J'ai recommence à faire le taxi pour Skountsev, mais cette fois, il m'a dit de le laisser dans le village de sa mère et d'aller dessiner l'église du village d'à côté, ce que j'avais déjà fait, le premier jour, pendant qu'il était au cimetière. J'ai trouvé un chêne qui faisait une large flaque d'ombre, et j'ai pique-nique tranquillement avec Rita. Il y avait de l'air, et je me sentais merveilleusement bien, dans le parfum de l'absinthe, dont j'ai cueilli un bouquet, car elle a toutes sortes de vertus et protège même de la covid, d'après madame Skountsev. Le village n'a rien de spectaculaire, il reste quelques jolies maisons traditionnelles, malgré le mauvais goût qui ronge tout le reste, mais l'église était inspirante. Skountsev à participé à sa restauration. On a activement dynamite les églises dans le cadre de la decosaquisation, bien aussi féroce que la dekoulakisation.... On y voit errer et pâturer le long des rues non des vaches ou des chèvres mais des chevaux.
Quand je suis allée chercher Skountsev, son frère est venu me saluer. Alcoolique perdu et misérable, il a dû être très beau et cela se voit encore. Il me regardait avec un mélange de détresse et d'émerveillement nostalgique et humble. Skountsev m'a dit qu'il me trouvait belle et jeune, qu'il ne m'aurait jamais donné mon âge, et cela m'a serré le cœur.
Je ne trouvais pas mon chemin et j'ai demandé à une vieille qui m'a soutire de l'argent mais ne m'a pas aidée, car elle ne voyait pas de quelle rue je voulais parler, or quand je l'ai finalement trouvée, je l'ai vue qui l'arpentait et me faisait de joyeux signes de la main. Skountsev me dit qu'elle perd la tête. Mais pas le sens des affaires !
Il m'a expliqué qu'il avait tenté le retour à la terre, avec sa femme, dans cette même stanitsa. Ils avaient de magnifiques légumes, la terre est fertile et le climat clément. Mais il ne savait pas les vendre et dans sa spécialité de musicien ethnographe ne trouvait pas de travail. Le problème quand on quitte la terre, c'est que le retour est très difficile. Les liens sont rompus avec la tradition, avec la communauté villageoise. La vie paysanne est impossible sans la communauté qui va avec, familiale et élargie, cette communauté dont le folklore est le reflet, car il servait à la cimenter, c'était un moyen de communication, et aussi d'affirmation de soi au sein du groupe qui évitait l'ennui et la dévalorisation de ces adolescents qui ne savent pas que faire d'eux-mêmes et sont facilement intoxiqués par la médiocrité clinquante de la télévision.
Après tout cela, nous avons repris la piste vers le camp cosaque de la rivière Khapior. Je suis allée me baigner. Je ne me lasse pas de cette eau douce et rapide, de ces vagues de sable sous mes pieds, des berges foisonnante qui laissent vite la place, des que l'haleine vivifiante du cours d'eau n'a plus d'influence, à la steppe aride de la colline du conseil. Les cosaques y baignent leurs chevaux, comme dans l'ancien temps. Beaucoup d'entre eux ne vivent plus, comme Skountsev, sur les terres ancestrales, mais le folklore leur rend leurs racines et leur communauté culturelle.
L'autre jour, nous avons vu glisser, sur les eaux crepusculaires, un radeau, avec le drapeau cosaque et celui de la flotte russe, et puis un brasier qui mettait dans la grisaille une éclatante floraison.
Un ensemble cosaque devait venir se produire mais tout à été annulé, y compris la fête finale au stade de Koumyljenskaia. Pour cause de covid, car l'offensive vaccinale essaie de battre son plein, et si les gens sont moins perméables à la propagande, ils ne voient pas toujours non plus le problème ni la différence avec le vaccin contre le tétanos.
Du coup, nous avons fait la fête entre nous, mais avec une étoile comme Skountsev et la présence des représentants du folklore local, ce n'était pas plus mal. Ils ont merveilleusement chanté et dansé, entraînant les jeunes du camp, les enfants.
La manifestation à laquelle je me suis rendue, sur la rivière Khapior, s'appelle le Bouclier d'or et rassemble des Cosaques enthousiastes avec de bonnes gueules, de grandes barbes et de grosses moustaches.
Nous avons fait escale dans la ville de Elets, que nous avons visitée à toute vitesse et qui mériterait un séjour prolongé. Elle est très bien conservée, en partie grâce aux efforts d'un ami de Skountsev qui en était l'architecte conseil et qui, contrairement à ceux de Pereslavl, faisait son travail avec zèle, car il adore sa ville. Elle date presque entièrement du XVIII et du XIX siècle, avec des éléments art nouveau, une étrange russification du tout, un charme fantasque, paisible, poétique, et comme pas mal de villes provinciales de marchands, elle laisse une impression de douceur de vivre nonchalante qui ne cadre pas du tout avec tout ce qu'on raconte de la Russie de ces époques.
Skountsev avait décidé de passer en vitesse chez un ami, Aliocha, grand cosaque baraque à moustache de rigueur, pour aller faire pipi, mais il était quand même difficile de repartir sans lui accorder un peu d'attention, surtout qu'il était terriblement sympathique et jouait remarquablement de l'accordéon. Il avait en plus des chaises art nouveau confectionnées par son père, de toute beauté. De vastes connaissances historiques, et aussi artistiques. Il travaille le cuir, fait des bottes cosaques, des carquois, des sacoches, des reconstitutions de costumes historiques.
Serioja le chauffeur, qui s'occupe de la sécurité au Kremlin, chez "notre petit père le tsar", était très pressé d'arriver, et peu enclin à s'arrêter en route. Or de Elets jusqu'à la stanitsa de Koulmijenskaia, il y a 700 km. Il préfère ouvrir les fenêtres que de mettre la clim. La chienne et moi étions complètement abruties par la chaleur et le bruit. De temps en temps nous avions des chansons cosaques qui montaient au milieu du fracas des camions. Et Skountsev dansant "mon herbe, mon herbe verte" sur la pelouse d'une station service....
Je suis dans une sorte de chambre d'hôtes tenue par Kolia, un type de 45 ans au crâne rase qui s'occupe de moi comme si j'étais sa propre mère. Il trouve extraordinaire qu'une femme de mon âge se soit lancée dans une telle expédition, alors que tant de vieux ne font plus rien et se laissent mourir. L'ambiance chez lui et dans la stanitsa me rappelle à la fois Fellini et Kusturica. Les gens sont d'un naturel goguenard absolument sans complexes. Cela sent le sud, un sud particulier. J'ai même vu une bignonne sur une palissade, cela ne m'était pas arrivé depuis deux ans. On vit dehors, sous des terrasses couvertes. Avec moi, ici, il y avait une grosse femme de Moscou qui faisait la coquette en robe de chambre avec un gars du coin, et hier une autre Venus du même genre, et puis un chauffeur de camion Tatar bourré qui m'accablait de compliments et dont Kola m'a avertie que je n'avais rien à craindre de lui car il veillait au grain. Il n'avait d'ailleurs pas l'air méchant et ronflait tellement que je l'entendais à travers la porte fermée.
Le lendemain de mon arrivée, Serioja pietinait d'impatience, et Kolia à proposé de nous guider jusqu'au camp, car la piste qui y mène peut réserver des surprises. Il m'a prévenue que s'il arrivait quoi que ce soit, une grosse pluie, par exemple, il viendrait me chercher avec sa bagnole tout terrain. La piste demande 45 minutes de conduite attentive pour dix kilomètres de creux, de bosses et de sables mouvants, à travers des espaces herbeux, avec des bosquets de pins et de chênes, d'accacias, de saules. Serioja chantait: "Steppe, ma large steppe", au milieu de celle-ci, la steppe, large, odorante et vibrante de grillons, avec les touffes grises de la fameuse "absinthe, herbe amère", et délirait de lyrisme. "Serioja, lui dis-je, pourquoi restez-vous à Moscou ? Revenez donc ici !
- C'était mon intention, mais je viens de prendre une jeune épouse et notre petit père le tsar paie bien."
La jeune épouse, Sacha, est très belle, son père est un Grec pontique, sa mère est russe. Elle ressemble à une statue antique avec un sourire slave." Vous ne voulez pas venir par ici, Sacha ?
- Oh sans doute il le faudra, mais je voudrais faire carrière tant que je suis jeune et belle...
- Sacha, quelle carrière ? Ce sont des mirages tout ça. Vous êtes saine et naturelle, vous avez un mari, vous attendez un enfant, et la vie à Moscou, ce n'est pas la vie.
- Oui, mais de toute façon, il doit encore servir quelques annees, après on verra..."
Apres avoir déposé mes jeunes mariés, j'ai refait le trajet en sens inverse, j'ai fait le plein d'essence, et je n'ai pas eu le temps de finir de boire le café avec Kolia dans le vent tiède que Skountsev me convoquait pour l'emmener dans une stanitsa à 16 km de la, sur la tombe d'un ami à l'initiative du "bouclier d'or". Je ne suis pas entrée dans le cimetière, car je ne voulais pas laisser Rita dans la voiture, il faisait une chaleur terrible. J'ai fait une rapide aquarelle de l'église en voie de restauration, et j'ai rejoint toute une équipe de cosaques qui chantait en cercle en hommage au défunt, en faisant circuler entre eux une coupe commune, c'est-à-dire plutôt une soupière en bois. Rita n'en pouvait déjà plus. Après la photo de groupe devant l'église, j'ai du emmener Skountsev à l'hôpital minuscule du village voisin, où il devait voir sa mère et prendre les clés de sa maison. Puis à la maison elle-même ou il voulait prendre des affaires. Il est très lent, mal organisé, changé d'avis sans arrêt, et j'ai du l'attendre je ne sais combien de temps, moyennant quoi il a oublié de prendre sa tente. Il a fallu s'arrêter pour prendre le pain qu'il trouve le meilleur, et j'ai fait le taxi pour diverses courses, pour lui et pour moi, après quoi il m'a fallu reprendre la piste à travers la steppe, jusqu'au camp, j'ai dépensé en un jour le plein d'essence que j'avais fait le matin, et j'avais l'impression d'être partie depuis une semaine.
Le camp est situé dans un bois, au bord de la rivière, il bruisse de chansons cosaques et de refrains d'accordéon, se baigner en entendant chanter n'est pas du tout la même chose que de le faire au son discordant et braillard d'une radio de merde. La rivière passe au pied d'une colline desséchée où les cosaques tenaient conseil autour de leur ataman. Les participants du rassemblement vont rituellement tous les ans regarder le lever de soleil depuis son sommet. "Vous savez, me dit un participant, il y a ce moment avant l'aube ou tout est très sombre et très silencieux. Les oiseaux de la nuit se taisent et ceux du jour ne chantent pas encore, et tout à coup, l'horizon s'éclaircit, et apparaît quelque chose comme un jaune d'œuf chatoyant, ils commencent tous leur concert, tout s'illumine, le soleil monte, comme un bouclier d'or resplendissant."
Ce matin, je pensais que je ne partirais pas à Volgograd, car le jeune homme censé me conduire la bas avec Skountsev m'avait fait comprendre que tout le monde était sous la tente, se lavait dans la rivière et faisait la queue aux toilettes communes. Très peu pour moi, j'ai passé l'âge. Mais Skountsev m'a réservé ainsi qu'à lui-même et sa femme, une chambre d'hôtel. Il a pris un autre chauffeur, un militaire, cosaque bien sûr, qui travaille au Kremlin! Je ne vois pas comment me défiler. Et pourtant, si je suis persuadée que cera très intéressant et productif, je n'ai pas envie de partir. Je suis fatiguée, et surtout, j'éprouve tant de bonheur à rester dans mon jardin, à contempler le ciel au dessus de l'isba d'Ania et Kolia, cette splendeur toujours renouvelée des nuages chatoyants, ces grandes torsades qui essorent leur lumière sur un profond émail bleu, et le mouvement des feuillages et des fleurs, brassés par la brise, cette immense et magnifique respiration du Souffle de Dieu. Je voudrais voir fleurir mon astilbe mauve, or elle commence juste... quand je rentrerai, elle sera fanée. Je dessine et je joue de la musique, je ne sais ce qui me procure le plus de joie, et j'offre cette joie à Dieu qui me l'accorde en me prêtant vie. Car une grande partie de mes années passées a été gâchée par la nécessité de résider en ville, loin de tout ce qui ici m'irrigue et me transporte. Ces moments de contemplation dans mon jardin me détournent l'esprit du serpent qui nous fascine tous, ce serpent à plusieurs têtes qui nous enserre et nous endort avant de nous dévorer, si Dieu ne met pas un terme à ses entreprises. Les nouvelles qui me viennent de France sont si fantasmagoriques que j'ai l'impression de passer dans ce qu'on appelait autrefois un mauvais trip.
Xavier Moreau, qui était si bouleversé par le branle-bas de combat de la troisième vague en Russie (avant la quatrième, la cinquième, la sixième...) explique que l'industrie du médicament russe est liée au Big Pharma américain, ce qui explique peut-être ce brusque revirement, suivi d'ailleurs d'une reculade.
D'après lui, ce qui me rassure, même si ces liens mafieux sont avérés, la Russie ne fait pas partie du plan du grand reset prévu pour l'occident, et en effet, Poutine, si je me souviens bien, avait payé la dette de la Russie au FMI, même si les oligarques ont exporté d'énormes sommes d'argent volé au pays. Je conseille sa vidéo (et toutes les autres):
Il aborde la question de l'Ukraine, et je voudrais recommander également en complément, cette vidéo de présentation d'une jeune femme qui a tourné un film sur le Donbass. Pas spécialement soutien de Poutine, cette journaliste authentique est allée voir de plus près et ce qu'elle a vu lui a révélé l'ampleur des mensonges, des omissions et des calomnies de la presse libérale, qu'elle soit française ou russe d'ailleurs, elles ont les mêmes patrons.
Quand en 2014, j'avais vu comment tout cela se déroulait, j'avais perdu absolument toute confiance dans les médias occidentaux officiels et aussi dans les gouvernements. C'est pourquoi aujourd'hui, je me méfie systématiquement de toute campagne bruyante et unilatérale, comme dans le cas du covid, où l'on a hypnotisé les gens avant de les masquer, de les enfermer, et maintenant de leur faire le chantage à la piquouse. Je suis profondément convaincue, que tous les gouvernements occidentaux et tous les médias à leur solde sont de grands malfaiteurs au service d'une pieuvre mafieuse supranationale.
Mais bon, je vais passer dix jours chez les cosaques. Je pense que cela sera folklo, à tous les sens du terme. Cela vaut sans doute le coup de me surmener un peu et de laisser mon merveilleux jardin....
Hier soir, Ira, la mère de Génia le balalaiker, m'a encore amené un groupe de paroissiens, avec lesquels j'ai dû m'entretenir, et ils étaient tout à fait charmants, avec des jeunes très attendrissants, mais je commence à ressentir une certaine lassitude à être sans arrêt sollicitée. Je pars bientôt pour une stanitsa des environs de Volgograd où se déroule un festival cosaque, ce qui sera très enrichissant, mais très fatigant. Skountsev travaillera activement avec moi, afin de mettre au point des apprentissages difficiles à réaliser à distance. Parallèlement, j'ai commencé à traduire Epitaphe avec mon éditeur, qui est très intelligent, et qui entend me donner ainsi une connaissance approfondie du russe littéraire, ce qui me manque effectivement, et d'ailleurs, je suis si fatiguée que je parle de plus en plus mal cette langue. Il m'a dit, comme je lui confiais que j'éprouvais de plus en plus de difficultés à remplir toutes les tâches que je me donne, que pour les gens ici, j'étais comme le maure de Pierre le Grand, une sorte de jouet, qu'il fallait en avoir conscience, l'utiliser pour la promotion de ce que je fais sans me laisser non plus dévorer. En effet, et l'équilibre est difficile à atteindre. si j'étais plus jeune, je partirais plus loin, comme les Russes l'ont toujours fait quand on leur gâchait la vie. Je partirais pour avoir la paix, pour ne pas devenir un objet de pèlerinage, et pour être loin de Moscou, tombée depuis un siècle aux mains du diable. Plus on réside loin de l'épicentre de certains intérêts, mieux l'on se porte. Certes d'autres villes russes importantes peuvent être considérées comme des métastases, le cancer gagne le monde entier. Mais je pense que les choses iront moins vite en Russie qu'en occident, la reculade de Sobianine l'indique. A quelqu'un de jeune, je conseillerais de le faire. Du reste, pas mal de moscovites le font.
Je réfléchissais à cette reculade, l'annulation des QR codes par le maire de Moscou, et en retirai l'impression consolante qu'il devait gêner le business de quelques gros mafieux et qu'on avait dû lui dire de se calmer avec des arguments persuasifs. Ce qu'il y a de bien en Russie, c'est que des contrepoisons surgissent dans les interactions antagonistes des différents requins, et dans l'efficace résistance passive du peuple, pourtant travaillé par la propagande, et certains en sont victimes, malheureusement. Un article explique que Poutine va essayer de drainer son marais, il serait bien temps, mais wait and see. La chose la plus inquiétante qu'il me soit donnée de voir ici est la tentative d'imposer la dictature mondialiste à prétexte sanitaire, comme en occident, cela m'inquiète plus que n'importe quoi d'autre; car c'est révélateur d'une forte emprise des structures mondialistes sur la société russe. Que s'associent à cela des hiérarques orthodoxes est une tragédie. Et je salue l'évêque des Solovki Porphyre, qui a pris courageusement le contrepied dans une homélie, alors que celui de Valaam, à ma grande consternation, marche dans la combine.
Cette vidéo est malheureusement déjà censurée sur youtube, et je ne sais comment l'enregistrer sur mon ordinateur.
Les Solovki ont un long passé de résistance, le monastère a d'ailleurs défendu la vieille foi jusqu'au martyre au moment du schisme du XVII° siècle. Et en cela sans doute n'avait-il pas tort, quand on voit où en est aujourd'hui. Les quelques erreurs de copie des livres saints valaient-ils une reddition à un réformisme pro occidental qui aboutit au métropolite Hilarion? Aux encouragements du métropolite Tikhon à nous soumettre à un pouvoir universel satanique? Ils prennent une lourde responsabilité. Car pas mal de gens se soumettent d'instinct à l'autorité civile et d'autant plus, religieuse. Avoir à les remettre en question est beaucoup plus terrifiant que le virus lui-même.
L'évêque Porphyre décrit, sur un plan religieux, exactement ce qu'explique ce lanceur d'alerte, dont je donne le lien plus bas, sur un plan plus général. Je ne doute pas une minute que l'un et l'autre aient raison, l'un et l'autre s'expriment de façon claire, mesurée et nous mettent en garde. Je ne doute pas une minute que l'opération Covid fasse partie d'un plan général ténébreux qui nous met tous en grand danger et oblitère gravement l'avenir de nos enfants, leur intégrité physique, psychique et spirituelle. Et cela sans mettre en doute que la maladie existe, comme l'éveque Porphyre lui-même, dont le monastère en a été atteint. Mais elle était planifiée, ou son exploitation par une caste de prédateurs psychopathes l'était depuis longtemps, ils nous le disent eux-mêmes, dans des articles, des livres, des discours, des interviews, par quelle étrange aberration ne les entendons-nous pas? Cela fait trop peur? Notre obéissance à cette caste nous mène à notre perte, physique, psychique et spirituelle, ce qui est pire que les risques, somme toute pas aussi grands qu'on voudrait nous le faire croire, de mourir de la covid. Le monde qu'ils nous préparent et dans lequel nous entrons, m'effraie bien davantage.
Pour que ce soit bien clair. Comme ancien pompier militaire et parce que j’ai souvent voyagé en zone endémique, j’ai été vacciné à maintes reprises dans le passé. Je n’ai donc évidemment aucune opposition de principe à la vaccination.
Je suis opposé à la vaccination obligatoire pour plusieurs raisons:
1- j’ai déjà eu le #COVID19 à deux reprise (symptomatologie atténuée), et suis de ce fait immunisé; je n’ai donc aucune envie de me faire administrer un produit reposant sur une techno ARNm en phase d’évaluation;
2- les laboratoires producteurs de ces technos ont été condamnés à de nombreuses reprises et se sont déchargés de toutes responsabilités sur les États pour ces produits;
3- nous ne disposons d’aucune garantie d’innocuité de ces produits (voir C. Vélot) à long terme en particulier;
4- le forcing indécent d’un gouvernement qui a préconisé tout et son contraire depuis le début de cette pandémie ne m’inspire aucune confiance;
5- les conflits d’intérêts et l’opacité au plus haut niveau gangrènent l’ensemble de la chaîne de décision sanitaire;
6- la stratégie d’immunisation artificielle (techno ARNm) de groupe face à un virus très mutagène est au mieux insuffisante (si l’innocuité était réelle) et au pire dangereuse et liberticide; elle implique une administration contrainte et renouvelée de ces produits que seule une mise sous laisse numérique peut garantir.
Cette logique débouche sur l’administration forcée de technos géniques en phase d’évaluation et d’une mise sous laisse numérique pour suivre leur administration à la population doublées de restrictions de liberté.
Pendant que j'étais à Kourmych, j'ai reçu un appel de l'église des quarante Martyrs, à Pereslavl. A la suite de l'émission de Canal Spas, où j'avais été filmée en ces lieux, quelqu'un avait apporté et déposé quelque chose pour moi. Deux heures plus tard, j'avais été contactée par le jeune homme qui seconde Gilles au café français: quelqu'un avait apporté pour moi deux bouteilles de cidre.
Je me perdais depuis lors en conjectures. Aujourd'hui, j'ai décidé d'aller à la liturgie aux quarante Martyrs. Apparemment, c'est un paroissien de l'église de Vanves, la sainte Trinité, en laquelle je m'étais convertie à l'orthodoxie il y a cinquante ans, qui m'a laissé ce petit signe, il y avait une bougie "sainte Geneviève de Paris" et une carte représentant celle-ci et saint Nicolas le Thaumaturge, deux icônes du père Grégoire Kroug qui se trouvent à Vanves, et puis aussi un marque-pages du monastère de Polotsk, avec une phrase de saint Ignace de Briantchaninov:
"La nature terrestre est pareille au paradis par ses beautés et nous le rappelle quand nous voyons les splendeurs de la terre et nous exclamaons involontairement "c'est le paradis".
J'en ai éprouvé un véritable choc, et une sorte de bonheur, je dirais même de grâce, je suis restée les larmes aux yeux pendant tout l'office, qui était très fervent. Par la fenêtre latérale ouverte, on voyait le lac et le ciel. Ce rappel de ma première paroisse, cette visite de quelqu'un de là bas, me paraissaient pleins de sens, je voyais toute ma vie en perspective, aurai-je pensé quand j'allais à Vanves, et me sentais si exilée dans le Paris des années 70, qui m'était en réalité profondément étranger, qu'un jour je vivrais à Pereslavl Zalesski? Et puis cette phrase de saint Ignace semblait m'être personnellement adressée par quelqu'un qui me connaissait bien mais qui n'a pas laissé son nom. Et je le regrette. Quoique peut-être n'a-t-il été que le messager inconscient du signe que j'ai ainsi reçu, cela se produit aussi souvent.
Je rendais grâce à Dieu d'avoir orienté ma vie, toute indigne que je sois de cette sollicitude, et j'avais la certitude qu'Il continuait à le faire, qu'il y avait un Pilote dans l'avion. Je pensais à ce que m'avait dit mon balalaiker Sérioja: "Je ne me fais pas de souci pour vous, car votre bateau peut aller d'un côté, de l'autre, mais il est guidé par une étoile, alors que beaucoup de gens n'ont pas d'étoile pour les guider, et leur capitaine est bourré".
Après cela, je suis passée au café français. J'aurais pu deviner d'où venaient les deux bouteilles de cidre, c'était de la part de Kecha Keleinikov, que j'ai connu encore enfant, et qui avait découvert le cidre lors d'un séjour en France, chez maman. Kecha aurait dû me prévenir qu'il avait l'intention de passer par là... mais l'intention me touche beaucoup. Merci Kécha!
L'acteur russe Piotr Mamonov vient de mourir. C'était plus qu'un acteur, c'était un personnage, musicien de rock et mystique qui avait été complètement investi par son rôle du fou en Christ Anatoli, dans le film "l'Ile". Ses aphorismes circulaient sur les réseaux sociaux, il avait un certain rayonnement spirituel, et je ne doute pas qu'il soit parti directement au Ciel. Je pense d'ailleurs que Covid ou pas, Dieu l'a pris parce que c'était le moment. Quand j'ai vu à Kourmych le père Basile, qui a été très gravement malade de la covid, et dont le père spirituel, le métropolite Barnabé, en est mort à 90 ans, il m'a dit: "Quand c'est le moment d'y aller, on y va". Je ne nie pas le potentiel dangereux du virus, particulièrement pour les gens âgés ou par ailleurs déjà malades, et c'est d'ailleurs aussi le cas de la simple grippe, qui a disparu étrangement de la circulation et qui a pourtant emporté le père Placide à 92 ans, juste avant l'opération covid. Quand je critiquais la modernité et la divinisation du progrès, beaucoup me répondaient que j'étais bien contente de profiter de ceux de la médecine, et en effet, c'était l'argument massue. On est bien content. Cependant, depuis quelques décennies, on voit se profiler de sacrés revers à cette médaille, les trafics d'organes, les avortements programmés en fonction de la maturité de ceux-ci, les divers scandales sanitaires, et maintenant, toute cette honteuse affaire mafieuse planétaire aux arrières-plans ténébreux. Et l'on se rend compte que les progrès de la médecine ne seront plus pour tout le monde, mais avec tous les biens de la terre, ils seront réservés à une toute petite caste. Car depuis la covid, on n'est plus soigné, on a même peur d'aller trouver un médecin... moi par exemple, j'ai davantage peur de faire un infarctus ou un cancer du foie que d'attraper la covid.
à revoir en hommage à Piotr Mamonov, "l'ile"
Si les dessous de l'affaire apparaissent au grand jour d'ici quelques temps, que dirons-nous des prélats orthodoxes qui ont marché là dedans, je ne veux pas parler de ceux qui se sont fait vacciner par ignorance ou naïveté, et qui feraient bien de se renseigner, mais de ceux qui ont participé avec zèle à la propagande, en cherchant à intimider leurs ouailles, comme le métropolite Hilarion, et le métropolite Tikhon? J'ai beaucoup de mal à les croire de bonne foi. Pour tout dire, je me demande même où elle est passée, la foi, dans ce genre d'attitudes, et si nous aurons pour toujours dans les paroisses moscovites, des communions qui sentent le désinfectant. Pour ma part, aimer mon prochain signifie ne pas lui donner l'exemple d'une participation enthousiaste à ce qui pourrait bien être une mise en esclavage en règle, à défaut de quelque chose de pire. Au début, j'ai voulu croire que le vaccin russe était un placebo, pour qu'on nous foute la paix, ou qu'il était meilleur que le vaccin occidental, mais à voir la façon dont on cherche à l'imposer, les méthodes de truand qui rappellent trop la France, j'aurais tendance à mettre tout cela dans le même sac mondialiste plein de vipères. Bien à regret, car je préfèrerais continuer à espérer que la Russie échappera au "Merveilleux Nouveau Monde" en projet/
Il me paraît de plus en plus évident que derrière la vaccination, d'horribles processus sont en cours. Ceux qui ricanent au complotisme, alors que la photo apparaît dans son bain de plus en plus nette et terrifiante, porteront une lourde responsabilité vis à vis de leurs contemporains et de leurs descendants. En France, un peu moins de la moitié des gens consultés par un sondage Figaro sont pour la vaccination obligatoire des soignants. Trop peu de gens se posent des questions devant l'ampleur de la propagande, la vilenie des procédés, chantage, intimidation, tribunaux populaires médiatiques où les commis du pouvoir insultent ceux qu'ils interrogent, les narguent, comme ces gamins qui harcèlent à l'école celui qui leur tient lieu de tête de Turc. Et puis, l'inversion accusatoire systématique, absurde, mais répétée comme une incantation. Il faut être décervélé ou hypnotisé pour marcher dans cette sombre combine et ne pas prendre peur devant sa fourberie, son efficacité et son ampleur.
Je ne suis naturellement pas scientifique, mais je fais confiance à ceux d'entre eux qui n'ont pas intérêt à nous dire ce qu'ils nous disent; à ceux qui sont calomniés et traînés dans la boue par ceux qui calomnient la résistance du Donbass, ou calomniaient les Serbes, bref tous les intoxicateurs de cervelle que j'ai vus à l'oeuvre depuis que je mets les événements en perspective. D'autres font, par un évident défaut de l'âme et de l'esprit, systématiquement confiance aux médias et aux autorités qui marchent absolument main dans la main. Je dirais ce que ce sont ceux qui ont une mentalité totalitaire, quelles que soient leurs orientations politiques ou religieuses de départ. Ceux qui voient, entre eux et leur bonheur promis, ou leur santé, ou leur idéal un obstacle dans les autres, qui ne partagent ni cette conception du bonheur, ni ce culte frémissant de la santé et de la longévité, ni ces convictions religieuses fanatiques, ni cet idéal auquel ils ne correspondent pas, et qui deviennent par là l'ennemi à abattre. La mentalité totalitaire, ou systématique, est hostile à la vie. Cette mentalité a vu le jour avec la Renaissance et nous en voyons aujourd'hui l'aboutissement. Quand la concrétisation de ma vision des choses exige le sacrifice et la contrainte de tous ceux qui ne la partagent pas, il y a comme un léger problème. Ecoutons le maire de Villeneuve-Loubet, et ouvrons enfin les yeux sur ce qui se passe: https://www.gj-magazine.com/gj/le-maire-de-villeneuve-loubet-ose-dire-la-verite-sur-le-pass-sanitaire/?fbclid=IwAR3aFvsbgsxVJkC7_ZnGWBroeNGt4WK3eAIhgUTAo07CGG1zZp6-94cfQhg
Ecoutons Slobodan Despot dans sa remarquable analyse des processus totalitaires. Il trouve les Russes vaccinés contre ces processus, ce n'est pas complètement vrai, encore que je compte beaucoup sur leur résistance passive et sur l'expérience qu'ils ont d'un pouvoir complètement dingue, prêt à tout pour imposer une société artificielle et étouffante.
Les malfaiteurs qui ont désacralisé la vie, "éteint au ciel des étoiles qui ne se rallumeront plus", ont en effet dressé des générations de gens depuis la révolution française, pour les faire correspondre à la vision qu'ils avaient de l'humanité et de son avenir, et aussi à leurs intérêts, ces intérêts et ces idéologies se nourrissant les uns des autres. Cette folie a gagné de nombreux pays, anéantissant des sociétés organiques et traditionnelles qui n'étaient pas parfaites, mais qui étaient le résultat d'une adaptation millénaire, pour lancer des expériences sociales sur les foules, déplacées, rééduquées, massacrées, opprimées, lancées les unes contre les autres dans des guerres monstrueuses. Pour créer l'homme nouveau, le surhomme, maintenant l'homme augmenté: à chaque fois une nouvelle trouvaille, et des gens de plus en plus abrutis et désorientés par la vie qu'on leur fait mener dans des milieux artificiels où ils sont privés de leur culture ancestrale, de leurs liens familiaux, de leurs communautés, des gens qui ne savent plus où ils en sont, et qui ne sont plus nécessaires aux féodaux mafieux et aux psychopathes qui se sont emparés du monde. Nous sommes maintenant face à la dernière expérience, et elle est médicale. Ou à prétexte médical. Idéologique aussi, puisqu'ils veulent "augmenter" l'être humain qu'ils ont tellement mutilé. Enfin, l'être humain... non, pas l'être humain, celui-ci, on s'acharne à le détruire depuis le mouvement des enclosures en passant par les indiens d'Amérique, et les paysans d'Europe et de Russie, diversement éliminés, de façon sournoise ou brutale. Mais les "surhommes", ou ceux qui se croient tels, tous ces vieux crapauds génocidaires qui se cachent derrière les fous furieux placés à la tête de nos pays pour remplir leur contrat destructeur. Car ce n'est pas un vaccin, que l'on veut nous imposer d'une façon si suspecte, c'est une thérapie génique expérimentale et une tyrannie universelle. Bien sûr on peut toujours ricaner et invoquer la science, mais pourquoi irais-je écouter des médecins vendus aux mafias plutôt que des professeurs renommés qui, eux non plus, n'en croient ni leurs yeux ni leurs oreilles? Ecoutons ce jeune médecin, écoutons ces infirmières, pour qui j'ai la plus grande compassion:
Posons-nous la question, pourquoi les bons père Noël qui nous gouvernent sont-ils si pressés, si fébriles, pourquoi nous poussent-ils à grands coups de teasers, comme des troupeaux de boeufs à l'abattoir? Pensez-vous vraiment qu'ils nous aiment, qu'ils veulent notre bien? Et si je ne nie pas le virus, voyons-nous autour de nous les gens tomber comme des mouches? Est-ce la peste bubonique, des familles et des villages entièrement anéantis? En Russie, alors que finalement tout se calmait, voilà qu'on a à nouveau lancé la grosse cavalerie, c'est terrible, la troisième vague, avant la quatrième, la cinquième, allez en avant la piquouse, les QR codes, et puis Sobianine que je crois aussi con qu'il est pragmatique et bassement astucieux, vient de reculer, parce qu'on est en Russie, que s'il a intérêt à imposer la politique mondialiste de l'OMS, il marche peut-être sur les plate-bandes d'autres gros bandits qui ont du lui dire de se calmer en roulant les mécaniques.
Ils ont fait de nos villes des lieux d'angoisse, des agglomérations de cages, de nos campagnes des usines, de nos océans des décharges, ils font de notre vie un enfer, ils sont en train de nous enfermer tous dans un asile de fous. C'est le Rhinocéros de Ionesco qui m'avait terrifiée à la télé quand j'avais treize ans; ou plutôt, comme dit mon ami Henri, le Rhinomasquos, ou le Rhinovaxinos. Ne voyez-vous pas qu'avec les troisième, quatrième et cinquième vagues, ils vont vous mettre à vie sous piquouse et sous contrôle? Et cela dans le meilleur des cas. Car ils peuvent avoir des desseins plus noirs. Ils nous les annoncent d'ailleurs eux-mêmes, comme on le voit dans les vidéos publiées par Nicolas Bonnal:
Qu'on en arrive à trouver normaux les procédés et les discours que je vois mis en oeuvre dépasse mon entendement. Et je plains de tout mon coeur ceux qui, cernés par les cons et les dingues, doivent se rendre ou perdre leur boulot. Je plains les enfants qui naissent dans ce monde. Lorsque j'écoute les hommes d'état et les journalistes, qui sont les deux face du même pentacle démoniaque, j'ai l'impression de faire un cauchemar. Mais plein de gens ensorcelés leur emboitent le pas, comme les enfants derrière le joueur de flûte d'Hammelin. Les fils de commentaires sur les réseaux sociaux sont tellement bourrés de stupidités hagardes qu'à la limite, on se foutrait de ce qui arrive à des imbéciles pareils, on peut même dire que pour une fois, la connerie est en passe de devenir une maladie mortelle, et c'était autrefois le voeu que je faisais bien souvent. Mais je me souviens que ces imbéciles dressés, ces caniches savants des mégapoles aux tenues et aux coiffures ridicules, avaient des ancêtres dignes, avec de la personnalité, de l'humanité, du bon sens, et ce n'est pas si vieux. Avant la guerre de 14, le ver était dans le fruit, mais les sociétés étaient encore massivement organiques et normales. Leurs descendants dégénérés n'entendent plus le langage humain, et discuter avec eux revient à raisonner un ivrogne en plein délirium tremens. Cependant, il me parvient des échos encourageants de réactions saines, il existe encore des gens capables de se revéiller, Dieu veuille que les peuples refusent d'aller plus loin sur cet épouvantable chemin. Je suis à vrai dire souvent anxieuse, car nous voyons une caste minuscule, mais hyperpuissante, en guerre sournoise et implacable contre des populations qui n'ont pas assez massivement conscience de ce qui les menace, c'est là la troisième guerre mondiale. Et cette caste dispose de tout l'argent possible, de toute l'administration, et de toute la presse unanime, qui n'est plus qu'un instrument d'hypnose redoutablement efficace. Je compte sur les grains de sable qui détraquent les machines les plus sophistiquées. Je compte sur Dieu.
Je voudrais terminer sur cette vidéo d'un artiste pour lequel j'ai la plus grande estime, un de ces talents solitaires et sincères qui oeuvrent à l'écart. La finesse et l'humour noir dont il fait preuve pour tracer l'horrible portrait de notre époque et de ceux qui la font prend parfois des accents tragiques, effrayants et imprécateurs qui nous font passer dans une autre dimension. Je regarde ses vidéos plusieurs fois!
Une fausse manoeuvre a détruit l'article que j'avais terminé hier sur mes derniers moments à Kourmych. Je suis allée me baigner encore une fois dans la Kourmychka et j'y ai relâché un poisson que le père Vladimir avait pêché et oublié dans un seau, la dernière fois qu'il était venu, il y a de cela deux ou trois mois. Par je ne sais quel miracle, le poisson était toujours vivant, dans l'eau trouble et verdâtre. Tous les autres avaient été mangés, et lui restait seul dans sa prison. Je l'ai descendu à la rivière dans un bocal. Il n'a pas compris tout de suite, il restait immobile sur la vase du fond. Mais après que j'ai nagé un moment, je ne l'ai pas retrouvé, il avait fait la belle.
La chaleur étant devenue supportable, j'ai fait un tour de Kourmych avec Sacha. On voit que cette bourgade somnolente et délabrée a été autrefois une petite ville prospère, elle avait même un lycée qui achève de s'effondrer. Beaucoup de très jolies maisons tombent en ruines. Mais pour ce qui est des autres, elles sont souvent restaurées avec beaucoup plus de souci d'authenticité qu'à Pereslavl, ou peut-être que les gens restent plus traditionnels. S'ils recourtent aux clôtures préfabriquées en métal, ils préfèrent celles qui sont à claire-voie, et les harmonisent au toit et au reste de la maison. S'ils recourent au maudit siding, ils conservent souvent les encadrements de fenêtres sculptés qu'ils mettent par dessus, ce qui limite les dégâts esthétiques. Génia me dit qu'ils chérissent encore leur folklore et jouent de l'accordéon, ceci explique cela.
Nous sommes allées nous asseoir sur l'escarpement, au dessus de la rivière, sur laquelle nous avions une vue magnifique. Nous avons été rejointes par un architecte très bavard. Et je me sentais d'humeur purement contemplative. Je regardais les branches agitées par le vent qui déplaçaient et mélangeaient des morceaux de ciel bleu, et les phosphorescences fugaces de leurs feuilles touchées par le soleil. Les lointains, les mouettes, les hérons... Kourmych a quelque chose de captivant et d'étrange, une sorte de moyen âge encore proche, bien que violé par le soviétisme, et le souvenir de la nonchalance raffinée des villes de marchands du XIX° siècle. On se sent là hors du monde, hors du temps, entre le cosaques, les streltsi d'Ivan le Terrible et les gardes rouges.
le lycée...
A quelques mètres de la tombe du "héros de la révolution" qui massacra tant de gens à Kourmych, on a dressé une croix à la mémoire de ses victimes. Les deux monuments sont régulièrement fleuris. A noter que les vieilles komsomoles font le signe de croix devant l'étoile rouge de celui qui fusilla sommairement les prêtres du pays.
Le jour de la fête des saints Pierre et Paul, nous sommes retournées dans ce merveilleux village de Bortsourmani où repose dans sa châsse saint Alexis, arrière-arrière-arrière grand oncle de Sacha. J'avais très mal dormi, mal à la tête, nous avons failli ne pas y aller mais j'ai dit à Sacha: "C'est la fête, je me suis préparée à communier, allons-y..." Et je ne l'ai pas regretté, car cet office était à la fois si simple, et si spirituel. Ce sont les fils du prêtre, le père Andreï, qui constituent le choeur, et ils chantent sans fioritures, avec gravité, c'était beau et recueilli. C'est son plus jeune garçon, âgé de sept ou huit ans, qui lit l'Epître, dans sa tunique dorée de servant d'autel, et avec tant de fermeté, sans se tromper, d'une voix claire et forte... Je pensais à Sacha, le fils du père Antoni, de Cannes.
Sacha se dévoue complètement à ce pays où l'a amenée sa quête mystérieuse de ses ancêtres. Elle est persuadée que ce sont eux qui la guident, et qu'elle accomplit leur volonté. Elle s'occupe non seulement de l'église où ils officiaient mais de celle qu'on vient de rendre au culte un peu plus loin, elle donne du travail et de la considération à l'Afghan Génia, de l'attention aux enfants du village, qui en ont parfois bien besoin. Elle est toujours en quête de fonds pour restaurer et relever, écrivant de tous les côtés, sollicitant les uns et les autres, suppliant les artisans, rédigeant la chronique de ses travaux d'Hercule pour attirer des soutiens à sa cause. Rien ne l'arrête, car elle répare une déchirure, elle renoue les fils brisés, elle rend Kourmych à Kourmych en retrouvant ses ancêtres perdus, et recueille tout ce qu'elle peut trouver sur les rives désolées de nos naufrages historiques et culturels, pour que son petit pays ruiné récupère sa mémoire, et qui sait, peut-être un peu de sa prospérité.
Je vois que Génia l'admire éperdument. Je pense parfois aux reîtres de Jeanne d'Arc. Car Génia a tout du guerrier perdu, le physique et la mentalité. Il est pur et touchant, et quand nous avons pris congé, il avait les larmes aux yeux.
Je mets ici mon album de Kourmych, les photos de Sacha, les miennes, tout en vrac:
Mon séjour à Kourmych tire déjà à sa fin. Je me suis encore baignée dans la Kourmychka. Je voulais y aller hier soir, mais j'ai entendu de loin des cris et du rap et j'ai rebrousse chemin, j'ai une horreur pathologique du bruit et de la musique de merde. Ce matin, silence surnaturel, juste le vent, et personne, juste l'espace et quatre hérons, je n'en avais jamais vu de si près. Je pouvais entendre le bruit feutré de leurs ailes. J'ai dessine la "belle église", la seule qui soit encore entière à Kourmych. Il y en avait une quatrième, du XIV siècle, et celle-ci a été dynamitee par les communistes. À noter ce que mon évêque, monseigneur Theoctyste, a remarqué chez nous, à Pereslavl, s'il y a deux monuments à ruiner, ce sera toujours le plus ancien qui y passera en premier. Le crétin nuisible déteste viscéralement le moyen âge, qui va avec la religion, la paysannerie et la tradition, en un mot avec le cosmos. Chez nous en France, c'est notre Dame qui a brûlé, et pas Versailles.
D'après Genia, si toute cette région est à ce point magnifique et intacte, avec toute une faune préservée, c'est que c'est le parc de loisir des huiles de Nijni Novgorod. Peut-être faut-il désormais aller vivre dans les régions sinistrées, comme Tchernobyl, ou bien la où les féodaux mafieux s'organisent leurs petits paradis, s'ils tolèrent encore quelques sous-hommes dans les ruines de ce qui fut.
J'ai fait un petit récital à Genia et à Sacha, Genia me trouve plus russe que les Russes. Nous étions allés tous trois voir Alexandre, qui fait du bois sculpté. Sa maison est perchée sur un coteau, avec une vue superbe sur l'horizon déployé et les coupoles de la "belle église" mais son intérieur est comme d'habitude d'un kitsch total. Il est extrêmement gentil. Un couple est arrivé, des gens de Nijni. Profondément méfiants envers toute l'affaire Covid, sa propagande et ses vaccins. Ils meditent le retour à la terre dans leur maison de campagne.
L'émission de Yann Sotty sur moi est sortie. La voici pour mes amis français.
La canicule est revenue et ce n'est pas le temps idéal pour faire du tourisme. Je voudrais visiter Kourmych, mais la chaleur est intenable. À 9 heures du matin, je suis descendue à la rivière me baigner, l'eau était presque trop chaude. J'ai dérangé un héron cendré qui s'est majestueusement envolé. J'ai nagé dans un grand silence, car il n'y avait pas le moindre souffle d'air. J'étais seule dans cette eau lisse tiède.
Rita avait si chaud que je l'ai mouillée. A mon grand étonnement, elle a accepté volontiers et s'est même étendue dans l'eau le temps que je dessine.
Ensuite, les enfants sont venus dessiner avec Sacha et moi, comme au bon vieux temps de notre collaboration au lycée français. Sacha est toujours adorée par les enfants, car elle a un physique de fée preraphaelite, et elle est très chaleureuse avec eux. Ils se battent pour l'aider dans son église. Elle compte sur eux pour reprendre le flambeau, car elle ne rencontre pas toujours une grande bienveillance. Certaines commères l'accusent même de blanchir de l'argent.
Le soir, Genia m'a raconté sur le pays des tas de choses intéressantes. Pougatchov, le cosaque rebelle de la "fille du capitaine", y a largement sévi. Il lâchait sur le lac des radeaux avec des potences ou il avait pendu les nobles et officiers locaux. On trouve encore des ossements de cette période. Et aussi, comme partout ailleurs, ceux des victimes de la révolution. D'ailleurs, je n'ai pas visité une église ni un monastère ruiné puis restauré, qui n'ait pas révélé à cette occasion quelque charnier. La rue de Sacha porte le nom d'un révolutionnaire local qui a commis tant de massacres, avec un régiment de Lettons, car ceux-ci étaient souvent utilisés par les bolcheviques pour leurs basses œuvres, en raison de leur russophobie, que des gens du coin ont fini par l'assassiner avec ses comparses. Ce qui a déclenché une répression sanglante. Après quoi, on en a fait un martyr de la révolution. Son tombeau est non loin de l'église de Sacha, et de son cimetière profané et arrase. Les descendants de ses victimes ont été si bien rééduques qu'il s'en trouve encore pour le fleurir.
D'apres Genia, le folklore est toujours vivant à Kourmych, les grands-mères chantent des complaintes interminables. Les gens de Kourmych étaient traditionnellement de fortes têtes car c'était au moyen âge une région frontalière, avec les réfugiés, fuyards et cosaques correspondants, il y a encore le quartier des Cosaques, celui des Archers, et il ne faut pas que les garçons des uns aillent draguer les filles des autres. Ils ont même leurs particularités dialectales et tout cela à survécu au communisme, et même, en dépit du cimetière rase, le culte des ancêtres.
Comme je l'avais promis, je suis partie pour Kourmych, rejoindre Alexandrina, Sacha Viguilianskaia, qui, depuis quelques années, consacre sa vie à la résurrection de l'église où officiaient ses ancêtres, à Kourmych, région de Nijni Novgorod. Kourmych, à la limite de la Russie et de la Tchouvachie, forteresse fondée au XIV siècle pour défendre la Moscovie contre les incursions des Tatars. .
La route est longue et pénible, beaucoup de camions, c'est une expédition. À un moment, on tourne, et la route devient déserte, le paysage aussi. De vastes horizons se découvrent à perte de vue, sans aucune construction parasite, un paysage d'une douceur captivante et immense, et cela pendant 50 kilomètres. Peu de conifères, beaucoup de feuillus, essentiellement des bouleaux et l'espèce invasive de l'érable d'Amérique qui sévit la où ne prospère pas la berce du Caucase.
Kourmych est une bourgade somnolente et délabrée, mais elle est restée authentique, avec beaucoup de très jolies maisons anciennes, en bois et en brique. Sacha à acheté pour une bouchée de pain l'ancien traktir, ou taverne, du coin, qui garde beaucoup de caractère. L'endroit est paisible, bien que central, aucun bruit, pas de motos, ni de voitures, ni d'outils vrombissants, ni de radio. C'est tout près de son église, qui nécessite des travaux titanesques, et où s'affaire une équipe locale, sous la direction de Genia, un "Afghan", un veteran de l'Afghanistan au cœur aussi pur que blessé, qui lui est complètement dévoué. Les enfants locaux l'adorent egalement et l'aident avec enthousiasme.
Averti de ma venue, le père Basile Pasquiet, archimandrite du monastère de la Trinité à Tcheboksary, est accouru le lendemain de mon arrivée. Tcheboksary n'est qu'à 150 km de Kourmych. J'étais allée le voir il y a quelques années avec la regrettée Marie Gestkoff.
Il avait apporté des tas de cadeaux, pour nous et pour l'église, un vrai père Noël. Il m'avait cueilli un bouquet de lavande de Tcheboksary, moins parfumée que chez nous, malgré tout. Il a passé la journée avec nous, je lui ai chante une chanson de Pâques de sa province natale, la Vendée, et une complainte bretonne. Il a reçu et béni les enfants, discuté avec Genia, un artiste local, Sacha, lui a offert une icone sculptée par ses soins. Il a voulu voir l'église, qui avait été transformée en cinema et en discothèque et dont les fenêtres sont toujours murees. Le père Basile à dit la paraclisis à la Mère de Dieu, dans cet endroit ruiné qui nécessite encore tant d'efforts.
En faisant les travaux, Sacha à trouvé toutes sortes d'objets qu'elle exposera dans le musée qu' elle prévoit. Et regroupe dans une tombe commune les ossements bouleversés de l'ancien cimetière, détruit comme partout ailleurs par le pouvoir soviétique, soucieux d'effacer le souvenir des ancêtres et de couper les racines.
Ensuite, le père Basile a voulu se rendre à Bortsoumani, sur les reliques d'un autre ancêtre de Sacha, saint Alexis de Bortsoumani. Le village est ravissant, perche autour de l'église sur une colline, et les maisons sont entretenues mais pas saccagées. On a mis à l'intérieur de l'église une très jolie iconostase naïve venue d'une autre église détruite mais malheureusement, le prêtre a l'intention de la remplacer, sûrement par un truc doré, beaucoup moins intéressant.
Bortsourmani
Le dernier prêtre de Bortsoumani a été fusillé dans un champ voisin, on n'imagine pas de tragédie pareille dans ce paysage d'une sérénité vaste et méditative, et pourtant, comme partout ailleurs a sévi la folie collective meurtrière qui fit tant de victimes. Une plaque rappelle son souvenir. Il a été mis au rang des nouveaux martyrs de Russie.
Nous avons pris, après ce pèlerinage, congé du père Basile. J'étais épuisée par le voyage de la veille, la chaleur, le manque de sommeil, les longues conversations. Le titre de cette chronique fait référence à une phrase qu'on trouve sur les mugs souvenirs de la ville et que Sacha cite abondamment.

La maison de Sacha
Le mur des ancêtres de Sacha. Son arrière-grand-père avait épouse une Française, fille d'un ingénieur fusillé dans les années 30 comme "espion français".
La rivière est redevenue fraîche, comme les nuits, mais c'est revigorant. Je nageais avec bonheur dans une eau qui me rappelait la méditerranée au mois de septembre, d'un bleu tendre, miroitant et nacré qui foncait et verdissait aux lisières, ou je distinguait tout un peuple féerique de plantes aquatiques couronnées d'or. Les canards glissaient paisiblement, les mouettes passaient et repassaient, scintillantes guirlandes, ou bien se reposaient sur les hangars à bateaux. Je vis soudain venir à contre-jour depuis le lac, dans une barque verte dont l'ombre noire dramatique s'enfoncait sous la surface ceruleenne, un vieux ratatine et bossu qui me fit penser à Charon, le passeur des âmes sur le Styx. Arrivé à mon niveau, il s'est fendu d'un sourire et m'a demandé si l'eau était bonne.
Je pensais à Henri qu'on va obliger à subir un vaccin dont il ne voudrait pour rien au monde, à toute cette diablerie, à la fourberie des uns, à la stupidité des autres, à leur inconscience, parfois leur naïveté, aux pasteurs qui, par leur exemple, précédent leurs ouailles dans cette nef des fous au lieu de leur montrer le chemin de la dernière arche. Des pasteurs par ailleurs quelquefois tout à fait respectables mais ne dit-on pas que même les justes seront trompés ? Et pourtant, que les ficelles sont grosses, les procédés ignobles et les discours suspects.... Les quatre gerondas grecs dont j'ai vu la vidéo ne s'y trompent pas et leurs critères de discernement sont très simples. Pour rappel:
Qu'il est étrange de voir coïncider le crépuscule de sa vie avec très probablement celui de l'humanité. Mais les baignades dans le lac et les séances de hamac dans le jardin sont toujours ça que les diables électroniques n'auront pas. Je calculais: s'ils mettent dix ans, comme ils l'annoncent, pour installer leur horrible monde, j'aurai encore le temps de prendre congé de celui-ci, qui est le mien et celui de Dieu, même s'ils le saccagent autant qu'ils le peuvent.
La lumière est presque automnale, disons que dans le Midi de la France, une telle lumière se voit fin août, début septembre. Elle me rappelle aussi la haute Ardèche par sa transparence sereine et mystérieuse. J'aime à voir les promeneurs sur le quai de l'église, les pêcheurs, les saules des rives que certains voudraient couper. C'est étrange mais les arbres qui poussent au bord des cours d'eau sont eux-mêmes liquides, miroitants et souples. J'étais si absorbée, dans l'eau fraîche, par cette contemplation, qu'il me semblait passer dans un autre monde, où plutôt dans une autre dimension de ce monde-là qu'on nous défait et nous profane et qui est notre accès à sa Source sacrée.
Ce matin, j'avais regardé une vidéo sur les expériences de mort imminente faite par un beau jeune homme aux yeux de velours qui tenait beaucoup à nous persuader, à grands coups de plaisanteries et de petits dessins sinistres, que ces sorties du corps et ces rencontres avec des personnages lumineux, des proches disparus, tout cela relevait d'une altération de la conscience comparable à celle que procurait la drogue et la religion, et aussi parfois l'orgasme. Il n'y a rien, chers amis, vivez, vous n'avez que la vie, gardez-la. Gardez-la à tout prix, jouissez-en autant que vous pouvez. Et tout à coup, il m'est apparu que la conscience altérée, c'était vraiment la sienne. Parce que tout ce qui donne de l'intensité à cette vie qui n'a pas, selon lui, de prolongements, tout ce que recherchaient nos ancêtres à travers la musique, la danse, la transe, la création sous toutes ses formes, mais aussi l'exploit, le risque, le dépassement, le sacrifice, le combat, la passion amoureuse, l'ascetisme, la prière, c'était précisément ce qui lui paraît à lui, une altération de la conscience et à moi, en tant qu'artiste et en tant que croyante, son aboutissement, le sens même de sa présence en nous et peut-être la seule chose qui nous différencie des animaux. Sans ces "altérations de la conscience", notre vie n'a aucun intérêt, rien ne sert de la prolonger à grands coups de piquouse, masqués, gantés et "augmentés" de gadgets électroniques censés nous donner ce que nos ancêtres trouvaient eux-mêmes avec leur conscience altérée, cette communion mystique avec la Vie qui leur donnait parfois d'étranges pouvoirs.
C'est ce que connaissait le moyen âge obscur, quand les gens considéraient la vie comme l'apprentissage de l'éternité.