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dimanche 31 décembre 2017

BONNE ANNEE 2018

Je trouve toujours un peu bête de le faire, mais le moment est venu de se souhaiter une bonne année. Depuis le temps qu'on en voit passer de pas franchement meilleures ou de pas toujours pires, on peut se dire que cela ne sert pas à grand chose, mais enfin oui, évidemment, souhaitons-nous le meilleur quand même!
J'ai cherché une carte de vœu russe. Je n'ai vu que des horreurs. Je suis allée sur carte de vœu soviétique, je dois dire que c'était nettement mieux, il faut dire qu'à l'époque, beaucoup d'artistes réfugiaient leur talent dans l'illustration et ce genre de choses, maintenant, les cartes sont commandées par des gens qui font du fric, qui ne sont intéressés que par le fric, et jugent de la qualité d'un artiste de par leur mauvais goût personnel.
Souhaitons plus de beauté, d'harmonie, de bonté et de simplicité, de respect pour nos cultures et nos traditions locales qui, à travers nos ancêtres, nous relient à toute l'humanité, elles nous relient, elles ne nous mélangent pas, n'importe comment, comme on croise des chiens ou des chats pour créer une nouvelle race. Souhaitons des prises de conscience salutaires: sans retour à un genre de vie plus simple, plus normal, plus respectueux de tout ce qui vit sur terre, plus digne, plus noble, nous allons nous créer un enfer qui nous rendra la mort facile.
Je souhaite que tout cela prenne fin avant de nous faire le monde irrespirable, hideux et révoltant au delà de ce que nous pourrons supporter. Je souhaite que soient défaits les serviteurs transnationaux de Mammon.
En un mot: maranatha... Viens, Seigneur Jésus!

Et donc, autant que possible, meilleurs vœux à tous ceux qui me lisent.

samedi 30 décembre 2017

Déco

Le temps dégueulasse ne me poussant pas à sortir, je fais comme les Russes dans le temps, et dans la même situation, sans doute, je décore.
J'avais deux chaises soviétiques en contreplaqué complètement destroy trouvées dans la maison, je les ai peintes et recouvertes d'un tissu trouvé au "Lin Russe", à Pereslavl.
J'avais un vieux tabouret certainement fabrication maison, endommagé par les artisans qui s'en servaient pour couper des planches, je l'ai peint de même, et décoré.
Et puis je me suis attaquée à ce que j'hésitais depuis longtemps à faire: des fresques intérieures. Cela doit être fait avec discrétion, quand même, si l'on veut suspendre des tableaux, il faut choisir les endroits, et les couleurs...
J'ai commencé sur la porte de ma chambre, un lion, comme il se doit! Il n'est pas fini, j'ai besoin de réfléchir.
J'espère que je n'ai pas fait une connerie...
Le froid arrivera vers la Théophanie, pas un grand froid, quelque chose comme moins cinq moins dix. J'espère qu'on n'aura pas moins trente au mois de mars...
Depuis deux jours, j'arrive à dormir sans être éveillée par des douleurs. Ca me repose.






vendredi 29 décembre 2017

Les rêves russes d’un « archimandrite français »


 

Voici un autre Français, un précurseur, qui est parti en Russie, comme moi, en 94, et cela sans retour. Le père Basile Pasquiet est maintenant définitivement russe, quoique très attaché à ses racines vendéennes. Je l'ai connu il y a déjà quelques années, grâce à mes cosaques qui étaient allés chanter dans sa ville. J'ai traduit ce petit article de la revue "Thomas", la revue orthodoxe à l'usage de ceux qui doutent, pour laquelle j'ai ouvert une page sur Facebook, "la Russie vue par les yeux de Thomas".

Il y a huit ans, le 25décembre, le saint Synode a confirmé dans le statut de supérieur du monastère d’hommes de la sainte Trinité à Tcheboksary l’archimandrite Basile (Pasquiet), moine russe, français d’origine. Le père archimandrite a pris la direction d’un monastère déjà restauré mais pas complètement remis en ordre : il avait encore à mettre en valeur le territoire du monastère et près de celui-ci, à restaurer l’église du grand martyr Théodore Stratilate, la chapelle de saint Nicolas le Thaumaturge, est apparu également une église domestique dans les appartements de l’higoumène.
L’année écoulée a aussi donné à l’archimandrite Basile une autre occasion de création : du désert de la Transfiguration du Sauveur de Gerontievo, qui était sous la juridiction du monastère de la Trinité de Tcheboksary, restait une source, dont les chroniques du monastère rappelaient l’existence. A cet endroit se poursuit aujourd’hui la reconstruction du quai, dans la beauté duquel il serait convenable d’éterniser la mémoire de l’ermitage.
- Figurez-vous comme ce serait bien si maintenant, l’hiver, depuis le monastère et le long du désert, les gens glissaient le long du quai en troïka !  Il faut à notre pays ressusciter des traditions russes de ce genre, dit l’archimandrite Basile pendant les prises de vues de cette histoire.


Crèche française pour les enfants de Tcheboksary
 

Texte et photos Alexandre Gavrilov pour "Thomas"
traduction Laurence Guillon

mercredi 27 décembre 2017

Jean le taxi

Voyage éclair à Moscou, toujours pour affaires. Je suis partie à travers une tempête de neige, on ne voyait rien, juste des ombres d'arbres et des phares pris dans une blancheur tourbillonnante, qui diffère du brouillard en cela que tout bouge, et que des draperies courent devant la voiture, comme si elle chassait devant elle des nuées de fantômes . Mais dans la journée, plus quatre degrés, et c'est reparti pour une dizaine de jours de moins un plus un, avec toutes les misères qui en découlent, toute cette neige fond, et va geler, dégeler, regeler. Nous avons un hiver gris, mou, lépreux et mouillé.
Au moment de reprendre le bus, le contrôleur qui examine mon passeport me dit avec un air ravi: "Laurence Guillon... On dirait un nom d'actrice!" J'ai dormi tout le long du trajet, car mon sommeil nocturne est très perturbé par mes douleurs au genou. Quand je suis arrivée aujourd'hui par le bus, depuis la rangée de taxis à l'affût près de la gare routière, une voix sonore me hèle de loin: "Neglinny pereoulok 3!! En avant, par ici! Venez ma chère!"
En chemin, nous commentons la météo. "Mais qu'est-ce qui vous a amenée ici, ma pauvre! s'exclame le joyeux taxi. Quel endroit pour passer votre retraite! Vous n'auriez pas pu choisir la Crimée? Et au fait, d'où venez-vous?
- De France.
- De France? Ouah ahha ah! Pas possible? Mais enfin, quelle idée? Et Neglinny pereoulok, en plus! Ah vous avez fait fort!
- Vous n'aimez pas Neglinny pereoulok?
- C'est un marécage!
- En effet, et je le regrette, je préfère les hauteurs ventées, mais la maison est finalement très bien, le coin tranquille et les voisins gentils.
- C'est déjà quelque chose, et ce qu'il vous faut faire, c'est une mare. Vous demandez à votre voisin dont je vois la pelleteuse, et vous faites épandre la terre retirée, ça va vous remonter tout ça, et vous verrez, après plus de problèmes.
- Je l'envisage, et un ami me l'avait conseillé, d'ailleurs."
Le joyeux taxi me laisse sa carte. "Je m'appelle Ivan, si vous avez besoin de moi, comment cela se dit, en français?
- Jean."
Il répète "Jean" plusieurs fois, tout content, comme s'il essayait un vêtement neuf.
Rosie m'accueille, trempée comme une soupe. Les animaux sont contents de me revoir, mais je ne sens plus aucun traumatisme, ils savent que de temps en temps, je pars un jour ou deux. Et que je reviens.
L'acquisition d'une voiture se profile. J'en aurais bien besoin. Mais l'achat m'intimide. Pourtant, que de possibilités cela m'ouvrirait... Tous les endroits enchantés qui ne sont pas accessibles autrement, à commencer par Pogost Krest, ses moines et son higoumène.

Le monastère de la Croix Vivifiante à Pogost Krest

lundi 25 décembre 2017

CHRONIQUES DES MIRACLES


IV LES NOMS : LA MONIALE SYNCLETIA SMIRNOVA

De l’histoire de la Croix Vivifiante du Seigneur. La suite.
Alevtina Ivanovna Kouznesova :
« Ma grand-tante, tante Setia, comme jel’appelais, était née en 1881 dans le village de Baskatch, non loin de Nikolski Pogost. Un jour, alors qu’elle avait quatorze ans et se promenait avec des amies, tante Setia vit un convoi d’un monastère de Pereslavl, ce monastère était pauvre et les moniales demandaient la charité. Le fait est que ma grand-tante avait rêvé de ce convoi la veille, et d’après ce rêve, elle savait précisément qu’elle devait le suivre. La fillette se jeta à sa suite, et les moniales la prirent avec elles à Pereslavl. Ses parents à leur retour la cherchèrent partout, et ses amies leur racontèrent tout. On la trouva au monastère saint Théodore à Pereslavl, mais la fillette refusa de revenir à la maison. Les parents décidèrent que c’était une tocade provisoire et partirent sans rien. La même chose se reproduit à leur seconde visite et ils virent que se déroulait déjà sa tonsure.  Mon arrière-grand-mère s’évanouit dans l’église ».
A l’époque du pouvoir soviétique, le monastère saint Théodore partagea le destin de la plupart des églises orthodoxes. Au début, on le transforma en commune agricole, et au milieu des années 20, on le ferma. Son dernier prêtre, Nikolaï Dounaïev, fut passé par les armes en 1937, la supérieure, l’higoumène Olympiade Gueorguievskaïa, fut arrêtée. Après la fermeture du monastère, Synclétia revint à sa région natale et s’installa à Godenov, auprès de l’église saint Jean Chrysostome. Bientôt en fut arrêté le prêtre, Nikolaï Vedenski.   A ce moment, furent aussi victimes des répressions le clergé de l’église de l’Exaltation de la Croix, du cimetière voisin de saint Nicolas, l’église fut-elle-même désertée et pillée, et transformée en orphelinat. Les paroissiens, qui avaient sauvé la Croix Vivifiante, l’avaient transportée à Godenovo. La moniale Synclétia elle-même raconte les détails du transport de la Crucifixion miraculeuse.
PROCES VERBAL DE L’INTERROGATOIRE DU TEMOIN SMIRNOVA SYNCLETIA MIKHAILOVNA, STAROSTE DE L’EGLISE DE GODENOVO, 14 mars 1941.
Question :
- C’est quoi cette croix que le père Nikolaï Vvedenski a acquise pour sa paroisse ?
- La Croix Vivifiante a été apportée par les croyants du district d’Ilinsko-Khovanskoïe de la région d’Ivanovo, en accord avec le père Nikolaï et le conseil de la paroisse. Mais ce n’est pas pour toujours, juste le temps qu’ils se construisent une chapelle. Cette Croix est vivifiante, elle a plus de 500 ans. Le père Nikolaï a conseillé de l’emporter dans un endroit isolé, pour qu’elle n’attire pas trop de monde. Et malgré tout, beaucoup  de croyants viennent, ils viennent d’autres districts et régions, comme par exemple, de la région d’Ivanovo, du district de Rostov de la région de Yaroslavl, et aussi d’autres paroisses. »(Les prêtres Alexis Prozorov et Sergueï Veriovkine étaient passés au sujet d’une affaire à régler avec Nikolaï Vvedenski, recteur de l’église de Godenovo)…
A partir de 1940, la moniale Synclétia protégea l’église des pillages. Des commissions étaient périodiquement envoyées  pour fermer l’église et chaque fois, instruite par de bonnes gens, elle fermait les portes, elle se préparait un balluchon avec des provisions et partait pour le marais Sakhoskoïe. La mère s’y cachait des semaines. Cela se passa plus d’une fois.
La commission venait, l’église était fermée, la décision était remise à plus tard. A la prochaine venue, c’était la même chose. C’est ainsi que par miracle, l’église n’a pas été fermée…
Un exploit ? C’en est un…

Alexandrina Viguilianskaïa


Traduite par Laurence Guillon
Pogost Krest avant la révolution
la Croix Vivifiante

Le monastère saint Théodore avant la révolution



dimanche 24 décembre 2017

Pogost Krest

Alexandrine et son ami Sacha font un film sur la Croix de Godenovo. Ils sont passés me chercher pour m'emmener au lieu de son apparition miraculeuse. L'église qui la gardait, comme il est raconté dans les chroniques des miracles d'Alexandrine, avait été fermée et peu à peu ruinée par les soviétiques, après avoir servi d'orphelinat dans les années 40. La Croix avait été alors recueillie par les paysans du village de Godenovo, où elle se trouve encore.
L'église initiale a été entièrement reconstruite par les moines du monastère qui s'est installé sur place, à l'initiative du père Boris, frère du père Dimitri, higoumène du monastère saint Nicétas à Pereslavl.
L'ensemble se dresse dans un paysage ouvert, vaste et désert, qu'il domine de  ses coupoles élégantes, à l'éclat doré dans le ciel gris et neigeux. Là bas, tout est très pur, très propre, blanc, mystérieux, silencieux...
Le père Adrien, dont il est question dans une chronique précédente est venu à notre rencontre. C'est un ancien spécialiste des arts martiaux, envers lesquels il a maintenant une grande méfiance, et à ma question sur les arts martiaux slaves, il m'a répondu que c'était du paganisme et des forces impures.
Il n'y avait pas grand monde aux vigiles, dans l'église, il faut dire que le monastère est dans un endroit vraiment très retiré.
Les icônes ont été faites dans le style fin XVII°, début XVIII°, très précis et stylisé, avec quelque chose qui rappelle des illustrations ou des enluminures. J'ai eu une impression étrange: l'une d'elles, illuminée par le spot électrique du choeur, m'a soudain évoqué les apparitions du métropolite Philippe dans mon livre, c'était tellement ce que j'avais imaginé que cela me faisait presque peur, et pourtant, je savais que c'était là le résultat de cette vive lumière sur les rehauts d'or, et que ce métropolite n'était pas Philippe mais Alexis de Moscou...
Je me suis prosternée devant la copie de la Croix qui, dit-on, fait des miracles à l'instar de l'original.
A l'issue de l'office, mes compagnons m'ont présenté l'higoumène Gabriel, qui a l'air d'une icône, d'une icône russe, s'entend, une dignité humble, une bonté pleine d'humour. Ses yeux verdâtres me regardaient avec une douce curiosité, et quand il a réalisé que j'étais française, il s'est mis à rire, absolument enchanté: "Oh, française, vraiment? Vraiment? C'est incroyable, je vous aurais prise pour une babouchka russe!"
Il nous a montré un livre sur les événements liés à la Croix. Une pensionnaire de l'orphelinat vit encore et a témoigné sur tout ce qui s'y passait, et sur les maltraitances qui s'y déroulaient. Le directeur qui avait arraché les croix avec enthousiasme est mort de façon prématurée d'un cancer.
Le monastère a fondé un orphelinat dans la ville d'Ivanovo.
Alexandrina a demandé au père Gabriel d'aller porter la communion à un homme tombé dans une misère noire à la suite d'une maladie orpheline épouvantable. Dépouillé de tout ce qu'il avait par son frère, il se meurt dans une masure avec sa mère. Cette maladie semble se soigner à l'étranger mais cela exige des sommes énormes. Alexandrina essaie d'obtenir qu'on lui procure un logement décent et une aide médicale.
Les moines nous ont retenus à dîner au réfectoire. Ils ont apporté un lit de camp pour le cinéaste Sacha: depuis qu'il a entrepris de tourner ce film, il lui est impossible de dormir dans une cellule, il est en proie à des étouffements et à toutes sortes de phénomènes désagréables. Le diable, observe-t-on, ne veut pas lui laisser achever son oeuvre. "Qu'il fasse ce qu'il veut, je finirai quand même, répond Sacha.
- Tu as tort de narguer le démon..." remarque le père Adrien, le nez dans son assiette.
S'ensuit un grand silence... Rien à ajouter!
Ce monastère m'a fait très bonne impression, il y règne une atmosphère amicale et paisible. Comme on dit ici, tel pope, telle paroisse.
Nous sommes reparties, avec Alexandrina, au travers d'une tourmente de neige qui nous a rendu le retour difficile. On ne voyait pas où était la route.
A notre arrivée, j'ai vu, dans la lumière et la vapeur qui émanaient de la cabane de l'étuve, le fils de ma voisine en maillot de bain, avec un ami, dans les flocons tourbillonnants. Il est tombé beaucoup de neige.



la route du monastère (photo Alexandrina)

Le monastère (photo Alexandrina)
L'higoumène Gabriel, photo Alexandre Matrossov.


jeudi 21 décembre 2017

Pourquoi l'exil

.Dans le district de Chatsk, les paysans s'étaient rassemblés devant le bâtiment de la Tchéka pour récupérer l'icône confisquée de la Mère de Dieu Vychenskaïa. Les Gardes rouges ouvrirent le feu sur la foule. Un témoin raconte: "Je suis un soldat, j'ai participé à de nombreux combats avec les Allemands, mais je n'avais jamais vu ça. La mitrailleuse les fauche un rang après l'autre, et ils avancent, ils ne voient rien, par dessus les cadavres, ils rampent de travers sur les blessés, ils ont des yeux terribles, les mères poussent leurs enfants devant elles, elles crient: "Notre Mère secourable, sauve-nous et prends-nous en pitié, c'est pour toi que nous tombons tous!" Il n'y avait plus en eux aucune espèce de crainte." (archiprêtre Vladislav Tsypine, histoire de l'Eglise russe 1917-1997)
В Шацком уезде крестьяне собрались к зданию ЧК выручать конфискованную Вышенскую икону Божией Матери. Красноармейцы открыли огонь по толпе. Очевидец рассказывал: " Я солдат, был во многих боях с германцами, но такого я не видел. Пулемет косит по рядам, а они идут, ничего не видят, по трупам, по раненым лезут напролом, глаза страшные, матери — детей вперед, кричат: " Матушка Заступница, спаси и помилуй, все за Тебя ляжем!" Страха уже в них не было никакого"."
(Прот Владислав Цыпин, ИСТОРИЯ РУССКИЙ ЦЕРКВИ, 1917-1997)

Cet épisode lu sur une publication de Facebook, et déjà cité mais non traduit, me poursuit: il est clair que ces paysans n'avaient plus rien à perdre, ils savaient qu'il n'y avait pas de place pour eux dans le "monde nouveau", et Sophie m'en a brusquement parlé, parce qu'elle ressentait la même chose, elle ressentait aussi que ce qui s'est passé à ce moment-là, en 17, pourrait se passer aujourd'hui dans le monde entier, et que nous pourrions éventuellement mourir ainsi. Oui, c'est une éventualité. Dans ce qui a déterminé mon départ, il y avait la conscience d'aller dans un endroit où d'abord, tout n'est pas encore joué, et où, ensuite, on pourrait mourir en procession, s'il fallait en venir là, derrière les bannières et les icônes, et comme dit Sophie, "ensemble". 
Non que je le souhaite ou que je sois pressée, mais dans les temps que nous traversons, c'est une éventualité.
J'ai toujours pensé qu'un héros n'était pas forcément un type téméraire qui aime braver la mort, mais plutôt quelqu'un qui s'aperçoit que vivre ainsi qu'on le lui propose, accepter certaines compromissions inacceptables dévaluerait tellement son existence qu'il n'a tout d'un coup plus d'hésitation à la risquer ou à la sacrifier.
Quand l'higoumène Philippe est parti à Moscou, convié par le tsar Ivan à occuper la chaire de métropolite, il savait probablement qu'il partait pour le Golgotha. Mais il n'avait pas d'autre choix: il allait dans le sens de son engagement de toute une vie. Un moine, un higoumène, se dérobe-t-il devant le Golgotha, quand il s'agit d'obéir à la volonté de Dieu et d'imiter le Christ dans sa soumission?
Ce Golgotha ne va pas toujours jusqu'au martyr effectif, concret, mais il peut simplement se présenter comme une manière plus difficile de vivre et de mourir, acceptée, consentie quand elle nous est offerte. Un jour, j'ai demandé à soeur Agnès, à Solan: "C'est parfois compliqué de discerner quelle est la volonté de Dieu. Serait-ce qu'entre deux choix, celui qui répond à sa volonté est le plus difficile?
- Comment vous dire? Bien souvent, oui." 
Sur vkontakte, je vois que mon album "animaux" n'a pas été complété depuis longtemps, et je décide d'y remédier. J'ai donc plongé dans mes dossiers de photos, et vu mes petits spitz. De Jules, j'avais mis déjà beaucoup de photos, mais presque pas de Doggie. Doggie, ma petite créature féerique, béate de bonheur sur la plage des Saintes-Marie-de-la-Mer. Les Saintes-Marie-de-la-Mer... J'avais voulu y retourner parce que je pressentais que je n'allais peut-être plus revoir la mer de ma vie, ou plutôt, je me disais qu'il fallait envisager que ce pût être la dernière fois, même si le ciel ne nous tombait pas tout de suite sur la tête. Que de lumière, aux Saintes Marie, que d'azur, et comme mon petit chien était joli et heureux... Je crois que c'est le plus beau moment que nous ayons passé ensemble. J'étais avec Cécile, qui garde jusque dans la vieillesse, son air d'étudiante nordique hippie. Et je jouais avec les tresses douces et salées de la mer, avec ses reflets, sous l'oeil inquiet du petit Doggie, clair comme le sable, duveteux, immatériel. Un petit nuage de simoun éperdu d'amour.
Et puis les chemins de Cavillargues: tout est brillant, éclatant, dans le Gard, exubérant, les pins, les cyprès, les arbres fruitiers, leurs fleurs miraculeuses qui surgissent au printemps directement sur leurs squelettes sombres, ressuscitant à travers les collines des foules entières de mariées et de communiantes fragiles, illuminées et odorantes, les oliviers, les coquelicots, le Ventoux et l'azur, le vent et les rayons. Le petit chien...
Le petit chien, inconsciemment sacrifié dans mon équipée, car moins soucieuse et moins bousculée, j'aurais peut-être remarqué les signaux de sa maladie et réagi plus vite. 
On pourrait penser que j'ai quitté la Russie pour aller vers une vie meilleure, mais en réalité, il n'en est rien, et réfléchir là dessus tombe à point pour moi, puisque une journaliste, Vera Polyt, me pose la question qui intrigue tous les Russes.
Pourquoi suis-je partie? J'étais bien planquée dans le Gard, au soleil, avec le climat idéal pour mon arthrose et ma sinusite, un excellent médecin généraliste, le monastère de Solan, la mère Hypandia. Les paroissiens m'aimaient bien, et aussi les commerçants du village, les clients du café. Il y a des chances pour que cela tourne très mal en France, en tous cas, les maîtres du monde et notre gouvernement à leur solde font vraiment tout pour cela, mais à mon âge, il est plus simple d'attendre la fin du monde là où l'on se trouve ...
 Je suis partie sans doute parce que je ne pouvais pas faire autrement, pour être en paix avec moi-même. Et je suis globalement en paix.
Tous les jours que je fais, je faillis à tous mes devoirs de chrétienne, j'oublie mes prières ou néglige le jeune, enfin je ne suis pas du tout à la hauteur, mais je suis partie quand même, à reculons, avec toutes sortes d'oreillers, de parachutes, de petites laines, de valises, de petits chiens et de petits chats, je suis partie accomplir ce pour quoi je suis née et suivre le sens de toute ma vie, parce que sinon, j'aurais eu l'impression de mourir à côté de la plaque. J'ai choisi la nuit polaire, la patinoire-pataugeoire moins un plus un, les douleurs arthrosiques, la sinusite et j'ai perdu mon petit chien chéri dans l'affaire. Mais comme toujours dans ces cas-là, et c'est le signe que je suis en bonne voie, je suis puissamment aidée. Les choses sont difficiles mais elles s'arrangent. Les gens sont avec moi extrêmement serviables et secourables. De tous côtés on m’accueille à bras ouverts. Je suis obligée de compter avant tout sur Dieu, c'est ce que je fais, et Il m'aide.
Je suis venue, entre autres, dire aux Russes de s'aimer tels qu'ils sont, et le message semble être bien passé. J'en suis même étonnée. Comme quoi, lorsqu'on parle avec sincérité et amour, on est entendu, on est aussi entendu de ceux qui écument de haine, mais ce sont des choses auxquelles il faut se préparer et s'attendre...
On m'a dit: "L'exil est une renaissance choisie, et c'est tout." En réalité, s'il s'agit de renaissance, c'est peut-être de celle qui suit la mort du "vieil homme". Je suis peut-être en train de mourir à ce que j'étais, mais il s'agit plus d'un accomplissement ultime que d'une renaissance.

Pourquoi suis-je partie en Russie (en russe)

Le chemin de croix de la relique de Godenovo se poursuit

Ma contribution à la chronique des miracles, cet article du blog "Rostovskaïa Zemlia"
http://rostland.blogspot.ru/2017/12/blog-post_20.html
Un jour de ce mois de décembre, dans l’église saint Jean Chrysostome de Godenovo, a eu lieu un office inhabituel. Les prières et les chants ont résonné ici en deux langues, le slavon d’église et le géorgien. La liturgie était célébrée par l’évêque de Pereslavl et d’Ouglitch Théodore, assisté par un clergé de l’église géorgienne et aussi de l’éparchie de Pereslavl. Deux chœurs, un choeur local et celui d’une église géorgienne de Moscou, ont interprété chacun à leur tour les chants litugiques. Tout ceci créait dans l’église une grâce particulière.
Les représentants de l’Eglise orthodoxe géorgienne sont venus au métochion du monastère saint Nicolas à Godenovo pour prendre part à la bénédiction d’une copie de la Croix du Seigneur de Godenovo et la transporter dans la lointaine Tbilissi. La copie unique, à taille réelle fut réalisée avec tous les dommages subis, c’est-à-dire que cette copie ne se distingue pratiquement pas à l’oeil nu de la Croix du Seigneur elle-même, qui se trouve dans l’église de Godenovo.  Le chemin de croix de la Croix de Godenovo s’est prolongé de façon providentielle dans le premier fief de la Mère de Dieu, car en Géorgie, depuis la plus haute antiquité, on vénère particulièrement la Croix du Seigneur. L’une des principales reliques du pays est la Croix confectionnée par les mains mêmes de sainte Nina dans un cep de vigne.
« La Croix est en substance le concentré de la vie spirituelle de chaque chrétien, a déclaré dans son homélie monseigneur Théodore au moment de la bénédiction de la copie de la relique. La Croix est le symbole de l’unité non seulement de l’homme avec Dieu mais avec tous ceux qui vivent en Christ. Aujourd’hui, nous avons béni avec vous cette copie à l’image de la Croix de Godenovo, nous avons ressenti particulièrement que la Croix est aujourd’hui pour nous un pont qui unit deux peuples frères, le russe et le géorgien. Dans les temps présents difficiles et troublés il est très important pour nous de garder la paix et l’unité dans le Christ, de nous souvenir des commandements de notre Seigneur et Sauveur. Nous exprimons non seulement notre joie de cet événement mais l’espoir que cette Croix gardera aussi bien le peuple russe que le peuple géorgien et, toujours reliés spirituellement, nous appellerons, chacun de notre côté, la bénédiction de Dieu pour que lui, notre Créateur et notre Sauveur, déverse son abondante grâce sur ceux qui lui appartiennent, où qu’ils se trouvent. Pour que dans leur cœur vive toujours l’amour de l’Eglise, l’amour de Dieu et l’amour des hommes. Et que cette Croix resserre les liens entre nos deux peuples. »
Le chemin de croix de la relique de Godenovo va maintenant se poursuivre en Géorgie. Auparavant, des copies de la Croix ont été envoyées à Sébastopol, Lougansk, Vologda, Ekaterinbourg, en Grèce, en Arizona aux Etats-Unis. Il se trouvait aussi une copie de la Croix auprès du contingent militaire en Syrie.
Mikhaïl Popov
Traduction Laurence Guillon




lundi 18 décembre 2017

L'hôpital municipal

La statue de saint Luc de Crimée, évêque et prix Staline de chirurgie, qui travailla un temps à Pereslavl Zalesski, devant
l'hôpital municipal
Mon charognard domestique me rapporte toutes sortes d'ordures dans le jardin. Ce matin, c'était un livre de Georges Sand qu'elle était en train de bouffer, où l'avait-elle trouvé? J'ai aussi en magasin un rat congelé, des ossements, diverses épaves de plastique, des chiffons...
En sortant de chez moi, je vois le vieux d'en face qui lui déverse les restes de son repas de la veille. Je ne m'étonne plus qu'elle mange si peu chez moi. Je me récrie et remercie. "Oh me dit le vieux, c'est une chienne si gentille, elle m'accompagne à la pêche chaque fois que j'y vais, et reste couchée près de moi sur la glace, puis elle rentre avec moi.
- J'ai peur qu'elle ne passe sous une voiture, cela lui est déjà arrivé...
- Oh vous savez, elle est très prudente, et même, quand on traverse la rue, elle s'arrête et regarde de chaque côté."
Finalement, elle n'est pas si con, l'expérience lui sert à quelque chose!
Après la pâtisserie, je suis allée à l'hôpital communal pour obtenir le certificat. Outre qu'il n'est guère avenant, j'ai tout de suite redouté une belle galère, une vraie trière romaine. J'arrive au guichet pour expliquer mon histoire, la bonne femme me regarde comme une extraterrestre et m'envoie au cabinet du psychiatre, que je ne parvenais pas à trouver. "Le couloir du milieu! me hurle le gardien.
- Celui de la fin?
- Non, celui du milieu!"
Je ne voyais qu'un couloir, celui de la fin, et ce n'était pas là, c'était juste avant, mais là il y avait la queue, et il fallait avoir reçu un talon pour avoir des chances de passer, mais de tout façon, me dit-on, vous, c'est le narcologue que vous devez voir, le bâtiment rouge au fond à gauche.
Je sors, des bâtiments rouges, il y en avait partout, sans l'ombre d'une indication, y menait un gentil sentier semé de bouteilles, sans doute les clients du narcologue, je les ai suivies comme les cailloux du petit Poucet, puis, perdue, j'ai demandé à un ambulancier: "le GRAND bâtiment rouge, me dit-il, avec les portes en plastique."
J'arrive devant les portes en plastique. Je les regarde comme une poule qui a trouvé un couteau. Un jeune homme en blouse blanche au physique agréable, sorti fumer un clope, me demande ce que je cherche: "le narcologue...
- C'est moi, et c'est à quel sujet?
- C'est pour un certificat comme quoi je ne suis ni alcoolo, ni droguée, ni gâteuse...
- Bon, me répond-il résigné, venez..."
Il regarde sur son ordinateur, si je ne figure pas sur la liste nationale. "C'est n'importe quoi, me dit-il en rédigeant le papier, parce que personne ne peut vous inscrire sur cette liste si vous n'êtes pas d'accord. C'est un truc qu'ils ont encore inventé à Moscou, à cause de toutes les escroqueries, mais cela ne sert à rien."
Qu'à m'emmerder, c'est clair. Mais le narcologue est charmant. "En réalité, me dit-il, vous n'avez sans doute pas tort de venir ici, je suis allé en France dernièrement, on se croirait en Afrique. A Paris, surtout, des quartiers entiers où l'on ne voit plus de Français. Et sur une plage de Catalogne, je pose ma serviette et une troupe de petits noirs se jette avec impudence dessus pour l'occuper! "
Très serviable, il m'emmène quasiment par la main jusque chez le psychiatre, pour m'éviter de revenir le lendemain avec le talon. Le psychiatre me fait entendre un autre son de cloches: "Mais qu'est-ce qui vous a embarquée jusque chez nous? Les gens sont gentils, c'est vrai, mais le climat est dégueulasse, Pereslavl est de plus en plus détruit et abîmé, les fonctionnaires russes sont les pires de la terre, l'orthodoxie elle-même se dégrade, vous n'êtes pas raisonnable! N'importe quel pays serait mieux que le nôtre!"
Heureusement qu'il n'a pas vu, dans mon choix le signe d'un grave dérangement mental, et m'a fait obligeamment mon certificat. Je reconnais que le fonctionnaire russe est grave, mais enfin quand même, d'où vient à certains ici cette conviction inébranlable que leur pays est le pire qui soit? Est-ce que les fonctionnaires européens ne sont pas aussi corrompus que les fonctionnaires russes?

dimanche 17 décembre 2017

CHRONIQUES DES MIRACLES

la Croix avant la révolution

III. LE XX° SIECLE: PERSECUTES
De l’histoire de l’église de l’Exaltation de la Croix et de la Vivifiante Croix du Seigneur
Je termine le scénario et par la même occasion, je poursuis mon thème principal, la propagande de la mémoire : du passé vers le présent.
Dans les archives du musée du Kremlin de Rostov est conservé un traité de 1919 entre les organes du pouvoir soviétique du district et les prêtres du cimetière Nikolski, ainsi s’appelait l’endroit au début du XX°siècle. Les biens de l’église avaient été déclarées propriété du pouvoir soviétique et le bâtiment, les icônes et tout ce qui se trouvait à l’intérieur était à la disposition des croyants pour une période limitée.
En 1925, fut constitué par les collaborateurs du musée un acte selon lequel l’église, les icônes et les objets religieux étaient nationalisés, sous le prétexte d’aide aux affamés de la région de la Volga. Les icônes furent retirées, y compris l’icône miraculeuse de saint Nicolas, celle-là même qui apparut aux bergers du XV° siècle. La crucifixion resta dans l’église, mais ses riches ornements ( et c’étaient 200 kilos d’argent et 100 kilos d’or) furent grossièrement arrachés : la Croix en garde des traces jusqu’à aujourd’hui. On lessiva la dorure des icônes, l’église fut désertée et pillée.
En 1928, fut arrêté le prêtre Jean Dobrotine, qui mourut au camp, et en 1937, le chef de chœur et le dernier prêtre de l’église, Alexandre Sokolov. On ne peut que se perdre en suppositions sur son destin, mais ces suppositions sont terribles. On a conservé l’enquête du serviteur du culte et la liste du clergé de 1934. Sur cette enquête, il y a une note en rouge : prêtre de la mouvance du patriarche Tikhon. A cette époque, c’était la condamnation sans appel, on touchait moins aux rénovateurs…
Après l’arrestation du prêtre et du chef de chœur, le pouvoir antichrétien envoya une commission et le processus de fermeture de l’église commença sous prétexte de son état dangereux, alors qu’elle était parfaitement entretenue. Les paroissiens se battirent désespérément pour leur église, écrivirent un grand nombre de requêtes aux organes de direction, y compris à M. Kalinine :
« Par la présente, nous déclarons au Comité exécutif central de l’URSS de la région d’Ivanovo qu’en juillet de l’année courante 1937, furent arrêtés le prêtre, le chef de chœur, escortés selon la ligne du NKVD, l’église est restée fermée. A l’extérieur comme à l’intérieur, l’église a un aspect convenable et un état parfaitement satisfaisant qui ne menace les croyants d’aucun danger pendant l’accomplissement des rites religieux. »
En guise de réponse fut porté le verdict : « A la requête des réunions générales des membres des kolkhoses « Loutch », Boudennov », « Iskra », « Kommounar », « 1° mai » du Comité exécutif du district d'Ilyinsky, l’église doit être fermée. Considérant que l’église n’est pas du tout en état d’être utilisée, le Comité exécutif du district d'Ilyinsky doit être autorisé à la démolir ».
En 1937, on enleva les cloches, et au bout de trois ans, le bâtiment fut transformé en orphelinat…
LE PERE ADRIEN
Beaucoup de choses qui ont eu lieu ici après la révolution et jusqu’à nos jours sont couvertes de l’ombre du secret. Quand nous avons commencé à restaurer l’église et à remonter le portique du côté ouest, devant le clocher, nous avons dû creuser jusqu’aux fondations. A 10 ou 15 centimètres de profondeur, nous avons trouvé des restes de gens, avec des trous caractéristiques au niveau de la nuque. Les corps de ces gens, près de dix ou douze personnes, étaient jetés en désordre les uns sur les autres.
Quand on enterre quelqu’un, les pieds sont orientés à l’est, la tête à l’ouest. Mais ici, ils sont jetés du nord au sud, n’importe comment. La plupart ont un trou dans la nuque, comme je l’ai déjà dit, le visage détruit. Certains n’ont pas de trou, mais le crâne fracassé. Il est connu que les tchékistes tiraient de deux manières : une balle dans la nuque, naturellement, quand elle ressortait, elle détruisait le visage, une balle dans le cœur, alors la personne ne mourait pas tout de suite, on l’achevait d’un coup de crosse. Selon toute probabilité, cela se passa ici dans les années 20, quand on emportait les biens de l’église sous le prétexte d’aider les affamés de la Volga. Je pense que quelqu’un a dû essayer de résister, comme cela s’est produit à Chouïa : c’est la fusillade regrettablement connue alors des ouvriers de Chouïa, aujourd’hui canonisés parmi les nouveaux martyrs de Russie, qui essayaient de s’opposer au sacrilège, on n’avait pas réussi à le cacher, cela se produisit dans une grande ville. Ici, c’est un village perdu. Et selon toute apparence, le fait de cette exécution massive est resté simplement caché.

La Vivifiante Croix a été sauvée par les habitants du coin, qui l’ont transportée au village voisin de Godenovo, dans l’église saint Jean Chrysostome…


Le père Adrien

L'église du cimetière Nikolski avant la révolution
Alexandrina Viguilianskaïa
traduction Laurence Guillon

CHRONIQUES DES MIRACLES

Je continue à partager les histoires étonnantes des héros de notre film sur le monastère de la Vivifiante Croix du Seigneur
II. LE PERE BARNABE
Je me suis marié, j’ai servi dans l’armée… L’Afghanistan, l’Allemagne, Odessa… Et voilà que maintenant, je sers à nouveau. Mais à côté du service, dans cette vie passée, j’ai eu une longue et étrange passion, celle de faire le soi-disant guérisseur. Au début, j’ai appris le massage sportif, ensuite, les points de contact, ensuite je suis passé au sans contact, je m’occupais d’affaires ténébreuses, comme on dit. Eh bien j’ai commencé à soigner les gens. Ils guérissaient, mais chaque guérison me coûtait la perte d’une dent, voici quelle étrange chose m'arriva. Mais le plus important n’est pas là. Bien sûr, j’en cherchais la raison, je me demandais qu’est-ce donc que cette force, d’où me vient-elle et pourquoi m’est-elle donnée.
Un jour, j’arrivai à Yaroslavl au bureau régional d'enregistrement militaire, j’y recevais ma retraite. Il pleuvait à verse, et pour le bureau, c’était encore tôt : je risquais de me tremper sous cette pluie pendant vingt grosses minutes. Je vis des portes ouvertes qu’empruntaient des gens. C’était l’église du séminaire de Yaroslavl. J’entrai aussi et restai tout de suite figé : les gens du chœur ne faisaient pas que chanter ou lire, ils priaient ! Leurs paroles, leur chant entraient profondément en moi, et je me sentais si bien, mieux que jamais auparavant. Je restais debout, je regardais ma montre et regrettais beaucoup que l’aiguille tournât si vite…
A l’époque, je n’étais pas un pratiquant assidu, mais chaque fois que j’allais à Yaroslavl, j’essayais de tomber justement dans cette église, pour écouter à nouveau le chant merveilleux. C’est là que je fis la connaissance d’un prêtre, le père Igor, que je me confessai à lui pour la première fois et communiai, et un jour, il me conseilla d’aller trouver l’archimandrite Dimitri, supérieur du monastère saint Nicétas à Pereslavl Zalesski. J’avais très envie d’y aller, j’en parlai à ma femme qui me dit : vas-y ! Elle me laissa partir…
Je tombai sur le père Dimitri, et il me parla de la construction de l’église du village Pogost Krest, de la Croix Vivifiante du Seigneur et de la communauté monastique qu’avait fondée le frère du père Dimitri, le déjà défunt higoumène Boris Khramtsov. Le père Dimitri me proposa d’y aller deux jours pour aider à faire l’électricité…
Et voilà, ces deux jours de 2004 ne veulent absolument pas finir.

* * *
On avait diagnostiqué à ma mère, après une opération, une hépatite. Elle se sentait très mal et elle me téléphona un jour en larmes, en me disant qu’elle était en train de mourir. Je priai la Croix Viifiante, je lui demandai son aide et allai la voir. J’arrive et, première chose, je lui demande : « Alors, comment ça va ? »Et elle me répond : « Eh bien voilà, je vais chercher mes analyses. Ils ont mélangé quelque chose, ils en ont prélevé d’autres ». Au bout d’une semaine, elle va chercher ses nouvelles analyses, aucune hépatite.
Eh bien voilà, concluez-vous-mêmes.
* * *
J’ai longtemps souffert de calculs dans les reins. L’échographie et les radios montraient qu’il fallait opérer d’urgence. On me laissa sortir de l’hôpital quelques jours et bien sûr, j’allai vénérer la Croix avec des prières. La nuit, un étrange gargouillement commença dans mes reins, comme une bouilloire qui bout : « bloub, bloub, bloub… » Je ne sentais pas de douleur, j’allai dormir : ça bout, bon et alors ?
Et à lhôpital, après lIRM et les dernières analyses, mon médecin traitant entre dans ma chambre et me demande avec perplexité : «Quas-tu fait de tes calculs ? Peut-être que tu nen avais pas ? » Je lui dis : « Mais cest vous-même qui mavez fait léchographie et la radio ». Le médecin se tut et dit ensuite : « Enfin, tu sais où ils sont passés. Prépare-toi, tu sors demain. Tu nes pas un patient pour nous".

https://www.facebook.com/permalink.php?story_fbid=1731476803600899&id=100002157889785

Alexandrina Viguilianskaïa
traduction Laurence Guillon


Godenovo
Le père Barnabé

СHRONIQUES DES MIRACLES

Ma chère petite amie Alexandrine, Sacha Viguilianskaïa a mené toute une enquête dans la région de Pereslavl pour un film qu'on lui a commandé, et cette enquête s'inscrivant merveilleusement dans le thème de mes chroniques, j'ai décidé de la traduire. Il s'agit de la Croix miraculeuse de Godenovo, dont j'ai déjà parlé. 
Sacha est venue habiter chez moi pour parcourir la région, malheureusement, j'étais à ce moment-là en France. 
Au vu de ce témoignage, je me dis qu'aller à Godenovo confier à la Croix mes problèmes de genou serait peut-être une bonne idée... 



De l’histoire du monastère de la Croix vivifiante du Seigneur, de la Crucifixion miraculeuse et de son destin. J’ai décidé de partager des témoignages divins, puisque on m’a confié de travailler sur un film et que je suis plongée dedans, que les gens apprennent, nous serons plusieurs  à nous émerveiller.
I. Le père Vladimir (de 1980 à 2000, recteur de l’église saint Jean Chrysostome au village de Godenovo. A présent recteur de l’église Dimitri de Salonique au village de Pavlovskoïe district de Rostov.
J’ai officié à Godenovo 20 ans, et beaucoup de choses me lient à la Croix Vivifiante. Même à l’époque soviétique, les gens venaient sans arrêt confier leurs malheurs à la crucifixion miraculeuse : l’un avait un fils drogué, l’autre quelque chose d’autre. Ils venaient, s’installaient dans la maison du gardien, commandaient des offices d’intercession. Et ensuite, ils nous racontaient comment tout s’était arrangé miraculeusement. Et voilà qu’on a amené quand j’y étais un nouveau-né avec une hernie. Nous avons célébré l’office d’intercession, ils ont pris de l’eau bénite et je leur ai donné une prosphore, de l’huile de la veilleuse de la Croix, et quand ils sont allés le faire opérer, les médecins se sont étonnés : il n’y avait plus de hernie. Rien. Comme si on l’avait rêvée.
A un autre petit garçon de quatre ans, les médecins avaient posé un diagnostic terrible : méningite. On l’avait emmené inconscient à l’hôpital, et la mère et le père venaient avec leur dernier espoir. Nous avons également célébré l’office d’intercession, ils ont pris de l’eau bénite, je leur ai donné une prosphore, et je leur ai conseillé de lui bander la tête avec une gaze imprégnée d’eau bénite et de lui en donner à boire. Le petit garçon a bu de cette eau, ouvert les yeux et dit : « Maman, je veux manger ». Alors elle lui a donné la prosphore. Et les médecins ont regardé et dit : « Eh bien nous nous sommes trompés, notre diagnostic n’était pas bon ».
Il y eut encore un autre cas. On avait amené un invalide, un afghan (vétéran  de la guerre d’Afghanistan), il s’appelait Sergui. Il ne pouvait marcher et se déplaçait en fauteuil roulant. Ses proches l’avaient traîné chez les médecins, ils avaient essayé de le guérie, mais rien n’y faisait. Et un jour, il leur dit : « Je connais un endroit où je recevrai la guérison, il nous faut aller là bas ». Il avait entendu parler de la Croix Vivifiante. « Comment irons-nous, c’est si loin ? » lui dirent ses proches pleins de doute. Mais Sergui répond : « Saint Nicolas nous emmènera ». Alors ils se sont préparés : trois amis, sa mère et lui sur son fauteuil. A ce moment-là, il n’y avait pas de route, ils sont allés en voiture jusqu’à Prioziornoïe, et ensuite on l’a porté, là bas, ce sont des marais impénétrables, c’était déjà l’automne, la pluie battante. Ils sont arrivés comme ils ont pu. Nous avons célébré l’office d’intercession, je l’ai oint avec de l’huile sainte, et devant nos yeux, il s’est levé de son fauteuil.

Au départ, je voulais men aller. Parce que c’était très difficile, insupportable. Tous deux avec ma « petite mère », les enfants étaient encore petits, pour tout dire, les bras nous en tombaient. Il fallait envoyer les enfants à l’école, et il n’y en avait pas, là bas. Mais le Seigneur nous a affermis, notre situation s’est améliorée, nous avons tout fait nous-mêmes. De plus, rien que d’entrer dans l’église, c’était déjà la joie, tu t’approchais de la Croix, et c’était tout : nous étions heureux en quelque sorte, tout était normal. Et un jour, c’était à mon avis la saint Nicolas d’hiver, nous célébrions les vigiles, je suis sorti pour la lithie et j’ai levé les yeux vers la Croix, je regarde : des yeux bleus, des yeux humains ordinaires. Et si…graves. Eh bien, la peur m’a saisi, j’ai baissé les yeux, ensuite je les ai levés une deuxième fois, et le regard était déjà comme empreint d’un sourire. Je n’avais raconté cela à personne, seulement à la maison, aux enfants… Depuis les forces nous sont venues et gloire à Dieu. Si on ne m’avait pas muté ailleurs, j’officierais encore là bas…

Le père Vladimir


Alexandrina Viguilianskaïa



traduction Laurence Guillon



samedi 16 décembre 2017

L'âme du peuple


la maison traditionnelle que répare la famille Leïkine
La chanson c’est l’âme du peuple. Notre famille n’a pas toujours les forces de prolonger l’active restauration de notre maison bien-aimée. Et pour nous remonter le moral, nous chantons cette chanson. https://www.facebook.com/100001941877985/videos/1682362061838507/
Quand moi, le père de famille, je m’attriste devant l’ampleur de la tâche, mes fils viennent me voir et me disent : Papa, je vais grandir, je gagnerai beaucoup d’argent et je restaurerai notre maison.
Et cette page, nous l’avons aussi créée pour partager avec vous nos joies et nos découvertes, et recevoir votre soutien dans notre entreprise.
Mais aujourd’hui notre famille demande le principal, ce pourquoi nous nous sommes attelés à cette affaire « désespérée ». Pour nous, être russe, ce n’est pas « LA CRIMEE EST A  NOUS » et « Nous pouvons recommencer ». Bien que nous soyons fiers de nos grands-parents, les arrières-grands parents de nos garçons, et heureux pour les gens de Crimée qui dès la désintégration de l’URSS, souhaitaient entrer dans la composition de la Russie. Mais pour nous, être russe, c’est l’être et non le paraître, aimer son pays, son histoire, être participants à ses racines et à ses traditions, pousser en elles.
C’est pourquoi cela me fait grincer les dents quand, du haut d’une tribune, on nous parle d’exploits éclatants alors que des centaines de milliers de nos combattants (et aussi des Allemands) gisent sans funérailles dans les forêts, les champs, les marais. Quand on parle de la conservation de notre héritage culturel, et que sous mes yeux périssent des dizaines, des centaines de chefs d’œuvre de notre architecture. Quand on parle des CIMENTS SPIRITUELS et qu’on anéantit le « Centre National du Folklore Russe ». En de tels moments, on a parfois simplement envie de (…………)
Je me console en me disant que ce ne sont pas eux mais nous, qui sommes russes. Parce que pour nous, ce ne sont pas des paroles vides, c’est l’air que nous respirons.
Chers amis. Pardonnez-moi ce long texte. Pardonnez-moi ce pathos. Nous continuons notre flash mob pour soutenir le Centre de folklore (pétition au ministère de la culture)
Nous vous demandons de nous soutenir en diffusant tout cela et en vous inscrivant sur notre page. La famille Leïkine

Mikhaïl Leïkine

Песня- душа народа. У нашей семьи не всегда есть силы на то, чтобы активно продолжать реставрацию нашего любимого дома. И чтобы поднять дух мы поем эту песню. Когда я, глава семьи, грущу, видя глобальность задачи, мои сыновья подходят ко мне и говорят:- Папа, я вырасту, заработаю много денег, и восстановлю наш дом.
И эту страничку мы также создали для того, чтобы делиться с вами, радостями и открытиями, и получать вашу поддержку в нашем начинании.
Но сегодня наша семья просит за главное, за то, ради чего мы ввязались в это "безнадежное" дело.
Для нас быть русскими, это не "КРЫМ НАШ", и "Можем повторить" . Хотя мы гордимся нашими дедами, мальчишкиными прадедами, и рады за крымчан, которые еще с распада Союза хотели быть в Составе России. Но для нас быть русским- это быть, а не казаться, любить свою страну, ее историю, быть сопричастным к ее корням и ее традициям, врастать в них.
 
Поэтому меня, коробит до скрипа в зубах, когда с высоких трибун говорят про доблестные подвиги, а сотни тысяч, наших , (да и немецких), бойцов лежат не похороненными по лесам , полям, болотам, Когда говорят про сохранение культурного наследия, и на моих глазах гибнут десятками, сотнями памятники нашей архитектуры, Когда говорят про ДУХОВНЫЕ СКРЕПЫ и уничтожают " Государственный центр русского фольклора". В такие моменты хочется порой просто, (...........).
 
Утешаю себя тем, что это не они, это мы- русские. Потому что для нас это не пустые слова, а то чем мы дышим.
Дорогие друзья. Простите за длинный текст. Простите за Пафос
. Мы продолжаем флешмоб в поддержку "Государственного центра русского фольклора."
https://www.change.org/p/%D0%BC%D0%B8%D0%BD%D0%…/…/39166806…
Казачья песня:" Полно вам снежочки...."
Исполнители и участники: Илья Слоква, Тихон Макар и Герман, подпеваю за кадром, я папа Миша.