apparu bien après que l’aventure de la vie eût commencé, et que tous les êtres vivants sont liés par une parenté de structure, une parenté organique. J’aurais bien du mal à faire l’impasse sur les divers fossiles qui se sont empilés dans les couches géologiques pendant des millions d’années, et à penser que le récit de la Bible doit être pris dans un sens littéral, avec un homme créé il y a six mille ans à part de tout le reste, d’une autre nature, en quelque sorte. Peut-être ne descendons-nous pas du singe, mais nous sommes apparentés à tous les mammifères. Pour moi, tout est lié, dans le cosmos, j’ai du mal à me représenter Dieu comme une espèce d’ingénieur assis quelque part qui, nous ayant physiquement équipé d’une certaine manière, considère que nous devons renier tout cela et vivre dans la détestation de ce qu’Il a installé en nous Lui-même. Cela ne me poserait pas de problèmes, si on n’exigeait pas de moi cette vision non seulement aberrante, au vu de ce que je sais, mais même terriblement réductrice. Le père Barsanuphe me disait que la Création et la Chute ne cessaient de se produire, et aussi la Rédemption, et la Tansfiguration, qu’il y avait la dimension temporelle et la dimension éternelle, et qu’elles étaient liées. Pour moi tout est lié, l’envers et l’endroit, l’en-deçà et l’au-delà, tout est perpétuellement inspiré et expiré, et nous coopérons avec ce souffle créateur bienfaisant ou avec l’action destructrice de son antithèse.  

D’un autre côté, tout, dans le déroulement de ma vie et de la portion d’histoire dont je suis le témoin, me convainc que la vision chrétienne du monde est juste sur tous les autres plans. Je suis également convaincue, cette fois de façon scientifique, comme pour l’évolution de la vie dans les grandes lignes, de la véracité du Suaire de Turin, ce cinquième Evangile à l’usage des gens comme moi. Or l’inexplicable empreinte du Suaire ne peut provenir que d’un phénomène qui s’apparente à la Résurrection. Quiconque écoute ou lit en détail ce qui a trait au suaire de façon non prédeterminée idéologiquement ne peut qu’être sidéré par ce qu’il représente. Je ne peux pas davantage renier les conclusions de l’étude du suaire que je ne peux renier la présence de fossiles dans les couches géologiques profondes.

Samedi, après les vigiles, je suis allée acheter des tisanes dans la boutique voisine de la cathédrale. La vendeuse, qui a un certain âge, me connaissait visiblement, mais je ne me souvenais pas où je l’avais vue, c’est peut-être elle qui m’a vue, sur internet ou à la télé. Elle m’a donné une consultation de médecine par les herbes, les Russes adorent ça, et d’ailleurs, c’est souvent efficace. La neige est partie, mais comme elle a eu le temps de tout geler, nous nous retrouvons avec novembre morne, marronnasse et ténebreux.

J'ai vu une vidéo qui m'a impressionnée. Un jeune soldat, Zakhar, a tenu tout seul sa position trois semaines, sans avoir plus rien à manger, et s'est filmé: "Je reste impudemment tout seul dans ce cimetière." Et il s'adresse aux drones qui le surveillent: "Qu'est-ce que vous avez, bzzz, bzzz, bzzz au dessus de moi? Si au moins vous me jetiez quelque chose à manger!" Il a le visage d'un Russe d'autrefois, avec de grands yeux clairs, une espèce de douceur, de profonde humanité, il semble issu des photos du XIX° siècle, ou du début du XX°. Grâce à Dieu, il a été évacué. Il est vivant. https://vk.com/video-140038254_456244448

jeudi 7 novembre 2024

Innocents

 

J’ai trouvé au supermarché Vierny un stock de chaussettes de type thermolactyl, et j’ai tout pris pour envoyer au front, car avec ma carte du magasin, cela me faisait moitié prix. Puis je suis allée porter tout cela au quartier général des cosaques, qui partaient le jour même. Je suis tombée sur un cosaque de Iaroslavl avec qui j’ai beaucoup discuté de ce qui détruisait nos sociétés à l’heure actuelle, et particulièrement les jeunes. Il me disait qu’ils ne savaient plus contempler, réflechir, rêver, à cause des écrans, du bruit, de la distraction perpétuelle. C’est exact. On n’en est pas encore ici à fabriquer des enfants-loups culturels et spirituels, comme en France, mais le type de société que nous avons partout est en lui-même complètement néfaste. Il faut promouvoir le folklore, la musique et la littérature classiques, les arts plastiques, l’artisanat. Le travail de la terre. Mais pour faire comprendre cela à des fonctionnaires ou des députés, élévés par la nomenklatura dans le mépris de tout ce qui est russe, poétique et fantasque, traditionnel et authentique...

Pendant que je m’entretenais avec le cosaque, les Suisses m’ont appelée pour m’inviter à déjeûner avant leur départ. Je leur ai donné rendez-vous aux « boyards ». J'ai appris par eux, car on les a emmenés le visiter, que l'OVNI de verre et de métal largué sur le bord de la rue principale, le truc qui écrase toutes les maisons autour et supprime toute vue et toute lumière à celle de derrière, se proclame: "Musée de l'architecture"! Il est vrai que lorsque on édifie sa baraque au mépris total de l'environnement culturel, historique et naturel des lieux, on est particulièrement habilité à parler de cet art, en lequel a paraît-il été instruit le responsable de ce monument, ou plutôt de ce mausolée du défunt concept d'urbanisme. Cette manie des "musées" dans une ville qui a saccagé pratiquement tout ce qu'elle avait de beau, d'ancien et de pittoresque a de quoi laisser perplexe. De quoi pourrais-je faire le musée, en ce qui me concerne? 

Trump a été élu, et ce n’est sans doute pas le sauveur du monde. Comme le rappelle le métropolite Luc de Donetsk, c’est sous sa présidence que Pompeo a fabriqué, avec le patriarche Bartholomée, la machine infernale de l’Eglise autocéphale bidon qui permet de persécuter horriblement l’Eglise ancestrale et véritable, et de saints hommes comme le métropolite Longin. Cependant, à voir la tête de toute la diablerie occidentale, ses pleurnicheries bruyantes et hargneuses et ses lamentations, sa victoire est quand même bien préférable à celle de la Kamala maudite du camp d’en face, un homme que la caste déteste autant ne peut pas être vraiment mauvais. Depuis le méfait de Pompeo et Bartholomée associés, il y a eu d'énormes dégâts partout, et l’Amérique en a pâti aussi, en tous cas, sa population ordinaire, le « bétail » qui a voté pour Trump, justement. Peut-être que leur président aura à coeur de calmer le jeu et de s’occuper de son pays plutôt que d’aller emmerder les autres.

Un libéral russe, convulsé de fureur et parcouru de tics, estime que les Américains ont choisi un « populiste » pour ne pas élire une femme de couleur. Quelle stupidité abyssale... Ces gens-là sont partout les mêmes, en Russie, en France, en Amérique, et ils étaient déjà là en 1789, d’après les puissantes descriptions de Chateaubriand, à pique-niquer et à faire des mondanités dans les ruines de la Bastille, avant de se faire décapiter par les monstres qu’ils choient, de génération en génération, sans jamais rien comprendre au film, et toujours avec la même morgue, la même irresponsabilité. Je pense que cette espèce est née du divorce de mentalité et de culture entre les classes dirigeantes de la société et la population qui s’est opéré à partir de la Renaissance. Ils se croient d’une autre sorte que le reste du monde, qu’ils « veuillent notre bien » ou nous détestent ouvertement. 

Kouzia, arraché au front et restitué à sa patronne

Je suis une page qui sauve et replace les animaux abandonnés sur les lieux des combats.  Les bénévoles prennent de gros risques pour faire cela, et pas seulement pour les animaux eux-mêmes, mais pour leurs patrons évacués en catastrophe, à qui l’on a dit de laisser un peu de croquettes et d’eau pour deux jours, le temps de faire partir l’ennemi un peu plus loin, et qui, depuis des semaines, n’ont pu revenir chercher leurs compagnons et se rongent. Une grand-mère a reconnu son chat sur une vidéo, et avec beaucoup de difficultés, on a réussi à l’attraper et à le lui restituer, quelle joie pour l’une et pour l’autre... Kouzia la suit pas à pas, et lui lèche les mains. Je pense à mes quatre parasites receuillis et à Rita, si nous nous trouvions dans le même cas, je n’en dormirais plus de la nuit. 
Le malheur des animaux me touche beaucoup, ils sont confiants comme de petits enfants et ne comprennent pas que nous agissions avec eux de façon indigne ou cruelle. Et c’est si souvent le cas... 

J’observe à la lecture de Facebook deux phénomènes qui se répandent en France : les disparitions d’adolescents, et les vols d’animaux. Je disais hier au cosaque que je ne devais pas m’attarder parce que j’avais ma chienne dans la voiture. Mais c’était plutôt à cause du froid, car ici, je ne me pose jamais la question, personne ne me volera Rita. En France, il est devenu impossible de laisser sans crainte son chien dans la voiture, ou pire, à la porte d’un magasin. On les vole jusque dans les jardins. Et là encore, que de tourments, à la pensée de ce que feront les voleurs du pauvre animal... Cela me révulse de seulement l’envisager.

Les adolescents, je n’en parle même pas, c’est encore un autre problème. De toute façon, c’est un fait que les faibles et les innocents sont désormais, en occident, à la merci de n’importe quels salopards. Si c’est ça la « liberté », merci bien. Mais ce qui mobilise là bas les gens à coup sûr, c’est l’Iranienne qui se fout à poil pour provoquer sa société patriarcale répressive. Que sa société soit répressive, c’est bien possible, mais se mettre à poil n’est-il pas un peu excessif, et n’est-il pas risible, de la part de gens qui n’ont jamais défendu leurs enfants et leurs vieux parents contre un Etat indigne qui masquait les uns du matin au soir, achevait les autres, isolait tout le monde et injectait  des produits douteux à l’ensemble du pays, de jouer les justiciers chez les Iraniens ? Pourtant, les voilà vent debout. Partout, l’innocence est violée, massacrée, humiliée, pervertie, les gosses poussés à la mutilation, au délire psychiatrique, privés de culture, de mémoire et d’avenir, transformés en débiles profonds plus ou moins violents, mais ce qui les fait tous, dans les pays civilisés, se dresser comme un seul homme, c’est le soutien à l’iranienne en slibard et soutien-gorge. C’est presque du réflexe conditionné. Si seulement ils avaient été aussi réactifs quand leurs enfants muselés ne pouvaient ni respirer ni avoir de relations normales avec leur entourage; ou s’ils l’étaient aujourd’hui quand des tarés leur soufflent de se couper le zizi ou les seins, et de se bourrer d’hormones, pour être à la mode ! Quand on leur vole l’amour, les rêves, l’imagination, la création, le sens même de l’existence, réduite à la bouffe, aux jeux et à la baise de bas étage...

Prions saint Nicolas pour les enfants du monde, qui, là où ils ne sont pas avortés, massacrés ou vendus, ne reçoivent rien de ce qu'il leur faut pour pousser harmonieusement et se transforment en gnomes tatoués à cheveux bleus.

samedi 2 novembre 2024

C'est l'hiver qui frappe à notre porte...

 Voici le paysage que j'ai découvert ce matin. De la neige, de superbes nuages, une lumière magique. 


Ce matin, je suis allée à l'hôpital faire contrôler les choses. Depuis hier soir, j'ai mal, je n'avais pas eu mal après l'opération, mais maintenant, si. "C'est normal, me dit l'infirmière qui me refait les pansements, vous aurez peut-être même un peu d'oedème, mais c'est comme ça." Le docteur Simakov me dit la même chose et me donne rendez-vous dans dix jours. Donc, comme on dit ici: "Supporte, cosaque!" 

C'est embêtant, mais pas intolérable.

Je suis allée donner des chocolats et des livres, les miens, à mes compagnes de chambrée. On s'ennuie tellement à l'hôpital, et ce que je peux dire avec assurance, c'est que mes livres ne sont pas emmerdants. Valentina de Serguiev Possad était toute souriante: finalement, le docteur ne va pas la réopérer. Gloire à Dieu! Je souffrais pour elle. 

A ma sortie de l'hosto, avant hier, j'ai eu la visite de Kecha que je connais depuis 1990, il avait alors treize ans, un petit surdoué. J'étais devenue amie avec sa mère, Olia, peintre graveur. Il est venu avec sa femme et son petit garçon Kostia, tout aussi surdoué que lui-même. Puis le soir, j'ai été invitée par des Suisses qui viennent pour la deuxième fois ici. Je les avais rencontrés l'année dernière, ils m'avaient dit qu'ils songeaient à émigrer mais voyageaient à droite et à gauche pour choisir le pays. Ils ont des amis russes, et ils viennent d'ouvrir un compte. Les employés de la banque n'en croient pas leurs yeux, car ils ne sont pas les seuls: des Suisses qui viennent mettre leur argent ici et projettent de venir s'installer!

Ils m'ont dit que la Suisse suivait la même pente fatale que le reste de l'Europe. Et que c'était peut-être même pire, parce que les habitants se surveillaient scrupuleusement les uns les autres, collaborant avec zèle à l'asservissement de tous. Sauf dans les zones rurales. Là, ils ont assisté à une manifestation de plusieurs milliers de personnes qui défilaient avec un joug sur les épaules, en faisant sonner en rythme les grosses cloches qui pendaient de chaque côté, et que c'était très impressionnant, mais personne n'en a parlé dans les médias, bien évidemment.



Je lis avec un immense intérêt les Mémoires d'Outre-tombe, quel style, quelle puissance d'évocation! Et je tombe sur ce passage impressionnant: 

"Douce, patriarcale, innocente, honorable amitié de famille, votre siècle est passé! On ne tient plus au sol par une multitude de fleurs, de rejetons et de racines; on naît et l'on meurt maintenant un à un. Les vivants sont pressés de jeter le défunt à l'Eternité et de se débarrasser de son cadavre. Entre les amis, les uns vont attendre le cercueil à l'église en grommelant d'être désheurés et dérangés, de leurs habitudes; les autres poussent le dévouement jusqu'à suivre le convoi au cimetière; la fosse comblée, leur souvenir est effacé. Vous ne reviendrez plus, jours de religion et de tendresse, où le fils mourait dans la même maison, dans le même fauteuil, près du même foyer où étaient morts son père et son aïeul, entouré comme ils l'avaient été, d'enfants et de petits-enfants en pleurs, sur qui descendait la dernière bénédiction paternelle!" 

Une amie me disait au téléphone hier: "Je suis terrienne, mais les paysans ne sont plus des paysans, ce sont des agriculteurs. Je connaissais dans mon enfance un vieux paysan qui refusait d'utiliser les trayeuses électriques, jouait avec ses vaches, et m'avait dit avec des larmes: "Tu vois, j'ai lutté dans la résistance pour voir mes petits-enfants mettre leurs animaux en camp de concentration."